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La Maraîchine Normande
22 mars 2015

BEAUREPAIRE (85) - L'EGLISE EST-ELLE UN MONUMENT EXPIATOIRE ?

 

P1290046

 

La paroisse de Beaurepaire n'existait pas avant la deuxième moitié du XVe siècle. Beaurepaire, depuis un temps immémorial était une châtellenie relevant au spirituel de la paroisse de Saint-Pierre de Paillers, aujourd'hui simple hameau de la commune de Beaurepaire autrefois "pagus" important, vaste doyenné rural fondé aux premiers siècles de l'Église, et qui eut une vingtaine de paroisses sous sa juridiction.


Les invasions normandes le ravagèrent et les doyens durent aller se réfugier à l'ombre du puissant château de Montaigu. Mais jusqu'au XVIe siècle, ils portèrent le titre de doyens de Montaigu et de Paillers.


Quant à Beaurepaire, synonyme de "belle retraite", si nous en croyons les textes anciens, il fut de tous temps en la possession des seigneurs de Tiffauges, qui étaient de la maison de Thouars.


Miles II de Thouars, seigneur de Tiffauges, Pouzauges, Beaurepaire et autres terres, laissa cette dernière en héritage, à sa fille Marie de Thouars. Dans le cartulaire de Pouzauges, se trouve un acte relatif à l'exécution du testament de Marie de Thouars, dame de Pouzauges et de Beaurepaire, et soeur de Madame Catherine élisant sa sépulture en l'église de l'abbaye de la Grainetière. Quoique Marie de Thouars ait vécu près de 40 ans, le fait qu'elle resta fille paraît avoir rendu purement nominal son titre de dame de Pouzauges et Beaurepaire.

 

Gilles de Rais 3

 


Catherine sa soeur cadette, fut réellement la principale et plus tard l'unique héritière de Miles II. Elle épousa le 20 novembre 1420, Gilles de Laval, sire de Rais, le fameux Barbe-Bleue de la légende qui, comme chacun sait après de brillants faits d'armes, mais aussi des crimes abominables, finit sur le bûcher à Nantes le 26 octobre 1440. Sa femme, après l'année de veuvage obligatoire, se remaria avec Jean III de Vendôme, vidame de Chartres. Elle mourut en 1462.


Et nous arrivons à la construction de l'église de Beaurepaire. Il est de tradition en pays de Tiffauges que la veuve de Gilles de Rais fit des fondations pieuses en réparation des crimes de son mari.

vieux château de Beaurepaire 85


Autour du château de Beaurepaire un bourg s'était créé au détriment de Paillers, mais au spirituel le château dépendait toujours de Paillers, témoin l'aveu fait le 29 février 1392 de la terre des Chirons en la châtellenie de Beaurepaire, paroisse de Saint Père de Paillers par Jean Denis, à Jean Foucher chevalier seigneur des Villes et de la Sausaye.

 

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Catherine de Thouars fit donc construire à quelques mètres de son château une longue chapelle à une seul nef de 24 mètres sur 8 d'intérieur, formée de trois travées à voûtes dominicales aux belles nervures de granit. Un beau portail dans le style de l'époque, conservé de nos jours, y donnait accès. C'est le transept de l'actuelle église de Beaurepaire, auquel on a ajouté un choeur et une nef au siècle dernier.

 

 

Beaurepaire1839

 


La tradition locale nous dit que l'église de Beaurepaire était l'ancienne du château ; je le crois. Je vous dirai tout à l'heure sur quelles preuves je m'appuie, mais la construction de cette chapelle eut lieu entre le mariage de Catherine de Thouars (1441) et sa mort (1462). La paroisse n'apparaît que 25 ou 30 ans plus tard. En effet, messire Michel Turpin, doyen de Montaigu et de Paillers, curé de cette paroisse est le premier qui s'intitule curé de Beaurepaire et ce à partir de 1392, date à laquelle, d'après les registres de la fabrique, il fait de nombreuses translations de rentes dues sur des terres dépendant de la châtellenie de Beaurepaire, au profit de l'église de Beaurepaire.

 

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Ce qui prouve la construction de l'église de Beaurepaire par Catherine de Thouars et Jean III de Vendôme, son second mari entre 1441 et 1462, c'est le magnifique blason en granit qui orne la clé de voûte, de l'ancien choeur. En mai 1959, à la suite de lézardes apparues dans cette voûte, nous avons dû la faire réparer. Un énorme échafaudage fut dressé par les maçons, et j'ai pu prendre un moulage de cette clé de voûte.


C'est un écartelé qui porte aux 1 et 4 les armes de Vendôme, et aux 2 et 3 celles de Thouars, qui sont : d'argent au chef de gueules, au lion brochant d'azur, armé, lampassé et couronné d'or. Comme on le voit, le chef est figuré par cette petite devise en relief. Les Thouars portaient d'or semé de fleurs de lys d'azur, au franc quartier de gueules. Ici le franc quartier a été omis, mais se sont incontestablement les armes des fondateurs Vendôme-Thouars.


Mieux que cela, Catherine de Thouars voulut que cette église rappelât le supplice de son premier mari, Gilles de Rais, qui périt sur le bûcher à Nantes. Elle la dédia à Saint-Laurent, le diacre qui fut brûlé à Rome aux premiers siècles de notre ère.

 

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Aucun document rappelant cette fondation n'existe. Mais la tradition, le style de l'église, la date probable de l'érection de la paroisse, les armes de cette clé de voûte, et le vocable sous lequel elle fut construite, nous autorisent à croire que l'église de Beaurepaire est bien un monument expiatoire, érigé par la veuve de Gilles de Rais, en réparation des crimes de son mari.


JEAN LAGNIAU
Société d'émulation de la Vendée - 1960 - AD85

 

Gilles de Rais

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