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La Maraîchine Normande
4 avril 2024

CHOUANNERIE NORMANDE - NOTES SUR LA GUERRE DES ROYALISTES PAR UN AUTEUR INCONNU

ARMÉE DE L'OUEST

 

Notes sur la guerre des royalistes jusqu'à la paix du 20 nivôse an VIII (10 janvier 1800) en Basse-Normandie.
Sans nom d'auteur,
Avec un état des officiers tués dans les différents combats qui ont eu lieu pendant la durée de l'insurrection.

 

 

Ce fut en 1793, au mois de Novembre, que parurent les premières étincelles de la guerre des royalistes en Basse-Normandie - Voici ce qui y donna lieu :


A cette époque, les gardes nationales commencèrent à poursuivre les jeunes gens de la réquisition (de 18 à 25 ans) qui refusaient de marcher aux armées. Les poursuites se firent avec acharnement dans l'arrondissement de Domfront, département de l'Orne, les "dix neuf vintième" avaient refusé de marcher.


Ces jeunes gens se voyant continuellement poursuivis, arrêtés et conduits aux armées, il arriva que les plus actifs réunirent le reste, et pour se donner des armes, ils allaient la nuit désarmer les gardes nationales qui les poursuivaient le jour, et en peu de temps, ils se trouvèrent tous armés. Bientôt ceux qui les avaient conduits à ces petites expéditions furent élus et nommés officiers par différentes bandes, lesquelles dès ce moment se constituèrent en compagnies dont les officiers nommèrent les sous-officiers.

 


Au mois de février 1794, il y avait quatre compagnies organisées de 60 à 70 hommes chacune.


La 1ère à Saint-Jean-des-Bois, la 2ème à Landisacq, la 3ème à Flers, arrondissement de Domfront, département de l'Orne ; une 4ème à Truttemer-le-Grand, département du Calvados.


A cette époque le nommé La Motte Louvet, commandant de toute la garde nationale de la Basse-Normandie, mit à l'ordre du jour que tout garde national qui se laisserait désarmer sans se défendre serait conduit en prison et jugé par un Conseil de guerre. Dès lors, tous se défendirent chez eux contre les royalistes qui allaient pour les désarmer et dont plusieurs périrent dans ces occasions.


Cela enhardit les gardes nationales et les poursuites devenant de jour en jour et plus fréquentes et plus sévères, les officiers royalistes délibérèrent entre eux sur le parti qu'il y avait à prendre pour se soutenir contre leurs adversaires qui étaient en outre renforcés par des détachements de troupes de lignes cantonnées sur le pays ou les royalistes étaient en armes.


Ils décidèrent d'attaquer et de soumettre à quelque prix que ce put être, le dit Louvet commandant en chef les gardes nationales du pays. On était alors en mars. Dans ce dessein, les 4 compagnies se réunirent au nombre de 200 hommes et se rendirent le jour de la Mi-Carême, sur les deux heures de l'après-midi, dans la paroisse de Montsecret, à une petite lieue de Tinchebray, chez le dit Louvet qui dans ce moment se trouvait avoir chez lui  un détachement de troupes de ligne du cantonnement de Tinchebray. Ils se mirent en défense, nous tuèrent quelques hommes et se retranchèrent dans la maison. Ils se défendirent quatre heures et périrent tous. Le cantonnement de Tinchebray fort de 100 hommes de troupes de ligne et 80 de la garde nationale, après avoir reconnu les avant-postes des royalistes, rentrèrent sans oser les attaquer. [mars 1795 - Louvet est tué]


Cette petite expédition jeta la terreur dans l'esprit des républicains ; personne n'osa plus résister dans les campagnes. Il suffisait au capitaine d'une des compagnies d'envoyer aux maires la liste des armes de leurs paroisses avec ordre de les porter dans tel ou tel endroit, l'ordre était exécuté sans délai. Dès lors, les gardes nationales n'osèrent plus sortir. Il y eut plusieurs rencontres de patrouilles de troupes de lignes et souvent des hommes tués de part et d'autre.


Au mois de mai 1794, Cinq soldats royalistes et le curé de Tinchebray étaient détenus dans la prison du lieu, le curé était condamné à être guillotiné. [l'abbé Dulaurent]


La compagnie de Saint-Jean-des-Bois résolut de les délivrer, et en effet, la veille de la Pentecôte, ils surprirent la garde pendant la nuit, forcèrent la prison et emmenèrent les détenus.


Les républicains appelèrent des forces de toutes parts ; plus de 4.000 hommes couvrirent le pays et les royalistes n'eurent de ressource pour se soustraire à la rigueur des poursuites que les souterrains qu'ils avaient eu la précaution de creuser et dont l'entrée n'était reconnaissable qu'à eux. Là, ils se tenaient pendant le jour tandis que les républicains couraient le pays ; puis, lorsque la nuit les forçait à rentrer dans leurs cantonnements, les royalistes sortaient de leurs retraites, allaient les attaquer et les fatiguer autant que possible. Cela continua de la sorte jusqu'au commencement de 1795, que Monsieur le comte Louis de Frotté vint au milieu de nous avec les ordres de Monsieur, frère du Roi, pour nous commander.


Il s'était formé des partis dans les environs d'Avranches, département de la Manche et du côté d'Ambrières, lisière du Maine.


En même temps, notre organisation s'était augmentée ; la compagnie de Saint-Jean-des-Bois et celle de Truttemer formaient alors un corps qui peu de temps après fut porté à deux bataillons de chacun 500 hommes, et dès ce moment, ils ne cessèrent d'être les armes à la main jusqu'à l'armistice du 24 juin 1796. Les deux autres compagnies de Flers et de Landisacq formèrent un bataillon qui en 1796 était de 800 hommes connu sous le nom de Division de Flers, la première était celle de Saint-Jean-des-Bois, venaient ensuite celles de Flers, d'Ambrières et d'Avranche.

 


 

A son arrivée, M. de Frotté avait envoyé des officiers pour propager l'insurrection dans le voisinage de notre pays. - La Division de Saint-Jean-des-Bois lui servit constamment d'escorte et de moyen pour réunir les autres Divisions -. Ce fut à Saint-Jean-des-Bois qu'il fit son premier rassemblement et où il fut attaqué la première fois par les républicains. - Dans le courant du mois de mai, il fut attaqué deux fois le même jour et dans les deux rencontres, les royalistes remportèrent l'avantage -. De part et d'autre, bon nombre d'officiers et soldats furent tués ou blessés, M. du Laurent, chef de bataillon de Saint-Jean-des-Bois fut de ces derniers. De là, nous fûmes à Saint-Sever où nous eûmes une fusillade dans la forêt et dans le bourg avec les troupes de Vire qui étaient sorties contre nous, plusieurs républicains furent tués, nous n'y eûmes que deux blessés. Nous continuâmes notre route par les environs de Villedieu. A Gavray, nous eûmes une affaire et une autre à Pont-Farcy et nous rentrâmes dans la forêt de Saint-Jean-des-Bois.


Vers le commencement du mois de juin 1795, le Général renvoya ses Divisions dans chacun de leur arrondissement et ne garda avec lui que la compagnie de Saint-Jean-des-Bois et une partie des officiers des autres divisions. Il partit avec ce détachement de 2 à 300 hommes et se rendit dans le Bas-Maine pour y établir des correspondances et des communications. Il poussa jusqu'au quartier de Taillefer alors à Bazougers au voisinage de Laval. Nous fûmes plus de deux mois absents, pendant lesquels nous eûmes 12 ou 13 combats, plusieurs officiers tués et un plus grand nombre de blessés.

 


Rentré sur la division de Saint-Jean-des-Bois, nous attaquâmes et enlevâmes de vive force et en plein midi le cantonnement de Ger fort de 200 hommes. Beaucoup de républicains y périrent, nous y perdîmes deux officiers et plusieurs soldats.


Quatre jours après, les républicains piqués rassemblèrent tous leurs cantonnements et vinrent à Saint-Jean-des-Bois y attaquer M. de Frotté qui y faisait un rassemblement de ses différentes divisions. Les républicains étaient plus de 3.500, les royalistes en ce moment fort inférieurs en nombre, soutinrent le combat pendant deux heures et demi, ils perdirent deux officiers et plusieurs soldats, mais du côté des républicains, la perte fut plus grande. Il en fut de même au Mesnitove [Le Mesnil-Tôve] près Mortain où le combat fut renouvelé trois fois dans la même journée, les royalistes furent victorieux partout, toutes nos divisions y étaient réunies. Nous fûmes moins heureux au bourg du Teilleul où les républicains s'étaient retranchés ; nous y perdîmes 25 ou 30 hommes, dont plusieurs officiers.


Un mois après, le Général renvoya les différentes divisions chacune dans leur arrondissement et alla inspecter les différents rassemblements que ses officiers avait été chargés d'organiser. Pendant ce temps, la division de Saint-Jean-des-Bois eut plusieurs combats, deux sur la route de Tinchebray à Domfront, un à Vassy où les républicains perdirent plus de 90 hommes ; un à Bernières où la colonne mobile de Vire perdit 160 hommes, 2 sur la route de Vire à Mortain, 2 sur la route de Vire à Villers ; un autre à Aunay - et partout les républicains furent battus.


A son retour, le Général rappelle ses divisions qu'il avait à son départ renvoyer dans leurs arrondissements et fut avec 3 à 4 mille hommes, en mars 1796, attaquer la garnison de Tinchebray, la ville fut forcée mais à la fin la garnison se retrancha dans une tour et faute d'artillerie, nous fûmes obligés de l'abandonner ; les royalistes y perdirent beaucoup d'officiers et de soldats.


Les différentes divisions eurent ensuite plusieurs affaires partielles où celle de Saint-Jean-des-Bois, divisée alors en deux parties en eut une à Vassy et une au Menil-Ciboult à la même heure - Celle d'Avranche à Villechien où elle perdit plus de 30 hommes - Celle d'Ambrières en eut plusieurs dans les environs de Goron du Teilleul et de Mayenne - Celle de Flers en eut une dans le bois Dauffy.


A cette époque, nos 4 divisions et des détachement de celle que le Général avait fait organiser, à Villedieu, Coutances, le pays d'Auge et ... se réunirent et livrèrent plusieurs combats à la Maison Rouge à Landisacq, à Priaux, à Vengons, à Sourdeval, à Briouzes, à Barbiton, à Geva Lonlay.

 


 

Vers la fin de mai 1796, la division de Saint-Jean-des-Bois eut un combat à la Forge Coquelin, paroisse du Grand Celland, qui dura cinq heures où les républicains perdirent plus de 300 grenadiers - la division était commandée par le baron de Mandat. Le 7 juin 1796, elle eut un autre combat à la Papillonière où M. Mandat et M. Moulin furent tous deux grièvement blessés, les républicains furent battus et perdirent beaucoup de monde.


Peu de temps après, le 24 juin 1796, amnistie générale pour les pays de l'Ouest.


REPRISE D'ARMES


Malgré la pacification du 24 juin 1796, la majorité des officiers furent poursuivit, emprisonnés et quelques uns fusillés.


Depuis cette époque jusqu'au premier septembre 1799, la division de Saint-Jean-des-Bois a perdu les officiers ci-après dénommés :


- M. de la Rocque-Cahan, 1er chef de la ditte division, pris à Saint-Jean-des-Bois, et fusillé sur la route de Tinchebray ;


- M. le baron de Mandat, commandant la division, pris et fusillé à Caen ;


- Pierre Bourdelais connu sous le nom de Saint-Louis, major de la division, arrêté dans les environs de Caen et mort dans les prisons de cette ville ;


- Julien Dufair, capitaine, pris et fusillé ;


- Roch Maupas, capitaine, arrêté à Vire et fusillé à Caen ;


- Julien Lefour, lieutenant, arrêté à Tinchebray et fusillé à Alençon ;


Michel Moulin, commandant en second la division, Julien Harouin, capitaine, Auguste Le Breton, capitaine, Le Teinturier, adjudant, François Pelvet, sous-lieutenant, Martial Guillonet, sous-lieutenant, Guillaume Le Tessier, capitaine, Maloisel, lieutenant, furent arrêtés et après une longue détention recouvrirent leur liberté.

 


 

La division de Saint-Jean-des-Bois a recommencé la guerre au mois de septembre 1799.


Le vicomte de Williamson [d'Oilliamson], général en second de l'armée, le baron de Comarque, officier supérieur, le chevalier de la Pivardière, chef de division, le chevalier Louvet de Monceaux, chef de la division de Saint-Jean et plusieurs autres officiers se réunirent à la division de Saint-Jean-des-Bois dite de Monceaux et avec cette division attaquèrent les républicains qui étaient dans le bourg du Fresne-Poret, la victoire fut complète pour les royalistes, les républicains perdirent beaucoup de monde, les royalistes n'eurent qu'un homme blessé.


Le Général comte Louis de Frotté ordonna un rassemblement des divisions de Flers, d'Ambrières et d'Avranches et réunies à la division de Saint-Jean-des-Bois, la colonne se dirigea du côté de la Ferté-Macé et Briouze ; elle eut une affaire à Couterne, s'y battit six heures ; le cantonnement après avoir perdu plus de la moitié de sa garnison fut forcé dans ses retranchements et plusieurs officiers royalistes y périrent.

 


 

Peu de jours après, nous eûmes un combat à Saint-Clair et au Clos-Fortin près Vire, sur la route de Vire à Sourdeval qui dura depuis neuf heures du matin jusqu'à la nuit. Plusieurs officiers royalistes y furent tués et un plus grand nombre blessés.


Le lendemain la petite armée fut attaquée par les républicains à Montjoie et à Saint-Poix, le vicomte de Williamson fut blessé de deux coups de feu, plusieurs officiers tués et blessés, partout les royalistes furent victorieux.


La colonne continua sa marche par les environs d'Avranches, par la Haye-Pesnel, passa sous les murs de Coutances et eut un combat au Lorey où plusieurs officiers furent tués, quatorze ou quinze blessés. Les républicains furent complètement battus.


Le lendemain un combat eut lieu au village de la Fosse près St-Lô, M. de la Pivardière, chef de division, fut tué ainsi que M. de Beaumont, second de division et plusieurs officiers, et douze ou treize blessés.


Plusieurs autres affaires eurent lieu pendant cette tournée, telle que celle du Gaz, Sourdeval, St-Martin, dans cette tournée, plusieurs divisions avaient rejoint la colonne.


De retour à Saint-Jean-des-Bois, les divisions rentrèrent dans leurs arrondissements respectifs.


Le premier jour de décembre, la division de Saint-Jean-des-Bois eut un combat à Saint-Jean-des-Bois où un officier fut tué et un blessé.


A cette époque s'ouvrirent les conférences de Pouancé, et nos divisions entrèrent en cantonnement.


Le 1er bataillon de Saint-Jean-des-Bois fut cantonné à Saint-Bomer près Domfront et le second au château de Saint-Auvien, canton de Passais. Ces deux bataillons étaient forts chacun de 600 hommes.

 


Le Général Frotté se rendit à ces conférences et établit son quartier général à Flers où il fut représenté par le baron de Comarques, qui établit une correspondance avec les généraux Guidal et Chamberlac.


Les divisions furent à peu près six semaines en cantonnement. Le Général les réunit aussitôt que les conférences de Pouancé furent terminées et se porta dans la direction d'Alençon. Aux Forges de Cossé, il rencontra l'armée républicaine, commandée par les généraux Chamberlac, Guidal, Bribe et Avril. Le combat s'engagea et en moins d'une heure, l'armée républicaine fut en déroute. Immédiatement après cette affaire, le Général Frotté apprit que les généraux Bourmont et George avaient fait leur paix.


Sur quoi, il licencia son armée et envoya quatre officiers supérieurs à Alençon avec pouvoir de traiter pour la Normandie. Tout le monde connaît quel en fut le résultat.

 


 

AD85 - SHD 1 M 500

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