MONSIREIGNE - BAZOGES-EN-PAREDS (85) - LOUIS LOYAU, MÉDECIN (1744 - 1818)
LOUIS LOYAU, médecin, juge de paix à Fontenay-le-Comte, député au Conseil des Anciens, propriétaire du château de Pulteau.
Les Loyau, venus de Saint-Paul-en-Pareds en 1576, s'étaient établis à la Bouillatrie, puis, par mariage, à la Baudonnière. En 1716, Jean Loyau, licencié ès lois, avocat en Parlement, a reconstruit la Baudonnière. Une inscription où l'on voit son nom et celui de sa femme, Catherine Majou, constate le fait. Il était né à La Forêt-sur-Sèvre, en juin 1677 et est décédé à Monsireigne, le 7 mars 1735 "nouveau converti qui s'est reconnu dans une longue maladie".
Fils de Jean-François, sieur du Portail, et de Catherine-Charlotte Majou, Louis est né à Monsireigne (85), le 8 février 1744 et a été baptisé le même jour.
Le 19 juin 1738, à Paris, Catherine-Charlotte Majou épousait Jean-François Loyau, sieur du Portail, son cousin, frère du mari de sa soeur, né le 7 avril 1710 à Monsireigne. Elle mourut, protestante, le 20 août 1781 et fut inhumée au cimetière, à la métairie de la Porte (Sigournais), comme son mari, mort protestant, à Monsireigne le 17 juin 1788.
Jean Loyau, seigneur de la Baudonnière, frère de Jean-François, docteur en médecine, était né le 27 mars 1705, baptisé catholique à Monsireigne ; décédé au même lieu, le 10 mai 1785. Son épouse, Jeanne-Marguerite Majou, née le 30 novembre 1710, fut internée avec Catherine-Charlotte, pour cause de religion, en 1725, à Luçon, puis en résidence surveillée à Monsireigne, chez la veuve Gabrielle Bourot, catholique (Pasteur Romane-Musculus). Elle épousait Jean le même jour que sa soeur lle est décédée en 1789.
Les enfants de Jean-François Loyau, seigneur du Portail, se sont mariés à La Haye (Hollande) :
- Jeanne-Marguerite Loyau, née à Monsireigne, le 14 septembre 1739 ; mariée avec Jacques-Louis-Étienne de la Douëspe, le 27 décembre 1767 (né à Mouchamps, à la Bobinière, le 12 novembre 1746, décédé au même lieu, le 18 novembre 1810), avocat au Parlement, Commissaire du Directoire à Mouchamps ; - Jeanne-Marguerite est décédée à Marans, le 27 septembre 1793 ;
- Catherine Loyau, née à Monsireigne, le 1er mai 1741 ;
- Jean Loyau, né à Monsireigne, le 29 avril 1742 ; marié avec sa cousine ;
- Louis Loyau, né à Monsireigne, le 8 février 1744 ; seigneur du Côteau ; marié le 31 janvier 1768, avec Catherine Loyau, sa cousine, dame de la Baudonnière, née à Monsireigne le 1er mai 1741, fille de Jean Loyau, seigneur de la Baudonnière, docteur en médecine, né à Monsireigne le 27 mars 1705, décédé au même lieu le 10 mai 1785, et de Jeanne-Marguerite Majou, née à St-Germain-de-Prinçay, le 30 novembre 1710, fille de Daniel Majou, sieur des Grois, et de Jeanne-Marguerite Charretier, décédée le 13 janvier 1789. Catherine Loyau est décédée à Fontenay-le-Comte le 13 messidor an II (1er juillet 1794), à l'âge de 52 ans.
Du mariage de Louis et de Catherine sont nés à Monsireigne :
- Renée-Marguerite (23 décembre 1768 - 21 mars 1770) ;
- Jean-Louis (17 avril 1770 - 23 avril 1836) ; il fut blessé à la bataille de Luçon le 14 août 1793 étant lieutenant d'une compagnie de patriotes de Mouchamps et de Chantonnay ; il fut transporté à La Rochelle où sa mère s'était réfugiée (Beauchet-Filleau) ; il épousa à Bazoges-en-Pareds, le 4 juillet 1827, Marguerite-Angélique Besly, fille de Jacques, propriétaire farinier, et de Marie-Magdeleine Germain ; il avait eu aussi une fille, née d'une relation avec Suzanne Naulin, née à Monsireigne le 1er septembre 1757, décédée le 26 juin 1858. L'enfant, Jeanne-Suzanne-Joséphine Naulin est née à Saint-Prouant, le 30 décembre 1803 : Jean-Louis Loyau est décédé au village de Pulteau à Bazoges-en-Pareds ;
- Jean-Daniel (1771- 1794) mourut de ses blessures près de Mons, en Belgique, à l'Armée du Nord ;
- Marguerite-Louise (2 juillet 1774 - 21 décembre 1774).
LA CHAUVINIÈRE - MONSIREIGNE
Le 9 août 1718, Jean Loyau achète pour 11.500 livres la Chauvinière. Cette propriété était passée des mains de Madeleine de Cumont, veuve du sire de Fourchefière, à un certain Pierre Poisson. C'est ce Pierre Poisson qui vendit la Chauvinière aux Loyau.
Plus tard, en 1743, Louis Loyau rebâtira la Chauvinière.
En 1789, La Chauvinière passe à Louis Loyau, qui avait eu d'abord le projet de l'habiter, mais qui plus tard se décida à bâtir la maison de Pulteau. M. Loyau, médecin de talent, membre du Corps législatif sous l'Empire, en se fixant à la campagne, enseigna au Bocage les méthodes nouvelles de culture dont il donnait l'exemple sur sa terre de Pulteau. Cavoleau le loue d'avoir employé le premier la chaux, amendement devenu un bienfait pour le Bocage, et d'avoir essayé le premier aussi la culture des plantes annuelles et bisannuelles ...
Cavoleau fit le meilleur éloge de cet agronome, voici ce qu'il en a dit dans sa "Statistique" :
"C'est particulièrement par la culture des plantes annuelles ou bisannuelles que l'on peut supprimer les jachères ; et jusqu'à ce jour, l'agriculteur qui a le plus approché de ce but si désirable, dans le département, est M. Loyau, docteur en médecine à Pulteau, commune de Bazoges, canton de La Châtaigneraye. Il fait, depuis plusieurs années, des essais encourageants sur la culture d'un grand nombre de plantes qui peuvent servir à la nourriture des bestiaux. Il a cultivé la pomme de terre avec succès, et beaucoup plus en grand qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour dans le département. Il a cultivé de la même manière le topinambour, à peine connu dans les jardins, la carotte, la betterave champêtre, le maïs-fourrage, le trèfle incarnat, plantes dont la plupart étaient inconnues, avant lui, dans la culture rurale. Son fils a cultivé la pimprenelle avec succès sur les côteaux les plus arides de la commune de Monsireigne. Le système des jachères est presque banni de sa culture, et cependant il recueille plus de blé, en même temps que le produit de ses bestiaux est devenu plus considérable. Puisse son exemple se propager, et convaincre enfin le plus grand nombre de propriétaires fixés comme lui, à la campagne par habitude, par calcul ou par goût, que, avec de très-faibles avances pour des essais dont les résultats ne sont pas problématiques, ils peuvent faire une révolution dans la culture du Bocage et doubler ses produits !"
Du fils de M. Loyau, La Chauvinière passa à M. et Mme Germain.
CHÂTEAU DE PULTEAU - BAZOGES-EN-PAREDS
Propriétaire fort riche et fort éclairé, agriculteur habile, Louis Loyau s'était fait recevoir docteur en médecine, de la Faculté de Montpellier.
La seigneurie, connue depuis le XIVe siècle, a appartenu aux Nicolas de Pulteau, aux Hours et au Maréchal de France Philippe de Clérembault, comte de Palluau. En 1719, Madame de Clérembault vend la seigneurie aux Loyau, qui font construire le château vers 1750 et aménagé le parc paysagé à la même époque. Ce fut le domaine de cette famille protestante pendant six générations jusqu'à la fin des années 2000.
Jean-René Germain , mort à Pulteau de Bazoges-en-Pareds le 19 juin 1831, à l'âge de 58 ans , avait été maître régisseur des domaines des Loyau .
Entre 1791 et 1799, Louis Loyau fit l'acquisition de nombreux biens, à savoir :
- le 14 janvier 1791, une métairie appelée les Redoux, dépendant de l'abbaye de Trizay.
- le 22 février 1791, les maisons, prés, pâtis, terres, jardin, vignes dépendant de la cure de Monsireigne.
- le 22 février 1791, une maison appelée Chantefoin, paroisse de Monsireigne, dépendant de la cure de Mouilleron-en-Pareds.
- le 5 février 1791, la métairie et borderie dépendant de la cure de Bouildroux, pour la somme de 46.800 livres.
- le 17 juin 1791, un pré et terres dépendant de la cure de Saint-Valérien.
- le 28 octobre 1791, le Champ prieur, côteau de la Loge, dépendant du prieuré de Bazoges-en-Pareds.
- le 8 août 1792, une borderie, dépendant de la Chapelle de Saint-Nicolas de Pulteau à Bazoges-en-Pareds.
- le 23 fructidor an II (9 septembre 1794), la Duranderie et ses dépendances pour 19.000 livres ayant appartenue à "l'émigrée Thérèse Jolly femme de Depré dit d'Ambreuil, demeurant à Chaix".
- le 22 messidor an IV (10 juillet 1796), la maison curiale, l'église et la sacristie de Bouildroux, pour 2.160 francs.
- le 12 fructidor an IV (29 août 1796), le pré de la ci-devant fabrique de Mouilleron, appelé le pré de la fabrique, près le village de la Vendrie, commune de Bazoges, pour 3.380 francs.
- le 17 nivôse an VI (6 janvier 1798), avec son père et Jacques-Philippe Coquillaud, commandant, demeurant à la Cacaudière (Bouildroux), la petite métairie de Thouarsais (dont la maison brûlée, hors d'état de servir), ayant appartenu à Daviaud Piolland, émigré, pour la somme de 43.300 francs.
- le 17 nivôse an VI (6 janvier 1798), avec son père, le château (en partie incendié), la borderie et la grande métairie de Thouarsais ainsi que la borderie de Lallies, ayant appartenu à Daviaud Piolland, émigré, pour une somme de 195.550 francs.
- le 23 germinal an VI (12 avril 1798), divers prés et champs (11) de la commune de Monsireigne, pour la somme de 20.000 francs.
- le 9 messidor an VI (27 juin 1798), son fils, Jean-Louis, achète, avec Charles Goutard, au nom des mineurs Edouard et Adélaïde Papion, demeurant à Angers, la borderie de la Limouzinière (Montournais), appartenant au clergé, pour la somme de 31.200 francs.
- le 29 thermidor an VI (16 août 1798), avec son fils, demeurant à Paris, et par l'intermédiaire de Jacques Chatelain, la maison ci-devant curiale de Thouarsais (bâtiment et servitudes totalement incendiés), pour la somme de 3.200 francs.
- le 29 fructidor an VII (15 septembre 1799), avec son fils Jean-Louis, l'église de Thouarsais.
Membre de la Commission départementale en 1792, le médecin Louis Loyau est le premier à signer l'adresse du Directoire du département à la Convention : il en est même très probablement le rédacteur : "Depuis longtemps nous attendions une Constitution vraiment républicaine, fondée sur les bases éternelles de la justice et de l'équité. Vous venez de satisfaire à vos engagements." L'adresse se termine ainsi : "Que nos détracteurs, que nos infâmes délateurs parlent, s'agitent en tous sens, nous leur portons le défi le plus marqué d'être aussi bons citoyens que nous."
Il signe encore le procès-verbal de la proclamation de la Constitution à Luçon, le 15 juillet 1793 : "Arrivés sur la place d'Armes, entrés dans le centre de la force armée, lecture a été faite de la Déclaration des Droits de l'homme et de l'acte constitutionnel ... De là on est allé sur la place où est planté l'arbre de la Liberté", aux cris de la foule "Vive la République, Guerre aux anarchistes et aux brigands !"
En 1793, "Le citoyen Loyau, étant à la caille [Caillère] au passage de l'armée révolutionnaire, fut couché en joue par un cavalier, qui brûla sur lui deux amorces. Sa femme et sa nièce, qui étaient dans la cour, sont apperçues par quelques uns de ces pillards ; aussitôt ils se précipitent sur elles le pistolet à la main, et leur demande leur porte-feuille. Un deux arrache aussitôt à Loyau sa montre et ses assignats, et le reste de la maison est livrée au pillage. Les détachements de cette armée, qui avaient saisis dans les environs plusieurs habitants, les fusillèrent. Vingt sept subirent ce supplice dans la cour du citoyen Loyau."
Juge de paix à Fontenay-le-Comte en l'an IV, il est élu député de la Vendée au Conseil des Anciens, le 23 germinal an VI (12 avril 1798). Favorable au coup d'État du 18 Brumaire, il entra le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799) au corps législatif jusqu'en 1806.
En 1799, il se préoccupe encore de réclamer l'envoi de troupes dans l'Ouest par crainte de la reprise de la guerre de Vendée.
En 1800 - Jacques Louis Etienne de La Douespe écrivait à son beau-père, Louis Loyau, député de la Vendée, à Paris, de Fontenay-le-Comte, 29 pluviôse an VIII (18 février 1800), pour l'informer de faits de brigandage à Bois-Tiffray et à la Chauvinière, toute proche (Monsireigne), et regrette que les troupes stationnées à Fontenay, plus de 600 hommes, ne puissent intervenir à cause d'un cruel manque de subsistances. L'un des "coquins" aurait été fusillé à Saint-Fulgent. Pourtant le désarmement annoncé n'a pas encore eu lieu et si cela dure, "les citoyens isolés, les laboureurs (...) attachés à la Révolution, seront forcés d'abandonner leurs exploitations pour avoir été maltraités mille fois et dépouillés de tout". Les nouvelles d'une paix extérieure donnent des "espérances". (AD85 1 J 2100)
Louis Loyau est décédé à Bazoges-en-Pareds, en sa demeure de Pulteau, le 29 octobre 1818, à l'âge de 75 ans.
AD85 - Registres paroissiaux de Monsireigne et d'état-civil de Bazoges-en-Pareds
Revue du Bas-Poitou - 4e année - 1ère livraison - 1891
Annuaire départemental de la Société d'Émulation de la Vendée - troisième année - 1856 - Napoléon-Vendée 1857.
AD85 - 1 Q 549-4 / 1 Q 736 / 1 Q 733 / 1 Q 239-5 / 1 Q 241-5 / 1 Q 246 / 1 Q 257-2 / 1 Q 267 / 1 Q 269-3 / 1 Q 275-4
Annuaire départemental de la Société d'émulation de la Vendée - 1er janvier 1942
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Échos du bocage vendéen - AD85 - 4 num 498 3 - [1886] : [n° 1-6] 1886 - vue 6/215
Familles de Vendée.fr/loyau
Assemblée Nationale/histoire/géographie - 1789-1889 - Tome 4
Le monde médical dans la guerre de Vendée de Raoul Mercier - 1939