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La Maraîchine Normande
20 janvier 2018

LE 14ÈME BATAILLON DE LA RÉPUBLIQUE EN VENDÉE - CARNET DE JEAN-JACQUES HERBILLON - ADJUDANT-GÉNÉRAL BASDELAUNE

Soldats 1ère république - Auguste Raffet z

 

Ier BATAILLON DES PIQUIERS
DÉNOMMÉ ENSUITE 14e BATAILLON DE LA RÉPUBLIQUE
(1er octobre 1792 - 15 août 1795)


HISTORIQUE DU CORPS

Sur le rapport de Carnot, l'Assemblée nationale législative avait décrété, les 1er et 3 août 1792, que "toutes les municipalités étaient tenues de faire fabriquer, aux frais du Trésor public, des piques de 6 à 10 pieds de long et d'en pourvoir tous les citoyens, hormis les vagabonds, les gens sans aveu ou notoirement connus pour leur incivisme".

"La pique est l'arme la plus redoutable qu'on connaisse, quand elle est confiée à une troupe courageuse, et dont la valeur est guidée par une sagesse intrépide", est-il dit dans un Plan d'organisation pour des bataillons de piquiers, arrêté par le Conseil exécutif provisoire.

Le Ministre de la guerre, Servan, adressa, par circulaire du 4 septembre 1792, 30 exemplaires de ce plan à chacun des directoires de départements, en leur prescrivant de le réimprimer sur-le-champ, de l'envoyer dans chaque district ; de charger ceux-ci de la distribution à toutes les municipalités pour le faire publier et afficher. Le Ministre engageait à organiser promptement les corps de piquiers et recommandait instamment de faire fabriquer des piques conformes à un modèle qu'il avait envoyé.

Les corps de piquiers ont une organisation spéciale :

1° Chaque bataillon sera composé de huit compagnies ;
2° Chaque compagnie sera formée de : 1 capitaine - 1 lieutenant - 2 sous-lieutenants - 4 sergents - 8 caporaux - 48 piquiers = 64, y compris les officiers et sous-officiers ; 12 chasseurs, dont 1 sergent, 1 tambour - Total général : 77
...
10° L'état-major de chaque bataillon sera formé d'un commandant en premier, un commandant en second, un adjudant et un quartier-maître.
11° Chaque bataillon aura trois pièces de canon ...

Dans Paris, le "plan" fut de suite répandu, et l'idée rencontra le meilleur accueil. L'adjudant général de la première légion de la garde nationale parisienne, DEBALAUNE (1), chargé de l'organisation des bataillons de piquiers, faisait apposer dans la ville une afficher représentant un "bataillon prêt à charger l'ennemi", et, s'adressant "aux citoyens armés", il disait :

"Frères,
J'ai lu l'afficher du patriote Servan, sur les piques et l'écrit qu'il a publié sur le même objet. Persuadé des vérités qu'il contient, et que des corps de piquiers, formés ainsi qu'il le propose, nous donnent un moyen sûr et prompt de sauver la Patrie, je déclare que je dépose mon fusil pour prendre une pique. J'invite ceux de mes frères d'armes qui penseront comme moi, à laisser leur fusil à ceux qui croient qu'il faut des fusils pour vaincre, et à se rassembler, s'organiser et marcher à la victoire avec l'arme de la Révolution et de la Liberté.
Au bas de l'affiche :
J'invite mes concitoyens à adopter le projet ci-dessus qui me paraît excellent.
ALEXANDRE, chef de la première légion.
Le projet ci-dessus, qui vient de m'être présenté, mérite les plus grands succès.
SANTERRE, commandant général provisoire.

Le bataillon se trouvait encore à la caserne Babylone, lorsqu'il reçut de Santerre l'ordre de partir le 16 mars 1793 à destination de Brest. C'est alors qu'il prit la dénomination du 14e bataillon de la République.

Un volontaire, JEAN-JACQUES HERBILLON, retraité en 1824 comme capitaine au 3e régiment d'infanterie de ligne, a laissé un carnet qui résume en quelques pages sa vie militaire, ou plutôt qui en marque les étapes. Nous en extrayons la partie relative au 14e bataillon de la République ; elle donne les marches du bataillon, les stationnements, les combats, et en présente ainsi, par suite, l'historique résumé :

"Noms des villes, bourgs, villages, corps, bivouacs où j'ai tenu garnison, logé, cantonné, campé, bivouaqué ou combattu depuis que je suis militaire".

HERBILLON 1er

HERBILLON 2ème

 

Herbillon, fait prisonnier, fut emmené à Cholet, où il fut "tondu" le 19 juillet ; conduit à Châtillon, le 26 août, puis le 22 septembre, à la Chartreuse de Belle-Fontaine, il fut "réservé avec 600 autres pour otages de la reine". Il fut ensuite transféré à Montrevault, où, le 10 octobre, les Vendéens voulurent "brûler" les prisonniers. Ceux-ci se délivrèrent eux-mêmes, et Herbillon chercha à rejoindre le 14e bataillon de la République, traversant la Vendée en feu, nu-pieds et sans vêtements.

Il quitta Beaupréau le 18 octobre, passa par Cholet, Châtillon, Bressuire, Coulanges, Thouarsais, Thouars, Loudun, Chinon, Azay-le-Brûlé, Tours, Langeais, La Chapelle-Blanche, Saumur, Doué, Coron, Nuaillé, et enfin il le rejoignit à Cholet le 28 novembre, et il fut reconnu sergent à dater du 19 juillet.

Pendant l'absence d'Herbillon, le bataillon se trouva occuper Chinon du 4 au 21 août, Thouars le 23. Il prit ensuite part à des opérations actives. Nous reprenons le carnet d'Herbillon :

Herbillon 3ème

Herbillon 4ème

Herbillon 5ème

 

Le 14e bataillon fit donc campagne dans l'Ouest et pris une part active aux opérations contre l'insurrection vendéenne au plus fort de son intensité ...

Le 14e bataillon de la République se trouvait réduit à 280 hommes après ses diverses marches et ses combats. Il fut complété à l'effectif règlementaire par l'incorporation de réquisitionnaires du 2e bataillon du district de Mamers, du bataillon de Saint-Calais, d'un détachement de Sillé-le-Guillaume et d'une fraction du 6e bataillon de Maine-et-Loire.

Cette incorporation eut lieu aux Ponts-de-Cé, le 2 février 1794 ...

Le 14e bataillon de la République continua à guerroyer contre les Vendéens royalistes. Le 15 août 1795, à Saint-Cyr-des-Gâts, il fut amalgamé avec le 13e bataillon de la formation d'Orléans et le 24e bataillon de la Charente, et il formait la 6e brigade" de l'armée de l'Ouest.

La compagnie de canonniers marcha d'abord avec le bataillon ; elle combattit avec lui à Martigné-Briand, le 15 juillet 1793 ; à Vihiers, les 17 et 18 juillet ; à Thouars, le 14 septembre. Elle fut distraite du bataillon pour le service des côtes et envoyée à l'île d'Aix, où elle demeura de décembre 1793 à juin 1794. On la trouve ensuite à La Rochelle en août 1795, à Brouage en mai 1796, et ses débris furent incorporés dans l'artillerie et les compagnies de gardes-côtes.

(1) NICOLAS-DENIS DE BAS DE L'AUNE, qualifié dans son acte de mariage, écuyer, sieur de Laune, qui signait alors Debalaune, et signa ensuite BASDELAUNE, nom sous lequel il est le plus connu, était né à Paris le 28 février 1756.

Après avoir servi, tant dans la marine marchande française que dans la flotte de guerre hollandaise, il fut successivement, de 1790 à 1792, caporal de grenadiers, lieutenant et capitaine de canonniers au bataillon de Saint-Marcel, de la garde nationale parisienne. Nommé sous-lieutenant au 102e régiment d'infanterie, le 22 janvier 1792, puis appelé à passer dans l'artillerie de la marine au mois de juillet, Basdelaune ne suivit pas cette destination et fut appelé aux fonctions d'adjudant général et secrétaire général de l'armée parisienne ; en cette qualité, il fut chargé, le 12 août 1792, de conduire Louis XVI au Temple et d'en commander la garde.
Adjudant général lieutenant-colonel employé au camp de Paris, le 1er septembre 1792 : "il est chargé de l'organisation des bataillons de piquiers", dit le mémoire de proposition ; puis envoyé à l'armée des Alpes le 12 octobre suivant, il devint successivement chef de brigade, général de brigade et général de division. Il se distingua dans la campagne de Tarentaise, fut suspendu de ses fonctions au mois de mai 1795 et mourut à Genève, des fatigues de la guerre, le 15 juin suivant.

Les volontaires nationaux pendant la Révolution par Ch.-L. Chassin & L. Hennet - 1902

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