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La Maraîchine Normande
19 juillet 2023

RICHELIEU - TOURS (37) - L'ABBÉ PROSPER LE SUIRE (1748 - 1794)

richelieu z

 

Fils de Louis, notaire et procureur, et de Louise-Françoise Joüet, Prosper a été baptisé en la paroisse de Notre-Dame de Richelieu, le 26 juin 1748.

 

BAPTËME

M. l'abbé Le Suire était chanoine de la sainte chapelle de Champigny-sur-Veude, et desservant de la chapelle du château de Richelieu lorsque la Révolution éclata.

Il quitta Champigny le 10 juin 1790, à la suite d'une émeute dirigée contre lui par les patriotes de l'endroit, qui, un jour, en le poursuivant tirèrent sur lui plus de soixante coups de feu. M. l'abbé Le Suire reçut une trentaine de blessures dont aucune, heureusement, n'était mortelle. Une famille charitable de Richelieu où il était né, le recueillit et le tint caché pendant plus d'un an. Les soins dévoués qui lui furent donnés amenèrent une grande amélioration dans son état ; mais il resta estropié : il lui était impossible de marcher sans s'appuyer sur un bâton, et ses membres conservèrent un tremblement nerveux continuel qui l'empêchait d'écrire.

Malgré ses infirmités, M. Le Suire exerça son ministère dans le pays. Il se déguisa tantôt en paysan, tantôt en marchand colporteur, et voyageait sous le nom de Vincent Thibault.

Un jour, accablé de fatigue et pressé par la faim, il vint frapper à la porte du nommé A..., fermier dans une commune de l'arrondissement de Chinon. A... et sa femme avaient demeuré longtemps comme métayers, dans les biens des Le Suire, et avaient été l'objet de la bienveillance de la famille. Aussi M. l'abbé Le Suire venait-il s'adresser à eux avec la ferme confiance d'être bien accueilli.

La femme A... est seule au logis ; elle fait entrer le prêtre, l'invite à se reposer, et elle se dispose à lui préparer quelques aliments, lorsque le métayer arrive. Mû par un sentiment que nous attribuons charitablement à la terreur qu'inspirait la loi prononçant la peine de mort contre les recéleurs de prêtres réfractaires, cet homme n'a pas plutôt reconnu l'abbé Le Suire qu'il court le dénoncer à la municipalité de sa commune.

Tandis que son mari s'éloigne, la femme A... presse l'abbé de se sauver à travers champs. Celui-ci essaye de gagner la porte ; il fait quelques pas, mais ses jambes refusent de le porter. Le malheureux tombait littéralement d'inanition ; il n'avait pris aucune nourriture depuis deux jours.

Les officiers municipaux avertis par A... n'ont pas perdu une minute ; ils se présentent chez le métayer, l'agent national à leur tête ; ils semparent du malheureux prêtre et, après lui avoir fait subir un interrogatoire, ils ordonnent à des gardes nationaux de le conduire à Chinon.

Arrêté le 23 mai, l'abbé Le Suire arrive à Chinon le lendemain et comparaît immédiatement devant le jury d'accusation. Le 30 mai, il est transféré à Tours, à la prison de l'Oratoire, et le 2 juin, on l'amène devant le Tribunal criminel.

Un habitant d'Azay-le-Rideau, M. Moisand, défendit courageusement l'accusé ; il plaida l'acquittement, en se fondant sur l'impossibilité où était l'abbé Le Suire, en raison de ses graves infirmités, de satisfaire à la loi du 26 août 1792, qui enjoignait aux prêtres inassermentés de sortir de France dans un délai de huit jours. Mais ce moyen ne réussit pas. Le Tribunal prononça la peine de mort.

Le lendemain, 3 juin, (15 prairial an II) à onze heures du matin, une charrette vint prendre l'abbé Le Suire à la prison et le conduisit à la place de la Nation (place d'Aumont, aujourd'hui, place Gaston Pailhou) où il devait être exécuté.

En voyant passer la victime, la populace qui avait été si tumultueuse et si cruelle lors du départ pour Bordeaux des prêtres déportés, garda un morne silence. Debout dans la charrette, le visage empreint d'une douce sérénité, l'abbé Le Suire interrompait parfois ses prières pour promener son regard calme sur la foule frappée d'un si haut exemple de résignation. Tous les coeurs étaient émus ; beaucoup de personnes, les larmes dans les yeux et oubliant que toute marque de dévotion ou un signe de sympathie pour le condamné pouvaient être considérés comme un crime, furent surprises faisant le signe de la croix quand le prêtre passa devant elle.

Le 15 floréal an II (4 mai 1794), onze heures et demie, la tête de l'abbé Le Suire tomba sous le couteau. Il allait avoir 46 ans.

décès Le Suire

 

Le clergé de Touraine pendant la Révolution française 1789 - 1800 par l'abbé V. Arnault - 1893

AD37 - Registres paroissiaux de Richelieu et d'état-civil de Tours

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