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La Maraîchine Normande
24 septembre 2015

BELLE-ÎLE-EN-MER (56) - 1801 - LE PAYSAN DE PORT-HALLAN

Belle-Île-en-mer carte

 

Un embaucheur royaliste était venu d'Auray à Belle-Ile et s'était abouché avec un pauvre homme du village de Port-Hallan.


Il le séduisit par toutes sortes de moyens et parvint à lui faire embaucher quelques gardes-côtes et des soldats de la garnison, dans le but, de vendre l'île aux Anglais. - Dans le même temps, un sous-officier, chef de poste sur la côte, avait soi-disant perdu le règlement des signaux conventionnels sémaphoriques. - Ce chef de poste, quoique gravement compromis, avait su intéresser la commission militaire en sa faveur et il n'avait été condamné qu'à une peine disciplinaire ; son jugement avait traîné six mois. - Ce résultat encouragea les émissaires royalistes, qui entretenaient sourdement dans l'île des bruits décourageants.

- Le général de division Miolis, dont le premier consul faisait un très grand cas, reçut un jour la dénonciation d'un jeune soldat réfractaire qui, comme tant d'autres, avait été embauché. - Il révélait à l'autorité supérieure tout le complot.

- Le général fit de suite cerner la demeure du paysan de Port-Hallan, qui, prévenu, se cacha dans une cheminée, où il fut découvert et remis entre les mains des soldats. Pendant la perquisition, le chouan embaucheur, plus adroit que le malheureux paysan, avait trouvé le moyen de s'enfuir de l'île, à l'aide d'une barque qui se trouva prête, près du rivage, pour le recevoir et le débarquer sain et sauf sur le continent.


On convoqua sur-le-champ une commission militaire pour instruire la procédure, et M. le capitaine Layousse fut nommé rapporteur.

- L'acte d'accusation taxait le paysan de complot prémédité pour vente de l'île aux Anglais et d'embauchage de citoyens et de militaires de la garnison.

- Les papiers saisis avaient révélé que trois importants villages de l'intérieur de l'île devaient être incendiés, chose très-facile à faire, puisque toutes les maisons des bourgs étaient couvertes en chaume, et pendant que la garnison aurait été occupée à secourir ces différents villages, la flotte anglaise serait venue jeter du monde à terre, dans les plages du voisinage de la citadelle. - Les gardes-côtes auraient ensuite encloué les pièces de canon et Belle-Ile serait tombée par surprise au pouvoir des Anglais. La réussite du complot assurait une somme de 30.000 fr. et même plus importante encore aux différents affidés.


La commission militaire entendit le malheureux paysan de Port-Hallan, qui ne put se justifier d'avoir participé au complot devant tant de preuves compromettantes. - Le Bellilois fut condamné à mort. - Cependant le général Miolis, qui connaissait l'esprit patriotique de la bonne population belliloise, prit la position de cet infortuné et sollicita du Gouvernement le pourvoi en grâce du malheureux. - On répondit que cette demande serait favorablement accueillie si le condamné voulait déclarer ses complices. - La malheureuse victime des embaucheurs fut informée de cette décision supérieure qui ne put ébranler l'énergie du paysan de Port-Hallan et son serment à la foi jurée. - Il leva la tête avec fierté et dédain, comme si on l'injuriait, et répondit avec le plus grand calme : "Je ne révélerai rien, je ne veux rien révéler, mon honneur s'y oppose, une seule victime suffit." - Cette digne réponse fut envoyée au Gouvernement qui ordonna de passer par les armes le paysan de Port-Hallan.


- Le dimanche 25 mai 1801 (5 prairial an IX) fut choisi pour le jour de l'exécution, et l'on amena le condamné aux pieds des glacis de la citadelle, ledit jour, à 3 heures de l'après-midi, où il fut fusillé. - Le paysan de Port-Hallan était âgé de 33 ans 23 ans. Cette mort jeta la tristesse et la consternation dans tous les coeurs à Belle-Île et leva un grand poids sur la conscience de ses complices.


Extrait : Histoire de Belle Ile en Mer - 1870 - par Stanislas Paris, Chevalier de la Légion-d'Honneur

 

Ce pauvre paysan de Port-Hallan s'appelait HUBERT-JOSEPH RENARD. Fils de Mathias et de Marie-Jeanne-Louise-Angélique Dupont, il était natif du département de Sambre-et-Meuse.

 

 

acte de décès du paysan de Port Hallan

 

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Commentaires
P
Si vous consultez la précédente du registre communal des décès, vous pourrez constater que le paysan de Port Hallan était un certain Jean Marie Le Diffon (mon aïeul) et que Hubert Renard n'est autre que l'embaucheur royaliste lieutenant de Georges Cadoudal.
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