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La Maraîchine Normande
7 décembre 2014

1831 - MISSÉ (79) - LE POSTE DE PRAILLON - ARRESTATIONS ARBITRAIRES

Aux yeux de certains journaux, il est passé en principe que la Vendée est un pays turbulent et toujours prêt à se révolter ; cette tactique de leur part a pour but de justifier les mesures exceptionnelles dont ils voudraient voir affliger cette contrée ; aussi, publient-ils en les exagérant, les désordres que des vexations multipliées finissent par faire naître, et gardent-ils un scandaleux silence sur les provocations par lesquelles on y pousse malgré elle, la population fidèle, laborieuse, et ordinairement paisible, qui depuis notre glorieuse révolution, n'est plus désignée que par le nom de brigands.


Les faits que nous allons citer viennent à l'appui de ce que nous écrivons ; lorsque tant d'autres égarent l'opinion sur la position des Vendéens, c'est justice de prouver par des récits sincères, que ces braves gens n'opposent qu'une admirable patience, qu'une résignation surhumaine aux vexations dont ils sont chaque jour ou témoins ou victimes.


Pont de Praillon

Le 16 mai (1831), un habitant des environs de Thouars fut appelé dans le Bocage pour rendre à l'un de ses parens décédé, les derniers devoirs. Obligé de traversé le Thoué pour arriver à sa destination, cet homme se dirigea vers le pont de Praillon, situé commune de Missé, à une petite lieue de Thouars, environ. Là il eut à subir l'interrogatoire du poste de gardes nationaux qui veille jour et nuit à ce passage ; le voyageur ne refuse de satisfaire à aucune des questions qui lui sont adressées ; il décline ses noms, prénoms, le lieu de sa naissance, le but de son voyage, etc. - Cependant quoiqu'il portât un nom connu dans le voisinage, qu'aucune indication particulière ne le rendît suspect et ne l'eût placé hors du droit qu'a chacun de circuler, d'aller et de venir au gré de ses besoins et de ses désirs, on lui déclare qu'il faut attendre, il insiste sur l'urgence du devoir qu'il va remplir. - Il faut attendre. Impatienté de ces retards, le détenu protestant contre les exigeances inconcevables du poste de Praillon, presse son cheval et part au galop. Sa désobéissance a failli lui coûter cher, car une balle citoyenne fut aussitôt lancée à sa suite, heureusement sans l'atteindre ; mais quelle catastrophe si le tireur eût été aussi adroit que vindicatif !


Nous oserions affirmer qu'une telle conduite réprouvée par l'humanité était aussi interdite par la consigne ; cependant on nous assure que le voyageur a été arrêté comme coupable envers la garde nationale.

 

PRAILLON


Dans la soirée du même jour, à la nuit tombante, M. le maire de Missé rentrait en voiture avec son épouse, sa fille et une dame de sa connaissance à son château, dont l'avenue conduit et aboutit au pont de Praillon ; revenant de Thouars, il avait déjà traversé le Thoué et s'éloignait du pont, lorsqu'au milieu de la route même, et pour ainsi dire à la porte de son domicile, cette famille est arrêtée par un garde national qui, baïonnette croisée, somme le cocher de faire halte menaçant de tirer s'il n'est obéi sur-le-champ. Ce n'est qu'après de longues explications que les dames fort effrayées purent atteindre enfin leur habitation.


Ainsi, après avoir chassé le Vendéen de son domicile chaque instant envahi par des soldats, il ne manquait plus que de le faire traquer comme une bête fauve ; il ne lui manque plus rien. Au nom de l'ordre public, on a violé toutes les lois à son égard, on n'a usé que de l'arbitraire le plus révoltant. Au nom de la liberté, il lui est défendu de vaquer à ses affaires, de passer un pont, de rendre un dernier devoir à un ami, à un parent ...

Revue judiciaire, civile, criminelle, administrative et commerciale
N° 39 - Tome III - 1ère année - Dimanche 29 mai 1831

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