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La Maraîchine Normande
1 mai 2014

ROUEN (76) - L'AITRE SAINT-MACLOU

ROUEN (76)  -  L'AITRE SAINT-MACLOU

 

aître saint-maclou



L'Aître Saint-Maclou, ancien cimetière de la paroisse, est un des monuments célèbres non seulement de Rouen, mais du monde, car agréable et original d'aspect, et type de l'art de la Renaissance, il est, de plus, une rareté. Son nom d'aître est la traduction d'atrium ; en effet, il forme un vaste espace rectangulaire, entouré de portiques ; le nom comme la disposition étaient habituels aux cimetières du Moyen-Age et de la Renaissance : les premières basiliques chrétiennes étaient précédées d'un atrium, qui les isolait de la rue ; dans cet atrium, on enterra bientôt les morts, puis, quand les villes, en se resserrant, obligèrent à condenser le plan des églises, l'aître devenu cimetière passa sur un côté de l'église, là où il put se loger ; au besoin, il s'écarta même à quelque distance, comme ici. L'Italie a conservé l'usage des cimetières entourés de portiques ; là encore, comme autrefois chez nous, les tombes riches s'abritent sous les galeries ; les autres se répandent dans le préau que domine au centre un calvaire.

 

L'Aître Saint-Maclou


L'aître Saint-Maclou fut commencé en 1526 ; les maîtres imagiers Denis et Adam Lesselin et Gauthier Leprevost ont collaboré à sa décoration. En 1640 seulement, fut exécutée la galerie du Midi avec l'autel de Saint-Michel. L'ordonnance rappelait celle du cimetière des Innocents de Paris ; la galerie couverte était, en effet, surmontée d'un galetas en pans de bois, et celui-ci servait de charnier, c'est-à-dire que l'on y entassait les ossements qui, nécessairement, en cet espace restreint et dans une ville populeuse, sortaient du sol chaque fois qu'il fallait creuser une nouvelle tombe dans le vieux cimetière. Nous avons actuellement l'équivalent de ces charniers dans les catacombes de Paris. L'ordonnance de l'aître Saint-Maclou appartient au pur style de la Renaissance. Seuls, le mur de clôture et les colonnes qui soutiennent l'étage du charnier sont en pierre ; ces colonnes portent directement des architraves de bois, et reposent elles-mêmes sur un mur d'appui. Tout l'édifice porte une décoration funèbre fort ingénieuse : sur la partie de bois, frises composées d'ossements, d'outils de fossoyeurs et de tous les objets qui servent aux funérailles : cloche, croix processionnelle, bénitier, etc., métopes et médaillons portant des têtes de morts et des os en croix. De 1526 à 1529, toutes ces boiserie ont été huilées puis couvertes de peintures dont il ne reste plus trace.

 

aître saint-maclou


Le travail des colonnes est plus délicat ; leurs chapiteaux, capricieusement posés d'angle, n'ont rien de macabre ; ils sont décorés de volutes, de feuilles d'acanthe et de figurines. La partie inférieure du fût est cannelée, surmontée d'une bague en forme d'entablement, sur laquelle sont posées de petites figures en haut-relief formant des groupes de statuaire autour de chaque colonne. Ces groupes, d'une composition et d'une exécution remarquables ont été, hélas ! abominablement martelés par les huguenots. Ils sont un des exemples les plus justement célèbre de la "Danse des morts ou Danse macabre" ; on connaît le thème : la Mort, personnifiée et toujours la même, saisit et entraîne tour à tour les personnages les plus divers, représentant toute la variété des conditions humaines, et chacun exprime sa désolation devant l'inévitable abandon de tout ce qui lui était cher. La loi cruelle qui régit le monde ne peut être plus éloquemment exprimée et, en même temps que la Mort, la danse macabre ne représente-t-elle pas un peu la vie, presque aussi dure que la mort, puisque les instants de bonheur et trop souvent les êtres aimés ne nous sont prêtés que pour être échangés bientôt contre de longs regrets ?

Extrait :
ROUEN
par Camille Enlart
1906

chat rouen aître saint-maclou



C'est en voulant mettre un peu d'ordre qu'on tomba un jour sur un squelette de chat, vraisemblablement emmuré à l'époque pour conjurer le mauvais sort. On peut toujours le voir dans une vitrine. L'Aître Saint-Maclou est désormais occupé par l'école régionale des Beaux-Arts.
(Petit Futé - Rouen)

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