Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Maraîchine Normande
Publicité
21 août 2018

POLIGNY (39) - ERNÉE (53) - PHILIPPE-JOSEPH PERREAU, COMMANDANT EN SECOND DE L'ARTILLERIE "DES REBELLES" (1747 - 1793)

 

poligny z

 

Fils de Claude-Joseph Perreau, avocat en parlement, et de Anne Bauffre, Philippe-Joseph est né à Poligny (Jura), le 1er mai 1747 et a été baptisé le 3.

 

BAPTEME POLIGNY JURA 1747 z

 

Philippe Joseph Perreau fut cadet dans les compagnies franches de la Marine à la Guadeloupe (1er mai 1757), sous-lieutenant dans la compagnie de Courval à la Martinique (1er juillet 1765), sergent au régiment des Gardes françaises (22 septembre 1768), quartier-maître dans les troupes de la Marine à Brest (1er mai 1772), garçon-major à Rochefort (1er janvier 1775), lieutenant de frégate (1er mai 1778), sous-aide-major de la Marine (1er juillet 1779), enseigne de vaisseau (4 avril 1780), major des canonniers-matelots (1er mai 1786), chevalier de Saint-Louis le 4 mars 1782.

"Le marquis Chambona de Perrault", commandant en second l'artillerie de l'armée catholique, grièvement blessé au pied (lors du siège de Granville), a, dans la débâcle, suivi le prince de Talmont qu'on dit réfugié dans les forêts des environs de Fougères. M. Perreau, errant par la campagne, aperçoit à la lisière d'un bois une pauvre Vendéenne mourante qui le supplie d'avoir pitié de sa fillette ; il accepte généreusement ce legs, prend sur sa selle l'enfant et, dans l'espoir de trouver pour celle-ci un asile, pénètre dans le village de Bazouges-du-Désert. Arrêté là, il est conduit, avec l'orpheline, à Ernée où commande le général républicain Beaufort.

Le 26 décembre 1793, Perreau écrit de sa prison d'Ernée au Représentant Bissy ; il le prie de venir écouter sa réclamation et de ne pas le juger avant d'avoir parlé au général Beaufort (SHD B 5/7-90, vues 10 à 12). Le lendemain, il écrit au général Beaufort pour lui demander la faveur d'être transféré au quartier général, le bataillon de la Somme ne devant plus être là pour le sauvegarder (SHD B 5/7-91, vues 1 à 3). Ce même jour, il écrit au commandant Morland à Fougères, pour le prier d'obtenir sa translation au quartier général, désirant être jugé par une commission militaire et non par les juges de Mayenne (SHD B 5/7-91, vues 4 à 6)

C'est alors que la commission Clément (Jean Clément, notaire) est appelée pour fixer le sort du prisonnier, Coutard (Gilles Coutard, chirurgien) n'osant pas condamner de sa propre autorité un si important personnage, comme il l'a fait des Vendéens sans nom capturés à Ernée ou à Chailland. Perreau est donc amené, le 27 décembre, devant le tribunal ambulant : il est l'un des chefs des rebelles et son procès sera vite instruit ; mais le général Beaufort imagine de soustraire à la mort cet adversaire dont il a naguère apprécié la valeur et dont il admire le caractère ... Beaufort atteste donc que l'accusé, s'étant rendu de son plein gré, ne doit pas être confondu avec les insurgés pris les armes à la main.

[Dans le dossier de Beaufort - ou plus exactement Beaufol - au ministère de la guerre, se trouve un extrait d'une notice sur le personnage : "A Ernée, il voulut sauver un ancien officier de la marine, le major Peyreaux (sic) qui, dangereusement blessé, fut arrêté et dévalisé par les habitants, au moment où il fuyait, ayant en croupe un enfant de sept ans qu'une mère expirante avait confié à ses soins. Après avoir fait restituer au major les objets qui lui avaient été pris, il déclara au comité révolutionnaire que Peyreaux était sous la sauvegarde des lois. Quelques jeunes gens d'Ernée demandèrent à le fusiller". - "Il faut lui mettre du plomb dans la tête, disaient-ils, nous n'avons jamais vu d'exécution de ce genre." (Archives du Ministère de la guerre)].

Les juges, soucieux de complaire au général, vont céder et se montrer pitoyables lorsqu'entrent en scène Coutard et ses collègues du Comité révolutionnaire. "N'ayant jamais eu le plaisir de voir fusiller un royaliste", ils exigent que cette réjouissance soit offerte et, sur cette considération, le notaire prononce un verdict de mort.


Ce même jour, 27 décembre, Perreau subit un interrogatoire :

De l'interrogatoire qu'a subi devant la Commission révolutionnaire provisoire dans le département de la Mayenne, le nommé PERRAU, commandant de l'artillerie des rebelles de la Vendée, le sept nivôse l'an second de la république une et indivisible.

Interrogé l'accusé, quel est son nom, son âge, sa profession, le lieu de sa naissance : a répondu se nommer Philippe-Joseph Perreau, âgé de quarante-sept ans, soldat, né à Poligni, département du Jura, résidant ordinairement à Paris.

Interrogé depuis quand il est sorti de Paris : a répondu, depuis le dix-sept juin dernier.

Interrogé ce qu'il a fait depuis ce temps : a répondu qu'il en est parti pour aller à Saumur, joindre l'armée des rebelles, où il est arrivé le vingt-deux du même mois.

Interrogé s'il connoissoit alors quelques individus de cette armée : a répondu que non.

Interrogé à qui il s'est adressé pour le faire connoître : a répondu à Larochejaquelein, qui étoit alors à Saumur.

Interrogé quel grade il avoit dans cette armée : a répondu qu'il n'en eut d'abord aucun, que dans la suite il commanda l'artillerie.

Interrogé lorsqu'il eut le commandement de l'artillerie, s'il a fait partie de l'état-major : a répondu qu'oui, que l'époque de sa promotion à ce grade fut après la dernière bataille de Luçon.

Interrogé quel motif les chefs de l'armée avoient eu en passant la Loire pour venir dans le département de la Mayenne, et autres voisins : a répondu que battus à Chollet, ils l'avoient passé pour éviter la poursuite des armées de la république, qu'il ne croit pas qu'ils eurent de dessein déterminé.

Interrogé de combien d'hommes l'armée étoit composée lors de ce passage de la Loire : a répondu, de vingt-cinq à trente mille combattans, qu'elle pouvoit avoir quarante-cinq pièces de canons, que le nombre des traineurs, femmes, enfants, vieillards, étoit très considérable.

Interrogé si, avant le passage de la Loire, les chefs de cette armée forçoient tous les individus de les suivre : a répondu qu'ils n'y forçoient jamais.

Interrogé si luy même lorsqu'il a eu du commandement dans l'armée, il a forcé quelques particuliers à le suivre et a porter les armes : a répondu que jamais il ne l'a fait, que ceux qui se sont joints à l'armée, l'ont fait volontairement.

Interrogé s'il avoit connoissance de la loy qui promettoit indulgence à ceux qui auroient alors déposé les armes : a répondu que non, que pour luy, il avoit alors des instructions particulières du ministre Bouchotte qu'il remplissoit, que pour le décret, il ne fut connu de personne dans l'armée.

Interrogé si l'armée de Mayence luy en a pas semé quelques exemplaires : a répondu qu'elle ne le pouvoit guère dans ce moment.

Interrogé quels ordres il avoit reçu du ministre de la guerre : a répondu qu'il avoit reçu des ordres pour scavoir la force et l'état de l'armée des rebelles à Saumur.

Interrogé si le ministre l'avoit engagé à passer avec les rebelles pour connoître leur force : a répondu qu'il n'avoit reçu d'autres instructions, que l'ordre de connoître la marche et la force de cette armée, que cet ordre luy avoit été donné par un nommé Havart, qu'il ne scavoit pas positivement ce que c'étoit que cet Havart, qu'il l'avoit connu au ... (?) militaire, que les lettres qu'il luy envoyoit à Paris étoient à poste restante.

Interrogé s'il a eu des correspondances avec le ministre Bouchotte : a répondu n'en avoir eu qu'avec ce nommé Havart et avec le général Léchelle.

Interrogé s'il connoissoit particulièrement ce nommé Havart : a répondu qu'il l'avoit vu plusieurs fois à Paris, qu'ils eurent ordre de partir pour la Vendée, qu'il connoissoit beaucoup, qu'il en reçut un passeport avec mille écus : et qu'ayant demandé à voir le ministre, cet Havart luy répondit que le moment étoit pressant, et qu'il falloit partir aussitôt.

Interrogé s'il pourroit représenter le passeport avec sa correspondance : a répondu que tout luy avoit été volé dans une voiture, lors de sa déroute du Mans, qu'un capitaine de gendarmerie à La Rochelle, nommé Grenier, cy-devant officier dans le régiment dit de la Couronne, pouvoit donner des connoissances sur sa correspondance, ainsi que deux femmes d'administration du district de Parthenay, nommées Sion et Allart ; que ces deux femmes, et un certain Sauvé, aussy de Parthenay, avoient été témoins des efforts qu'il avoit faits pour empêcher l'incendie de cette commune, que Lescure vouloit brûler, pour se venger de Léchelle et de Westermann, qui l'avoient battu auparavant.

Interrogé s'il connoît aussy quelques parents de ce capitaine de gendarmerie : a répondu qu'il connoît son père, son oncle, capitaine dans le même régiment cydevant Couronne et ses soeurs.

Interrogé s'il a des propriétés à Rochefort, et s'il est marié : a répondu qu'il n'a pas de propriétés à Rochefort, qu'il est marié, que son épouse, nommé Claverie, qu'il n'a point d'enfants, qu'il a quitté sa femme le mois de septembre mil sept cent quatre-vingt douze.

Interrogé qui la partagé d'avec sa femme (?) : a répondu que c'avoit été ses affaires, mais qu'il avoit appris depuis du sieur Grenier qu'elle avoit demandé à divorcer d'avec luy.

Interrogé quand il a quitté l'armée des rebelles : a répondu, à Ancenis.

Interrogé quand il a fini sa correspondance prétendue : a répond qu'il avoit été obligé de la discontinuer à Château-Gontier, où il fut blessé.

Interrogé s'il connoît la mère de l'enfant, dit Grellier, qui est avec lui, et où il l'a rencontré : a répondu qu'il la connoît très bien, qu'il la rencontrée en Poitou, qu'elle se nomme Chavagnac.

Interrogé si cette femme avoit connoissance de sa mission et de sa correspondance : a répondu que nullement.

Interrogé où il logea à Laval, à Mayenne, Ernée, Fougères : a répondu qu'à Laval il logeoit chez Delierre, carrefour dorteilles (?), qu'il y fut poussé par Hubert père et par Segretain, chirurgien, qu'à Mayenne, il ne se rappelle pas chez qui, non plus qu'à Ernée, qu'à Fougères, il étoit dans une auberge.

Interrogé de combien l'armée étoit composée lors du premier passage des rebelles à Laval, Mayenne et Fougères : a répondu qu'un nommé Chambray de Laval l'avoit augmenté, suivant le rapport qu'on luy fit de trois à quatre mille hommes, qu'à Fougères, un nommé Putot y avoit aussy amené quinze cent hommes.

Interrogé s'il ne connoît point les chefs de l'armée dite de la petite Vendée pour Fougères : a répondu qu'il en avoit entendu parler, comme d'un rassemblement de brigands, mais pas à craindre.

Interrogé s'il a des connoissances sur les différents combats qui se sont donnés depuis le premier passage de Laval : a répondu qu'il en avoit connoissance par le détail qu'on luy en avoit fait.

Interrogé s'il peut indiquer le nom de l'état-major de l'armée des rebelles : a répondu de presque tous, scavoir D'Elbecq, blessé à Chollet et qui n'a pas passé la Loire, Beauchamps, mort à Varade, Lescure, blessé à Chollet, et mort à Fougères, Talmont, Des Essarts, Stofflet, Marigni vivant encore, d'Argues, qu'il n'a pas revu depuis l'affaire de Dol, La Rochejaquelein général en chef, Delirot, designi et autres qu'il ne se rappelle pas, que pour luy il a été remplacé par le nommé Marsonnière dans le commandement en second de l'artillerie, que Marigni commandoit en chef.

Interrogé où se sont rassemblés et reportés les chefs qui ont resté : a répondu que leur intention, quand il les a quittés, étoit de marcher sur Redon et sur Vannes, qu'il ne leur restoit plus que dix à douze mille combattants et six à sept pièces de canons, qu'il y avoit encore beaucoup de traîneurs, qu'un grand nombre avoit essayé de pasxser la Loire, mais que beaucoup avoient péri sur les radeaux, que La Rochejaquelein et ledit Stofflet avoient passé le soir même de leur arrivée, qu'il ignore s'ils ont repassé ou non, qu'il a eu connoissance de leur marche sur Blain, depuis son départ d'Ancenis, que son intention étoit alors de se rendre à Paris et ce avec de faux passeports qu'il avoit faits luy même.

Interrogé en quoy consistoit l'argent qu'il avoit approté ainsi que ses papiers : a répondu qu'il consistoit en quatre mille six cents soixante huit livres, dont neuf Louis en or, qui luy appartenoient, que le reste étoit à la mère de l'enfant, qu'il avoit environ huit cents & quelques livres en papier, qu'il avoit reçu vingt livres, par deux fois, d'un commandant de bataillon de la Somme, alors à Ernée, qu'il avoit aussy une montre en or, avec répétition, que le domestique de la mère de l'enfant en avoit une d'argent et quatre-vingt quatre livres en argent que lui il avoit deux chevaux, qu'un autre petit noir appartenoit à l'enfant.

Interrogé où il a pris son domestique : a répondu à Chollet.

Interrogé s'il ne la pas forcé de le suivre : a répondu que non, qu'il l'accompagnoit dans les combats, mais sans armes, non plus que l'autre, qui étoit domestique de la femme qu'il avoit accompagnée.

Interrogé s'il a servi avant d'entrer dans l'armée des rebelles : a répondu que d'abord il avoit servi dans les compagnies franches des Colonies, de là dans les gardes françoises, qu'il avoit été ensuite dans le régiment de Rochefort, marine, qu'il avoit été enseigne, puis pour aide-major et qu'il avoit servi sur différents vaisseaux.

Interrogé si depuis le moment de son arrestation, il a écrit à quelques personnes : a répondu qu'il avoit écrit au général Beaufort, à Morland, commandant et au représentant du peuple Bissy.

Interrogé quels motifs l'ont engagé à écrire à ces chefs : a répondu pour faire la même déclaration, qu'il vient de faire à la Commission, qu'il consent que lecture en soit porté mais seulemenht devant aux personnes auxquelles elles sont adressées.

A luy remontré que ces personnes ne sont pas présentes et que le tribunal devoit passer sur le champ à son jugement : a répondu que le tribunal devoit auparavant prendre connoissances des faits qu'il a allégués.

Ouverture faite des lettres au général Beaufort, au commandant Morland et au représentant du peuple Bissy ; elles se sont trouvées contenir la dernière des réclamations à la sensibilité dudit représentant, les deux premières la demande d'être transféré au plutôt au quartier général à Fougères, dans la crainte que les juges de Mayenne, arrivés de la veille, ne le jugeassent auparavant qu'il y seroit transféré.

Ledit Perreau a demandé de plus qu'on insérat dans son interrogatoire qu'il avoit sauvé sept mille cinq cents personnes, prêts d'être égorgés à St-Florent, lors du passage des rebelles par cette commune, et qu'il les avoit enfermés dans une église pour les sauver de leur fureur ; elle a la connoissance de ce Grenier dont est parlé auparavant, de Ridoret, marchand libraire à Rochefort, qui étoient du nombre des prisonniers, a ajouté de plus qu'il avoit donné des renseignements au général Léchelle.

Représenté audit Perreau un certificat signé Mettot, secrétaire greffier de la section de la croix rouge, à Paris, qui constate un grade de sous-lieutenant dans la compagnie des volontaires de cette section, accordé au citoyen Aujou et le certificat de civisme accordé audit Aujou, par la même section, enregistré au numéro 42 : a répondu que ce n'étoit pas à luy, que ces pièces avoient été données, qu'à la vérité dans son premier interrogatoire subi devant le Comité de surveillance de la commune d'Ernée, il avoit signé ce nom d'Aujou mais que ce nom étoit supposé ainsi que toutes les réponses, qu'il avoit faites audit comité, qui étoient absolument contraires à la vérité.
Interrogé pourquoi il a signé ses réponses audit comité du même nom qui étoit sur le certificat de civisme et brevet de sous-lieutenant : a répondu qu'il croyoit en se servant de ce nom pouvoir échapper à la surveillance des lieux où il passoit et que les papiers susdits luy serviroient de passeport, a déclaré d'ailleurs en avoir fait de faux pour lui et les trois détenus qui l'accompagnoient.

Interrogé si la carte géographique dont il étoit muni étoit destinée à diriger les plans d'opérations de l'armée des rebelles : a répondu que non.

Lecture donnée des interrogats cy dessus, l'accusé a déclaré y persister et ny vouloir augmenter, ny diminuer, et a signé avec le président et le secrétaire greffier.
Signé : Perreau, Clément et Guilbert, secrétaire.
(SHD B 5/7-91, vues 8 à 10)

 

JUGEMENT DE PHILIPPE-JOSEPH PERREAU,
commandant en second de l'artillerie des rebelles de la Vendée ;

Au nom de la République françoise, la Commission révolutionnaire provisoire, établie dans le département de la Mayenne, par les représentants du peuple, a rendu le jugement suivant :

En l'interrogatoire de PHILIPPE-JOSEPH PERREAU, âgé de quarante-sept ans, né à Poligny, département du Jura, portant avec de sa part,

d'avoir porté les armes contre la république, dans l'armée des rebelles de la Vendée, depuis le vingt-deux juin dernier,

d'avoir été promu dans cette armée scélératte, au grade de commandant en second d'artillerie,

d'avoir été auparavant officier dans les compagnies franches des Colonies, ensuite dans le régiment de Rochefort, marine, de là dans les gardes françoises, enfin dans le Corps de la marine une seconde fois, sur différents vaisseaux, d'avoir abandonné ensuite les drapeaux de la république pour passer sous ceux des rebelles de l'intérieur,

d'avoir assisté depuis ce moment à tous les combats qui s'étoient livrés, jusqu'au passage de Château-Gontier à Laval, où il fut blessé d'une balle, qui luy entra dans la jambe, d'avoir suivi l'armée néanmoins depuis ce jour, jusqu'à celuy de son retour à Ancenis, où il forma la résolution de retrourner à Paris avec le fils de la nommée Grellier, qu'il étoit chargé de mettre dans un collège ;

d'avoir fait à cet effet de faux passeports pour luy, pour son domestique, pour celuy de cette Grellier, et pour l'enfant de cette même femme ; d'avoir usé, pour tromper la surveillance des communes, des papiers d'un nommé Daujin dont il avoit emprunté le nom, enfin d'avoir abusé et trompé de propos délibérés, le Comité de surveillance de la commune d'Ernée, auquel il n'avoit répondu que des choses controuvées, et dont la ..., reconnue fausse par luy-même, prouve dans cet individu une scélératesse ... (illisible), un homme dangereux et d'autant plus à craindre, que les ressources de son imagination pouvoient tromper la surveillance de beaucoup de corps administratifs, comme elle l'avoient déjà fait.

Entendu les conclusions de l'accusateur public, et examen fait des loix révolutionnaires, qui regardent traitre à la patrie, mettent hors de la loy tout individu qui a fait partie des rebelles de l'intérieur, qui a porté avec eux les armes contre la république, tous leurs fauteurs, complices & adhérants, et prononce contre luy la peine de mort.

La Commission révolutionnaire provisoire condamne à mort le nommé Philippe-Joseph Perreau, ordonne qu'il soit mis entre les mains de la troupe actuellement cantonnée dans la commune d'Ernée, pour être exécuté militairement et sans délai, et déclare ses biens, meubles et immeubles acquis à la république.

Ordonne en outre la ditte Commission que le présent jugement sera exécuté à la diligence de l'accusateur public, imprimé et affiché partout en besoin sera.

Fait et prononcé à l'audience publique de la Commission révolutionnaire provisoire, où étoient présents les citoyens : CLÉMENT, président, Faur, Marie et Pannard, juges qui ont signé le présent avec le secrétaire greffier, à Ernée, le septidi de la première décade du nivôse, l'an second de la république une et indivisible, le premier de la mort du tiran. Ont signés, Clément, Pannard, Marie, Faur et Guilbert, secrétaire.

Pour copie conforme à l'original
GUILBERT, secrétaire greffier. (SHD B 5/7-91 - vues 12 et 13)

L'enfant s'appelait Frédéric Grelier de Concise, treize ans environ, né à Rochefort, père émigré, mère à Ancenis avec une soeur d'environ seize ans ; sa mère [Suzanne-Eléonore de Chavagnac] a refusé de suivre l'armée.

"La commission révolutionnaire a condamné le nommé Pierre Chagnon, domestique de la mère Grellier, à être fusillé ; et les nommés Frédéric Grellier et Pierre Pelot, eu egard à la faiblesse de leur âge et à leur ignorance, à être enfermés jusque la paix dans une maison d'arrêt, dans laquelle on tachera par une éducation républicaine de ... ... ... (trois mots illisibles) les mauvais principes qu'ils avoient pu déjà recevoir.

Les interrogatoires de Pierre Chagnon et du nommé Pelot n'offrent rien qui puisse donner aucun renseignements.

Note : Le général Beaufort, actuellement à Fougères, a eu avec ce Perreau des conférences secrettes dans la prison, et s'est emparé, de son chef, de son argent et de ses bijoux."
Signé : Guilbert (SHD B 5/7 - 92 - vues 1 et 2)

La commission condamna, en même temps que Perreau, Pierre Chagnon, agé de 30 ans, originaire de la Charente et deux paysans vendéens, Louis Planet, de Cholet, âgé de 22 ans, et un jeune homme de 16 ans, Charles Guibert, de Bournezeau (Vendée).

 

ERNÉE

 

L'exécution eut lieu le jour même, dans le quartier du Baril, derrière la maison de Coutard et, si l'on en croit la tradition, contre le mur de son jardin. Perreau ne permit pas qu'on lui couvrit les yeux et refusa de s'agenouiller. Beaufort, qui l'avait suivi jusqu'au supplice, lui jura de n'abandonner jamais la petite orpheline, cause innocente de sa mort. On dit que les soldats chargés de l'exécution hésitaient à faire feu sur ce blessé et sur ses compagnons ; ils maugréaient contre l'odieuse besogne et contre les bourgeois qui la leur imposaient ...

_______________

Perreau avait un frère, Jean-Baptiste, né à Poligny, le 18 février 1753, qui fut prieur des Jacobins de Fontenay-le-Comte ; élu curé constitutionnel de Notre-Dame de Fontenay, le 10 juillet 1791 ; prête le serment le 17 juillet 1791 ; membre de la Société populaire en septembre 1791 ; élu membre de la municipalité de Fontenay ; officier public, le 5 novembre 1793 ; se marie le 10 ventôse an VIII à Fontenay avec Marie-Rose-Sophie Florisson, née à la Chapelle-aux-Lys, décédée à Montreuil le 6 mai 1854, dont il eut une fille ; il est décédé à Montreuil (Vendée) le 1er juin 1841.

Jean-Baptiste frère baptême z

 

AD39 - Registres paroissiaux de Poligny

Les Martyrs du Maine de Théodore Perrin - 1830

Le Correspondant : revue mensuelle : religion, philosophie, politique - 1912

AD85 - Dictionnaire des Vendéens

Archives nationales d'outre-mer - IREL - FR ANOM COL D2C 216

 

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité
Derniers commentaires
Publicité
Publicité