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La Maraîchine Normande
25 août 2015

BOURGON (53) - 1793 - COMBATS DE LA BRÉCINIÈRE

BOURGON (53) - COMBATS DE LA BRÉCINIÈRE

Bourgon-La Bressinière

 

Durant la Révolution, Bourgon fut une des communes qui se prononcèrent le plus ouvertement pour les Chouans. Cette commune fournit un fort contingent de rebelles et l'histoire de la Chouannerie cite des noms portés encore par les descendants de ceux qui, à cette époque, prirent les armes pour combattre la Révolution.


Un combat assez sanglant fut livré par les Chouans contre les Bleus, près du village de la Brécinière, à l'endroit même où les Anglais avaient été vaincus en 1422.

 

Bourgon Château


Voici en quels termes M. Duchemin-Descepeaux, auteur des "Souvenirs de la Chouannerie", historien enthousiaste des exploits des Chouans et quelque peu partial, raconte ce combat :


Les autorités départementales ayant voulu effectuer les levées d'hommes décrétées par la Convention, toute la jeunesse du canton de Saint-Ouen avait refusé absolument de se laisser enrôler. Elle avait fait dire aux Insurgés qu'elle comptait sur Jean Chouan pour organiser enfin une résistance à main armée contre les Républicains. Celui-ci, à cette nouvelle, sentit son zèle le ranimer. Dès ce jour, il fit avertir les hommes en qui il avait le plus confiance et leur donna rendez-vous sur la lande de la Bressinière.

Il faisait clair de lune ; on devait se trouver à minuit au pied d'un châtaignier isolé au milieu de la lande, douze hommes s'y rendirent.

Jean Chouan déclara que, d'après la résolution annoncée par les jeunes gens de tout le canton, il pensait qu'on pouvait de nouveau se montrer et recommencer les attaques. Ce fut chose convenue, et l'on partit aussitôt pour aller avertir de tous côtés ceux qui avaient déclaré vouloir prendre les armes.

Ils devaient se réunir durant la nuit suivante dans la même lande. Quatre-vingts hommes y arrivèrent avant le point du jour ...

Au soleil levant, de deux côtés différents, la lande se trouvait abordée par des détachements républicains ; ils formaient au moins trois cents hommes. L'ancien contrebandier ne pourrait guère être approché par surprise. Dès l'abord, il aperçut les deux troupes s'avancer ...

Aussitôt, armée ou non, toute la bande des Chouans s'élance avec de grands cris et tombe sur l'ennemi qui, à la fois aveuglé du soleil et étourdi de cette brusque attaque, s'épouvante et s'enfuit. C'étaient des gardes nationales ; elles avaient de l'avance et n'eurent qu'un homme tué et peu de blessés. "Laissons les fuyards, dit Jean Chouan, et voyons venir les autres ..."

Ceux-là continuaient d'approcher et marchaient en ordre au son du tambour. Ils paraissaient être environ cent cinquante ... Ce n'est pas de la garde nationale, dit Jean Chouan ; ceux-là font leur métier, mais nous savons le nôtre aussi". Quelques buissons de houx et des inégalités de terrain empêchaient les Bleus d'apprécier ce qu'il y avait de monde. Il le disposa sur une ligne étendue, puis il choisit quinze hommes des plus agiles parmi ceux qui n'avaient pas de fusil, et cette petite bande reçut l'ordre de se porter sur la droite, faisant mine de se dérober, mais, en effet, se laissant entrevoir à l'ennemi qui ne pouvait juger de sa force .

Les Bleus supposèrent qu'ils avaient en tête un rassemblement considérable. Ils se décidèrent à quitter leur position et à faire retraite. Jusque-là les dispositions prises par Jean Chouan avaient eu un succès complet ; mais dès que sa troupe vit l'ennemi se retirer, elle n'écouta plus aucun commandement et tous se précipitèrent en avant, lâchant des coups de fusil, même avant d'être à portée et comptant bien tout culbuter du premier choc. Il n'en fut pas ainsi ; les Bleus ne se débandèrent point et tout en continuant leur retraite, ils commencèrent vivement la fusillade. Cependant, ils avaient un grand désavantage, leurs décharges n'atteignaient que bien rarement les Chouans qui se tenaient disséminés sur une longue ligne, tandis que ceux-ci, presque tous habiles tireurs ne perdaient presque aucun de leurs coups.

Sans doute, si les munitions ne leur eussent pas manqué, le détachement républicain eut été anéanti. Il laissait une dizaine de morts sur le terrain et avait un bien plus grand nombre de blessés, quand Jean Chouan parvint à faire comprendre aux siens qu'ils ne devaient pas brûler jusqu'à leur dernière cartouche, et qu'il était temps de s'arrêter. La fusillade avait duré deux heures. Les Chouans eurent un homme tué et cinq blessés.


Ajoutons qu'il est regrettable qu'aucun monument ne rappelle le souvenir des deux combats livrés dans la lande de la Brécinière.

Extrait : Monographie communale - Bourgon - AD53 - MS80 06/03 - p. 21 à 23

 

carte Bourgon

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