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La Maraîchine Normande
21 avril 2024

VERTEUIL-SUR-CHARENTE (16) - TOURS (37) - LOUIS-NICOLAS DE VILLEMINOT, COMMANDANT DES GRENADIERS DE LA CONVENTION NATIONALE (1748 - 1827)

 

Fils de Nicolas de Villeminot, ingénieur des ponts et chaussées de Bretagne et de Marie-Geneviève Terrasson, Louis-Nicolas est né à Verteuil-sur-Charente (16), le 17 avril 1748. Il eut pour parrain Louis Terrasson, écuyer, lieutenant des vaisseaux du Roy.

 


 

Garde du corps, compagnie de Noailles de 1768 à 1777 puis surnuméraire dans la compagnie de la Prévôté de l'Hôtel du Roi, de 1777 à 1790, Louis-Nicolas entra lieutenant dans la gendarmerie nationale le 2 octobre 1791 et devint lieutenant-colonel au choix le 20 septembre 1792, lors de la création des grenadiers-gendarmes chargés de la garde de la Convention.

 

 

Le 20 juillet 1792, à Paris, Louis-Nicolas Villeminot assistait aux obsèques du commodore Paul Jones, "natif d'Angleterre, et citoyen des États-Unis d'Amérique, premier officier de mer au service desdits États, âgé de 45 ans, décédé le 18 de ce mois, en sa demeure, sise rue de Tournon, n° 42, de suite d'hydropisie de poitrine, dans les sentiments de la Religion Protestante".

 

 

 

Le 21 septembre 1792, la royauté étant abolie et l'Assemblée agonisante, les Gendarmes sont épurés par ordre de Danton. Les nouveaux venus, dits "Grenadiers-Gendarmes", portant l'épaulette rouge sur l'habit de gendarme et le bonnet d'ourson sans plaque, sont bons républicains, chassent tous les anciens officiers et ne conservent que M. de Villeminot, dit prudemment "citoyen Villeminot", élu lieutenant-colonel, Bonnabel est capitaine, ainsi que Bernelle qui fera carrière dans la garde impériale ...


Ces premiers "Grenadiers-Gendarmes" vont disparaître en Vendée pendant l'été 1793, moins par le feu des hommes de Charette, qui en tue vingt-six et en blesse une trentaine, que par la défection. Reconstitués en 1794 avec des éléments révolutionnaires, les "Grenadiers-Gendarmes", coiffés du démocratique chapeau, veillent aux portes de la Convention. Assez mal d'ailleurs.


Envahie en germinal an III (avril 1795), malmenée en prairial (25 mai) par les Montagnards, la Convention constate tardivement qu'elle est mal gardée ; craignant les émeutes et l'invasion de la canaille, elle décide de renoncer aux "Gendarmes" infidèles et symboliques et de confier sa sécurité et sa défense éventuelle à des soldats, mesure prudente, excellente ... sur le papier, mais qui demeure une velléité. Il ne suffit pas de changer le nom des Gardes, d'appeler les "Grenadiers-Gendarmes", "Grenadiers près la Représentation nationale" et, lors de la chute de la Convention, "Grenadiers du Corps législatif" ... ! Ces unités, composées de soldats ayant de bons états de services et commandés par de vieux officiers formés selon la tradition de l'ancienne armée, sont, en raison de leurs fonctions, vite contaminés par la politique qui pourrit tout ce qu'elle touche, ruine l'esprit militaire et la discipline. Les épurations successives ordonnées et pratiquées se révèlent inopérantes. Les "Gardes tricolores", comme on appelle, à cause de leur tenue, les "Grenadiers du Corps législatif", ne sont que des "prétoriens".


Médiocres soldats, comme leur prédécesseurs, engagés contre l'émeute en vendémiaire, utilisés le 13 par Bonaparte qui en cite quelques-uns à l'ordre de l'Armée de l'Intérieur, ils auraient été incapables de protéger la Convention, dont ils avaient la garde.


C'est un corps sans chef, affligé de toutes les tares du régime.


Le citoyen Villeminot, toujours à leur tête, écrit dans son rapport du 4 messidor an IV (22 juin 1796) : "... Certains grenadiers ont des passions trop vives ; ils ne peuvent résister à la séduction d'une ville aussi corrompue que Paris ... Il est impossible de les retenir à la caserne ... Ils injurient et maltraitent les citoyens ; la malveillance centuple les événements et tire des conclusions contre tout le corps des Grenadiers, et même le Corps législatif ... Certains grenadiers ont un emploi dans Paris et ne viennent que pour manger ... Enfin, la tenue est incomplète et bigarrée ; il y a des habits de toutes les couleurs ..."


Le tableau n'est pas brillant. Villeminot est renvoyé dans la Ligne ... Peut-être parce qu'il a osé écrire la vérité !
 

 

 

 

Villeminot s'illustra notamment avec Westerman à Châtillon le 11 octobre 1793.

 

Extrait d'un mémoire du général Chalbos adressé au ministre (octobre 1793) :


"Westermann marcha à l'avant-garde avec le général Legros que je lui donnai pour second ; et moi, à la tête de six à sept cents hommes d'infanterie et une soixantaine de cavaliers, accompagné de Villeminot, commandant les grenadiers de la Convention nationale, je suivis l'avant-garde à la distance de quarante pas. Nous arrivâmes dans cet ordre à Châtillon vers les onze heures du soir. Westermann me fit dire qu'il allait passer et prendre poste à quelque distance au-delà de la ville. Je ne m'y opposai point ; mais je le fis prévenir de se replier sur moi au point du jour. Je plaçai une partie de ma troupe sur une pelouse à la ville et l'autre à 5 pas en arrière. J'établis plusieurs postes et fis allumer des feux en plusieurs endroits. Les patrouilles à pied et à cheval se succédèrent toute la nuit, et personne ne dormit.


J'entrai dans la ville, accompagné de Villeminot et d'un officier de son corps, qui ne me quittèrent point et qui passèrent la nuit au bivouac à mes côtés. Je leur en ai d'autant plus d'obligations, que je n'avais ni adjudans-généraux ni aides-de-camp ; ils étaient tous blessés, à l'exception d'un seul (un des frères Faucher) à qui j'avais ordonné de prendre soin de son frère mourant.


Attiré par des cris qui partaient d'une maison, je mis pied à terre, accompagné de deux grenadiers de la Convention. C'est là que je trouvai le trésor dont parle Westermann. Une chambre qu'avaient occupée des chefs de l'armée catholique était parsemée d'assignats ; je les fis ramasser par les grenadiers, ils furent inventoriés par Aubertin, commandant du onzième bataillon d'Orléans, et remis au payeur de l'armée pour le paiement de la solde. J'en ai adressé l'inventaire au ministre de la guerre ; Westermann n'en aurait pas fait un meilleur usage.


Le lendemain 12, ma troupe fut sous les armes au point du jour, et d'après les ordres que j'avais donnés à Westermann, j'attendis qu'il partît pour me retirer. Westermann m'ayant joint à une lieue et demie de Châtillon, le laissai le commandement de la troupe au général Muller qui était venu me joindre, et je m'en fus à Bressuire avec le représentant du peuple. La troupe y arriva une heure après, et je m'occupai de la réorganisation de l'armée. Deux jours après, je marchai de nouveau sur Châtillon que j'étais obligé de traverser pour me rendre à Chollet, où je devais partager les dangers et la gloire de l'armée de Mayence." (Guerres des Vendéens et des Chouans - Tome 2ème - 1824)
 

 


 

Réformé le 21 brumaire an VI (11 novembre 1797), il fut appelé à présider des conseils de guerre dans les 21e et 22e divisions militaires.  Puis, devenu inspecteur aux Revues, Villeminot obtiendra quelques faveurs de l'Empereur, grâce à son cousin Estève, administrateur des biens de la Couronne. Il cessa toute activité le 23 septembre 1800.

 


Louis-Nicolas de Villeminot est décédé  à Tours, le 18 novembre 1827, à l'âge de 79 ans.


 


 

 

SA VIE PRIVÉE :

 

- Une première relation en 1779, avec Marie-Anne Boutet, dont un fils : - François-Louis, né à Versailles, le 28 mai 1780 ;

 

- Un premier mariage, à Versailles, paroisse Notre-Dame, le 13 juin 1782, avec Armande-Geneviève Thirgartner Duparc, femme de chambre et coiffeuse de Madame Élisabeth de France, née à Versailles, paroisse Saint-Louis, le 20 octobre 1761 ; dont une fille : Agathe-Geneviève-Louise, née à Versailles, le 28 mars 1783 ; mariée avec Antoine-Pierre Gorjus, officier de cavalerie ; décédée à Niort, le 27 juillet 1858, à l'âge de 75 ans ; Armande-Geneviève est décédée à Versailles le 25 avril 1783 à l'âge de 21 ans.

 

- Un second mariage, avec Françoise-Éleonore Bouÿn, à Versailles, paroisse Notre-Dame, le 20 juillet 1784 ; dont 3 fils : - Alexandre-François, né à Versailles, le 20 juillet 1785 ; - César-Antoine, né à Versailles, le 9 octobre 1787, capitaine de cavalerie, mort au champ d'honneur ; - Ernest-Louis, né à Versailles, le 28 décembre 1789, baptisé le 3 janvier 1790, paroisse Notre-Dame, ancien page de l'Empereur, chef d'escadron au 4e régiment de dragons, chevalier de la Légion d'honneur le 4 mai 1831 puis officier le 15 juin 1855, grièvement blessé sur les champs de bataille ; décédé à Saint-Mihiel (55), le 26 novembre 1872.
 

Née à La Pacaudière (42), le 2 juin 1762, fille de Jean-Bernard Bouÿn et d'Anne-Josèphe Leflond, Françoise-Éléonore divorce à Paris, le 24 fructidor an II (10 septembre 1794). Elle est décédée à Saint-Mihiel (55), le 19 mai 1854, à l'âge de 91 ans.

 

- Un troisième mariage, avec Bernardine-Josèphe Bouÿn, (soeur de la précédente), à Paris, le 12 janvier 1795 ; fille de Jean-Bernard Bouÿn,  Écuyer, vaguemestre général de la maison du roi et de Anne-Josèphe Leflond, née à La Pacaudière (42) ; dont un fils : Émile, né à Paris (1er arr.),  le 12 octobre 1795 ; licencié en droit ; marié à Tours le 2 juin 1828 avec Louise-Augustine Corbin, fille de Louis-Thomas, propriétaire, et de Catherine-Louise-Delphine Dorlodot Dessart, née à Paris (2e arr.) le 3 septembre 1806 ; Émile est décédé à La Riche (37), le 30 mars 1853. 

 

 


La Vendée Patriote 1793 - 1795 - Tome troisième - Ch.-L. Chassin - 1894


Vendéens et Républicains dans la Guerre de Vendée - Frédéric Augris - Tome II - 1993

 

Gendarmerie française : histoire de la Gendarmerie, miroir de l'Histoire de France - Pierre Garrigue - 1990


La garde impériale - Henry Lachouque - Jean Tranié - 1982
 

AD16 - Registres paroissiaux de Verteuil-sur-Charente

État-civil de Paris

AD78 - Registres d'état-civil de Versailles

AD55 - Registres d'état-civil de Saint-Mihiel

AD37 - Registres d'état-civil de Tours

 

 

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