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La Maraîchine Normande
3 mai 2015

FOUSSAIS ET PAYRÉ (85) - ORIGINES DU PROTESTANTISME DANS CES DEUX COMMUNES

FOUSSAIS ET PAYRÉ

ORIGINES DU PROTESTANTISME DANS CES DEUX COMMUNES

La région de Saint-Hilaire-sur-l'Autize (depuis 1828, St-Hilaire-des-Loges), fut dans le Poitou, un des premiers foyers protestants ruraux, un de ceux qui dès le commencement eut ses temples, et dont l'histoire peut-être reconstituée assez fidèlement. Avant d'en exposer les vicissitudes, il semble utile de montrer d'abotd la situation matérielle et morale, telle qu'elle était au moment de la Réforme, cette connaissance nous aidera, en effet, à comprendre comment les idées nouvelles ont pu s'implanter dans cette région.

 

P1290581

 

Au commencement du XVIe siècle, Foussais était déjà  un centre important, puisque nous y trouvons au moins une vingtaine de marchands, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous. Le développement considérable au cours du XVe siècle, du commerce des droguets, avait enrichi un certain nombre d'entre eux, et comme la fortune arrange bien des choses, ces marchands enrichis en étaient vite venus à acheter à la noblesse, souvent compromise dans les luttes politiques, la France et l'Angleterre étant depuis longtemps ennemies, ses fermes d'abord, puis ses maisons seigneuriales et même ses titres, et certains avaient même réussi à contracter avec elle des alliances, ce qui fait qu'entre la noblesse et la bourgeoisie il y avait compénétration incessante.

D'où, au commencement du XVIe siècle, il y avait donc chez nous deux classes populaires distinctes : les marchands du bourg, et plus ou moins reliés à eux, de nombreux tisserands, et les cultivateurs de la campagne environnante ; puis au dessus d'eux, l'aristocratie et le clergé avec son Prieur. La seule seigneurie encore aux mains de la noblesse féodale était Vendée, toutes les autres étant peu à peu devenues la propriété d'anciens marchands parés assez récemment du qualificatif de seigneur ou de sieur.

 

Payré Vendée

 

Quant au clergé, un peu perdu de vue par les évêques, grands seigneurs, il était assez discuté, et quoiqu'il en soit des certaines critiques portées contre lui, son prestige était assez mince, et l'attachement populaire à la religion catholique assez faible, aussi le terrain était-il favorable pour des réformateurs.

Telle était donc la situation, lorsqu'un jour, entre 1520 et 1526, un moine, Martin Luther, avec un succès que les circonstances favorisèrent, fit éclater une révolte religieuse qu'il appela la Réforme, presque aussitôt associée à un mouvement politique qui gagna toute l'Europe occidentale. Les échos, très vite parvenus jusqu'en France, influencèrent peu à peu certains milieux intellectuels, entre autres le couvent des cordeliers de Fontenay, et aussi certains autres milieux, qui ne voyaient pas sans plaisir la conclusion des Réformateurs, à savoir, la sécularisation des biens ecclésiastiques au profit de ceux qui les géraient.

Parmi les premiers disciples de Calvin, venu à Poitiers en 1534, se trouvait un certain Jean Vernou, fils, et ce fut lui qui fut chargé de la propagande dans les milieux judiciaires, où il avait parents et amis ; il y réussit quelque peu, et c'est ainsi qu'il entraîna Michel Mourault, avocat du roi à Poitiers et seigneur de la Touche, en Foussais, et c'est surtout par ce dernier qu'il réussit à constituer un petit noyau dans le pays, dans lequel, outre Michel Mourault, nous trouvons ses trois plus proches voisins : Claude de Villequier, seigneur de Vendée ; Pierre Brunet, le riche marchand de droguets, devenu sieur de la Riaillière de Payré, et François Cant, prévôt des chanoines de Saint-Hilaire-le-Grand, pour leur domaine de Maigre-Souris, beau-frère du précédent.

Dans le peuple, peu de cultivateurs se laissèrent entraîner, par contre, les tisserands se montrèrent plus favorables aux idées nouvelles, et le recrutement se fit surtout parmi eux.

Malheureusement, ces néophytes, en général assez frustes, avaient souvent plus de zèle que de mesure, d'où certaines incartades publiques qu'il fallut réprimer.

Et c'est ainsi que nous voyons en 1543, l'official de Maillezais, poursuivre un certain Albert Goupil, tisserand à Foussais, pour un scandale dans l'église ou une entrave à l'exercice du culte ; et comme les lois de l'époque étaient plutôt sévères, nous voyons Goupil, effrayé, prendre le large, en abandonnant deux enfants en bas-âge, qui furent recueillis par un groupe de ses coreligionnaires, entre autres, Jean Brunet, marchand à Payré ; Toussaint Bage, tondeur de drap à Foussais ; Pierre Masson, meunier à Vendée, et David Goupil, fabricant de draps à Foussais.

Et peu à peu, lentement mais sans arrêt, les défections continuèrent, si bien qu'en 1559, l'église réformée avec Jean Paillat comme pasteur, pouvait se constituer, comprenant, autant qu'on peut le juger, les territoires de Saint-Hilaire, Payré, Foussais, Chasseron, Xanton, Denant, Nieul, Saint-Pompain et Coulonges.

Disons que cette constitution eut un excellent résultat pour l'Eglise catholique, le clergé devenant plus actif et plus zélé, et les fidèles plus instruits et plus ardents, mais elle fut loin cependant de diminuer la fermentation des esprits, et bientôt ce fut la lutte. Laissant volontairement dans l'ombre ces tristes jours, je me contente seulement de signaler que les mémoires de l'époque, disent que parmi les insurgés qui allèrent piller et brûler le 30 avril 1562, l'église et les maisons des Chanoines de Luçon, se trouvaient en bonne place, les réformés de Foussais, et que c'est à cette époque, très probablement en 1568, que les voûtes des églises de Foussais et Payré furent détruites avec "la poudre à feu".

 

P1290592

 

Bulletin paroissial de Foussais – 1933

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Commentaires
B
Merci pour vos précieuses informations Savez vous si dans les familles de marchands ou de tisserands de Foussais ou de Payré que vous évoquez il y avaient alors des Brossard ? Etaient-ils catholiques ou protestants? Pierre Brossard de mes ancêtres né avant1650 cité " marchand" ou son père aurait-il pu venir s'installer dans le Cher près de Henrichemont ? Cette petite ville nouvelle fut crée par Sully, ministre protestant d'Henry IV, dans l'ancienne principauté de Boisbelle non loin de la citadelle protestante de Sancerre près de Bourges un des berceau du protestantisme? Peut être suite à des événements violents de Vendée?
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