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La Maraîchine Normande
31 janvier 2016

1871 - LOUISE-FÉLICIE GIMET, DITE CAPITAINE PIGERRE

LE CAPITAINE PIGERRE


Les massacres de prêtres, les profanations et incendies d'églises en Espagne avant et depuis la guerre civile, évoquent les tristes jours de la Commune de 1871. Une des plus étranges figures de ce drame terrible, aussi émouvante dans sa conversion que tragique dans ses désordres et ses crimes, est celle du "Capitaine Pigerre".


Née à Roanne le 1er mai 1835 (?), Louise Gimet avait été consacrée à la Sainte Vierge par sa pieuse mère. Celle-ci étant morte prématurément, ce fut le foyer désorganisé, la jeune fille jetée à la rue dans des milieux aussi impies que débauchés. A Marseille, elle devint franc-maçonne, et son zèle antireligieux la fit choisir pour dignitaire de la Loge. (Aucun acte la concernant ne se trouve dans les registres de Roanne.)

De sa pieuse enfance, il ne lui restait qu'un peu de charité pour les malheureux et de respect pour la Sainte Vierge.

Un jour, à Lyon, un drôle ayant appelé Notre-Dame de Fourvière "la Marianne", Louise l'invectiva : "Vaurien ! Celle-là, on ne l'insulte pas", et d'une main vigoureuse, elle gifla le malappris.

 

Curé d'Ars

En 1858, Louise Gimet, qui n'avait que vingt ans,  s'était rendue en curieuse voir le curé d'Ars : "Votre heure n'est pas venue, lui dit le saint abbé Vianney, vous ferez beaucoup de mal, mais dans sa miséricorde, le bon Dieu aura pitié de vous. Grâce à la dévotion que vous avez encore à la divine Mère, vous finirez par vous convertir ..." Louise se mit à rire : "Avant ça, il en passera de l'eau sous les ponts du Rhône ! Le bonhomme ne me connaît guère."

L'armistice avait été signé le 28 janvier. Le 18 mars 1871, la révolution éclatait à Paris et la Commune s'installait à l'Hôtel de Ville. Louise Gimet, vêtue d'habits d'homme, prit du service dans l'armée des fédérés, où elle conquit ses grades à force de violence et d'audace. Ce fut le Capitaine Pigerre.

L'insurrection aux abois, bientôt vaincue par l'armée régulière, se venge sur les monuments de Paris que les pétroleuses vont livrer aux flammes et sur les otages détenus à la Roquette.

Le 24 mai, la foule hurle "A mort" devant la prison. Six victimes sont désignées : Mgr Darboy, archevêque de Paris, M. l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine, les Pères Clerc et Ducoudray, jésuites, M. Bonjean, président de la Cour de Cassation, M. l'abbé Allard, aumônier des ambulances.

Mgr Darboy

 

Conduits au second chemin de ronde, ils sont adossés au mur. Une première décharge. Tous tombent, excepté l'Archevêque : "Il est blindé, celui-là !" s'écrie un jeune fédéré à trois galons. C'est Pigerre. A la seconde décharge, l'Archevêque chancelle, la main levée dans un geste de bénédiction. La fédérée gouaille : "Tiens ! vieille carcasse, la voilà, ma bénédiction !" et elle tire un coup de feu sur le prélat qui tombe. Pigerre s'approche et achève sa victime à coups de crosse sur la tête. Le visage fut si défiguré qu'on ne put identifier Mgr Darboy que grâce à ses vêtements.

 

La Commune - assassinat des otages

 

Deux jours après, nouvelle exécution : 37 gendarmes, 11 prêtres, 1 séminariste, 4 laïques, sont traînés de la Roquette à la rue Haxo. Une femme à cheval, un képi sur la tête, conduit le sinistre cortège, c'est Louise Gimet, en habits, de femme cette fois. Elle donne le signal du massacre. Plus tard elle se vantera d'avoir tué elle-même treize prêtres, dont le saint Père Olivaint. 

 

LE PERE OLIVAINT

 

Prise les armes à la main et incarcérée à Saint-Lazare, Louise Gimet s'entretient avec Mère Éléonore, Supérieure de la maison, intelligence d'élite et grand coeur : "Je veux votre âme et je l'aurai, disait la religieuse.

- Elle n'en vaut pas la peine, je suis coupable de trop de crimes ...

- Voilà une bonne parole d'humilité ... Tout est rachetable. Une goutte de sang de Jésus-Christ rachèterait le sang de mille mondes ..."

Et la religieuse au coeur d'apôtre revient à la charge :

"Le plus misérable, le plus souillé de crimes conserve encore la puissance d'aimer. Il suffit d'un regard, d'un signe, d'un muet appel vers Dieu, pour que le pardon divin fonde sur lui comme l'aigle. Ah ! ne doutez pas du coeur de Dieu !

- Le Curé d'Ars m'a bien dit que je me convertirais. Tout de même, ce sera rudement difficile : je suis si coupable !

- Rien n'est impossible à Dieu, Jésus-Christ sur la Croix a versé son sang pour nous. Plus les crimes ont été grands, plus le pardon sera beau !"

Des âmes pures redoublaient de prières et de sacrifices ...

Un jour, la tigresse s'adoucit : "Eh bien, oui, dit-elle, si j'échappe à la justice, je changerai de conduite, je vous le promets."

Contre toute attente, Louise Gimet fut libérée. Elle tint parole, au lieu de retourner à la rue ... à la Loge ... elle accepta de faire une retraite, à Saint-Lazare, puis d'y rester. C'est là qu'elle lut, en pleurant, les Sermons du P. Olivaint, sa victime.

Sa conversion fut entière. Mais le démon ne lâcha point cette proie sans grincement de dents. A Saint-Lazare, au Refuge de Doullens, on entendait parfois dans la cellule de la recluse un vacarme violent. Un jour, on la trouva par terre, le visage meurtri, des dents cassées : le diable se vengeait.

 

 

La Solitude de Nazareth Montpellier

 

 

Ayant suivi, en 1888, Mère Éléonore à la Solitude de Montpellier, elle fit si bien par sa piété, sa douceur, son dévouement aux malades, et surtout sa dévotion à la Sainte Vierge, l'édification de la communauté, qu'on l'admit à l'état religieux le 15 août 1890, parmi les Filles de Marie, sous le nom de Soeur Marie-Éléonore. Nul, sauf la Supérieure, ne connaissait son passé. Elle menait généreusement la vie commune et semblait avoir retrouvé la paix. Mais un jour, on lut à l'atelier une page sur Mgr Darboy. Elle pâlit et, se sentant défaillir, elle dut quitter la salle.

Le 8 septembre 1893, elle fut frappée de paralysie, mais garda sa lucidité.

"Ma soeur, n'avez-vous aucune crainte ? lui demanda Mère Éléonore.

- Aucune, je me suis jetée tout entière dans les bras du bon Dieu, dans le coeur de la Mère de Miséricorde."

 

ACTE Décès Félicie-Louise Gimet

 

Elle mourut le 12 septembre, fête du saint Nom de Marie.

Un orage effrayant éclata sur Montpellier au jour de l'enterrement. A l'heure où le corps quittait la Solitude, la foudre tomba sur le mur de clôture qui s'écroula avec fracas, comme si le malin, frustré de sa proie, ne pouvait contenir sa rage. Le mur a été reconstruit en retrait à cet endroit.

 

Orage - journal l'Eclair - 13 sept 1893

 

L'histoire de cette Communarde, tueuse de prêtres devenue Religieuse, reste un des plus saisissants exemples de l'irrésistible efficacité de la Dévotion à la Sainte Vierge.

AD85 - Bulletin paroissial - Le Fenouiller - 1936

 

Vous trouverez ICI d'autres informations ainsi qu'une lettre de confession signée L.G., en date du 3 décembre 1874.

 

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