PONTRIEUX (22) - LA LÉGENDE DU MOULIN FONDU
PONTRIEUX
La Légende du Moulin fondu
En 1773, le 19 août, l'eau monta de 9 mètres au-dessus de son niveau, brisa le pont et fit crouler plusieurs maisons.
En 1778, les 25 janvier et 20 juillet, deux nouvelles crues, attribuées à l'encombrement du Trieux, causèrent les mêmes dégâts qu'en 1773.
C'est, suivant toute probabilité du moins, à l'une de ces inondations que l'on doit la légende du Moulin fondu, que nous allons rapporter :
Pendant une nuit de Noël, des tailleurs de la paroisse de Plouëc jouaient aux cartes dans un moulin situé sur la rivière du Trieux, en compagnie du maître de la maison.
Ces gens n'avaient point été élevés dans la crainte de Dieu ; aussi la cérémonie religieuse de cette nuit mémorable, qui rappelle la naissance du Sauveur du monde, ne put les arracher au passe-temps impie dont nous avons parlé : l'heure solennelle de minuit les trouva les cartes à la main, blasphémant tour à tour le saint nom du Seigneur lorsque les chances du jeu cessaient de les favoriser !
La servante, fille pieuse, avait, aux premiers sons de la cloche, quitté toute seule le moulin pour se rendre à l'église, dont la voûte, éclairée par les nombreuses bougies appendues aux murailles, répétait, cette nuit-là, les sons graves de l'orgue, l'hymne du célébrant et les répons de l'assistance.
L'office terminé, la jeune fille reprit la route de sa demeure ; mais quel ne fut pas son étonnement lorsqu'arrivée au terme de sa course, elle ne trouva plus qu'une nappe d'eau ; du moulin qu'elle avait quitté peu d'heures auparavant, il ne restait pas le moindre vestige.
Depuis ce temps, tous les ans, pendant la messe de minuit, on entend, sur l'emplacement du Moulin fondu, le tic-tac d'un moulin à blé et des voix qui gémissent ! ...
Extrait : Les Côtes-du-Nord, Histoire et Géorgraphie ... - par Benjamin Jollivet - 1856