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La Maraîchine Normande
7 décembre 2015

LA CHAPELLE-GAUDIN - NOIRTERRE - NOIRLIEU - LARGEASSE (79) - QUATRE [OU SIX] PRÊTRES RÉFRACTAIRES MASSACRÉS

CHRISTOPHE VIOLLEAU, Curé de La Chapelle-Gaudin
CHARLES CORNUAULT, Curé de Noirterre
JEAN OGEARD, Curé de Noirlieu
LOUIS HULLÉ, Curé de Largeasse

 

La Rochelle gravure

 

En feuilletant les registres d'état-civil de La Rochelle de l'année 1793, nous avons trouvé les actes de décès de quatre prêtres, accompagnés, chacun, d'un feuillet rappelant un "procès-verbal fait par Pierre-François Roy, Juge de Paix de la ville de La Rochelle, arrondissement du sud," relatif à "l'évènement qui a eu lieu, en cette ville, le vingt-un de ce mois de mars, mil sept cent quatre vingt treize, l'an second de la République".

Selon ces feuillets et ces actes de décès, les quatre prêtres : Christophe Violleau, Charles Cornuault, Jean Ogeard et Louis Hullé, sont décédés d'UNE ÉMOTION POPULAIRE.

 

 

La Rochelle acte - procès-verbal Violleau

 

 

"... CHRISTOPHE VIOLLEAU, ci-devant Curé de la Chapelle-Gaudin, condamné a la déportation par arrêté du Département des Deux-Sèvres du vingt-quatre octobre dernier et transporté depuis dans les prisons de cette ville, est décédé ledit jour vingt-un mars, victime d'une Émotion Populaire, qui a eu lieu au moment de son embarquement pour l'île de Ré où il devait être transféré ... Son corps a été inhumé dans le cimetière de la cy-devant paroisse de Saint- Jean réunie à celle de Saint-Barthélémy de cette dite ville. ..."

 

Signature Violleau curé La Chapelle-Gaudin

 

"... [Michel-Jean-Marie] AUGEARD, prêtre non-assermenté cy-devant Curé de Noirlieu, District de Bressuire, Département des Deux-Sèvres, détenu en prison de cette ville depuis le vingt-trois octobre dernier en vertu des arrêté du Directoire du District de Bressuire des seize et dix-huit dudit mois d'octobre, est décédé ledit jour vingt-un mars victime d'une Émotion Populaire au moment où il alloit s'embarquer pour passer en l'île de Ré, en vertu d'un arrêté du Directoire du District de cette ville, qu'il a été inhumé dans le cimetière de la paroisse de Saint-Barthélémy de cette dite ville. ..."

 

signature Ogeard curé de Noirlieu

 

"... CHARLES CORNUAULT, cy-devant Curé de Noirterre, condamné à la déportation, par arrêté du Département des Deux-Sèvres, en date du vingt-quatre octobre dernier et transféré depuis dans les prisons de cette ville est décédé ledit jour vingt-un mars dernier victime d'une Émotion Populaire qui a eu lieu au moment de son embarquement pour l'île de Ré où il devait être transféré d'après l'arrêté du District de cette ville, et que son corps a été inhumé dans le cimetière de la cy-devant paroisse de Saint-Jean réunie à celle de Saint-Barthélémy de cette ville. ..."

 

Signature Cornuault curé de Noirterre

 

"... LOUIS HULLÉ, ci-devant Curé de Largeasse, condamné à la déportation par arrêté du District de Bressuire, département des Deux-Sèvres, en date du vingt-huit novembre dernier et transféré en prison de cette ville, le huit décembre suivant, est décédé ledit jour vingt-un mars mil sept cent quatre vingt treize, victime d'une Émotion Populaire qui a eu lieu au moment de leur embarquement pour l'île de Ré où il devait être transféré par arrêté du District de cette ville, et que son corps a été inhumé dans le cimetière de la cy-devant paroisse Saint-Jean réunie à celle de Saint-Barthélémy. ..."

 

Signature Hullé curé de Largeasse

 

[Fils de Philippe Violleau, maître chirurgien, et de dame Marie Caffin, AUGUSTIN-CHRISTOPHLE VIOLLEAU est né à La Chapelle-Gaudin, le 1er février 1740 et décédé à La Rochelle, le 21 mars 1793, à l'âge de 53 ans. Il était le frère de Charles Violleau, curé de Montravers, voir ici]

(AD17 - Registres d'État-civil de La Rochelle - 1793 + AD79 - Registres paroissiaux de La Chapelle-Gaudin, Noirlieu, Noirterre, Largeasse)

 

MASSACRE DES PRETRES


QUATRE PRÊTRES RÉFRACTAIRES MASSACRÉS

Pour mieux comprendre ce qu'est une "ÉMOTION POPULAIRE", prenons connaissance des déclarations des témoins oculaires présents lors de "l'évènement", qui s'est déroulé le 21 mars 1793, à La Rochelle.

Témoignages :

[21 mars 1793. Quatre prêtres réfractaires massacrés : Mathieu Jacquié, gendarme] a vu, avant l'assassinat des prêtres et pendant qu'on les conduisait au corps de garde, la Brissonneau, femme Langlais, sauter sur la tête de l'un d'eux et lui arracher avec une démonstration de fureur, une poignée de cheveux qui paraissaient venir d'un homme âgé, parce qu'ils étaient blancs.

[Jean-Baptiste Grison fils, alors garçon perruquier, déclare] qu'ayant vu et entendu beaucoup de monde attroupé sur le port, il y serait accouru comme les autres et aurait entendu beaucoup de voix qui criaient : "Voilà les prêtres ! Il faut les tuer ! Ce sont eux qui sont cause de nos malheurs !" Que l'on conduisit les prêtres au corps de garde de la Chaîne, où le peuple se porta en fronde et voulait entrer dans le corps de garde pour les assassiner. Que pendant quelque temps la garde réussit à s'y opposer. Que la municipalité elle-même, en écharpe, haranguant le peuple, l'en contint aussi quelque temps. Qu'il survint un détachement de cavalerie qui aida également à retenir le peuple. Que le piquet s'étant retiré, ignorant par quel ordre, la municipalité ni la garde ne furent plus maîtres du peuple. Une foule d'hommes entrèrent malgré la municipalité et la garde dans le corps de garde. Que du nombre de ceux qui y entrèrent, le déclarant reconnut Darbellet ici présent. Que les prêtres furent assassinés dans le corps de garde même. Que les cadavres furent traînés dehors par le peuple, qui se jeta sur eux avec acharnement. Que Darbellet sortit lui-même du corps de garde. Que quelque temps après, il le vit baisser et se relever montrant une oreille d'un de ces prêtres et disant : "J'emporterai toujours une de leurs oreilles chez moi". Ajoute que lorsque Darbellet entra au corps de garde, il avait un couteau dans sa main. Que leurs cadavres furent mutilés par le peuple, traînés, et qu'on porta leurs têtes par la ville au bout de fourches ou de piques jusque dans la rue de la Comédie, où la municipalité réussit à la fin à faire cesser cette horrible scène.

[Joseph Chaize, marchand] a distingué un homme borgne [Olivier Juillet] de la taille de cinq pieds deux pouces environ, qu'on lui a dit être charpentier travaillant actuellement aux chaloupes à Rochefort. Qu'il a vu ce même individu couper les parties naturelles et la tête d'un des prêtres massacrés. Que ce même individu était de la compagnie des grenadiers de Rochefort. Que ce fait ayant été su par ses camarades, on a dit au déclarant qu'ils l'avaient chassé. [En marge, à propos des testicules :] "et qu'il les mit au bout de son sabre, après les avoir arrachées des mains d'une femme qui s'en était emparée."

[Jean-Baptiste Jodot, apothicaire,] vit le nommé Barbet aîné, huissier, portant au bout de son sabre les parties naturelles d'un des prêtres. Qu'il est d'autant plus sûr, qu'il l'a vu en face et l'a d'autant plus reconnu que, peu de temps auparavant et à l'arrivée de Marcé à La Rochelle, ce même Barbet criait de toutes ses forces dans la rue du Palais : "A bas la tête de Marcé !"

[Madeleine Jaulin] a vu devant chez elle passer la veuve Ponsay, fripière, tenant au bout d'un bâton les testicules d'un homme qu'elle montrait à la populace en élevant le bras et disant : "Si je tenais son coeur comme ça, je le mangerais."

[Charles Génard, marchand, a vu les quatre cadavres,] dont l'un n'était pas encore expiré et faisait des mouvements pour vomir le sang. Qu'à ce moment arriva le nommé Berthaud, tonnelier, courtier d'eau-de-vie, qui plongea son sabre sur un de ces hommes à trois fois différentes et finit par lui couper la tête, qu'il emporta à trois pas de là.

[Marie Boursiquet, fille à gages, âgée de 43 ans, a vu venir] à elle un petit jeune homme qui la prit à la brassée et lui dit : "Venez vous baigner dans le sang des prêtres." Qu'il lui trempa les pieds dans ce sang.

[Aimé-Estienne Renouleau, garde magasin des subsistances militaires, a vu sortir du corps de garde une femme] couverte de sang de la tête aux pieds. Qu'une de ses voisines lui demandant si elle était blessée, elle répondit : "Non, je ne le suis pas. Ce que tu vois est le sang de ces scélérats que je viens d'exterminer. Cela vaut mieux que de l'eau bénite."

[Pierre Pasquier, commis en magasin des effets militaires, a rencontré] la femme veuve Faillofais [Marie-Anne Marcillat] ici présente, qui lui a dit : "Où vas-tu ? Retourne-t-en chez toi, ou je t'en ferai autant que je viens de faire aux autres." Que cette femme avait à la rue les mains tout ensanglantées.

[Marie Boursiquet,] invitée à entrer chez le citoyen Albert environ deux mois après le massacre, celui-ci [...] lui dit de regarder dans la cheminée : "Voyez la tête de ces scélérats et gueux de prêtres." Que la déclarante, ayant effectivement regardé, fut frappée et saisie d'horreur de voir deux têtes d'hommes, dont l'une lui parut sèche, et l'autre nouvellement déchiquetée, le sang paraissant encore sur ladite tête et qui était toute rouge.

[Olivier Juillet affirme que] si on n'avait pas fait sortir ces prêtres lors de l'arrivée des gens de la déroute de la Vendée, ce massacre n'aurait pas eu lieu. Observe que, la mer étant basse, on avait voulu les faire embarquer, et c'est ce qui donna lieu à l'assassinat.

[Joseph-Honoré Darbellet dépose que [le massacre n'aurait pas eu lieu si on n'eût affecté, comme on l'a fait, de faire sortir de prison à ladite époque les prêtres dont il s'agit, sous prétexte de les faire embarquer, alors que la mer était basse.

[Marie Boursiquet a vu] passer la citoyenne Jolly portant d'une main un morceau de pain et de l'autre le sabre de son mari qui, disait-elle, venait d'êre affilé le matin pour assassiner les prêtres, que si elle ne trouvait pas quelqu'un pour le faire, elle le ferait elle-même.

[Pierre Morin, homme de loi] a ouï-dire au citoyen Bessière, agent national dudistrict de Rochefort, que Crassous, député de La Martinique à la Convention, et qui alors était commissaire national près le tribunal de La Rochelle, n'était pas exempt de blâme dans cette malheureuse affaire.

[Jacques Bessière, procureur-syndic de la commune de Rochefort,] étant à La Rochelle à l'auberge du Duc de Bourgogne avec les citoyens Niou, Carra, Auguis et Trullard, représentants du peuple, et Sarrault de ladite auberge, il vit venir le citoyen Crassous, lors président de la Société populaire et commissaire national du district de La Rochelle qui, s'adressant à Carra, lui dit à mi-voix mais assez haut pour être entendu du déclarant : "C'est fait", sans savoir quel sens il voulait donner à cette expression. Qu'après avoir fait quelques pas dans la rue, une députation de l'administration du district arriva qui, par l'organe du procureur-syndic, témoigna de la plus profonde indignation sur l'assassinat qui venait d'être commis sur les prêtres.

(Arch. dép. Charente-Maritime, L 1085-7, 41e témoin ; L 1168-1, 20e témoin ; L 1085-7, 17e témoin ; 1085-7, 7e témoin ; 1085-7, 9e témoin ; 1085-7, 62e témoin ; 1085-7, 51e témoin ; 1085-7, 13e témoin ; 1168-1, 2e témoin ; 1168-1 ; 1085-7 ; 1085-7, 29e témoin.)

 

La Rochelle gravure 3

 

Sur ce même registre de La Rochelle, en date du 22 mars 1793, nous trouvons des feuillets et des actes concernant le décès de deux autres prêtres, à savoir, Dauché et Vergé. L'un d'eux, André Vergé, serait mort, lui aussi, d'une "Émotion Populaire" !

"... [Jacques] Dauché, prêtre de la Mission de Saint-Laurent [-sur-Sèvre], détenu dans la maison d'arrêt des Sables d'Olonne, en vertu d'arrêté du département de la Vendée, est décédé en cette ville de La Rochette ledit jour, vingt-deux de ce mois de mars, au moment où il allait descendre de la barque qui l'avoit transporté en cette ville pour y être détenu, sa translation ayant été ordonnée des Sables d'Olonne à Saint-Martin, île de Ré et de cette ville à La Rochelle à La Rochelle, par arrêté du District des Sables d'Olonne et du Conseil général de la commune à Saint-Martin, ..."

 

décès Dauché

 

"... André Vergé, prêtre de la Mission de Saint-Laurent [-sur-Sèvre], détenu dans la maison d'arrêt du District des Sables d'Olonne, en vertu d'arrêté du Département de La Vendée, est décédé en cette ville de La Rochelle ledit jour vingt-deux de ce mois de mars au moment où il alloit descendre de la barque qui l'avoit transporté en cette ville pour y être détenu, sa translation ayant été ordonnée des Sables d'Olonne à Saint-Martin, île de Ré & de cette ville à La Rochelle, par arrêté du District des Sables d'Olonne, & de ladite ville de Saint-Martin ; & que le corps dudit Vergé a été inhumé dans le cimetière de la cy-devant paroisse de Saint-Nicolas de cette ville réunie à celle de Saint-Sauveur. ..." (En marge : "Que son décès a été occasionné par l'effet d'une Émotion Populaire")

 

Décès Vergé

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