Charles-Louis-Marie comte d'Orfeuille, seigneur de St-Georges et de Tourtron ♣ 1ère partie
Charles-Louis-Marie comte d'Orfeuille, seigneur de St-Georges et de Tourtron, naquit à St-Maixent (Deux-Sèvres) le 7 juillet 1756 ; il est mort à Paris le 3 février 1842.
D'abord marié avec dame Marie-Sophie-Françoise-Louise de Bosquevert, il eut pour fille Marie-Ursule, mariée à François-Clément Palustre de Fontvilliers.
En seconde noces il épousa Anne-Rosalie Delestang, dont est née Mlle Marie-Germanie d'Orfeuille.
La maison d'Orfeuille est originaire de l'Angoumois ; elle descent de Calo d'Orfeuille, fils puiné de Guillaume de Mastas et d'Amélie de Chabanais, vers l'an 1230.
Les armes du fief d'Orfeuille étaient d'azur à trois feuilles de chêne d'or, avec couronne de comte.
Cette maison a contracté des alliances avec celles de Lezay, Brosses, Volluire, Vivosne, Archiac, Mahaut, Montbron, la Guillotière, Foucault, Gilliers, Lucien, Couhé, Laffitte, Clervaux, Daïtz, etc., etc.
La maison d'Orfeuille vint, en 1406, s'établir en Poitou. Plusieurs personnages de cette famille ont occupé de hautes positions.
Joachim d'Orfeuille, seigneur de Foucault, embrassa le calvinisme, et se réfugia, avec d'autres protestants, dans le château de Lusignan ; il y fut tué au mois de janvier 1575. Vers le même temps, Pierre d'Orfeuille était capitaine des cent hommes d'armes de Sa Majesté. Dans ses mémoires, Bassompierre rapporte qu'un autre Pierre d'Orfeuille commandait à Châtellerault le 3 novembre 1620, au passage de Louis XIII.
Marie d'Orfeuille fut lieutenant général des armées du roi sous Louis XIV.
François d'Orfeuille, frère du précédent, seigneur de Foucault et de Lussaidières, commandait à Courtray, et fut aide de camp du grand Roi.
André d'Orfeuille accompagnait le duc d'Alençon en 1575. - Leriche, dans ses mémoires, raconte ce qui suit :
"Le 4 décembre arrivèrent à St-Maixent, avec le prince, grand nombre de seigneurs, entre autres Foucault, Delestang, de Pompadour ; je logeai ce dernier et ses gens. Il s'en alla sans dire adieu, ni rien donner pour lui et les 80 de sa suite ; et, apparemment pour me faire souvenir de son passage, il emporta céans, linges, plats, écuelles, casse de fer, broche, tapis vert. Ces dégâts et pilleries durèrent plusieurs jours."
En 1651, à Poitiers, aux états de la province, se trouvèrent 300 gentilshommes, et dans le nombre :
- Le comte et le baron de St-Georges ; Palustre de Chambonneau ; Palustre de Gizay.
En 1740, à Saint-Maixent, on dressa la liste des habitants dispensés de la collecte. - En tête des nobles figure le sieur d'Orfeuille de Tourtron.
En 1780, au rôle de la capitation des privilégiés, se trouvent le sieur d'Orfeuille de Tourtron et la demoiselle d'Orfeuille. Peut-être convient-il de consigner ici que, dans la petite ville de St-Maixent, avant comme après 1789, la noblesse et la bourgeoisie ont constamment fait société à part. Dans cette localité, plus qu'ailleurs, les partis devaient être en observation : aussi, aux premières étincelles de la révolution, les uns conçurent de grandes espérances, et les anxiétés des autres furent très-vives.
Ces détails nous ont paru utiles. Ils fixent le point de départ, lequel, presque toujours, exerce une grande influence sur le reste de l'existence.
Nous savons donc que M. le comte d'Orfeuille, tenant par ses ancêtres et leurs alliances aux maisons les plus illustres du Poitou, a pu, dans son adolescence, être élevé dans le culte de certains préjugés : or, nier l'effet de l'éducation, c'est nier l'effet de l'habitude. Examinons maintenant les principaux évènements de sa vie.
Il fit ses premières humanités à Saint-Maixent, sous la direction des bénédictins, cet ordre si renommé par son grand savoir ; c'est peut-être à l'abbaye qu'enfant imitateur, il puisa le goût de l'étude et des immenses investigations littéraires auxquelles il s'est constamment livré.
Il alla terminer ses études au collège du Puygarreau, tenu alors par des religieux qui venaient de succéder aux jésuites, expulsés de Poitiers en 1762 : il dut encore y trouver des traditions savantes de l'ordre qui venait d'être supprimé.
M. d'Orfeuille obtint de nombreux succès. Sans doute les palmes du collège ne sont qu'une espérance d'avenir, mais pour lui elles ne furent pas un indice trompeur.
En 1778, à l'âge de 22 ans, il entra comme volontaire au régiment provincial du Poitou. En 1782, il fut nommé lieutenant au bataillon de Saintonge. De ces mêmes rangs sortit le brave général Chabot, auquel Kléber écrivait en 1794 :
"Le gouvernement me rappelle, et me dit de laisser le commandement à l'officier le plus capable et le plus valeureux ; tu voudras bien me remplacer, et commander provisoirement en chef l'armée républicaine de la Vendée."
De 1782 à 1789 que devint M. d'Orfeuille ? Nos investigations ont été vaines ; mais nous sommes convaincu qu'il se livra aux recherches scientifiques qui, selon des époques diverses, ont fait le charme ou la consolation de son existence.
Nous sommes arrivés à 1789. Depuis longtemps la révolution était opérée dans les esprits ; il ne lui restait plus qu'à se traduire en fait. Cette crise si dramatique pour tous, si pénible pour plusieurs, comment fut-elle envisagée par M. le comte d'Orfeuille ?
Il y avait scission dans la noblesse : une minorité se faisait remarquer par ses idées fort avancées ; à sa tête marchaient Monsieur, frère du roi, et les philosophes ses amis ; venaient ensuite le marquis de la Fayette et les jeunes officiers revenus de la guerre d'Amérique, d'où ils avaient rapporté un grand esprit de liberté, d'indépendance. En d'autres temps, Montesquieu, qui tenait fort à son titre de noble, Boulainvilliers, Mably, avaient singulièrement, quoique privilégiés, provoqué la réforme des abus : leur exemple fut suivi ; il fut bien dépassé dans la nuit si mémorable du 4 août 1789. - Ainsi, sous tous les rapports, M. le comte d'Orfeuille était libre ; les hommes de sa caste étaient partagés, et, quelque bannière qu'il arborât, il était sûr de marcher avec plusieurs de ses pairs.
Il vous semblera qu'il adopta un moyen terme ; nous croyons en trouver la preuve dans un ouvrage qui fit alors sensation, et qui fut imprimé par M. d'Orfeuille. En voici l'intitulé : Observations d'un gentilhomme poitevin sur le cahier de la noblesse du Poitou, 1789.
Dans des observations préliminaires, l'auteur établit l'antiquité, l'origine de la noblesse, son utilité, ses privilèges chez les nations policées comme chez les sauvages, la nécessité de la maintenir avec les immunités.
Au milieu de recherches savantes et un peu aristocratiques, nous aimons à citer le passage suivant :
"Les prérogatives de la noblesse ne doivent avoir rien de pécuniaire, parce que c'est l'honneur qui la guide et non pas un avantage personnel : la gloire de se dévouer au bonheur de la patrie peut seule être sa récompense, et la facilité de s'y livrer sa seule prérogative."
Viennent ensuite une partie des cinquante articles du cahier de la noblesse, et au-dessous les observations de M. d'Orfeuille.
à suivre