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La Maraîchine Normande
14 mai 2019

THOUARCÉ - ANGERS (49) - GUILLAUME REPIN, CURÉ DE MARTIGNÉ-BRIAND (1709 - 1794)

Fils de René, marchand, et de Renée Gourdon, Guillaume est né à Thouarcé le 26 août 1709.

REPIN BAPTEME z

 

M. Guillaume Repin, d'abord vicaire à Saint-Julien d'Angers, fut, en 1749, nommé curé de Martigné-Briand.

signature z

Le curé constitutionnel désigné le 22 mai 1791, par les électeurs du district de Vihiers, n'ayant pas voulu accepter, c'est le P. Guyon, prieur des Augustins de Montreuil-Bellay, qui vint desservir la paroisse : arrivé le 20 juin 1791, à Martigné-Briand, il communiqua aussitôt au curé Repin et à son vicaire l'ordre de ne plus exercer, et ce de la part de l'administration. A compter de ce moment, personne ne parut plus à l'église paroissiale ; les habitants allaient à la messe dans les paroisses voisines, notamment à Tigné, où le curé insermenté était encore en fonctions. Quant à M. Repin et son vicaire, on les signale comme ayant dit leur messe dans la chapelle de l'hôpital de Martigné-Briand le jeudi 23 juin, jour de la Fête-Dieu.

Au mois de juillet, M. Repin vint habiter Angers chez M. de Lancreau, rue Saint-Michel. Son âge le fit regarder dès lors comme le "doyen" du clergé insermenté, et lorsque le 1er février 1792 le directoire du département prit un arrêté qui obligeait tous les prêtres fidèles à venir demeurer au chef-lieu, sous peine d'emprisonnement, M. Repin fut, avec le curé de Saint-Maurille d'Angers, choisi par le clergé de la ville, pour adresser, au nom de tous, au directoire du département, une protestation qui, en justifiant ces vénérables ecclésiastiques des calomnies dont ils étaient l'objet, demandait à surseoir à l'exécution de l'arrêté, ou du moins d'en atténuer la rigueur. Cette protestation, envoyée le 9 février, valut aux deux signataires l'honneur d'être dénoncés, le 14 du même mois, à l'accusateur public près le tribunal criminel.

Enfermé traîtreusement au Séminaire le 17 juin 1792, avec ses confrères, M. Repin fut choisi pour célébrer chaque jour la sainte messe, communier de sa main ces vénérables prisonniers et présider à tous les exercices religieux qu'ils faisaient en commun comme au temps de leur jeunesse cléricale. Exempt à cause de son âge de la déportation ordonnée par la loi du 26 août 1792, M. Repin refusa le 24 septembre de prêter le serment de liberté et d'égalité. Le 30 novembre 1792, les ecclésiastiques non conformistes furent transférés du Séminaire à La Rossignolerie. M. Repin ne sortit de cette nouvelle prison que le 17 juin 1793, jour où les Vendéens maîtres d'Angers lui donnèrent la liberté ainsi qu'à ses confrères.

M. Repin retourna pour peu de temps chez M. de Lancreau, et de là alla passer quatre jours dans sa paroisse de Martigné-Briand. Ayant dû, pour mettre sa vie en sûreté, suivre l'armée vendéenne à Cholet, il resta dans les Mauges après la reprise de cette ville par les républicains (15 octobre 1793), et enfin se réfugia dans la métairie du Cormier, sur la paroisse de Sainte-Christine.

Sainte Christine le Cormier z


Le 24 décembre, il fut arrêté par la garde nationale de Chalonnes-sur-Loire, qui le conduisit aussitôt à la prison de cette ville.

Le lendemain, M. Repin comparaissait devant le juge de paix Peltier :

- Avez-vous prêté le serment ordonné par la loi ? Non.

- Depuis quand êtes-vous sorti de votre cure ?

- Depuis environ trois ans ; je me présentai alors au département pour savoir où je pourrais résider ; sur ma déclaration que je fis à l'hôtel de ville, suivant l'indice qu'on m'avait donné au département, que je prenais ma résidence" chez M. de Lancreau, rue Saint-Michel à Angers, on me permit d'y résider. De là je suis allé au Séminaire, où je suis resté sept mois, et après je fus transféré avec les autres prêtres non assermentés à la maison de la Rossignolerie, chez les Frères ; j'en suis sorti le 16 juin (c'est le 17), par le moyen des insurgés ; ensuite les habitants de Martigné vinrent me chercher chez M. de Lancreau, où je m'étais retiré ; je m'en fus avec eux à ma paroisse, où je suis resté quatre jours. De là j'ai fui, j'ai passé en différentes paroisses et ensuite je me suis rendu à Cholet, où je suis resté jusqu'à ce que cette ville ait été prise par les patriotes ; alors j'ai fui dans différentes paroisses et à la fin je me suis trouvé à la métairie du Cormier, paroisse de Sainte-Christine, où j'ai été arrêté hier matin par une patrouille de la cavalerie de Chalonnes ; de là j'ai été amené à Chalonnes et constitué prisonnier dans la prison de cette ville.

- Pourquoi n'avez-vous pas obéi à la loi en prêtant le serment ordonné à tous fonctionnaires publics ? J'ai ma foi et ma religion à conserver.

- Avez-vous prêché le fanatisme, excité la contre-révolution directement ou indirectement, avez-vous enlevé ou fait enlever les vases sacrés et ornements de votre église ?

- Je n'ai jamais prêché le fanatisme ni excité de contre-révolution directement ou indirectement, j'ai laissé à mon église les vases et les ornements et j'ai recommandé de ne pas y toucher ; j'ai suivi seul mon opinion religieuse, sans me coaliser avec aucun de mes confrères ni avec aucune autre personne ; j'ai toujours rempli les devoirs de mon état avec probité et exactitude et fait l'aumône le plus que j'ai pu ; dans la présente révolution, je me suis toujours résigné à la volonté du Seigneur."

Le juge de paix le déclara suspect et le renvoya devant le Comité révolutionnaire d'Angers "pour y être interrogé de nouveau et jugé suivant la loi".

Son sort était décidé d'avance. Le Comité révolutionnaire le trouvant coupable le livra (1er janvier 1794) à la Commission militaire, c'est-à-dire à la mort. Le 2 janvier 1794, M. Repin comparut devant la Commission, dans l'ancienne église des Jacobins, lieu ordinaire de ses séances publiques. Il y fut interrogé comme suit par le président Félix :

"Combien y a-t-il de temps que vous avez quitté votre cure ? Depuis trente mois, j'en ai demeuré douze chez M. de Lancreau.

- Où êtes-vous allé pendant les dix-huit autre mois ? Je suis allée chez une parente à Cholet, après avoir été un an au Séminaire et à La Rossignolerie.

- Combien avez-vous dit de messes aux brigands ? Je n'en ai dit que deux."

Condamné à mort, séance tenante, M. Repin fut guillotiné dans la soirée du même jour, 13 nivôse an II (2 janvier 1794) sur la place du Ralliement. Il avait 85 ans.

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L'Anjou historique - pp. 268 à 271 - Seizième année, n° 3 - novembre-décembre 1915

AD49 - Registres paroissiaux de Thouarcé

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