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La Maraîchine Normande
15 décembre 2016

LA CHAPELLE-SAINT-LAURENT (79) - RENÉ-ALEXIS JOUYNEAU DES LOGES, PREMIER JOURNALISTE DU POITOU

Chapelle Saint-Laurent

 

Le registre d'état-civil de La Chapelle-Saint-Laurent pour l'année 1637 mentionne la mort, le 10 septembre de "l'honorable homme Jean Jouyneau, seigneur de la Vergne". Ce gros village situé loin dans la campagne, au sud-ouest du bourg. Il fut inhumé dans l'église, trois jours plus tard.

Jouyneau 1637

CHARLES JOUYNEAU, son fils, s'éteignit en 1685. Il était seigneur du même lieu. Son épouse, Catherine Ragon lui donna un fils Mathurin qui s'intitula Jouyneau du Bouillon. Il céda à son fils, un autre Mathurin sa charge de notaire, greffier et de procureur fiscal de la Châtellenie des Mottes-Coupoux. En 1700, des armes portant "d'or à trois cornets de sable posés deux en un" lui furent attribuées, de même qu'au marchand et non moins honorable, LOUIS JOUYNEAU.

Fils de ce Mathurin Jouyneau du Bouillon, FRANÇOIS-ALEXIS JOUYNEAU, sénéchal et juge ordinaire des Châtellenies de Pugny, Châteauneuf-en-Gâtine et du Breuil-Bernard, usa du même procédé. Il se fit appeler JOUYNEAU DES LOGES, du nom de la ferme que lui avait apportée son épouse Marie-Marguerite Gentilz, nièce de Pierre Thouraine, docteur en droit, juge sénéchal du comté des Mottes. (Au XVIIIe siècle, La Fortinière de Clessé était occupée par Alexis Jouyneau des Loges, marié à Marguerite Gentilz, fille d'un professeur de l'université de Poitiers).

Jouyneau - les Loges

RENÉ-ALEXIS JOUYNEAU DES LOGES, le premier enfant que lui donna son épouse Jeanne-Marie-Marguerite Gentilz vit le jour dans le bourg de La Chapelle-Saint-Laurent, le 24 septembre 1736. Il eut pour parrain René Gentilz, de La Roche-Gabard et Marguerite d'Ellenne pour marraine.

JOUYNEAU DES LOGES NAISSANCE

Il n'était encore qu'un enfant qu'il quitta les siens pour aller étudier à Poitiers où son oncle, Pierre Gentilz était professeur à la Faculté de Droit. En 1755, gradué en droit, il entra dans l'administration des finances. Après quatre années passées à La Rochelle, à la Direction des Domaines, et comme il ne manquait point d'ambition, il réussit à se faire nommer secrétaire des commandements du marquis de Narbonne-Pelet, lieutenant-général des armées du roi en Poitou-Saintonge.

De cette époque, marquée par sa collaboration active, pendant trente mois et sous divers pseudonymes, aux Affiches de La Rochelle, datent ses débuts dans le journalisme et la carrière littéraire.

De Narbonne-Pelet ayant abandonné ses fonctions en 1772, Jouyneau regagna Poitiers.

A la même époque, le comte d'Artois, le futur Charles X, l'un des plus riches propriétaires du Poitou, le nomma son historiographe et le duc de Chartres, gouverneur de la province, le choisit comme avocat. En 1779, on lui confia l'inspection de la Librairie par les généralités de Poitiers, de Limoges et de La Rochelle.

Aux Affiches du Poitou qui avaient bénéficié d'un lancement dénotant, chez leur directeur, un sens aigu de la réclame, Jouyneau des Loges sut donner un ton qui lui valut, avec la confiance des hommes au pouvoir, la faveur d'un large public.

Affiches du Poitou

On y trouvait, adressés de tous les coins de la province et en plus des articles du directeur, des avis officiels, des informations de tous ordres, la relation des principaux faits-divers et des cérémonies les plus marquantes, la biographie, parfois lors de leur disparition des célébrités poitevines, des notes intéressant l'agriculture, l'histoire locale, les découvertes médicales, etc.

En 1781, après neuf années, Jouyneau des Loges, qui, dans son journal, ne s'était jamais autorisé à traiter des affaires d'État, abandonna la direction des Affiches du Poitou. Elle passèrent aux mains de l'imprimeur-libraire Chevrier et devinrent, en 1790, le Journal du Poitou.

De 1783 à 1790, Jouyneau assuma les fonctions de chef de bureau de l'agriculture et du commerce à l'Intendance du Poitou ce qui lui valut, au titre des finances, une pension de 980 livres.

De même que plusieurs bourgeois et quelques ecclésiastiques, il avait adhéré dès 1774 à la loge maçonnique "La Vraie Lumière".

Élu, en 1790, membre de la municipalité, il fut chargé d'aller solliciter de l'Assemblée Nationale, l'établissement d'un tribunal supérieur à Poitiers. Par prudence, il avait alors abandonné la particule et signait Jouyneau Desloges.

En 1789, il participa à la rédaction du cahier de doléances de la ville de Poitiers. Il publia en 1790, en sa qualité de président et avec Antoine-Claire Thibaudeau, le futur député à la Convention, qui en assumait le secrétariat, une adresse de la Société des Amis de la Constitution de Poitiers à leurs concitoyens, dans laquelle il prêchait le respect des lois républicaines.

Juge suppléant au tribunal de la Vienne, en 1796, Jouyneau des Loges fut nommé, en l'an VI, administrateur de la ville de Poitiers. Il en avait été trois fois conseiller municipal.

A la Restauration, il se rallia à Louis XVIII.

Le 3 mai 1797, à soixante-et-un ans, il épousa Françoise-Marie Bellier dont il n'eut pas d'enfant 

Membre correspondant de plusieurs académies et sociétés savantes, Jouyneau qui avait sacrifié plus de mille écus de sa fortune personnelle pour assurer la bonne marche des Affiches du Poitou, occupa les loisirs de sa retraite à la rédaction d'un grand nombre d'études, le plus souvent d'intérêt régional, pour le Journal de la Vienne, le Journal des Deux-Sèvres, et divers autres revues et journaux, en particulier Le Mercure de France.

Au soir d'une existence particulièrement bien remplie, Jouyneau des Loges, entouré de la considération de ses concitoyens, s'éteignit en la quatre-vingtième année de son âge, à Poitiers, le 30 septembre 1816.

JOUYNEAU DES LOGES DECES

Extrait : La Chapelle-Saint-Laurent - Maurice Poignat - 1989


 

Jouyneau des Loges, que ses travaux avaient fait connaître dans le monde savant, fut secrétaire perpétuel de l'Académie de peinture de Poitiers, membre de la Société royale d'agriculture et de l'Académie des belles-lettres de La Rochelle, de l'Académie celtique de Paris, de l'Académie des arcades de Rome et de l'Académie des antiquités de Hesse-Cassel.

Extrait d'une note jointe à l'Histoire de la Bibliothèque de Poitiers, par M. de Praysac, publiée dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3e trim. 1848.

"Il est étonnant que personne jusqu'ici n'ait songé à consacrer quelques lignes à la mémoire de Jouyneau des Loges. On ne sait donc pas avec quel soin, quelle assiduité, par quels travaux et par quelles dépenses qui furent jusqu'à compromettre sa fortune, il poursuivit, pendant près de cinquante ans, ses investigations dans le domaine de la littérature et de l'histoire du Poitou. Que de notes, que d'éclaircissements sur ce sujet il a semés dans les Affiches du Poitou, qui ont subsisté jusqu'à nos jours, sous des noms et des formats différents, et avec des chances variables de fortune, mais toujours moins intéressantes à mesure que sa coopération diminuait.

Les Affiches de la Rochelle, les Annonces politiques, religieuses, etc, du département de la Vendée, le Journal des Deux-Sèvres, la Décade philosophique même, reçurent aussi leur part de ses communications et s'enrichirent du fruit de ses travaux. Ses recherches procurèrent aux Mémoires de l'Athénée de Poitiers et à ceux de l'Académie celtique plusieurs notices, dissertations, etc., qui figurent avec honneur dans ces recueils. Combien de volumes ne ferait-on pas de toutes ces pages qu'a disséminées partout cet humble savant, qui fut aussi un homme de bien ! Le Poitou peut le compter au nombre de ceux qui ont fait le plus d'efforts, dans une position étroite, pour la moralité, l'instruction et le bien-être de ses habitants. Qu'on lise surtout les neuf premières années des Affiches, on verra quelle était sa sollicitude pour tout ce qu'on pouvait y contribuer." (Bibliothèque historique et critique du Poitou - 1842)

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