JUMILLY (61) - LA LÉGENDE DE LA CROIX DU FRESNE
JUMILLY (61) - LA LÉGENDE DE LA CROIX DU FRESNE
A Jumilly, s'attache à la croix voisine, dite la Croix du Fresne, une légende que chacun raconte à sa manière ...
D'après Liard (Esprits et Fantômes), le voyageur attardé ne manquait pas d'y voir une vision effrayante se dresser tout à coup devant lui, puis s'enfoncer sous bois, pour reparaître bientôt sous des formes variables : chien énorme à l'oeil fascinant ; spectre recouvert d'un blanc linceul, etc.
Un bûcheron du voisinage voulut en avoir le coeur net : armé d'un fusil, il se posta par une nuit claire derrière une épaisse cépée. Il vit bientôt s'avancer dans sa direction, sous l'aspect d'un gros chien noir, le redouté fantôme. Vite, il épaule et fait feu. La bête reste clouée sur place. Le bûcheron s'approche, et quelle n'est pas sa surprise en trouvant, au milieu d'une mare de sang, une belle jeune fille qui expira, en prononçant péniblement ces quelques paroles : "Sept fois j'étais venue ici pour expier mes fautes : c'était mon dernier voyage". Après lui avoir fermé les yeux, le villageois l'enterra sur place. A dater de ce moment, le nocturne visiteur n'entendit plus que de faibles gémissements troubler le silence de ce lieu solitaire.
Notre auteur ajoute qu'ici la légende est d'accord avec l'histoire ; qu'en effet, au siècle passé, une jeune fille de Barenton fut prise pour un revenant et tuée par un homme de Saint-Bômer.
[La vieille croix, placée dans un cadre de végétation grandiose, est formée d'un croisillon cylindrique posé sur un fût octogonal, moins ancien. Sur le piedestal est gravée cette inscription : Charles Rallvav, 1660. Les plaids de la Nocherie se tenaient près de cette croix, ou bien "vis-à-vis des terres du fief noble de Saint-Bômer, séparées de celles de la Nocherie par le chemin royal, au carrefour de Fontaine-Bouillante."]
Le Pays Bas-Normand
Troisième année n° 4
Oct.-Novemb.-Décemb. 1910