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La Maraîchine Normande
4 novembre 2023

DOCUMENT : PROJET DE DÉPORTATION DES PRÊTRES RÉFRACTAIRES A MADAGASCAR - BRUMAIRE AN II

 

Carte_de_Madagascar___dressée_[

 

Brumaire an 2

Colonies  -   ISLE DE MADAGASCAR

Réflexions sur la déportation des prêtres dans cette colonie.

Réflexions du citoyen Coquereau, ex-contrôleur de la Marine au Port de Cherbourg, ancien Ordonnateur à Madagascar, sur la déportation des prêtres et mendians.

OBSERVATION :

Pour rendre ces réflexions plus palpables, on les a divisées en cinq sections et questions supposées, et auxquelles sont jointes des notes particulières.

 

PREMIÈRE SECTION
CHOIX SUR LA DÉPORTATION

Question première :
Pensez-vous que les déportés seront mieux établis dans la partie du sud de Madagascar qu'à la Guyanne françoise ?

Réponse première :
J'ai servi quatorze années dans ces deux isles, je les ai parcouru plusieurs fois. Je soutiens, d'après mes expériences, que les déportés seront mieux établis à Madagascar, surtout dans la partie du sud, qu'à la Guyanne ainsi le choix est bien fait ; les arrivants trouveront un air plus salubre dans le sud que dans l'est de Madagascar.

Je ne suis pas assuré si la France peut disposer en tout ou partie d'une isle dont les Portugais ont fait la découverte, avec lesquels nous sommes en guerre, ainsi qu'avec les Anglois qui occupent l'Ouest de cette isle (Baye St-Augustin). Je me contente seulement de rapporter en précis les expressions d'un capitaine portugais venant de Macas, qui relâcha à la petite isle Ste-Marie, où j'étois alors envoyé pour le service (en août 1781), les voici :

"Soyez bien assuré que la Cour de Portugal n'a jamais entendu se désister de ses prétentions sur Madagascar, et que si Flacourt, que vous me citez, a pris possession de la partie du Sud et y a formé l'établissement, à qui il a donné le nom de Fort Dauphin, c'est une usurpation que mon Roi (ou la Cour de Portugal alors) a bien voulu toléré ; sans prétendre se désister des droits qui lui appartiennent ; quant à La Baye St-Augustin, occupée par les Anglois, c'est de convenance entre nos Cours, mais ils ne peuvent y avoir qu'un comptoir et non un établissement fixe, comme celui que vous avez au Fort Dauphin."

Deuxième question :
D'après votre note, vous paroissez ignorer que la France a le droit de disposer de Madagascar, à la réserve, il est vrai, de la partie de l'Ouest restée aux Anglois. Vous ne savez pas que c'est en vertu des traités entre les Cours que l'ancienne Compagnie des Indes françoise y a formé des établissements et des comptoirs pour les besoins de son commerce, et que si la France n'en eut pas le droit, le chef d'escadron La Bourdonnaye n'auroit pas pris sur lui de relâcher aussi librement (en 1744 tems de guerre) à La Baye d'Antongil, pour y rétablir son escadre délabrée par un coup de vent, où il s'est non seulement procuré des vivres, mais même 1.200 insulaires de bonne volonté ; que c'est à Madagascar à qui La Bourdonnaye a dû le salut de son escadre, la prise de Madras, enfin que si les insulaires, qui ont beaucoup de sens, n'eussent pas reconnu les François pour leurs amis et même propriétaires, en partie si vous voulez de cette isle, ils ne se seroient pas disputés la gloire de s'embarquer avec lui, pour remplacer et augmenter ses équipages, de l'aider dans ses besoins et lui fournir les secours et les vivres pour reprendre la mer.

Deuxième réponse :
J'avoue mon ignorance, néanmoins je doute encore si la France a le droit d'y former des établissements fixes et permanents.
Je connois les ressources de cette isle plus que personne, mais en même temps, je puis craindre que l'établissement projeté pour les déportés, ne donne à nos ennemis, sous prétexte de relâcher, d'y faire quelque incursion, ou d'intercepter la navigation de l'Îsle de France à Madagascar, alors cette colonie seroit privée des subsistances en boeufs et riz qui lui sont d'un grand secours, surtout en tems de guerre où il se trouve plus de consommateurs.

Troisième question :
Si le Gouvernement prend toutes les précautions convenables et possibles pour assurer la navigation d'isle en isle, et que l'établissement projeté dans la partie du Sud au ci-devant Fort Dauphin, n'éprouve aucuns obstacles, quels sont ceux que vous y trouverez.

Troisième réponse :
Si je suis convenu que les déportés seroient bien placés dans le Sud de Madagascar, je ne me suis pas privé d'en démontrer les obstacles que j'y trouve. Je suis obligé de le faire par une dissertation que je rendrai la plus brève possible.


- OBSTACLES SUPPOSÉS SUR L'ÉTABLISSEMENT DES DÉPORTÉS AU CI-DEVANT FORT DAUPHIN.


1°. Je doute que le chef Ramas (s'il existe encore depuis 1782) qui a toute la partie du Sud au Sud-Ouest, sous sa dépendance, homme difficile à traiter, permette le débarquement d'hommes exilés, surtout de l'espèce des déportés, sans y avoir préalablement consenti.
2°. Je demande comment on logera ces nouveaux colons s'il n'y a aucun logement préparé car je ne pense pas que ceux que j'y ai laissé en 1782 en relevant l'établissement, subsistent encore.
3°. Comment et avec quoi seront-ils nourris si tous les moïens possibles ne sont pas prévus à l'avance.
4°. Enfin à quoi seront-ils employés après leur installation faite ? Il seroit dangereux de les laisser oisifs.

Quatrième question :
Ne sera-t-il pas nécessaire, pour éviter tous obstacles, puis que vous les craignez, et en même tems pour la sûreté de l'expédition dispendieuse, qui doit se faire, ne seroit-il pas nécessaire, dis-je, de donner à l'avance aux administrateurs de l'Isle de France, les ordres d'envoyer au ci-devant Fort Dauphin, une ou deux personnes intelligentes, qui connoissent le chef de ce fort à l'effet de le prévenir de l'arrivée des déportés, d'obtenir son consentement pour leur préparer des logements, assurer leur tranquillité, et traiter avec lui pour leur faire fournir les vivres nécessaires.
Et si la partie du Sud est située par les vingt-quatre degrés, ne peut-on pas employer les déportés à la culture des bleds ?
Les insulaires seront les premiers à se proposer pour travailler à la culture avec eux.

Quatrième réponse :
Si toutes ces précautions sont prises et que le chef Ramas, ses adjoints et son peuple, d'après les conventions et le serment d'usage, fait au nom de la représentation françoise, consentent à l'établissement projeté, promettent de ne point troubler les déportés et de leur fournir les vivres nécessaires à leur subsistance, alors plus d'obstacle pour les installer.
Cela est possible si on leur en fournit les moyens et qu'il y ait une surveillance.

Toutes ces précautions étant prises, examinons les moyens de faire passer les déportés à l'Orient et à Brest, de pourvoir à leur nourriture et au mode de les contenir jusqu'à leur embarquement.

OBSERVATION
On suppose que ces hommes seront pourvus avant leur départ pour l'Orient et Brest, de hardes et même ustenciles de première nécessité.

SECONDE SECTION

Première question :
Quels sont les moyens de faire passer les déportés à l'Orient et à Brest et de remplir vos vues jusqu'à leur embarquement.

Première réponse :
Je place les prêtres et les mendians en deux classes d'individus, ainsi il ne pas les amalgamer. Les premiers partiront quinze jours avant les autres par division de 25 au plus sous la conduite de deux militaires d'âge mûr. Je les assimile aux recrues qui vont aux colonies.

Deuxième question :
Pourquoi en faire deux classes ? C'est apporter des entraves à une expédition déjà concertée, la rendre plus difficile à remplir, et plus dispendieuse.

Deuxième réponse :
Je laisse à la sagesse du Ministère à décider. Si le prêtre, ou l'homme qui est entaché de fanatisme, ou autre vice, doit être réuni avec le mendiant. Enfin quelle est la classe la plus à craindre, pour la société et la sûreté d'un établissement.

Troisième question :
Vous voici arrivé aux entraves et aux difficultés que j'avais prévues. Comment pouvoir loger séparément ces deux classes d'hommes ? que j'évalue ensemble à 250, ce seroit prendre deux localités dans des ports qui, dans le moment actuel ont beaucoup de monde et de mouvement.

Troisième réponse :
On peut partager les deux embarquements, la première classe, si on en fait deux, se rendra à Brest, et l'autre à l'Orient, où elles seront sensées cazernées et nourries à la ration des munitionnaires. Par cet arrangement les déportés, si ils n'excèdent pas 250 en tout, ne gèneront point chaque port et y seront mieux surveillés.

 

TROISIÈME SECTION
EMBARQUEMENT

Première question :
Ne seroit-il pas prudent, avant d'embarquer les déportés de les faire visiter scrupuleusement par les médecins et chirurgiens du port.

Première réponse :
C'est une précaution bien nécessaire, si l'on veut éviter une seconde épidémie, telle que celle qu'a éprouvée l'Isle de France, il y a un an.

Deuxième question :
Est-ce que vous ne les faites pas passer en droiture à Madagascar ?

Deuxième réponse :
Il est de toute nécessité de les débarquer à l'Isle de France, mais pour y faire quarentaine seulement. Cette relâche est indispensable après une traversée de 105 jours au moins.

Troisième question :
Indépendamment des hardes et ustenciles qui pourroient leur rester au moment de leur embarquement, ne faudra-t-il pas leur en fournir pour une longue traversée et pour leur usage à Madagascar ?

Troisième réponse :
J'ignore si ces hommes seront traités comme les recrues, ou comme particuliers, mais comme ils vont habiter un climat plus froid que la Guyanne, et que l'on ne trouvera pas à l'Isle de France ce qui leur sera nécessaire, en le payant fort cher, je ne puis m'empêcher de convenir qu'on leur doit au moins des hardes pour un an avec un matelas, une couverte, un oreiller pour deux.

Nota : Si ces ustenciles ne leur servent pas à bord, on les leur distribuera à Madagascar, ils en feront usage auparavant à l'Isle de France, si on fait une relâche.

Quatrième question :
Voilà une dépense qui coûtera beaucoup et qui sera difficile à remplir par la chèreté et la rareté des laines.
Ne peut-on pas remplacer les couvertures par celles connues sous le nom de Thibaude, en poil de boeuf, on s'en sert pour les chevaux.
Quant aux matelas, au lieu de laine, on peut les remplacer par du coton, on en trouveroit à l'Isle de France et même aux environs du Fort Dauphin, alors il n'y auroit que les toiles à fournir. Voici une économie bien démontrée.
Vous ne parlez pas des draps de lit ?

Quatrième réponse :
Je sais qu'on donnoit autrefois aux recrues ces couvertures en poil de boeuf, mais après une traversée de 50 jours au plus, elles étoient usées par le froissement. En général, elle ne sont pas assez chaudes et très étroites.
Quant à remplacer la laine par le coton, cela est possible, mais l'homme est toujours couché durement, surtout quand il est malade.
La cherté et la rareté de la toile me retiennent. C'est au Ministère à prononcer.

 

QUATRIÈME SECTION
ARRIVÉE A L'ISLE DE FRANCE


OBSERVATION
Il est bien entendu que le Ministère préviendra longtems à l'avance les administrateurs de l'Isle de France, de l'arrivée du nombre des déportés, avec ordre de leur faire préparer (au grand port ou port du Sud-Est) les logements et vivres nécessaires.

Première question :
Il paroit que vous ne trouvez pas convenable que les déportés soient débarqués en droiture au ci-devant Port Louis à l'Isle de France.
Il faudra donc donner ordre aux capitaines de chaque bâtiment, avant son départ pour l'Isle de France, d'aller mouiller au grand Port ou ou Port du Sud-Est de cette isle. S'il n'a pas de pilote pratique, il sera donc forcé de faire route pour le Port de l'Isle de France.

Première réponse :
Le grand port ou port du Sud-Est tient toujours à l'isle, distance de 15 lieues. Je le préfère pour la tranquilité d'une grande commune où les déportés pourroient vivre en fréquentant les Blancs et les Noirs, malgré les précautions qu'on pourroit prendre.
C'est là où la quarentaine, absolument nécessaire, après une longue traversée, sera établie. S'il y avoit maladie épidémique à bord, alors la quarentaine se fera en rade, la visite à leur arrivée constatera l'état des malades et leur genre de maladie.
Bien entendu que le Ministère le donnera à chaque capitaine (après en avoir prévenu, à l'avance, les administrateurs de la colonie). Voici en précis comment cet ordre sera donné en commun aux administrateurs et aux capitaines.

Signal de reconnoissance que le ...... commandant le ...... observera à son arrivée au Port du Sud-Est de l'Isle de France, ou au ci-devant Port Louis, s'il est forcé d'y mouiller.
Il hissera pour signal à son mat de mizaine (on désignera la couleur) la vigie répondra par la même couleur, pour assurer qu'elle reconnoît le bâtiment, aussitôt le capitaine du Port expédiera un pilote pour entrer ; si toutefois il n'y a pas de maladie épidémique à son bord, autrement le bâtiment restera hors de la rade.
Si le capitaine se trouve forcé de mouiller au Port de l'Isle de France, ce ne sera qu'un retard de quelques jours, un pilote le conduira au grand Port.

Nota : l'idée que je donne n'est que pour le bien commun, on peut laisser aux administrateurs de la colonie, la liberté d'agir pour le mieux suivant les circonstances.

 

CINQUIÈME SECTION
DÉPART POUR MADAGASCAR


OBSERVATION
Les déportés, ainsi que tous les individus destinés à passer avec eux, ne seront embarqués qu'après s'être assurés qu'ils sont sains et n'ont aucune maladie qui puisse se communiquer. Ce seroit se priver des ressources que l'on peut attandre des insulaires, que d'introduire chez ces hommes, naturellement sains, des maladies qu'ils connoissent peu, d'autant qu'il est d'usage, et même nécessaire, que chaque Blanc prenne avec lui une femme (Madécasse) et principalement une de celle qui tient à quelque chef par la famille.

Il est encore bien entendu qu'il n'y aura aucune opposition, de la part des militaires, pour le débarquement des arrivants, que le chef du canton, ses adjoints et autres seront convenus, avec les envoyés de l'Isle de France, de recevoir les débarqués, de les protéger, les secourir au besoin, en un mot de fournir à tous les individus composant l'établissement, les vivres nécessaires à leur subsistance.

Il seroit aussi nécessaire qu'il fut établi à l'avance, une administration en même temps civile et militaire, composée comme suit : - Un commandant ordonateur ; - Un officier militaire ; - deux sergents ; - trois caporaux ; - 25 hommes armés ; - un chirurgien major ; - un aide ; - un commis pour la distribution ; - un boulanger ; - un boucher ; - un charpentier ; - un maçon ; - un forgeron armurier.

Observation : Si parmi les déportés, il s'en trouve qui puissent être utiles à l'établissement, on les employera de préférence, après s'être assuré de leurs moeurs.
Je ne parle point d'aumônier, je sais, autant que personne, combien la plupart est à craindre.

ARTILLERIE : - un canonnier ; - deux pièces de 4 ; - quatre pierriers.

Il est toujours bien entendu que les ordres auront été donnés aux administrateurs de l'Isle de France, pour que le magasin du nouvel établissement étoit garni en effets et ustenciles nécessaires comme aussi en marchandises convenables aux insulaires pour traiter avec eux des vivres et autres besoins indispensables.

 

ARRIVÉE A MADAGASCAR

Avec un peuple susceptible, méfiant et dont on a besoin, on doit prendre toutes les précautions possibles, pour ne point l'effrayer dans nos mouvements. En conséquence, je propose un signal d'arrivée, qui sera indiqué par les administrateurs de l'Isle de France, de concert avec les capitaines. Mais ce signal, pour avertir que c'est le bâtiment qui amène les déportés, sera donné à l'avance au commandant de l'établissement, qui, après l'avoir reconnu, préviendra les insulaires, et en même temps fera disposer tout ce qui sera nécessaire pour le bon ordre, le logement et la nourriture des arrivants. Quand bien même le bâtiment seroit national, je conseillerois d'autoriser le capitaine à tirer (...) 9 coups de canon, comme un salut particulier au chef du canton. Il sera prévenu par le commandant que ce salut est pour lui rendre les honneurs.

En 1781, lorsque j'ai été chargé d'installer au Fort Dauphin le corps de Benyowszki, Rama le chef a exigé du commandant et de moi un salut de 7 coups de canon, ce qui a été exécuté après le serment par nous fait en présence de deux milles insulaires, armés en guerre.

 

RÉSUMÉ

Après avoir établi mes faibles idées sur le mode d'exporter et d'établir les déportés à Madagascar, je me permettrai quelques réflexions particulières que je prie le citoyen Ministre d'accueillir.

Nous sommes en guerre avec toutes les nations qui vont aux Indes. Madagascar où nous allons faire un établissement au ci-devant Fort Dauphin, pourroit leur donner l'idée d'y faire quelques incursions sous prétexte de relâche.

Je connois ce poste, son local, sa rade exposée à tout vent. Les vaisseaux y sont toujours fatigués par une mer houlleuse. Je sais encore que les vaisseaux ne peuvent y entrer sans être vus de 6 lieues au large. Or en supposant une descente, je demande si les colons auroient le temps de se sauver, d'emporter leurs bagages, en un mot, si cet établissement ne peut pas être dévasté par nos ennemis. C'est, d'après cette dernière réflexion que je conclus, qu'il seroit nécessaire, pour éviter l'incursion que je suppose, de fixer l'établissement plus avant dans les terres et de ne laisser au ci-devant Fort Dauphin, qu'un petit poste composé de 6 à 8 hommes avec une pièce de canon pour servir de signal d'allarme au besoin. Enfin, je représente au Ministre, qu'il seroit bien intéressant qu'il puisse donner à l'avance ses ordres aux administrateurs de l'Isle de France de faire le choix de deux personnes honnêtes, qui connoissent le caractère des insulaires, pour de concert avec eux, fixer le choix de cet établissement. Je me permettrai de citer celles que je connois les plus capables de le diriger (si elles existent encore à l'Isle de France), ce sont le citoyen Sanglier, major d'infanterie dans cette colonie, qui a commandé deux ans au Fort Dauphin et le citoyen Bouchet, chirurgien, tous deux ayant une parfaite connoissance du local de ce canton et très aimés des insulaires.

Telles sont mes réflexions, je me suis imaginé qu'elles pourroient être utiles pour l'exécution de l'expédition projetée. Si elles ne le sont pas, j'aurai satisfait à ce que je dois à ma patrie, que j'ai servi avec honneur et en bon citoyen pendant plus de quarante ans au milieu des fatigues et des plus grands dangers.

A Aÿ près Épernay, département de la Marne, le 29 brumaire l'an deuxième de la République françoise une et indivisible (19 novembre 1793).

COQUEREAU

coquerau signature

P.S. Je me permettrai une observation qui n'a pas de rapport aux réflexions que je viens de traiter, mais peut-être utile à la conservation de l'Isle de France et de Bourbon.

D'après les connoissances que le Ministère peut avoir du projet des Anglois de s'emparer de cette Isle, je me permettrai de donner l'avis que voici :

Ce seroit d'expédier, toujours pour ces deux isles, une frégate de 40 canons, avec une corvette de 14 et même plus de force. Si le Ministère le jugeoit nécessaire, avec ordre de se rendre à l'Isle Rodrigue, située à 80 lieues au vent des Isles de France et de Bourbon.

Ces deux bâtiments s'y tiendroient en croisière, la frégate de 40 canons auroit ordre de courir sur les bâtiments qui lui paroitroient être de sa force, bien entendu, qu'elle enverroit à l'avance la corvette pour les reconnoître. Et en supposant que les forces ennemies annonçassent une escadre, faisant route sur l'Isle de France, alors la frégate détacheroit la corvette, pour annoncer à l'Isle de France, la découverte qu'elle vient de faire.

Cette précaution, à ce que je pense, pourroit garantir l'Isle de France et de Bourbon, et même Madagascar, du projet de nos ennemis de s'emparer de cette colonie.

MAD 15

MAD 16

MAD 17 z

 

 Archives nationales d'Outre-Mer - COL F5 A 35

 

LOUIS COQUEREAU

Nulle part on ne trouve d'informations sur l'auteur de ce document ; dans tous les textes, Coquereau est appelé "le sieur Coquereau"  ou "le citoyen Coquereau" ... et bien sûr, jamais de prénom !

Mais j'ai fini par découvrir que Louis Coquereau était né à Paris en 1728 ; il fut sous-commissaire de la Marine, ordonnateur à Madagascar puis Contrôleur de la Marine au port de Cherbourg.

Louis Coquereau est décédé chez lui, à Aÿ (51),  le 16 ventôse an VI (6 mars 1798). Il était célibataire.

 

décès z

 

Lettre de M. Coquereau, contrôleur de la marine à Cherbourg, rédigée en date du 29 avril 1792 :
"Monsieur,
Permettez qu'un ancien et honnête serviteur, natif de Paris, attaché à l'administration de la marine, se serve de votre entremise pour offrir de sa part à l'Assemblée nationale la somme de 365 livres que je destine à être employée pour la solde d'un soldat servant pendant un an à l'armée.
M. Mouquet, mon receveur à Paris, est chargé de vous faire passer avec la présente les 365 livres.
Agréez le respectueux attachement que vous a voué bien sincèrement, Monsieur,
Le contrôleur de la marine de Cherbourg.
Signé : COQUEREAU."

AD51 - Registres d'état-civil de Aÿ

Lettre : Archives nationales législatives - Archives parlementaires du 3 mai 1792.

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