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La Maraîchine Normande
24 mars 2016

PUYBELLIARD - MESNARD-LA-BAROTIÈRE (85) - ABRAHAM-MICHEL CORNU, CURÉ (1755-1806)

Mesnard-la-Barotière

 

[Fils d'Abraham Cornu, notaire et procureur, et de Damoiselle Marguerite Brega, Abraham-Michel est né à Puybelliard, le 14 avril 1755, baptisé le lendemain.]

 

CORNU ABRAHAM acte naissance

 

Avant d'être curé de la Barotière, M. Cornu avait été vicaire d'Ardelay, du 29 mai 1779 au 3 juillet 1785.

En 1790, il refusa le serment schismatique, et put se soustraire à la loi de déportation en se cachant dans le pays, où il continua à exercer le ministère.

Le 4 août 1795, il assista 46ème sur 57, au Synode du Poiré, et signa, avec 14 autres prêtres de la région, le 18 juillet 1796, une pétition au général Hoche pour le remercier d'avoir assuré dans la Vendée le libre exercice du culte catholique.

CORNU Abraham signature

Le 13 pluviôse an V (1er février 1797), dans une demande pour être relevé de la déportation qu'il avait encourue, il exposa "qu'il a toujours habité la Barotière, qu'il s'est entremis pour la reddition des armes qui ont été déposées le 24 frimaire an IV entre les mains de l'adjudant-général Watrin, commandant le canton de Saint-Fulgent". Sa requête est apostillée par les commissaires de la commune de la Barotière, "n'ayant point encore de municipalité organisée dans le canton". Il ajoute "qu'il n'a point prêté le serment ; qu'il jouissait paisiblement dans une petite métairie, sise commune d'Etienne de Brillouet, canton d'Hermine. A la pacification, il a réclamé au fermier le prix de ferme en retard ; le fermier voulait bien payer, mais le receveur du bureau d'Hermine a fait saisir les prix de ferme échus, comme appartenant à un déporté."

L'Administration répondit, le 9 nivôse an V, que "Michel Cornu, qu'on dit prêtre dans la commune de la Barotière, n'était pas relevé de la peine de déportation et ne pouvait obtenir main-levée sur des biens confisqués qui sont dévolus à ses héritiers." Cette situation de de cujus de son vivant n'était pas une des moindres singularités des lois d'alors.

L'esprit conciliateur de M. Cornu lui avait cependant acquis une certaine bienveillance de la part des autorités. En mars 1797, Allaire, commissaire du Directoire exécutif près du canton des Herbiers, disait dans son rapport : "Cornu a été fort tranquille jusqu'à présent." Le commissaire lui écrivit même pour "l'engager à dire au peuple, - au prône de la messe - au nom du gouvernement, qu'il n'y aurait point de réquisition de jeunes gens, comme veulent les en persuader les ennemis de la tranquillité publique, et de lui parler aussi de la soumission aux lois, qu'en faisant cela, il lui prouvera son dévouement pour le bonheur du peuple."

A quoi M. Cornu répondit, le 11 ventôse :

"Citoyen,
Je ne suis point de ces êtres dont la langue tient un langage différent de celui du coeur. Oui, citoyen, je veux et désire la paix, et si nous ne l'avons pas aussi complètement que je le désire, il n'en tient sûrement pas à moi. Oui, je vous promets de seconder vos intentions dans ce que vous désirez que j'annonce aux habitants de notre commune. Je t'ai déjà fait plusieurs fois différentes et le ferai avec plaisir.
Votre concitoyen,
CORNU."

L'intérêt de la paix et surtout le souci de ne pas priver les fidèles de l'exercice du culte engagèrent M. Cornu à prêter le serment exigé par la loi du 19 fructidor an V, après le coup d'état jacobin du 18. Dans son rapport décadaire du 21 vendémiaire an VI, Le Huby, commissaire près le canton des Herbiers, note : "On n'exerce aucun culte dans le canton, sinon à la Barrotière dont le ministre s'est conformé à la loi du 19 fructidor dernier. Nous avons célébré la fête de la République le 1er vendémiaire avec toute la pompe que nous permettent les circonstances ; mais nous avons le désagrément de voir s'en éloigner les peuples des campagnes." M. Cornu avait été témoin de cette fête, car l'État dressé après le 18 fructidor par la police générale porte qu'il résidait aux Herbiers.

Un autre rapport, de la fin de thermidor an VI, dit rétrospectivement : "Il existait dans ce canton (les Herbiers) quatre prêtres réfractaires à l'époque du 18 fructidor ... Le dernier, appelé Abraham-Michel Cornu a fait sa déclaration de soumission aux lois, et exerce à la Barrotière où il était ministre avant la Révolution ; il n'a aucune influence sur l'esprit du peuple."

M. Cornu continua de s'acquitter de son ministère sans encombre. Le rapport du préfet de la Vendée au ministre de l'Intérieur, du 11 thermidor an X, le signale comme ayant fait la promesse de fidélité à la Constitution de l'an VIII : "talents médiocres, conduite fort sage." La loi du 3 prairial an X le compte au nombre des ecclésiastiques pensionnés par le gouvernement.

Après le Concordat, il fut confirmé officiellement dans la cure de la Barotière, où il mourut dans les premiers jours de février 1806 [le 6].

CORNU ABRAHAM acte décès

La Barotière n'eut point de curé constitutionnel. L'église fut vendu nationalement le 17 germinal an VI. M. Cornu acheta le presbytère, qu'il légua plus tard à la commune par un testament passé aux Herbiers le 3 février 1806, la veille de sa mort.

Extrait : La Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l'Ouest - 18ème année - 1ère livraison - 1905 - p. 122-123-124

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