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La Maraîchine Normande
22 septembre 2015

NANTES (44) - A PROPOS DE MME MARIE-GABRIELLE GASNIER DE LÉPINAY, L'AMÉRICAINE

 

Nantes

Elle a rendu de grands services à l'armée du Général Charette. Le général lui-même avait sa retraite chez elle, c'est chez elle aussi que se tint la conférence, entre le représentant du peuple Ruelle et les envoyés de Charette. Elle a perdu sa fortune. (AD85 - (Après 1830) - SHD XU 36-19)

A PROPOS DE MME GASNIER, L'AMÉRICAINE

Elle était fille d'un planteur du Port-au-Prince, un "habitant" comme on disait là-bas, riche prétendait-elle et affirmait, sans doute d'après elle, le lieutenant-général comte de Bourmont, de 500.000 livres de revenu et de 1.500 nègres.

Son historien a retenu ces chiffres. Mais, à la liquidation des indemnités attribuées aux colons, Marie-Gabrielle Chambon, épouse Gasnier de l'Épine, obtint seulement, par décision du 3 mars 1827 une somme de 19.500 fr. dont l'état de paiement fut envoyé le 1er janvier 1829. Cette somme représentait 1/10e de la valeur d'une caféterie, dite Chambon, située au quartier Charbonnier au Port-au-Prince, plus le prix des nègres attachés à la culture de cette propriété. Marie-Gabrielle Chambon n'avait donc pu faire la preuve, devant la commission qui réglait les indemnités, que de l'existence de cette propriété valant, en 1789, 195.000 livres environ. C'était, pour Saint-Domingue une fortune juste honorable et dont le rapport n'approchait certes pas de 500.000 livres. Quant à "l'atelier" de 1.500 nègres il eût cultivé un domaine au moins 10 ou 15 fois plus considérable.

Par contre ses filles, Marie-Joséphine, épouse Maublanc, Élisabeth-Marie, épouse Mosneron et Marie-Antoinette, épouse Cailleux, héritières, chacune pour 1/3 de Jean-Baptiste Gasnier, leur père, ancien propriétaire d'une caféterie et d'une cotonnerie, dites Gasnier, au Fond Verrette, paroisse de la Croix-des-Bouquets, touchèrent ensemble, d'après l'état de paiement envoyé à la Caisse des Dépôts et Consignations le 1er janvier 1829, une indemnité de 24.400 fr. Les biens de feu Gasnier avaient donc été estimés 244.000 livres. Elles avaient déjà reçu (1er mai 1828), pour une caféterie et une cotonnerie à Jérémie, quartier de la Source, valant 10.000 livres, une indemnité de 1.000 fr.

Tout cela est loin de la fortune à quoi prétendait Mme Gasnier. Au vrai, en arrondissant les chiffres, c'est le capital et non les revenus, qui montait à 500.000 livres, et encore il s'agissait de la fortune terrienne totale du ménage.

Ajoutons enfin que l'absence de sucreries, parmi ces biens, révèle des concessions sans doute récemment défrichées. On pratiquait, en effet, sur les terrains neufs les cultures de café et de coton pour épuiser un sol trop riche. Le sucre venait ensuite, préféré à tout pour son rapport plus considérable. L'aristocratie des grands planteurs possédait presque seule les domaines sucriers. Il serait peut-être curieux de rechercher si les Chambon et les Gasnier ne furent pas commerçants au Port-au-Prince, autant et plus que planteurs. Ainsi se justifieraient peut-être des revenus, hors de toute proportion, s'ils ont vraiment existé, avec la valeur des propriétés.

Mme Gasnier fut-elle tout à fait, parmi les "fidèles oubliés" de la Restauration ? Sans doute sa pension paraît maigre, mais à la comparer avec celles que touchaient les autres réfugiés, elle semble relativement moins faible. Dès 1809, au temps de l'Empire, elle touchait 400 fr. par an (ce qui veut bien dire au moins 4.000 fr de nos jours, si l'on songe à la dévalorisation de l'argent et à l'abaissement de son pouvoir d'achat), elle avait alors, il est vrai, ses enfants à sa charge. Mais, en 1824, sa pension était portée à 598 fr. "à cause de ses services et de son âge". Elle toucha de plus 500 fr. par an sur la liste civile et ce, sans doute, jusqu'en 1830.

Dès 1817, le préfet de la Loire-Inférieure faisait d'ailleurs observer au ministre que Mme Gasnier, demeurait et vivait chez son gendre, directeur des contributions directes, et qu'elle y trouvait les ressources nécessaires pour son existence. Depuis, Mme Gasnier avait touché partie au moins de l'indemnité dont il est question plus haut. De sorte que, le 6 décembre 1833, Mme de Maublanc parlant de "l'affreuse misère" de sa mère que ne suffisent pas à soulager "les secours empressés de ses enfants", et réclamant un secours extraordinaire de 300 fr., qui d'ailleurs fut refusé malgré l'avis favorable du préfet, poussait quelque peu au noir le tableau qu'elle peignait.

Mme Gasnier mourut [à Nantes] le 18 juin 1834, elle était née le 22 février 1752. Elle avait donc 82 ans et non 92 comme l'a cru M. Lenôtre. Il est vrai que sur une lettre datée du 21 octobre 1822, elle-même se déclare âgée de 77 ans. En revanche, Mme de Maublanc, le 26 décembre 1833, écrivait que sa mère avait 84 ans ! ...

La pension allouée à Mme Gasnier fut versée jusqu'en juillet 1837. Qui en profita depuis 1834 ? Peut-être M. Mosneron qui avait recueilli Lorine la mulâtresse (et non la négresse, lettre de Mme Gasnier, 21 octobre 1822), la fidèle Lorine ...

Extrait : L'Intermédiaire des chercheurs et curieux - 70e année - 1934 - Volume 97

Autre article concernant Mme Gasnier : http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/10/31/30867633.html

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