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La Maraîchine Normande
9 février 2016

L'ÎLE-D'OLONNE (85) - ANDRÉ-THOMAS PAILLAUD, PRÊTRE (1759-1823) ET QUELQUES-UNS DE SES SUCCESSEURS

L'Île d'Olonne

Fils de maître André Paillaud, chirurgien et de demoiselle Marie-Catherine Massé, André-Thomas est né le 15 mai 1759 à l'Île d'Olonne.

Acte naissance André-Thomas Paillaud

[Il fut vicaire d'Aizenay en 1783, puis curé de Chauché en 1787, curé de Nieul-le-Dolent de 1787 à 1792. (Dictionnaire des Vendéens - AD85)]

André-Thomas Paillaud, de l'une des principales familles du lieu, au retour de ses cinq ans d'exil en Espagne, y fut nommé curé, curé de sa propre paroisse natale (1802). Il logea d'abord dans sa propre maison à lui, puis dans l'ancien presbytère vendu comme bien national, bientôt recouvré par ses soins, par acte devant Laurent Paillaud, notaire public aux Sables, le 12 thermidor, an XI de la République Française (31 juillet 1803) ; fait et passé au bourg de l'île dans la maison et demeure de Jean Martin, heure de midi, sous la signature des parties comparantes intéressées.

André-Thomas Paillaud, prêtre et desservant de l'Île d'Olonne, est décédé à la maison de la Cure, le 18 juillet 1823.

Acte décès André-Thomas Paillaud prêtre

M. Thomas Paillaud décédé, plus de curé à l'île. En attendant un nouveau pasteur, M. Girard, curé d'Olonne eut avis de l'Évêché d'avoir à prêter provisoirement le secours de son ministère à la paroisse en détresse. Pour le légitime salaire en retour, la chose examinée en conseil de mairie, fut réglée par la délibération suivante dont nous conservons la construction et l'orthographe :

"Aujourd'hui, le 1er octobre 1823, le Conseil municipal de la commune rassemblé pour délibérer sur une "pencion" à accorder à M. le Curé d'Olonne pour déservir laditte commune, est décidé de lui payé une somme de deux cents cinquante francs payable par trimestre, a commencé du 1er novembre de la ditte année. En Conseil municipal, les jour, mois, an que dessus, sur les dix heures du matin et avons signés pour les mots présents, entre :
P. Richard, Mairand, Martin, J. Rideau, Gruer, Jean-François Guignard, maire, Girard, prêtre."

Mais M. le Curé d'Olonne trouvant avoir trop sur les bras, de sa populeuse paroisse et de celle de l'Île en surcharge, demanda à être délivré du double service religieux. On eut alors recours à M. le Supérieur du Petit Séminaire des Sables, qui était alors M. Menuet. Celui-ci, autorisé par Mgr Soyer, accepta bien volontiers le soin du ministère à remplir dans la paroisse de l'Île d'Olonne. Il s'y prêtait soit par lui-même, soit en s'y faisant remplacer par l'un de ses professeurs. Le plus souvent envoyé à sa place fut M. Drouet, professeur de rhétorique, qui plus tard, entra dans le clergé algérien et mourut curé-archiprêtre d'Oran. Mais ordinairement, c'était M. Menuet lui-même qui venait célébrer les offices le dimanche et les jours de fête ; c'était lui qui assistait les malades et présidait les sépultures.

A cette époque, vivait à l'Île le bon François Guignard dont nous avons vu la signature plus haut. Gros négociant de sel, François Guignard était maire de la commune et chantre au lutrin, déjà même dans cette charge d'église, dès le temps de M. le curé Paillaud, M. Menuet dont il méritait l'estime et l'entière confiance, en fit son auxiliaire pour que tout marchât bien dans la paroisse, lui présent ou absent. D'ailleurs, en qualité de fabricien, il avait en main tout ce qui intéressait le religieux, percevait les places de bancs, faisait rentrer les sommes dûes, recueillait le boisselage de blé pour les frais du culte, tenait soigneusement à jour le livre-registre pour les recettes effectuées et les dépenses payées. M. Menuet régla avec ce bon maire le côté pratique pour aller chercher aux Sables, lui ou le professeur désigné, comme pour la table à servir, le logement et le coucher au besoin. Le Conseil municipal, réuni à cet effet, arrêta la chose dans deux délibérations, dont la teneur a son charme et à reproduire elles aussi telles.

Voici la première : "Aujourd'hui, le 24 octobre 1825, le Conseil municipal étant réuni à la mairie de ce lieu sur les onze heures du matin, pour délibérer entre eux et arriver au moyen le plus économique pour envoyer tous les dimanches et jours de fêtes de l'année, s'il est besoin cherché un prêtre qui a été promis par M. le Supérieur du Petit Séminaire des Sables, pour desservir, a fait prévenir les gens propre pour faire ce service, étant au nombre de dix, étant présentés, nous avons mis au rabais la somme qui lui serait allouée et payée par la Commune. Le premier demandant a été Pierre Raffin et André Rideau qui ont demandé soixante livres.

Ensuite Jacques Macoin et Thomas Hordonneau, 48 livres, Bernard, 47 livres. Enfin la dernière adjudication a été donnée audit Jacques Macoin et Hordonneau à la somme de quarante-quatre francs, et ensuite a été alloué pour celui qui fournirait la selle et la bride la somme de cinq franc. Ce qui fait un total de quarante-neuf franc, a commencé le 31 octobre dimanche prochain. Ce qui a été consenti de pard et d'autre. Clos et arrêté en conseil, les jours, mois et an que dessus et avons signé : J. Rideau, Martin, P. Richard, Gruer, C. Mairand, L. Grelier, F. Trichet, F. Guichard, maire, André Gaudouin, adjoint."

On le voit, pas question d'automobile, pas même du plus simple cabriolet trop de luxe pour l'Île alors, du reste inserviable pour affronter les fondrières aux abords de la modeste localité à partir du bas de la montée de la "Violette", et surtout passé le pont de Vertou, qui n'était alors qu'un pont de fortune, assez étroit, pour traverser la rivière de ce nom. État déplorable de cette pauvre commune de l'Île qui la faisait justement appeler par M. le Curé MIchaud, archiprêtre des Sables, d'agréable mémoire, "l'Île des Vases". État dans lequel les anciens, - celui qui tient la plume en est - ont vu l'Île d'Olonne et son chef-lieu. L'aspect propret du bourg de l'Île aujourd'hui, avec ses deux routes bien entretenues qui le traversent, ses rues nettoyées soigneusement tous les samedis par le cantonnier communal et ses maisons blanchies au lait de chaux, ôte toute idée de ce qu'il était autrefois, rempli de mares d'eau se desséchant à peine dans les chaleurs et se touchant les unes les autres, et inondé en partie chaque hiver, sans parler de ses ruages et "cairuages" fangeux, et de ses "fombrays", casses à fumier, le plus près possible des maisons, souvent à la porte des maisons, si minutieusement spécifiés dans les actes publics déterminant les dépendances des habitations.

Les générations présentes à l'Île peuvent-elles croire ? ... Les générations futures pourront-elles imaginer ? Et pourtant on vivait aussi heureux dans ce temps, quoique moins paré.

Étant terminée cette digression non sans intérêt, pour dépeindre et faire revivre l'époque où des prêtres de secours avaient à exercer le saint ministère à l'Île d'Olonne, venons à ce que fut entendu pour eux quant à la nourriture, au logement et au coucher, quand il faudrait.

La deuxième délibération du même jour après suspension de quelques moments de la séance, va le dire :

"Aujourd'hui, 21 octobre 1825, le Conseil municipal étant réuni par la même raison ci-dessus, pour procurer un logement au desservant qui doit venir, propre et convenable à sa qualité, désigne la maison d'André Gandoin pour lui procurer son repas et logement de nuit en cas de besoin ; et ayant prévenu ledit Gandoin et sa femme sont convenus de lui faire son boire et manger à un franc cinquante centimes par repas et de lui donner un lit au cas de besoin pendant trois mois à commencer comme dessus, et avons signé (Suivent les mêmes signatures que dessus)."

On avouera qu'on n'était pas au temps de la "vie chère". Cependant, malgré le faible écot, le menu de Mme Gandoin était copieux et bien préparé. M. Menuet l'en complimentait, ajoutant aimablement le reproche, qui n'y changeait rien, qu'elle en faisait trop. Plus tard dans sa haute charge, le Vicaire Général, rappelant à l'occasion son ministère de circonstance, à l'Île, se plaisait à dire : "Combien Mme Gaudoin, si dévouée au prêtre qu'elle recevait et si diligente comme Marthe à le bien servir, était bonne !"

Cette large parenthèse d'intérêt local, rappelant les conditions du commerce à l'Île autrefois, étant fermée, il y a hâte de revenir à la principale question d'intérêt, à celle concernant le côté religieux.

Donc, M. Menuet, nommé Vicaire Général, ayant quitté les Sables d'Olonne pour habiter Luçon, comme il le fallait, le nouveau Supérieur qui le remplaça au Petit Séminaire, le brillant abbé Dalin ne crût pas possible de continuer les mêmes secours de ministère à la paroisse de l'Île, et pour la seconde fois le curé d'Olonne fut chargé d'y pourvoir. Bien pour le service des malades et pour les sépultures le cas se présentant ; mais pour les baptêmes, il fallait aller à Olonne, et pour les offices des dimanches et jours de fêtes, plus de prêtre pour les célébrer, à moins que M. le Supérieur du Séminaire des Sables n'envoyât l'Économe de son établissement, M. Augereau, pour obvier à la désolante lacune, mais pas régulièrement, ce qui obligeait pour entendre la messe le dimanche et suivre les offices d'aller, si on y allait, soit à Olonne, soit dans d'autres paroisses rapprochées comme Vairé et Saint-Martin-de-Brem, Saint-Mathurin n'existant point. Cet état de chose pouvait-il durer ? Le bon maire de l'Île d'Olonne ne le pensait pas. Aussi multipliait-il ses insistances auprès de son Évêque pour qu'il daignât y mettre fin, priant M. Menuet, autant l'ami de Mgr Soyer que son Grand Vicaire, d'intervenir près de lui en faveur de la paroisse qu'il ne devait pas avoir oubliée.

Le maire de l'Île apprenant que Mgr Soyer était au Petit Séminaire des Sables, sans plus de retard, s'y rend et fait demander audience à Sa Grandeur, audience aussitôt accordée avec la meilleure grâce. Mgr Soyer sachant bien ce que le bon maire de l'Île d'Olonne venait lui demander, tout de suite lui dit : "Monsieur le Maire vous voulez donc un curé, mais pourrez-vous le faire vivre ?" Cette question inattendue provoqua le mot de guerre du père Guichard qui lui échappa : "Sartimil, Monseigneur, répondit-il, non seulement nous mettrons du blé dans son grenier pour qu'il en ait en suffisance, mais aussi assez de vin dans sa cave pour qu'il en faut pour lui et pour offrir à ses amis." (Ainsi fut fondé l'usage du boisselage du vin, propre à la paroisse de l'Île d'Olonne, toujours conservé depuis et qui continue de se pratiquer quoique soit aboli le boisselage du blé.)

Mgr Soyer dont la dignité grave était la caractéristique ne put retenir son sourire en donnant très aimablement congé au brave maire.

Peu de jours après, le maire de l'Île recevait cette lettre :

"Luçon, 27 septembre 1826.
J'ai nommé, M. le maire, un curé pour votre paroisse, c'est M. Boucard, ancien vicaire de Noirmoutier, en ce moment à Falleron, dans sa famille. Cet ecclésiastique a reçu l'ordre de se rendre à l'Île, et je suis persuadé que vous ne tarderez pas à le voir parmi vous. Au reste, M. le maire, vous pourriez vous entendre avec lui et tout concerter pour son arrivée. M. Boucard est un bon prêtre et la paroisse de l'Île sera contente de l'avoir pour curé.
RENÉ-FRANÇOIS, évêque de Luçon."

L'arrivée du nouveau curé ne tarda pas et il fut reçu à l'Île d'Olonne par le maire et la population avec la plus grande joie.

M. Boucard ne resta curé de l'Île que trois ans environ. Prêtre capable, mais assez original, sans prévenir personne, il partit nuitamment du presbytère, laissant la clé sous la porte, pour aller occuper la cure de Saint-Julien-des-Landes, à laquelle il était transféré, à l'insu de tout le monde dans la paroisse qu'il quittait d'une façon si extraordinaire.

Il demeura un assez grand nombre d'années dans ce nouveau poste qu'il quitta, par suite de difficultés survenues, pour se retirer définitivement à Falleron, son lieu d'origine, où il mourut à l'âge de 75 ans.

Il eut pour successeur à l'Île, M. Sourieau, du village de la Girvière d'Olonne, lieu de naissance du bon maire qui le connaissait certainement ; peut-être était-il allié à sa famille, M. Sourieau fut un curé très populaire et très aimé. Particularité à noter pour le faire avantageusement connaître : il aimait pendant les vacances de ses trois abbés du Grand Séminaire, à leur demander de lui poser des questions sur les différents traités de théologie qu'ils avaient étudiés, les défiant de l'embarrasser pour y répondre. Malgré tous leurs efforts et la dose de malice qu'ils y mettaient de leur aveu, ils ne purent jamais y réussir. Le bon prêtre, instruit, affable, accueillant, très dévoué au service des âmes, après trois années seulement de ministère à l'Île d'Olonne, mourut très regretté.

Ces trois abbés, cousins, étaient les trois dignes et saints prêtres que furent M. André Gandoin, mort curé de Saint-Pierre-du-Chemin ; M. Aimé Gandoin, doyen des Essarts, mort chanoine titulaire à Luçon et M. Pierre Richard, mort curé de Saint-Gervais, dont nous fûmes pendant 9 ans le très heureux vicaire, demandé par lui à Mgr Collet, quelques jours avant l'ordination de Noël 1866, comme étant son compatriote et son parent (ainsi que des deux autres Messieurs Gandoin).

Ces trois prêtres, l'honneur de leur lieu d'origine et apparentés aux principales familles, avaient reçu les premières leçons de latin de M. l'abbé Boucard, qui les leur continua à Saint-Julien même où ils allaient lui porter leurs devoirs et lui réciter leurs leçons trois fois par semaine, faisant six lieues à pied par n'importe quel temps et par les plus mauvais chemins, aucune route n'existant encore. Qui peut imaginer aujourd'hui un tel courage chez de jeunes enfants ? Fut-il vocation au sacerdoce plus fortement marquée du doigt de Dieu ? Quelle flamme juvénile à y correspondre avec une ardeur soutenue qui brave allègrement tous les obstacles ?

Tels ont paru trois enfants de la paroisse de l'Île d'Olonne appelés d'En-Haut ensemble au service des autels. Que Dieu suscite dans cette même paroisse où ils ont vu le jour, de dignes émules de leur fidélité à répondre à son appel et de leur admirable et constante générosité, une fois embrassée la carrière lévitique qui conduit au sacerdoce.


P. GROSSEBON, prêtre
[L'abbé Grossebon, auteur de ce texte, est décédé le 19 janvier 1925, dans sa 83e année]


AD85 - Bulletin paroissiaux de l'Île d'Olonne - 1924-1925)

Jean-François Guignard, né à la Girvière d'Olonne, le 24 juillet 1776, mourut maire de l'Île d'Olonne, âgé de soixante ans. De son mariage avec Madeleine Gandoin, soeur de son adjoint, il eut six enfants ; pour petit-fils le prêtre actuellement retiré à l'Île ; et pour petites-filles de son nom, deux religieuses Filles de la Sagesse : Soeur Célestine décédée, et Soeur Célestine des Anges, maintenant à Tournai en Belgique. Toutes deux furent longtemps directrices d'écoles communales de filles : la première de l'école communale de Saint-Nazaire, l'autre de celle de la Madeleine, de Nantes.

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