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La Maraîchine Normande
24 mars 2016

LUXEMBOURG - 17 mai 1794 - MASSACRE DE DUDELANGE - L'HORRIBLE FIN DE PIERRE GAASCH, GARDE-FORESTIER ...

Luxembourg armes

 

Le 17 mai 1794, une catastrophe sanglante plongea dans le deuil les trois villages de l'ancienne seigneurie du mont St-Jean, Dudelange, Burange et Budersberg.

Cet évènement a été étrangement défiguré par tous ceux qui en ont parlé. Les républicains ont présenté ce carnage comme une juste punition infligée à des paysans farouches et sanguinairement audacieux.

Les hommes du pays qui ont rapporté le fait, sans en connaître les antécédents et les détails, n'ont vu dans la résistance armée de ces villages qu'une échauffourée téméraire dont ils déplorent le tragique dénouement ...

Ce qui s'est passé à Dudelange n'est pas une aventure, un accident, un fait isolé ! c'est un anneau de la chaîne historique de ce temps, et un anneau mémorable, qui mérite d'être connu de la postérité ...

 

DUDELANGE CARTE

Le décret de la Convention du 23 août 1793 était l'éruption d'un volcan dont nos frontières ont senti le contre-coup. Ce décret faisait de la France entière un seul camp et de sa population une immense armée. La première réquisition lança 400.000 hommes sur les frontières. Cette levée en masse porta l'armée de la Moselle à un effectif de 85.000 combattants. On sait de quels sentiments ils étaient inspirés. "C'est à coup de canon, disait le terrible Danton, qu'il faut signifier la constitution à nos ennemis. C'est l'instant de faire ce grand et dernier serment que nous nous vouons tous à la mort, ou que nous anéantirons les tyrans !"

Depuis ce temps, les incursions dégénérèrent en pillages ouverts. On prit le parti de solliciter secours et appui du gouvernement militaire de la forteresse de Luxembourg.

Un piquet de chevaux-légers autrichiens venait de temps en temps de Luxembourg faire une reconnaissance à Dudelange, mais toujours après la rencontre des habitants et des pillards. Ils n'étaient jamais là au moment du danger. Toutefois le sous-officier qui les commandait ne manquait pas d'encourager les villageois. "Si les républicains se présentent de nouveau, leur dit-il, faites-nous le savoir aussitôt ; nous accourrons à votre secours et nous repousserons l'ennemi."

 

PILLAGE DU MOULIN BANAL

Le moulin se trouve presque à l'extrémité du village dans un bassin étroit. Ce quartier appelé Deich, est de tous le plus facile à envahir, n'étant qu'à quelques cents pas des bois. C'était un moulin banal, bien achalandé, et son détenteur était un homme riche ; raisons suffisantes pour lui attirer une descente sur les lieux.

Effectivement un jour une bande de maraudeurs français se présentent ; ils demandent de l'argent au meunier ; sur son refus, ils l'empoignent et le couchent sur une table en lui mettant le sabre sur la nuque. Ils menacent de le tuer, si sur-le-champ il ne leur donne la somme exigée. Dans ce moment critique, le sieur Krips, homme courageux et robuste, ramassant ses forces, se lève brusquement, renverse ceux qui l'entourent, et s'enfuit par la cuisine dans le moulin. Les maraudeurs le poursuivent ; il saisit le levier de la meulière, les fait reculer et renferme la porte sur eux.

Les pillards n'étaient pas tous des soldats. Des paysans pauvres, connaissant bien les localités, leur servaient de guides.

Rudement éconduits de la sorte, les agresseurs se rallient à leur escorte et reviennent à la charge. Ils attaque le moulin en furieux. Les coups de fusil tirés à travers la porte et la fenêtre avertissent l'intrépide défenseur du danger qui le menaçait. Il eut le temps de se sauver par une porte du côté de Rodenberg.

Le moulin a été fouillé et pillé.

 

Abandonnés à eux-mêmes, en proie aux déprédations continuelles, appelés et encouragés à la résistance par leur seigneur, le baron de Boland, les habitants des trois villages demandèrent des armes pour repousser les pillards. Le feld-maréchal Blaise-Colomban de Bender (1713-1798), commandant de la forteresse, leur envoya des fusils et des munitions. Leur armement n'avait pas le caractère d'une agression, mais celui d'une légitime défense. Aucun des hommes armés n'a jamais commis un acte d'hostilité sur le territoire français.

 

 

LUXEMBOURG CHAPELLE MONT ST JEAN

 

Le seigneur du mont St-Jean avait haute et basse justice sur les villages de Dudlingen, Budersberg, Buringen et Balzingen. Elle était exercée par sept échevins choisis parmi les hommes les plus capables ... Ces échevins étaient les personnages notables du village. Fidèle aux anciennes traditions, les volontaires les choisirent ou les reconnurent pour leurs chefs militaires.

CHRISTOPHE HAMILIUS, fils de l'ancien escoutète, désigné lui-même aux mêmes fonctions depuis la St-Martin 1793, a été nommé commandant. C'était un homme robuste, intrépide, un habile chasseur, et qui maniait la plume aussi bien que le fusil de chasse.

L'organisation des compagnies régularisait la défense, mais n'empêchait pas les incursions.

Depuis mars 1793 jusqu'au mois de mai 1794, les trois villages avaient à faire un pénible service.

Chaque nuit, 16 hommes étaient de garde et faisaient la patrouille. Toute la journée il fallait être sur le qui-vive. Les hommes ne sortaient plus qu'armés de leur mousqueton. Les armes se trouvaient mariées avec les outils aratoires. En tenant la charrue on portait le fusil en bandoulière, et très souvent on était forcé de lâcher l'une pour se servir de l'autre. Ces fatigues et ce dévouement trouvaient leur récompense dans la sûreté qu'ils procuraient.

 

LA CHASSE AU TROUPEAU

Un jour une bande de maraudeurs armés sortit du bois du côté de Souftgen. Le bouvier de Dudelange gardait les vaches de ce côté. Dès qu'il les aperçut, il chassa son troupeau au galop et se rapprocha du village en donnant l'alerte. Les volontaires qui se trouvaient épars dans les champs accoururent à sa défense. Inférieurs en nombre, ils furent obligés de se replier sur la Lachergass. Le tocsin ayant signalé l'apparition de l'ennemi, ils furent renforcés et repoussèrent les agresseurs au-delà des frontières. Une vache seulement a été tuée sur ce champ de bataille.

 

Dudelange Luxembourg église

 

L'ÉGLISE BARRÉE

Une tentative plus sérieuse et mieux combinée faillit avoir des suites plus funestes.

Le dimanche de Pâques (20 avril 1794) à l'heure du service divin, lorsque la plupart des chefs de famille étaient à l'église, une troupe nombreuse de républicains s'introduisirent clandestinement dans le village. Leur premier soin était de fermer et de barrer la porte de l'église pour empêcher les hommes de sortir. Cette précaution même devint une alarme. Le bruit se répand sur tous les bancs que l'on pille les maisons. Les femmes crient, les enfants pleurent, les hommes cherchent une issue. Les volontaires les plus impatients sortent par les fenêtres, tandis que les autres sont occupés à forcer les portes.

Le sexe faible reste en prière, pendant que le flot de la population mâle s'élance comme un torrent pour saisir les armes.

A la vue d'une résistance à laquelle ils ne s'attendaient pas, les pillards sont déconcertés, ils abandonnent leur proie et se retirent avec précipitation.

Un seul qui s'était retardé fut atteint au haut du village près de Kreisch. La tradition a conservé les détails du petit combat qui s'engagea entre lui et un des volontaires.

Le pillard le couche en joue. Le volontaire en fait autant. Ils étaient à une demi-portée de fusil. L'arme de l'un et de l'autre rate. Le soldat s'élance alors sur le paysan pour le charger à la bayonnette. Inaccoutumé aux règles de l'escrime, le robuste villageois lui assène un coup de crosse sur la tête. Les paysans placèrent le soldat grièvement blessé sur une charrette et le transportèrent à l'hôpital de Luxembourg, où il mourut trois jours après.

 

APPROCHE DE L'ENNEMI

N. Holzen, de Budersberg, un des volontaires qui avaient passé la nuit sur le mont St-Jean, courut à toutes jambes par le chemin de Hattenberg avec mission d'annoncer l'approche de l'ennemi. "Les Français arrivent de Kayl, dit-il, en très grand nombre ; ce que nous pouvons faire de mieux, c'est de ne pas leur opposer de résistance."

HAMILIUS ne vit dans ce langage que de l'exagération et de la peur. "Comment, dit-il, vous nous conseillez d'abandonner à des pillards, sans coup férir, nos propriétés que nous avons défendues jusqu'ici avec courage et avec succès. Vous êtes un lâche ; ne découragez pas nos gens, ou je vous ferai arrêter." Après ces mots, HAMILIUS se rendit à l'aile droite, dans le Niedeschgass, où l'un des chemins du mont St-Jean aboutit au village, en recommandant à la compagnie du centre de venir le renforcer au moment de l'attaque éventuelle.

 

LE TROMPETTE

Les volontaires étaient à leur poste. Vers cinq à six heures du matin, quatre ou cinq cavaliers s'approchent de la Niedeschgass, puis s'arrêtent. L'un pousse son cheval en avant et sonne de la trompette.

"Attends, je m'en vais t'apprendre à faire de la musique (waart, ech wel dech lehren blosen)" dit une voix rauque dans le groupe des paysans. Le coup fatal part et le cavalier tombe. Son escorte le relève et s'éloigne.

Le chasseur adroit ne connaissait pas la portée de l'attentat qu'il venait de commettre et qui allait attirer de sanglantes représailles sur tant de têtes innocentes.

 

La moindre résistance aigrissait les républicains à cette époque où la terreur et la guillotine étaient à l'ordre du jour. Le meurtre du trompette a dû porter leur exaspération à son comble. Il fut résolu, dit-on, que le village serait livré aux flammes et ses habitants passés par les armes. Cet ordre pourtant, grâce à l'humanité du général, n'a pas été exécuté dans toute son horrible teneur.

 

Luxembourg Budersberg ermitage

 

L'ERMITE

Exaspérée et avide de vengeance, l'avant-garde des républicains marqua sa marche par le sang. A l'approche des avant-postes français, l'ermite du mont St-Jean s'était enfui avec les volontaires de Budersberg. Chemin faisant, ils s'aperçoit qu'il a oublié sa montre d'argent, objet rare à cette époque et qui lui était indispensable pour connaître dans sa solitude l'heure de son office. Comme il la perdait à regret, il retourne à l'ermitage pour la prendre et se hâte de redescendre. Au pied de la montagne il fut atteint et fusillé.

Un autre, habitant de Budersberg, se rendant de ce village à Dudelange, fut pris au lieu dit Ribenspont et massacré.

 

LE COMBAT DE LA NIEDESCHGASS

L'aile gauche des Français a poussé la première sa ligne de tirailleurs sur la Niedeschgass, l'endroit où le trompette avait été tué.

Les volontaires, postés près de Seilesch, dans le Poulenweg et les jardins environnants, abrités par les haies, les arbres, les maisons, ont riposté quelque temps avec avantage au feu de l'ennemi, que le ruisseau arrêtait. Sa première tentative de forcer le passage du petit pont ne réussit pas. Plus de vingt soldats y perdirent la vie. D'habiles chasseurs et des hommes déterminés défendaient ce passage. Cependant leur bonne contenance ne pouvait pas être de longue durée.

Plus bas que le village il y avait une écluse. C'est là que les Français passèrent le ruisseau sans résistance et débordèrent le flanc droit des villageois.

En même temps la colonne de Wolmerange dispersa par sa seule apparition le petit peloton qui était posté à l'aile gauche à l'endroit dit ob dem Deich, tandis que les bataillons français du centre marchaient sur Hattenburg et se dirigeaient de là sur l'église où le tocsin sonnait.

Enveloppés par des forces supérieures, les trois compagnies des villageois, séparées l'une de l'autre, pressées par la poursuite de l'ennemi, ne songèrent plus qu'à chercher leur salut dans la fuite. Ceux de l'aile gauche avaient derrière eux le Rodenberg, qui leur offrait une retraite assurée. L'officier Berwick et la plupart des hommes qu'il commandait se sont sauvés dans cette direction.
La compagnie du centre opéra sa retraite par la Lachergass et se dirigea sur le Wald.

Dans la Niedeschgass la position des combattants étaient plus critique. Débordés de deux côtés, ils se retirèrent instinctivement par l'issue la plus facile.

De la maison Seilesch le Poulenweg conduit sur une éminence couronnée d'un petit bois appelé Leh. Ce chemin bordé de haies et de champs de blé facilitait à la fois la retraite et la défense.

En se sauvant par ce chemin, plusieurs ont riposté au feu des tirailleurs jusque dans le Leh.

En vain, HAMILIUS leur criait de ne pas prendre cette direction, que le Leh ne leur offrait pas d'asile, qu'ils y seraient enveloppés, que c'est le Wald qu'il faut gagner ; sa voix n'a pas pu ramener les dispersés. Lui-même, accompagné de quelques-uns, se retira du côté de la Schindkolhoehl ; de là sur le Kreuzberg et, se dirigeant sur l'endroit nommé Kileen, il rejoignit la compagnie de l'officier Schmit.

 

LE GARDE-FORESTIER - PIERRE GAASCH (60 ans)

Près de Seilesch, derrière les haies, était posté un homme qui n'a pas voulu chercher son salut dans la fuite. Il ne cessait de tirer sur les Français et en mit plusieurs hors de combat. Sur le point d'être cerné, il se retira à Benschelt près Hutperchen. Là il se plaça derrière les haies dans le blé, résolu à vendre chèrement sa vie. "Je sais que je succomberai, dit-il, mais plus d'un ennemi mordra la poussière avant moi."

Aussi habile chasseur qu'ennemi fougueux des bandes révolutionnaires, il se défend avec une intrépidité héroïque contre les tirailleurs, armé de deux fusils. Pendant qu'il décharge l'un, son fils, âgé de 10 à 12 ans, caché derrière lui dans le blé, recharge l'autre. L'avantage de la position qu'il a choisie rend son adresse et sa valeur plus redoutables. Chaque coup de feu qu'il tira, a, dit-on, mis un soldat hors de combat. Son audace étonne, elle irrite. Il est cerné, accablé par le nombre et terrassé. Sa bravoure méritait peut-être de trouver un généreux vainqueur ; il n'a trouvé qu'un ennemi acharné. Pour prolonger son agonie, on lui fit des incisions à la figure, on les remplit de poudre que l'on alluma. On lui mit des cartouches dans la bouche et on les fit éclater. Tout son corps fut meurtri, mutilé. Il expira au milieu des souffranches les plus affreuses.

Cet homme était PIERRE GAASCH, le garde-forestier de Dudelange. Dans les rencontres il avait été à la tête des volontaires et les encourageait par son intrépidité. Tous ceux qui ont particulièrement connu son caractère, assurent que c'était pour protéger la retraite des siens qu'il a soutenu si longtemps le choc des avant-postes et arrêté quelque temps, comme un Horatius Coclès, la marche de l'ennemi. Le soin qu'il eut de conseiller à son fils une fuite précipitée, quand il vit arriver le moment suprême, atteste sa présence d'esprit et sa résolution de sacrifier sa vie en se défendant jusqu'à la mort. Aux yeux des contemporains sa résistance désespérée était un dévouement, sa mort un supplice.

 

LA PRISE DES VILLAGES

Après la dispersion des hommes armés, les villages n'opposèrent plus la moindre résistance.

Cependant l'ennemi y entra comme dans une place prise d'assaut. Des vieillards, que l'inquiétude et des alarmes attiraient à une porte, dans une allée ou à la fenêtre furent fusillés sous les yeux de leur famille. Une mère eut, à Dudelange, son enfant tué sur ses bras.

Après ces premières décharges, auxquelles ne répondaient que des cris de détresse, on commença le pillage. Tout a été emporté. En fouillant l'intérieur des habitations on découvrit encore des hommes qui s'y étaient cachés. Ils ont été faits prisonniers et emmenés en France.

 

LE TOCSIN

Toute résistance avait cessé et le tocsin de Dudelange sonnait encore. Cette obstination irrita le vainqueur.

LAMBERT PIERRE, sacristain, âgé de 75 ans, avait charge de sonner la cloche à l'approche de l'ennemi. Dès la pointe du jour il était à son poste au 2e étage de la tour.

Ce jour-là il avait amené avec lui sa fille et trois enfants de sa fille. Celle-ci regarda par la lucarne, et, à la vue des nombreux bataillons français qui marchaient sur Hattenburg, elle jeta un cri d'effroi : "Ne crains pas, ma fille, lui dit le vieillard, nous sommes en sûreté ici, tout comme si nous étions au milieu de la Place d'armes à Luxembourg". "Il s'en faut beaucoup, répliqua sa fille épouvantée, descendez, mon père, sauvons-nous" - "Où voulez-vous que j'aille, vieillard que je suis ?" Pendant que la mère descendait rapidement l'escalier en emmenant ses trois enfants, le sonneur continuait à tenir la cloche en branle. Sourd et préoccupé de sa besogne, il n'apprit, comme Archimède, l'entrée de l'ennemi qu'au moment où les soldats le saisirent et le précipitèrent par une ouverture du clocher.

 

LES DEUX VICAIRES

Maîtres du champ de bataille, les soldats français se disposent à prendre le bois, où leurs adversaires se sont réfugiés. Ils commencent par le cerner à distance.

Ce bois est sur une petite élévation à l'est, éloigné de Dudelange de 1200 et de Burange de 750 mètres. Sa contenance est de 23 hectares 76  ares 50 centiares. Il est distant de 1250 mètres environ de la vaste forêt appelée Wald.

A l'approche de l'ennemi plusieurs personnes, femmes et enfants, entre autres les deux vicaires de Dudelange et de Tetange, Messieurs ZIMMER et BREYER, s'étaient sauvés dans ce petit bois. Mais au lieu de s'y cacher, les deux derniers le traversèrent pour gagner le Wald. Ils exhortèrent ceux qui les entouraient à prendre le même parti, avant que le Leh fût cerné par les tirailleurs.

Trois hommes les suivirent. Masqués par ses sinuosités du terrain et par les champs de blé, et courant de toute la vitesse de leurs jambes, ils franchirent l'espace qui sépare les deux bois, avant que les deux lignes des tirailleurs se fussent rapprochées l'une de droite, l'autre de gauche.

Cependant des cavaliers les aperçurent et les poursuivirent. Ils allaient succomber près des lisières de la forêt, lorsqu'une subite décharge sortie de cette même forêt, abattant un des hussards, déconcerta les autres et leur fit rebrousser chemin.

Au lieu de s'enfoncer dans la forêt, les volontaires de Burange et de Budersberg, ralliés aux gens de Gindt, s'arrêtèrent sur les lisières, et devinrent la sauvegarde de plusieurs villageois qui se dirigeaient de ce côté.

A l'approche des Français, Maurice SCHLOESSER, de Burange, s'enfuit aussi du côté du Wald, tenant dans ses bras son enfant âgé d'un mois. Il avait parcouru à travers les champs de blé une grande partie de l'espace qui sépare son village de la forêt, lorsque de loin deux hussards le découvrirent et s'élancèrent à sa poursuite. Quand il les aperçut, il songea à cacher dans un sillon l'enfant qui l'embarrassait dans sa course, mais il ne pouvait se résoudre à s'en séparer. Deux fois, il le déposa, deux fois il le reprit. L'amour paternel lui donnant de nouvelles forces, il allait atteindre le Wald lorsque les deux cavaliers le serraient de près. Les volontaires voyaient le danger, mais ils hésitaient à tirer, craignant de tuer l'homme au lieu des cavaliers. "Ah, c'est mon frère Maurice, s'écria l'un d'eux, tirons toujours, il est perdu, si nous ne tirons pas." A l'instant, ils couchent en joue les hussards, ils font feu et les deux cavaliers tombent. Le père et l'enfant ont été sauvés.

 

LE GAZON FUNÈBRE

Le bois investi par les troupes n'opposait plus de résistance. Les plus courageux des volontaires avaient épuisé leurs munitions. Ils s'étaient en grande partie cachés dans les buissons.

La destruction de ces victimes était facile au vainqueur ; il songeait à la rendre éclatante.

Sur la lisière occidentale, en face des villages, un gazon sépare le bois des champs labourés. Les soldats le choisirent pour théâtre de leur vindicte.

Pendant qu'un peloton s'y range en ordre de bataille pour présider à une sanglante vengeance, les soldats qui enveloppaient le bois se mettent à traquer les hommes cachés, comme on traque des bêtes fauves. Ils les tirent de leurs cachettes, les entraînent sur ce gazon fatal, suivis l'un de sa mère, l'autre de son épouse, car des femmes aussi et des enfants s'étaient réfugiés dans ce bois.

Une de ces femmes, s'épuisant en vain à implorer la pitié, tenait son mari embrassé et fut fusillée avec lui. Les témoins s'accordent à dire qu'elle a été tuée, mais quelques-uns disent qu'elle n'a subi ce sort que parce que, la peur lui ayant fait perdre la tête, elle avait endossé la giberne de son mari, garnie encore de quelques cartouches. Cette version paraît la plus probable. La colère du soldats n'en voulait qu'aux hommes armés. Le sexe et l'âge ont été épargnés. Toutefois on a dépouillé les femmes de leurs bagues, de leurs boucles d'oreilles et des croix qu'elles portaient.

QUARANTE-DEUX hommes ont été fusillés de la sorte. Ce massacre durait longtemps. Les captifs n'ont pas été tués tous ensemble, mais traînés sur le gazon au fur et à mesure qu'on les retira des broussailles.

Je passe sous silence les outrages et la dérision amère qu'on leur a fait subir et dont la tradition s'est conservée dans le village. Il y a peut-être de l'exagération, quoique les exécutions par les tribunaux révolutionnaires offrissent à cette époque plus d'une scène brutale.

 

LES QUATRE HOMMES CACHÉS

Pendant que quarante-deux habitants, la plupart pères de famille, rougissaient de leur sang ce gazon funèbre et que leurs veuves l'arrosaient de leurs larmes, quatre hommes eurent le bonheur d'échapper à ce massacre.

NICOLAS ZEIMES, de Dudelange, jeune et robuste, avait épuisé ses munitions en se défendant jusqu'à la dernière extrémité. Cerné par les tirailleurs, il s'élance, renverse à coups de crosse ceux qu'il trouve sur son passage, et parvient à gagner le bois. Heureusement les balles qui sifflaient autour de lui ne l'ont pas atteint. Il courut se cacher dans un buisson épais.

NICOLAS VINCENT, poursuivi de près, s'était aussi retiré dans le bois. Il vint se blottir par hasard dans les mêmes broussailles. Il m'a raconté lui-même son aventure et son angoisse. Zeimes, dit-il, était avant moi dans ce massif. Il avait caché son corps, mais ses jambes sortaient ; je m'en aperçus en heurtant contre elles. Malheureux, lui dis-je à l'oreille, en rampant à ses côtés, tirez donc vos jambes à vous, sans quoi nous sommes perdus. - Ces deux hommes n'ont pas été découverts.

Deux autres, JEAN HIPPERT et MICHEL KAYL, de Dudelange, s'étaient perchés sur des arbres touffus. Ils n'ont pas été aperçus non plus.

 

LE VOEU FAIT A LA SAINTE VIERGE

Deux officiers des volontaires, NICOLAS SCHINTGEN et NICOLAS KAYSEN, avaient soutenu près de Seilesch les efforts de PIERRE GAASCH. Ils se sont arrêtés trop longtemps. La retraite dans le Leh leur était coupée, leurs munitions épuisées ; la fuite à travers les champs était leur unique ressource, mais une ressource dangereuse à l'approche des cavaliers. Ils se résignent à leur sort. Ils se couchent dans un champ de blé intermédiaire entre l'endroit où Gaasch a été martyrisé et entre le Leh où les 42 ont été passés par les armes. Là, couchés par terre, entendant autour d'eux les fusillades meutrières, privés de tout secours humain et s'attendant à chaque instant à recevoir le coup mortel, ils implorent la protection de la sainte Vierge, mère des affligés. C'était précisément le premier samedi de l'octave, la veille du quatrième dimanche après Pâques.

Ils forment le voeu de faire dire chacun pour un louis d'or des messes dans la chapelle de Notre-Dame à Luxembourg.

Les républicains allaient et venaient, des cavaliers passaient à côté d'eux sans leur faire de mal, soit qu'ils ne les aperçussent pas (en mai 1794) le blé avait 4 à 5 pieds de hauteur) soit qu'ils les crussent morts.

 

RETRAITE DE HAMILIUS ET DE SCHMIT

Quelque temps après l'attaque, un corps de troupes françaises arrivait de Souftgen se dirigeant sur Dudelange. Les uns supposent qu'il était destiné à attaquer les Autrichiens par derrière et à leur couper la retraite dans le Roeserthal. D'autres prétendent que ce n'était qu'une patrouille qui voulait pousser jusqu'au champ de bataille. Quoi qu'il en soit, avant-garde ou patrouille, ce corps de cavaliers se trouva subitement en face des hommes qu'HAMILIUS et SCHMIT conduisaient dans le Wald.

Pour échapper au premier danger, ils étaient allés malencontreusement au-devant d'un autre. Voyant arriver au pas, à l'endroit dit Blauklap, le détachement de hussards, les volontaires allaient se débander, espérant gagner à la course les lisières du Derrenbusch, dont ils n'étaient pas bien éloignés. "Tenons ferme, camarades, s'écria l'officier, si nous fuyons, nous serons sabrés. Restons en garde derrière ces haies, ils ne sont pas nombreux. Quelques décharges leur feront rebrousser chemin." Il en fut ainsi. Reçus par une vive décharge, les cavaliers tournèrent bride, soit pour aller annoncer à la tête de la colonne dont ils formaient l'avant-garde, qu'ils avaient touché aux tirailleurs de l'ennemi, soit parce que comme patrouille, ils n'étaient pas assez nombreux pour engager une escarmouche.

Les volontaires eurent le temps de se sauver dans la forêt.

 

DÉPART DES FRANÇAIS

Entre 4 et 5 heures de relevée, le général quitta un champ de bataille où il n'eut affaire qu'à des paysans.

Toute la division se retira dans ses cantonnements.

Le feu n'a pas été mis au village, aucune maison n'a été incendiée. Une faible escorte fut chargée de conduire les prisonniers sur le territoire français.

Quelques jours après, le même corps de LEFEBVRE MARCHA SUR ESCH QU'IL RÉDUISIT EN CENDRES.

 

FAITS ISOLÉS

Nous avons déjà dit que le 17 mai était un samedi. Quelques hommes de Dudelange s'étaient mis en route de grand matin pour se rendre au marché de Luxembourg. Chemin faisant, ils entendirent le tocsin ; ils retournèrent aussitôt pour ne pas manquer à l'appel. Ils ont trouvé la mort.

De ce nombre était entre autres DOMINIQUE BERCHEM, agent et officier. Se rendant à Luxembourg avec son épouse, ANNE REUTER, il approchait de Burange, quand le signal fatal annonçait le danger. Il avait dans sa maison le dépôt de poudre et il en était le distributeur. "Je dois retourner, dit-il à sa femme ; si jamais une affaire sérieuse s'engageait, si, dans ce cas, les munitions étaient épuisées, et que je ne fusse pas là pour en distribuer, que dirait-on ?" La femme avait un sinistre pressentiment. Elle lui fit les plus vives remontrances pour l'engager à continuer sa route, mais l'appel du tocsin prévalut. Il a été fusillé près du village.

Un jeune homme de Dudelange, garçon-meunier au moulin de Bettembourg, à la première nouvelle que les Français attaquaient son village, accourut au secours. Il est resté sur le champ de bataille.

A la vue du massacre, un homme septuagénaire de Burange, simple d'esprit, saisit une perche et se dirigeant d'un pas chancelant sur un peloton ennemi posté dans le chemin près de Hanzen : "Il faut les tuer, s'écria-t-il (ech muss se quieken)," en brandissant son arme inutile. Un coup de fusil tiré à brûle pourpoint l'envoya dans l'autre monde.

 

LES PRISONNIERS

Quand le général Lefebvre eut arrêté l'effusion de sang, le reste des combattants que l'on a retirés du Leh furent faits prisonniers. C'étaient entre autres BERNARD HENGESCH et CHRISTOPHE BERWICK. Celui-ci était blotti derrière un arbre quand les soldats l'arrêtèrent. Levant des mains suppliantes : "Je suis père de 7 enfants, dit-il, laissez-moi la vie." Vous aurez la vie sauve, lui répondit-on, mais vous êtes notre prisonnier, suivez-nous. JEAN HIPPERT, caché dans le feuillage d'un arbre, entendit ces paroles.

Lorsque ces prisonniers sous bonne escorte traversaient le quartier, dit Boitenburg, la femme de Berwick avec deux de ses filles, encore enfants, se trouvait sur leur passage. L'une des filles s'écria : Papa, papa ! A cette vue et à cette voix, le malheureux père enfonça son chapeau dans la tête pour cacher ses larmes. Il avait entendu le dernier mot d'adieu de la bouche de son enfant.

Quelques hommes avaient été faits prisonniers en rase campagne, mais le plus grand nombre a été arrêté dans les villages. C'étaient des vieillards.

 

ENTREVUE DES VINCENT

Avant le départ l'un d'eux demanda à parler à un officier ; conduit devant lui : "Citoyen, dit-il, je n'ai pas porté les armes contre les Français, mes compatriotes. Je suis moi-même Français de naissance". - De quel endroit êtes-vous ? lui demanda l'officier. - Je suis de Meinville. - Mais moi aussi je suis de cet endroit. Quel est votre nom ? Je m'appelle FRANÇOIS VINCENT. - Parbleu ! je m'appelle Vincent aussi, serions-nous parents ! Il ordonna de lâcher le prisonnier.

Après avoir obtenu sa grâce, il joint ses mains en suppliant pour implorer celle de ses compagnons d'infortune. La plupart vieillards comme moi, ils sont, dit-il, tous aussi innocents que moi. L'officier ému promit ses bons offices.

 

SORT DES PRISONNIERS

La mise en liberté du vieux Vincent ralluma une étincelle d'espoir dans le coeur des malheureux que l'on emmenait captifs sur le sol étranger. Ils n'étaient pas garottés, mais escortés seulement de 6 à 12 soldats.

Chemin faisant les plus jeunes conçurent le projet de se jeter sur l'escorte à corps perdu, de la désarmer et de se sauver par la fuite. Les vieillards déconseillèrent l'audacieuse tentative. Ils comptaient sur leur innocence, sur la pitié des Français et sur la promesse du brave officier. Un de ces vieillards, HYACINTHE HAMILIUS, leur chuchotta à voix basse ces paroles : "Nous sommes prisonniers de guerre et nous serons traités comme tels. Écoutez mes conseils, je connais les usages de la guerre, j'ai été 30 ans soldats, j'ai servi sous Marie-Thérèse et sous les empereurs."

BERNARD HENGESCH (dit Faubourg), de Burange, ne se berçait pas du même espoir. Voyant que ses camarades ne voulaient pas suivre son avis, il songea à sauver sa personne. Arrivé près du bois dit Oidemsbusch au-delà de Tetange, sur les frontières de la France, il demanda de pouvoir s'arrêter un instant pour satisfaire à un besoin. Un soldat gardien resta à côté de lui.

Quand l'escorte, continuant sa route, se fut un peu éloignée, il échappa brusquement et se sauva dans la forêt. Je l'ai connu ; c'était l'homme le plus ingambe du village.

Les autres prisonniers furent conduits à Tiercelet, village français limitrophe, autrement appelé Loor (quartier-général du corps d'armée commandé par Lefèbvre)

La vue de ces paysans autrichiens et plus encore la vue de 6 à 8 voitures chargées de soldats français, tués ou blessés pendant le combat, voitures qui arrivaient presque simultanément avec les captifs, aigrirent les fervents républicains.

Les malheureux prisonniers ont été forcés à creuser eux-mêmes leur tombe ; agenouillés ensuite sur les bords de la fosse, ils ont été fusillés.

Parmi les prisonniers se trouvait M. HANSEN, curé de Dudelange. Vieillard infirme, qui n'était plus en état de faire le service divin, moins encore de faire le chemin à pied, il avait été transporté sur un chariot jusqu'à Tiercelet.

Au moment d'être passé par les armes, à la sollicitation d'un officier supérieur, il obtint grâce et un sauf-conduit pour revenir pleurer avec les veuves et les orphelins de sa paroisse et pour être enterré quelques temps après, à côté des martyrs de son village.

 

DÉSOLATION

Les villages ont été pillés. Bestiaux, provisions, linge, meubles, chariots, tout a été  emporté.

Burange a sauvé en grande partie ses chevaux et ses bêtes à cornes, grâce à la présence d'esprit et à la protection de Gindt et de son détachement. Mais DUDELANGE a presque tout perdu. Quelques attelages cependant ont été sauvés par l'intrépidité des garçons. Poursuivis par les hussards du côté de Brandenbusch, ils ont lancé leurs chevaux au grand galop, et sur le point d'être atteints par un des cavaliers qui devançait les autres, un des garçons qui portait le fusil en bandoulière sur l'épaule, fit volte-face sur son cheval et mit le hussard hors de combat. Ils se sauvèrent dans le Brandenbusch.

Les pertes matérielles étaient les moins pénibles, la désolation morale était à son comble. La plupart des hommes tués étaient, des pères de famille, laissant des veuves et des enfants sans soutien et sans ressource.

Fuyant ces lieux d'horreur, une grande partie de la population émigra le même jour dans le Roeserthal, où des maisons opulentes leur accordèrent une généreuse hospitalité.

Les quatre hommes cachés dans le Leh et ceux qui s'étaient cachés sur le Rothenberg s'échappèrent également, nuit tombante, dans la même direction. Voici en quels termes, l'un d'eux, JEAN KLEPPER a raconté cette migration :

A l'approche de la nuit, je descendis furtivement jusqu'auprès du village, je me glissai peu à peu jusque dans ma maison, qui était devenue une solitude. Fuyant ce lieu de terreur, je me dirigeai vers la vallée de Roeser.

Arrivé à Fentange près de la maison Stiff, j'entendis des cris et des sanglots de femmes et d'enfants.

Ce sont les nôtres, me suis-je dit, et, en entrant, j'y trouvai plus de 40 personnes de Dudelange, hommes, femmes et enfants. Ce spectacle a déchiré mon âme. Les pauvres mères épuisées par les larmes, la frayeur et la douleur, s'efforçaient encore de consoler leurs enfants qui pleuraient à chaudes larmes."

Le lendemain matin, jour de dimanche, la triste caravane se rendit à l'église. Le service faillit être interrompu par les lamentations qui ont navré tous les coeurs.

 

SÉPULTURES

Les Français emportèrent sur des chariots leurs blessés et leurs morts. Les paysans qu'ils avaient tués restèrent sans sépulture. Quand la mort enlève à une famille son chef, on entoure sa dépouille avec une religieuse vénération et on lui rend les derniers devoirs avec une sollicitude empressée. C'est la voix de l'humanité, le tribut de la pitié filiale et une consolation pour les survivants.

DUDELANGE n'a pas eu cette consolation.

Tout, jusqu'à la sépulture, y avait le caractère d'une lamentable détresse.

Les hommes échappés à la catastrophe s'étaient sauvés dans les bois et dans les villages éloignés ; ils n'osaient rentrer dans leurs foyers de peur d'être surpris.

Plus épouvantés encore, les femmes et les enfants avaient fui ces lieux de terreur et de massacre. Les habitations pillées étaient désertes ; il ne restait autour d'elles que les cadavres abandonnés par ceux mêmes qui éprouvaient le plus vif regret de ne pouvoir leur rendre un triste et dernier devoir.

Deux hommes eurent le courage de venir dans cette affreuse solitude leur rendre le pieux office que Tobie rendait aux Israélites pendant la captivité.

CLAUDE et NICOLAS FLAMMANG de Dudelange portèrent les morts sur leur dos jusqu'au cimetière. Ils y creusèrent une fosse et confondirent dans le même tombeau les malheureux que leur sort avait enveloppés dans la même catastrophe.

Ce n'est que plusieurs semaines après, quand les habitants furent rentrés dans leurs maisons, que le premier service funèbre fut célébré. Depuis, renouvelé tous les ans le 17 mai, il rappelle aux enfants et aux petits-enfants le souvenir du déplorable événement.

 

lys et croix

 

NÉCROLOGIE

74 personnes (72 hommes, une femme et une fillette, âgés de 5 à 80 ans) trouvèrent la mort, en cette meurtrière journée du 17 mai 1794.

HOMMES TUÉS QUI ONT ÉTÉ ENTERRÉS A DUDELANGE

 

1          PIRSCH PIERRE, Ermite au Mont St-Jean, 50 ans

2          CREMER JEAN, Budersberg, 30 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

3          SADELER FRANÇOIS, Budersberg, 22 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

4          LANG PIERRE, Burange, 43 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

5          ROOB PIERRE, Burange, 70 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

6          WINKEL JACQUES, Burange, 55 ans

7          KRIER MARGUERITE, Burange, 46 ans, épouse du précédent, a laissé 2 orphelins

8          BRUCK JEAN, Burange, 43 ans, a laissé une veuve

9          MOLTER JACQUES, Burange, 34 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

10        SADELER NICOLAS, Burange, 55 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

11        IRTHUM NICOLAS, Burange, 66 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

12        BLITGEN HENRI, Dudelange, 29 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

13        WEYRICH JEAN, Dudelange, 39 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

14        FRITSCH PIERRE, Dudelange, 45 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

15        BERCHEM DOMINIQUE, Dudelange, 36 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

16        EYDEN PIERRE, Dudelange, 55 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

17        LAUX PIERRE, Dudelange, 56 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

18        GRIMELER MICHEL, Dudelange, 36 ans, a laissé une veuve et 1 enfant

19        DICKES JEAN, Dudelange, 56 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

20        TONT BAPTISTE, Dudelange, 53 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

21        KLEIN LÉONARD, Dudelange, 43 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

22        BERWICK NICOLAS, Dudelange, 50 ans, a laissé une veuve et 1 enfant

23        GAASCH PIERRE, Dudelange, 60 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

24        HOMMEL HENRI, Dudelange, 28 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

25        LAMBERT PIERRE, Dudelange, 70 ans, a laissé une veuve et 1 enfant

26        GAASCH NICOLAS, Dudelange, 66 ans, a laissé une veuve et 1 enfant

27        KRIER MATHIAS, Dudelange, 50 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

28        BLITGEN DOMINIQUE, Dudelange, 40 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

29        GOEBLING THÉODORE, Dudelange, 48 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

30        SCHMIDT MICHEL, Dudelange, 33 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

31        REUTER ANTOINE, Dudelange, 46 ans, a laissé une veuve et 1 enfant

32        HENGESCH BAPTISTE, Dudelange, 49 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

33        LAROSCH JEAN, Dudelange, 46 ans, a laissé une veuve et 6 enfants

34        WOLFF NICOLAS, Dudelange, 56 ans, a laissé une veuve 4 enfants

35        WEBER DOMINIQUE, Dudelange, 50 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

36        OETTINGER BERNARD, Dudelange, 44 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

37        LAMBERT HENRI, Dudelange, 55 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

38        LANGER PIERRE, Budersberg, 26 ans, non marié

39        KRIER PIERRE, Burange, 40 ans, non marié

40        HENGESCH JEAN, Burange, 36 ans, non marié

41        BRUCK JACQUES, Burange, 48 ans, non marié

42        ROOB NICOLAS, Burange, 32 ans, non marié

43        OETTINGER JEAN, Burange, 38 ans, non marié

44        CUNS NICOLAS, Dudelange, 20 ans, non marié

45        CUNS JEANNETTE, Dudelange, 5 ans

46        SCHOENTGEN PIERRE, Dudelange, 43 ans, non marié

47        SCHMIDT JEAN, Dudelange, 46 ans, non marié

48        MAY JEAN, Dudelange, 46 ans, non marié

49        DUREN MICHEL, Dudelange, 36 ans, non marié

50        WILLEMS DOMINIQUE, Dudelange, 58 ans, non marié

51        MAY JACQUES, Dudelange, 62 ans, non marié

52        SPEYER NICOLAS, Dudelange, 58 ans, non marié

53        SPEYER MICHEL, Dudelange, 22 ans, non marié

54        STEICHEN NICOLAS, Dudelange, 40 ans, non marié

55        LAMBERT PIERRE, Dudelange, 52 ans, non marié

56        SCHANEN PIERRE, Dudelange, 26 ans, non marié

57        KLEPPER JEAN, Dudelange, 28 ans, non marié

58        SCHUMACHER JEAN, Dudelange, 22 ans, non marié

59        KRIER NICOLAS, Dudelange, 70 ans, non marié

 

HOMMES FUSILLÉS A TIERCELET

60        HESSE JACQUES, Burange, 56 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

61        CUNY JEAN, Burange, 50 ans, a laissé une veuve et 5 enfants

62        LANG MATHIAS, Dudelange, 70 ans, a laissé une veuve et 4 enfants

63        LANG PIERRE, Dudelange, 50 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

64        WEYRICH GUILLAUME, Dudelange, 80 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

65        HAMILIUS DOMINIQUE, Dudelange, 40 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

66        BERWICK CHRISTOPHE, Dudelange, 45 ans, a laissé une veuve et 7 enfants

67        STEINES JACQUES, Dudelange, 32 ans, a laissé une veuve et 1 enfant

68        HOFFELT CLAUDE, Dudelange, 60 ans, a laissé une veuve et 5 enfants

69        HAMILIUS HYACINTHE, Dudelange, 80 ans, a laissé une veuve et 5 enfants

70        WEBER BERNARD, Dudelange, 52 ans, a laissé une veuve et 3 enfants

71        BRENDEL PIERRE, Dudelange, 46 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

72        BLITGEN MATHIAS, Dudelange, 70 ans, a laissé une veuve et 2 enfants

73        KRIER JEAN, Dudelange, 30 ans, non marié

74        HAINEN JEAN, Dudelange, 22 ans, non marié

 

BROCHURE DE CHRISTIANI

Le sieur Christiani, secrétaire-général du département des Forêts, étranger à ce pays a publié à Luxembourg, en 1805, an XIII de la République, un précis historique et chronologique du Pays de Luxembourg.

Dans cet opuscule on lit page 163 ce passage : "Les habitants des campagnes avaient été armés contre les Français par le général autrichien ; ils exerçaient sur eux les fureurs que l'on avait su leur inspirer, quand ils pouvaient le faire impunément. Les Français usent de représailles à Dudelange le 17 mai."

Les faits ci-dessus produits prouvent de quel côté ont été les fureurs et le démon qui les a inspirées.

 

Extrait : Publications de la Société pour la recherche et la conservation des Monuments Historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, constituée sous le patronnage de Sa Majesté le Roi Grand-Duc - II - Année 1846 - par J.B. Wolff

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Commentaires
E
Une simple croix en pierre, située derrière le Parc Le'h, rappelle les faits tragiques d'antan. Pourquoi ne pas publier une photo de ce modeste munument dans votre article bien documenté?
Répondre
A
merci pour ce texte bien documenté. Je suis descendant de Nicolas Wolff et ne connaissais que peu de cette tragédie. J'avais déjà vu la chapelle commémorative du cimetière de Dudelange et lu un texte plus ancien moins précis que celui-ci.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis une descendante de Baptiste Hengesch.<br /> <br /> Cela fait plaisir de trouver un article sur le massacre de Dudelange, parce qu'on en parle peu...<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement,
Répondre
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