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La Maraîchine Normande
10 février 2016

CHÂTEAU-RENAULT (37) - LE CHRIST DE VAUCHEVRIER

LE CHRIST DE VAUCHEVRIER


calvaire - Château-Renault - Vauchevrier

En 1830, quelques jeunes gens de Château-Renault et des environs, en Touraine, passant devant la croix stationale du faubourg de Vauchevrier, sur les bords de la Brenne, eurent l'idée sacrilège d'en détacher le Christ et de s'en faire un jeu. L'ayant arraché violemment, puis mutilé et traîné dans les rues de la ville, au milieu de la nuit, ils mirent le comble à cette orgie d'impiété en délibérant sur son sort.

L'un d'eux propose de le faire écraser par les charrettes, en le jetant sur la route ; un autre, de lui crever les yeux ; un troisième de l'attacher au balancier de la pompe. Et celui-ci, mettant la main à l'oeuvre, attachait le Christ et lui adressait, entre autres injures, cet épouvantable blasphème :

- Reste là jusqu'à ce que les vers te mangent.

Or, il arriva que, deux ans plus tard, en novembre 1832, un garçon meunier était écrasé par sa charrette, sur la route d'Amboise à Château-Renault.

A la même date, un cultivateur d'une commune voisine perdait tout à coup la vue et souffrait aux yeux d'intolérables douleurs que rien ne put soulager.

Enfin, à Château-Renault même, un jeune homme de dix-neuf ans, ouvrier cordonnier, était atteint d'un mal étrange, horrible à voir, qui déconcertait la science des médecins. Son corps, littéralement rongé par les vers, exhalait une odeur infecte. Quoiqu'il n'y eut pas de plaies apparentes, les vers fourmillaient sous la peau, et s'en échappaient en telle abondance qu'on ne suffisait pas à les enlever.

Se voyant incurable et désespéré, ce dernier bourrelé de remords, voulut réparer publiquement, et dans la mesure du possible, sa criminelle conduite. Il fit donc appeler le curé de sa paroisse, le pria d'entendre sa confession et de publier au prône sa faute et son repentir.

En présence de nombreux témoins, au moment de recevoir le saint Viatique, il raconta tout ce que nous venons de résumer : l'enlèvement du Christ, les propos injurieux, les blasphèmes et enfin le châtiment, faisant remarquer que ses complices avaient été précisément frappés de la même peine dont chacun d'eux avait menacé le Christ. Et pour être entendu d'un plus grand nombre, on se rappelle qu'il se fit porter près d'une fenêtre ouverte, sur la rue Tertre-Saint-André, et que là, mettant sous les yeux de la foule les ravages de son affreuse maladie, il s'accusa de nouveau et demanda le pardon public.

Il mourut en octobre 1833 (le 6), et l'aveugle le suivit dans la tombe, en novembre suivant ; mais la mort n'a pas effacé leur souvenir, et, après un siècle, on en parle encore avec une sorte d'effroi.

Le Christ, retrouvé et restauré, fut replacé à la croix et bénit, en présence de nombreux fidèles, par le curé de Château-Renault, le 2 novembre 1881.

Vingt-trois ans plus tard, ayant remarqué qu'il courait risque d'être endommagé par l'intempérie des saisons, le curé le fit transporter dans l'église paroissiale, pour l'y conserver comme une relique précieuse. Une nouvelle cérémonie religieuse de réparation, eut lieu à cette occasion, le dimanche des Rameaux 1904, sous la présidence de Mgr Renou, archevêque de Tours, qui bénit la croix et accorda 40 jours d'indulgence à tous ceux qui salueraient ce Christ vénérant, en disant : "O crux, ave, spes unica !"

Cent ans après le sacrilège attentat, la Fédération des oeuvres catholiques de Touraine a voulu commémorer ce centenaire, le 1er juin 1930. Un millier de "bérets blancs", après avoir entendu la grand'messe se rendirent à Vauchevrier, afin de déposer des fleurs et assister à une cérémonie expiatoire. Puis, le 14 septembre, une autre journée de réparation fut organisée par la Ligue Patriotique des Françaises.

AD85 - Bulletin paroissial de Mervent - 1930

Vauchevrier - Paul-Hippolyte Lefebvre

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