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La Maraîchine Normande
7 juillet 2017

DINAN (22) LES SABLES (85) ROUEN (76) LA FLÈCHE (72) - FRANÇOIS-LAURENT DE LAMANDÉ, CHEVALIER DE VAUBERNIER (1735 - 1819)


François-Laurent Lamandé, inspecteur-général du corps royal des ponts et chaussées, officier de la Légion d'honneur, chevalier de l'Ordre du Roi, membre de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, naquit à Dinan, paroisse de Saint-Malo, le 15 avril 1735.

Lamandé Dinan baptême z

Il perdit de bonne heure son père, bourgeois de cette ville, qui y jouissait d'une fortune aisée, mais qui eut un si grand nombre d'enfants (M. Lamandé fut le dix-huitième) qu'il ne laissa presque rien à chacun d'eux. Il avait senti qu'à défaut de biens, l'héritage le plus précieux qu'il pût leur transmettre était une bonne éducation. M. Lamandé fut envoyé très-jeune à Paris pour perfectionner, dans l'université de cette ville, les études qu'il avait commencées dans sa province. Son goût le portait principalement vers l'étude des sciences physiques et mathématiques. Il eut pour maître l'abbé de la Caille, et pour condisciples l'abbé Marie, Bernardin de Saint-Pierre et Bailli.

Il avait été recommandé par sa famille à Duclos, membre de l'Académie française et né, comme lui, à Dinan. Il fut présenté par cet académicien dans les cercles savants et brillants de la capitale. Il y fit connaissance avec Buffon, d'Alembert, Soufflot et Perronnet, premier ingénieur du Roi, dont il devint l'élève et l'ami, et qui l'attira à l'école qu'il venait de créer avec M. de Trudaine pour les élèves des ponts et chaussées.

M. Lamandé fut admis à cette école en 1755. Il avait alors vingt ans. Il y obtint des succès marquants qui le firent distinguer de ses émules et appeler au rang de professeur. Il fut, en 1758, placé dans le corps royal des ponts et chaussées, et en qualité de sous-ingénieur, dans la généralité de Tours. L'on construisait alors le grand pont sur la Loire, aux travaux duquel il fut pendant quelque temps employé, ainsi qu'aux nouvelles routes que le Roi faisait ouvrir dans cette province.

Après avoir appliqué la science aux constructions des routes et à quelques tracés de canaux de navigation, M. Lamandé se dévoua plus particulièrement aux travaux maritimes. Le port des Sables-d'Olonne réclamait des améliorations importantes. Tout un quartier de la ville était menacé d'être envahi par la mer. M. Lamandé y fut envoyé en 1765. Il étudia les mouvements de la mer, la marche des alluvions, et parvint enfin, par un projet bien conçu et bien exécuté, à sauver pour toujours la ville d'un danger qui paraissait inévitable. Bernardin de Saint-Pierre dit, dans ses harmonies de la nature, que ce service fit à M. Lamandé une telle réputation, et laissa une telle impression dans l'esprit des habitants que, plusieurs années après qu'il eut quitté ce pays et par reconnaissance, un des propriétaires qui avait été le plus menacé, étant mort sans enfants, lui fit par son testament un legs assez considérable.

Sables-d'Olonne

M. Lamandé, pendant son séjour aux Sables-d'Olonne, épousa une fille de M. Jacobsen, issu d'une ancienne famille flamande et riche propriétaire à Noirmoutier où il employait et augmentait sa fortune à d'immenses travaux de dessèchements qui faisaient la prospérité de ce pays, et pour lesquels son gendre l'aida beaucoup de ses conseils. Il eut de ce mariage deux enfants : un fils, Mandé-Corneille, qui ayant suivi la même carrière, a construit à Paris les ponts d'Austerlitz et d'Iéna, et fondé le pont de Rouen ; et une fille, Angélique-Anne-Eulalie,  mariée à Philippe-François-Antoine Vallée, capitaine dans l'arme du génie et chevalier de la Légion d'honneur.

En 1779, M. Lamandé fut nommé ingénieur en chef et appelé dans la généralité de Paris, où, suivant l'excellent usage alors établi, on employait aux travaux marquants qui s'y exécutaient un certain nombre d'ingénieurs en chef parmi lesquels l'administrateur et le premier ingénieur qui dirigeaient le corps des ponts et chaussées, après avoir mieux connu et apprécié ces ingénieurs, faisaient un choix entr'eux à mesure que les places dans les généralités devenaient vacantes, et les plaçaient dans celles où leurs talents et leurs caractères paraissaient le mieux convenir.

La place d'ingénieur en chef de la généralité de Montauban vint à vaquer en 1780, et M. Lamandé fut envoyé pour la remplir.

Trois années après, en 1783, il fut appelé à remplacer M. de Cessart comme ingénieur en chef de la généralité de Rouen, qui était alors la plus importante du royaume à cause du grand nombre de travaux maritimes qui s'exécutaient à-la-fois sur tous les points de la côte de la Haute-Normandie. M. Lamandé occupa depuis 1783 jusqu'en 1796 cette place importante d'ingénieur en chef, d'abord de la généralité de Rouen, et depuis du département de la Seine-Inférieure. Il eut à diriger pendant ces treize années les ouvrages les plus marquants, et toujours avec succès. Il sut se concilier, par ses principes et son caractère, l'estime générale des habitants de la Normandie, et il laissa dans ce département une réputation et des amis qui lui font plus d'honneur encore que ses grands travaux. Les ports de Rouen, de Dieppe, Fécamp, Saint-Valéry et Honfleur lui ont dû successivement de nombreuses améliorations. Mais c'est surtout au Havre qu'il a déployé ses grands talents et ses vastes connaissances dans l'art de l'ingénieur. Ce port était obstrué par des attérissements, ses bassins étaient insuffisants pour le commerce, les bâtiments restaient exposés aux dangers de l'échouage et aux dangers encore plus grands des tempêtes. Il a rédigé le projet général de ce port approuvé par le roi Louis XVI en 1787, et dont il a commencé l'exécution telle qu'on l'a continuée par la suite.

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Ce même monarque lui accorda pour récompense de ses travaux et de ses services des lettres de noblesse avec la promesse du premier cordon qui viendrait vacant dans l'Ordre de Saint-Michel. Cette promesse faire par le roi Louis XVI en 1787, fut acquittée par Louis XVIII, son successeur, en 1816.

M. Lamandé, pendant sa résidence à Rouen, fit pour la ville et le port des projets utiles et d'embellissement qui, sans la révolution, auraient probablement reçu leur exécution. Un de ces projets était d'ouvrir un canal de navigation dans le faubourg Saint-Sever, de construire deux ponts de pierre, l'un dans le prolongement du boulevard de Crosne redressé, l'autre à l'extrémité occidentale de l'Ile-la-Croix, emplacement dont le conseil général des ponts et chaussées a fait choix en 1808 pour celui que l'on bâtit par la suite. L'espace compris entre ces deux ponts devait former un bassin pour les navires marchands qui, par une branche de communication, auraient passé de ce bassin dans le canal de navigation précité.

M. Lamandé était un des membres de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen ; il attachait le plus grand prix aux suffrages et à l'amitié des membres de cette Compagnie qu'il eut quelquefois l'honneur de présider.

Promu au grade d'inspecteur général des ponts et chaussées le 5 février 1796, il quitta avec regret la résidence de Rouen pour venir exercer à Paris les fonctions de membre du conseil général des ponts et chaussées, qu'il remplit pendant dix-neuf années consécutives avec la plus grande distinction.

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C'est dans cet intervalle qu'il reçut, comme récompense de ses services, la décoration d'officier de la Légion d'honneur. Il fut admis à la retraite le 5 septembre 1815, et se retira dans une propriété près de la Flèche, où il passa les dernières années de sa vie. Les bontés du Roi vinrent encore l'y trouver, et il y reçut le cordon de l'Ordre royal de Saint-Michel.

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C'est dans cette ville qu'il acheva sa longue et honorable carrière le 15 mai 1819 à l'âge de 84 ans, au sein d'une famille dont il faisait le charme et le bonheur. Il parvint à un âge avancé sans avoir éprouvé les infirmités de la vieillesse. Il conserva jusqu'à ses derniers moments toute la fraîcheur de son imagination et une présence d'esprit admirable. Il demanda et reçut les derniers secours de la religion avec un calme qui annonçait la sérénité de son âme. Il n'avait jamais fait que du bien, mourait sans ennemis et voyait finir sans douleur une vie heureuse et honorée.

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Notice nécrologique sur M. Lamandé par M. Lamandé, son fils / Précis analytique des travaux de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen - 1819

AD22 - Registres paroissiaux de Dinan

AD72 - Registres d'état-civil de La Flèche

Archives Nationales - Base Leonore

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