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La Maraîchine Normande
11 novembre 2023

BLOIS (41) ST-MÊME-LE-TENU (44) - JEAN-FRANÇOIS-FRÉDÉRIC LA ROCHE-BILLOU, OFFICIER DE GENDARMERIE (1797 - 1862)

Blois château z

Jean-François-Frédéric La Roche naquit le 9 brumaire an VI (30 octobre 1797), à Blois, où sa famille occupait une position des plus honorables. Malheureusement de cruels revers vinrent l'atteindre, et Frédéric se trouva tout-à-coup sans autre appui que le souvenir des services rendus par les siens dans des temps plus heureux. Ce fut ainsi qu'il se vit appelé à Paris et placé dans la maison militaire de Monsieur, frère du roi, grâce à de nobles amitiés qui, toute sa vie, lui sont restées fidèles.

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La Roche n'avait pas encore, à cette époque, dix-huit ans, et déjà cependant il avait donné d'éclatantes preuves de la résolution qui était dans son caractère. On l'avait vu, en 1814, au moment où la ville de Blois avait tout à craindre des Prussiens, courir à franc étrier à Paris, et parvenir à détourner le coup qui la menaçait.

De 1815 à 1824, La Roche servit dans les gardes-du-corps, puis il fut envoyé comme lieutenant de gendarmerie à Nantes ... L'ouverture, l'entrain, la loyauté de son caractère et une autre qualité plus rare, sa piété fervente et sans ombre de respect humain, lui ouvrirent toutes les portes, et il fut accueilli de chacun comme un ami, dans un pays qui lui était étranger la veille.

Au commencement de 1830, La Roche fut placé, toujours avec son modeste grade de lieutenant, dans la gendarmerie de Paris. Il y était à peine depuis quelques mois, lorsqu'il se trouva de garde dans le jardin du Palais-Royal, le soir du bal que le duc d'Orléans donna à son beau-frère le roi des Deux-Siciles. On sait que Charles X voulut bien se départir, dans cette circonstance, de la rigueur de l'étiquette, pour répondre à l'invitation de son cousin. Mais dans le jardin, de mauvaises passions s'essayaient déjà à l'émeute. Profitant d'un incident futile et surtout de la foule et du bruit, elles commençaient déjà à se faire jour, lorsque La Roche étouffa l'explosion par son sang-froid et sa fermeté.

la rochebillou signature

Nous avons souvent entendu le brave et vieux chef de la gendarmerie parisienne, le colonel de Foucauld, exprimer son opinion sur La Roche, et il le faisait avec une chaleur toute militaire. Sa confiance en lui était absolue. Aussi, le 29 juillet, le plaça-t-il à l'un des postes les plus périlleux, celui du ministère des affaires étrangères, que le nom seul de M. de Polignac désignait à tous les coups. La Roche n'avait que quelques hommes ; mais il n'en fut pas moins inébranlable jusqu'à la fin. Ni la diplomatie, ni la force ne purent triompher de sa résistance. L'exaspération de la populace devint alors telle, qu'étant parvenue à envahir les appartements par les fenêtres, il fallut toute l'énergie de Casimir Périer, dont l'hôtel était proche, et qui accourut au bruit, pour sauver l'intrépide lieutenant.

Casimir Périer, frappé et touché à la fois de la vigueur et de la noblesse de son caractère, lui offrit, s'il voulait se rattacher au nouveau pouvoir, de se charger de son avenir ; - mais La Roche n'avait qu'une pensée : rejoindre le roi, et il demanda à son libérateur, pour toute grâce, de lui en fournir les moyens. La foule cependant continuant toujours d'être menaçante, on lui procura un déguisement, et il put sortir sans être reconnu.

La Roche suivit alors le deuil de la monarchie, puis il déposa tristement son épée ; mais bientôt il la reprend au premier appel du drapeau qui avait sa foi. L'ancien lieutenant de gendarmerie commandait les volontaires nantais à l'affaire du Chêne (en Vendée) [6 juin 1832], et là, comme partout, il se distingua par son courage.

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Arrêté le 15 août suivant, La Roche comparut devant la cour d'assises de Rennes, qui le condamna à la déportation ; il est alors envoyé au Mont-Saint-Michel, puis, après cassation, devant celle du Loiret, qui l'acquitta, au bruit des acclamations de tout l'auditoire (29 juillet 1833).

Il revint alors à Nantes où, dans des moments difficiles, il avait trouvé une retraite affectueuse au sein d'une famille éprouvée comme lui et qui partageait, non moins vivement que lui, ses convictions religieuses et politiques. Mme Billou l'avait accueilli, dès l'abord, comme un fils, et elle tarda peu à lui en donner le nom. Elle le savait généreux, dévoué ; elle ne lui demanda pas s'il était riche. La Roche trouva, dans cette alliance, le bonheur, et il y trouva aussi la fortune ; mais toutes habitudes durent changer. Le militaire actif, entreprenant, dut s'assujettir aux minutieuses exigences du commerce, et il s'y assujettit avec l'ardeur, avec l'entrain qui étaient en lui, sans rompre d'ailleurs avec aucune des relations qui lui étaient chères. Combien de fois ne vit-on pas chez lui, dans le salon qui témoignait si bien d'habitudes distinguées et du goût des arts, des hommes portant les plus beaux noms de France : le duc de Lorges, le duc des Cars, le général de La Rochejaquelein, et bien d'autres, réunis à sa famille, dans toute la familiarité qui naît du même dévouement et des mêmes souvenirs.

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Au mois de juillet 1855, La Roche accomplit un voeu qu'il formait depuis longtemps ; il alla offrir ses hommages à M. le comte de Chambord, et nous sommes bien sûr de ne pas nous tromper en disant que cette visite est de celles qui ont le plus marqué dans la mémoire du prince, par l'irrésistible émotion dont fut saisi, à sa vue, cet énergique et vieux soldat.

Est-il besoin de dire l'accueil qu'il reçut ? - "Ce bon La Roche, quel noble coeur !" - disait depuis le comte de Chambord.

En 1861, La Roche faisait un nouveau pèlerinage. Courtisan obstiné du malheur, il allait à Rome se prosterner aux genoux vénérés du Saint-Père, auquel il avait donné ses deux fils, et porter à la courageuse reine de Naples l'hommage de l'admiration des dames de Nantes (La Roche reçut la croix de Saint-Grégoire-le-Grand des mains du Saint-Père, et la croix de François Ier de celles du roi de Naples).

Si maintenant nous voulions pénétrer dans sa vie de chaque jour, nous n'y trouverions que les joies de la famille et la préoccupation des bonnes oeuvres. Membre de la plupart des Sociétés charitables, La Roche y portait mieux que son argent, il y portait tout le feu de la charité. Tel a-t-il été vu aux réunions de Saint-Vincent-de-Paul, tel parmi les chefs d'atelier de l'association de Saint-Joseph, dont il était le président constamment réélu, ou parmi les ouvriers de Notre-Dame-de-Toutes-Joies, auxquels allaient si bien sa rondeur militaire et sa franche gaieté.

Voici à peine quinze jours qu'il prenait encore part à leurs religieux services. Rien n'annonçait le déclin dans sa forte nature. Le lendemain il partait pour Saint-Mesme, heureux de revoir ses paysans et ses ouvriers dont il était le père, de se retrouver dans cette modeste habitation des champs, où son plus grand bonheur était de recevoir ses amis, son évêque surtout qui n'éprouvait pas moins de jouissance dans la société de cet homme de tant de foi et de tant de coeur. Mais à peine arrivé, il est atteint d'un mal qui en deux jours, le conduit au tombeau. Surpris, mais non troublé, La Roche est resté, en cet instant, ce qu'il fut toujours : "Dieu est bon, Dieu est le maître" disait-il souvent, il le répète encore ; il ne faiblit ni devant la mort, ni, ce qui était pour lui une plus rude épreuve, devant la douleur des siens, qui, sans espoir pour cette vie, n'osaient plus lui parler que du ciel. Il est mort en les bénissant, et sa dernière parole a été une prière.

Eug. de la Gournerie - Revue de Bretagne et de Vendée - 1er janvier 1862.

Article de L'Indépendant de la Moselle n° 271 - 2e année - Mercredi 22 août 1832

Il a laissé des "Souvenirs d'un officier de gendarmerie sous la Restauration" édités par Aurélien vicomte de Courson en 1914.

 

les trois boisselées google map

Les Trois Boisselées

Jean-François-Frédéric La Roche avait épousé à Nantes, le 2 avril 1834, Aimée-Jeanne Billou, fille de Jean-Baptiste, marchand, et de Françoise Leroux. Elle était née à Nantes, le 3 floréal an XI (23 avril 1803).

De cette union sont nés :

- Anne-Athanasie-Jeanne, le 8 janvier 1835, Nantes (5e et 6e cantons) ; décédée à Nantes (2e canton), 6 place des Enfants Nantais , le 17 mars 1897 ;

- Frédéric-Henri-Jean, le 15 juillet 1836, Nantes (3e et 4e cantons) ; décédé à Nantes (3e canton), le 26 avril 1842, à l'âge de 5 ans ;

- Marie-Aimée-Anne, le 10 novembre 1838, Nantes (3e canton) ; religieuse réparatrice ; décédée à Paris, le 6 juin 1869, à l'âge de 30 ans ;

- François-Frédéric-Auguste, le 15 janvier 1841, Nantes (3e canton) ; industriel, Zouave pontifical, Auxiliaire des Pères Blancs ; marié à Nantes, le 18 mai 1867, avec Lucie Avril (1850 - 1940) ; divorcé le 28 novembre 1899 ; décédé à Tunis, le 1er mai 1910 ;

- Henri-Marie-Julien, né le 6 juillet 1843 ; propriétaire ; marié à Nantes, le 10 décembre 1867, avec Anne-Marie Dezanneau (1850 - 1922) ; décédé à Pénestin (56), le 9 août 1912.

Aimée-Jeanne Billou est décédée à Nantes (2e canton), au 7 rue du Coudray, le 25 novembre 1885, à l'âge de 82 ans.

Jean-François-Frédéric La Roche-Billou est décédé à Saint-Même-le-Tenu, le 6 juin 1862, en son domicile aux Trois Boisselées.

décès 1862 z

 

AD41 - Registres paroissiaux de Blois

AD44 - Registres d'état-civil de Nantes et de Saint-Même-le-Tenu

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