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La Maraîchine Normande
4 septembre 2023

CHANZEAUX (49) - LA VEUVE PERRINE BLANCHARD ET SES SIX ENFANTS EN 1794

 

carte


En 1792, au village de la Houssaie (la basse), commune de Chanzeaux, vivaient trois frères : JEAN, CHARLES, PIERRE BLANCHARD.

Grâce à leur travail dans leurs terres et leurs moulins, joint à une sévère économie, ils vivaient heureux au milieu de leurs quinze enfants. Mais ils avaient entendu parler de graves événements de Paris. Ils savaient que la Révolution bouleversait la vie politique et sociale des habitants. Tout en espérant que les provinces restent en dehors du mouvement révolutionnaire, ils se demandaient parfois, en regardant leurs enfants si joyeux et insouciants, quel sort leur était réservé pour l'avenir.

Tout près de ce village s'élève une colline en forme de promontoire. Au nord, dans sa partie la plus élevée, des hommes y creusèrent une grotte de 3 m 50 sur 2 m 38 et 1 m 80 de hauteur. L'origine exacte en est inconnue. Mais aux XIVe et XVe siècles, les Anglais pénétraient souvent dans les campagnes. Leur venue était très redoutée des habitants. Aussi se peut-il que cette grotte ait été creusée pour servir de refuge en cas d'alerte. Des genêts, des épines empêchaient d'apercevoir l'entrée, même des coteaux voisins. Les traces d'une porte sur la gauche existèrent longtemps.

Quand la guerre de Vendée éclata, CHARLES BLANCHARD, après y avoir transporté ce qu'il avait de précieux, conseilla à sa famille, s'il y avait le moindre danger, de se réfugier dans la grotte. Lui-même partit dans l'armée vendéenne. Après la bataille du Mans, il fut pris et fusillé. Son frère, PIERRE, subit le même sort. La femme de celui-ci se réfugia dans sa famille à Chanzeaux. La veuve de Charles resta à la Houssaie, près de chez son beau-frère JEAN.

Après 1794, souvent les armées républicaines parcouraient le pays, souvent cette mère de famille se réfugiait dans la grotte avec ses enfants. Une nuit que tous dormaient dans la grotte, la veuve Blanchard (née Perrine Réthoré), réveillée en sursaut, aperçoit des tourbillons de fumée du côté du village, elle craint pour sa maison et dit à sa domestique, d'aller faire sortir les vaches de l'étable. Les pauvres bêtes semblaient comprendre le danger, elles savaient se tenir tranquilles dans les broussailles. La bonne ne fut pas assez prompte à s'enfuir ; deux soldats républicains l'aperçoivent et courent après elle, lui donnent deux coups de sabre et de baïonnette et la laissent pour morte. Quand le calme fut revenu, la pauvre malheureuse réussit à se relever et, péniblement, se dirige vers la grotte. Un des enfants l'aide à y entrer. Quelques jours plus tard, elle est transportée dans un hôpital, guérit, par la suite se maria et mourut très âgée.

Le 18 germinal an II (7 avril 1794), c'était le massacre de Bretonneau (1) ; toujours réfugiée dans la grotte, la famille Blanchard entendait les cris de femmes et des enfants massacrés. Un moment après, comme tout s'était tu, la veuve sortit pour voir s'il ne restait pas quelques vivants, elle ramena avec elle trois enfants tombés vivants parmi les morts : Bernier, Bouletreau [ou Boulestreau], Bertelin.

Les événements se précipitent. Un de ses fils, Charles, est parti chercher le cheval dans un pré éloigné de la maison, du côté du village de la Jutière. Il ne revient pas. Sa mère s'inquiète. Les Bleus sont signalés. Que faire ? Enfin elle part avec ses cinq autres enfants dans la grotte. Toujours bonne et privée de ressources, elle accueille facilement une chèvre abandonnée par ses maîtres. La pauvre bête venait volontiers à la grotte où elle était traite.

la houssaye relief

 

Or un jour, elle paissait sur la colline. Elle entend des coups de feu, elle a peur, elle se précipite vers le refuge habituel. Malheureusement des soldats la voient, la suivent, se présentent devant la famille épouvantée. Tout de suite ils demandent où est le mari. - Mort, fort probablement, répond la veuve. Ils insistent pour avoir de l'argent, la pauvre femme donne ce qu'elle a et ses bijoux. Après quelques instants de délibération, les Bleus décident d'emmener toute la famille à Chanzeaux devant le colonel républicain. La mère prend sa plus jeune fille dans ses bras, elle part entourée de ses quatre autres enfants, escortée de soldats. Au bout de quelques instants, la petite fille de 18 mois a faim [elle a un peu plus de 3 ans], la maman renvoie son aînée à la grotte chercher du pain. Aussitôt un coup de fusil. La malheureuse femme tombe, le coeur percé de part en part. - Pourquoi as-tu fait cela, dit un soldat à son camarade ? Que vont devenir ses pauvres enfants ? - Il n'y a qu'à les tuer eux aussi, répondit l'autre. - Non, laisse-les, leur famille s'en occupera. Puis ils s'éloignèrent, non sans fusiller une pauvre femme découverte sous un chêne [9 juin 1794].

Les pauvres petits s'étaient jetés en criant sur le corps de leur mère. Leurs ennemis partis, ils lui soulevent la tête, saisissent ses mains, hélas ! tout est fini.

L'aînée prend sa plus jeune soeur et emmène tous les autres. Retourner à la grotte c'est bien imprudent. Aussi les jeunes fugitifs continuent leur route, passe devant la métairie de la Houssaie, rentrent dans leur maison pour boire de l'eau et vont se cacher dans le pré Perpin. Ils ont encore de grosses émotions. Les soldats républicains ne s'étaient guère éloignés ; ils repassent l'Hyrôme, entassent des fagots dans le moulin Blanchard, y mettent le feu. Les pauvres enfants assistent impuissants à leur ruine. Ils n'osent bouger. Mais tout de même, après une journée sans boire ni manger, ils sortent du pré. Une femme les aperçoit : c'est la métayère de la Haute-Houssaie. "Mes pauvres petits, dit-elle, d'où venez-vous ? Nous vous croyions morts. Hier nous avons enterré votre maman. Nous lui avons laissé ses vêtements. Quel dommage ! Ils pourraient vous être utiles maintenant". Elle leur distribue du pain.

Leur oncle Jean n'avait pas voulu prendre part aux événements ; aussi put-il recueillir ses neveux et nièces et les élever. Le pays était dévasté. Il craignait toujours de ne pouvoir leur donner ce qu'il leur fallait. "Pourvu, disait-il, que j'arrive à leur fournir suffisamment de pain et de sabots". Il eut la satisfaction de réussir, de faire avoir une situation à chacun.

Celui qui avait donné tant d'inquiétudes à sa mère (Charles) avait rencontré des fuyards. Ceux-ci lui conseillèrent de les accompagner à Sainte-Foy, les Bleus devant être arrivés à Chanzeaux. Il suivit leur avis et, plus tard, revint retrouver ses frères et soeurs.

Durant les guerres de Napoléon, les quatre fils de Charles Blanchard ne furent point soldats, ils échappèrent à la conscription. Si plusieurs années de leur enfance furent particulièrement pénibles et douloureuses, ils connurent de bonnes années ; leurs enfants, leur réussite en affaires les rendirent heureux tous les six.

M. Chollet - Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Cholet - Archives municipales de Cholet - 70PER17

 

une famille vendéenne zz

Berthelin


Jean-Michel Blanchard, marchand, fils de Jean, marchand, et de Michelle Pellé, épouse à Chanzeaux, le 10 mai 1746, Anne Cesbron, fille de Jacques, marchand, et de Louise Alliot. Anne Cesbron décède le 29 juin 1746, à l'âge de 20 ans.

Le 28 janvier 1749, Jean-Michel se remarie à Chanzeaux avec Andrée Massonneau, fille de Jacques et de Charlotte Godineau.

De cette seconde union sont nés :

- Andrée, née le 25 octobre 1749 à Chanzeaux ; décédée le 27 octobre 1749 ;

- JEAN-GILLES, né le 5 mars 1751 à Chanzeaux ; marchand meunier ; marié le 6 juillet 1774, à Chanzeaux, avec Jacquine-Madeleine Picherit, fille de Jean, meunier, et de Jacquine Pellé ; dont : - Jean-Jacques, né à Chanzeaux, le 20 avril 1776 ; décédé au même lieu le 26 janvier 1778 ; - Pierre-Jacques, né le 20 juillet 1777 ; marié le 2 mars 1810 à Saint-Lambert-du-Lattay avec Jeanne Barrault ; - Jean-Julien, né le 28 décembre 1780 ; - Jacques-Pierre, né le 17 avril 1782 ; propriétaire, marchand ; marié à St-Lambert, le 26 juillet 1813 avec Louise-Françoise Mauriceau ; décédé à St-Lambert le 17 janvier 1842 ; - Jacquine, née le 2 septembre 1784 ; - Perrine, née le 29 octobre 1785 ; - Un enfant, né le 11 mai 1787, et mort après avoir reçu le baptême à la maison ; Jacquine-Madeleine est décédée à Chanzeaux, le 12 mai 1787 ; Jean-Gilles est décédé au même lieu, le 31 décembre 1816 ;

- ANDRÉ-CHARLES, né le 7 octobre 1752 à Chanzeaux ; marchand meunier ; marié à Saint-Lambert-du-Lattay, le 20 novembre 1782 avec Perrine Réthoré, fille de Nicolas, marchand tonnelier, et de Monique Fardeau, née à St-Lambert, le 20 juillet 1761, dont : - Charles-Nicolas, né le 18 novembre 1783 ; - Perrine, née le 28 novembre 1784, mariée à Chanzeaux, le 10 mai 1809 avec Jean-Louis Robin, cultivateur, né à St-Lambert le 21 novembre 1785, fils d'Etienne et de Jeanne Réthoré ; - Pierre-Marie, né le 8 août 1786 (boulanger) ; - Jean, né le 29 avril 1788 ; - René, né le 29 décembre 1789 ; - Jeanne, née le 25 décembre 1790, mariée à Chanzeaux, le 5 juillet 1812 avec Jean-René Benoist, serger, né à St-Lambert le 30 août 1792 ; Perrine est tuée à la Houssaie, le 21 prairial an II (9 juin 1794), à l'âge de 32 ans ; André-Charles est pris et fusillé à Doué-la-Fontaine en 1793 ;

- Andrée, née le 31 mai 1754 à Chanzeaux ; mariée le 17 juillet 1776, à Chanzeaux, avec Julien Picherit, fils de Julien et de Françoise Frouin, marchand  ;

- Jacques, né le 21 septembre 1756 à Chanzeaux ;

- Perrine, née le 28 juillet 1758 à Chanzeaux ; mariée à Chanzeau le 19 novembre 1782 avec René Godillon, marchand tonnelier ; décédée à Saint-Lambert-du-Lattay le 2 mars 1834 ; 

- Un garçon, né en danger de mort, baptisé à la maison ; inhumé le 25 août 1761 ;

PIERRE, né le 21 octobre 1762 à Chanzeaux ; marié le 9 mai 1786 avec Perrine Blanchard, fille de Jacques et de Charlotte Cesbron, dont : - Pierre-René, né le 18 décembre 1787 - Charles-André, né le 4 février 1789 - Perrine-Andrée, née au moulin de la Houssaie, le 17 décembre 1790 - Jean-Julien, né le 28 juin 1792 et baptisé le 1er septembre 1792 ; Pierre est pris et fusillé à Doué-la-Fontaine en 1793 ;

Jean-Michel Blanchard est décédé à Chanzeaux, le 16 mars 1764 et Andrée Massonneau, au même lieu, le 25 novembre 1782.

pré de la Houssaye

la houssaye la grollerie

 

(1) Au Bretonneau (Saint-Lambert-du-Lattay), le 7 avril 1794, les trois filles de Pierre Bernier et de Marie Pasquet sont tuées ; il s'agit de Marie, âgée de 14 ans ;  Jeanne, 13 ans et Marthe, 10 ans. (Morts pour leur foi : victimes de la Révolution en Anjou - Association du bicentenaire de la Vendée-angevine - 2000 - extrait)

 

BRETONNEAU E

 

AD49 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Chanzeaux

Une paroisse vendéenne sous la Terreur de Théodore de Quatrebarbes

 

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Commentaires
T
BONJOUR<br /> <br /> <br /> <br /> triste histoire<br /> <br /> <br /> <br /> cordialement
Répondre
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