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La Maraîchine Normande
13 mars 2014

FONTENAY-LE-COMTE (85) - JEAN-ALEXANDRE CAVOLEAU


Jean-Alexandre CAVOLEAU, Écuyer, ancien Président du Conseil général de la Vendée, ancien Secrétaire général de la Préfecture, membre de plusieurs sociétés savantes, chevalier de la Légion d'honneur.

 

signature Cavoleau

 

(Mémorial historique de la noblesse par A.J. Duvergier - Tome premier - 1839)

 

LA SÉPULTURE DE CAVOLEAU

Nous lisons sous ce titre dans le compte-rendu de la session du 18 février 1899 du Conseil municipal de Fontenay :

Un hasard de recherches a fait découvrir dans le cimetière de Fontenay, la sépulture de Cavoleau, administrateur de la Vendée en 1792-1793.
La ville de Fontenay doit tenir à honneur de conserver la mémoire de cet homme de coeur et d'intelligence qui, après avoir exercé de hautes fonctions dans des moments de troubles, a donné le noble exemple d'une mort dans la presque indigence, rue Sainte-Catherine, aujourd'hui rue Benjamin-Fillon, le 1er août 1839.
Benjamin-Fillon, justement soucieux de nos gloires locales, a gravé pour la postérité, dans le monument qu'il a élevé pour la nomenclature des rues de Fontenay, le récit héroïque du noble courage civique avec lequel l'administrateur républicain, donnant un exemple qui, malheureusement, n'a pas été suivi depuis dans nos luttes civiles, sauvait, au péril de sa vie, ses adversaires, les prêtres insermentés et les prisonniers, des fureurs des soldats volontaires exaspérés (Nomenclature des rues de Fontenay, page 103, rue Cavoleau).
Votre Commission, d'accord avec la Municipalité, vous propose de décider que la sépulture de Cavoleau sera conservée et restaurée aux frais de la ville, alors chef-lieu, où il a exercé les fonctions d'administrateur du département et donné les nobles et grands exemples dont il importe à la vie morale des générations de conserver éternellement le souvenir, et d'affecter à la restauration et à l'entretien de cette sépulture, une somme de 200 fr.
Le conseil a voté la restauration et la somme de 200 fr.


Nous n'y trouvons aucunement à redire, ayant nous-même salué comme il convenait, dans de précédentes études cet acte de méritoire générosité. Mais il serait injuste de laisser dire que cet exemple n'a pas été suivi durant nos guerres civiles. Ce que Cavoleau a fait pour les Vendéens, à la suite de la défaite du Pont-Charron, Mme de Grimouard de Saint-Laurent l'a fait elle-même pour les Républicains, après la prise de Fontenay par l'armée royaliste, et nous regrettons qu'il ne soit pas venu à l'idée du Nomenclateur de nos rues, si justement soucieux de nos gloires locales de graver le nom de cette héroïque femme à côté de celui de Cavoleau.
Les vertus civiques ne devraient pas, ce nous semble, avoir besoin de cocardes pour se recommander à la postérité.

Revue du Bas-Poitou
12e année - 1ère livraison
1899

Notice sur CAVOLEAU
ANCIEN SECRÉTAIRE-GÉNÉRAL DE LA VENDÉE,
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE NANTES

La Vendée vient de perdre l'un de ses plus vénérables citoyens, et la Société Académique de Nantes l'un de ses Membres-Correspondants les plus anciens et les plus distingués.

 

acte de naissance Cavoleau


Jean-Alexandre Cavoleau est décédé à Fontenay, le 1er août dernier, dans sa 86ème année. Il était né le 3 avril 1754, à Legé, gros bourg qui faisait alors partie des Marches communes du Poitou et de la Bretagne.


Cavoleau, pendant sa longue carrière, a vu s'accomplir les plus grands évènements de notre histoire, et la part qu'il y a prise dans le pays qui l'a vu naître a été active et laborieuse.


Elevé au milieu de cette contrée des Marches qui jouissait depuis plusieurs siècles d'importants privilèges, et dont la prospérité contrastait avec la misère des provinces voisines, il a pu apprécier dès l'enfance tous les avantages que procurent l'agriculture et l'industrie aux populations affranchies d'onéreux  impôts, et c'est peut-être aux premières impressions de sa vie qu'il a dû ces pensées de progrès social et d'améliorations matérielles qui paraissent avoir inspiré toutes ses études et dirigé tous ses travaux.
Dans ce temps où la société était divisée par classes, l'état ecclésiastique était la carrière la plus favorable aux hommes de talent, privés des dons de la naissance et de la fortune. Cavoleau, dont les précoces dispositions révélaient l'avenir, fut destiné au clergé par ses parents et placé par eux au séminaire de Luçon, où il se fit remarquer par son application et ses brillants succès. Après avoir reçu les ordres, il fut nommé curé de Péault, paroisse située à quelques lieues de Luçon.


Appelé, fort jeune encore, à remplir des fonctions qui lui procuraient de l'indépendance, de l'aisance et des loisirs, Cavoleau se créa lui-même d'utiles occupations, et, envisageant sa mission du point de vue le plus élevé, il comprit que le pasteur d'une paroisse rurale devait non-seulement se vouer à l'éducation morale et religieuse de la population qui lui  était confiée, mais qu'il devait encore travailler de tous ses efforts à l'associer au mouvement de la civilisation et aux améliorations matérielles. La cure de Péault jouissait d'un bénéfice d'où dépendait une ferme assez importante ; mais cette ferme, livrée à des colons inhabiles, était, comme tout le territoire du Bas-Poitou, cultivée sans soins et sans intelligence. A peine Cavoleau fut-il arrivé à Péault qu'il résolut d'exploiter lui-même la ferme de son bénéfice, et de donner par ce moyen à ses paroissiens l'exemple des innovations agricoles dont le pays avait si grand besoin. Ce fut ainsi, qu'il y a plus d'un demi-siècle, un simple pasteur de village conçut l'un des premiers et réalisa au milieu de la Vendée, par la seule puissance de son patriotisme et de sa capacité, le projet de ces fermes-modèles que recommandent encore aujourd'hui les économistes, et qui, malgré tous les encouragements du gouvernement, offrent tant de difficultés d'exécution. Les efforts du curé de Péault ne furent pas stériles. Ses connaissances en histoire naturelle assurèrent à ses essais les plus heureux résultats, et il parvint à modifier la pratique locale de l'assolement et de l'ensemencement des terres, et à introduire les fourrages artificiels qui sont les premiers éléments de nos progrès agricoles. Par la bienfaisante influence de l'hôte du presbytère, les plaines autour du clocher de Péault furent bientôt mieux cultivées, les moissons plus abondantes, les prairies plus nombreuses et plus vertes, et les troupeaux mieux soignés et plus féconds.


Mais, pendant que le prêtre-laboureur se livrait dans le calme de sa retraite à ses utiles et paisibles occupations, de grands évènements s'accomplissaient autour de lui ; la nation française marchait avec rapidité vers des destinées nouvelles ; les vieilles institutions de la monarchie disparaissaient chaque jour, et déjà se formait à l'horizon l'orage qui devait renverser le bâton des pasteurs comme le sceptre des rois et la crosse des évêques. Cavoleau, nourri des idées philosophiques et libérales de son siècle, accueillit avec sympathie la grande révolution de 1789, et adopta franchement les principes qu'elle consacrait.
Une nouvelle division et une nouvelle organisation administratives avaient été données à la France, et la paroisse de Péault faisait partie du département de la Vendée. Cavoleau, toujours poussé par ses idées d'améliorations matérielles, adressa à la nouvelle administration du département appelée Directoire, un mémoire dans lequel il exposa les causes du dépérissement des brebis et de la mauvaise qualité des laines, et proposa l'établissement d'une bergerie de moutons espagnols destinés à perfectionner, par le croisement, la race des moutons du territoire vendéen. L'administration approuva les projets de Cavoleau, et le Directoire, par arrêté du 9 novembre 1790, ordonna l'établissement d'une bergerie de 18 béliers et de 25 brebis dans la paroisse de Péault, sous la direction du curé de cette Paroisse.

 

église de Péault


Au milieu de l'agitation toujours croissante des esprits, Cavoleau continua à s'occuper des devoirs de son ministère et de travaux agricoles jusqu'en 1791, époque à laquelle la cure de Péault fut supprimée. La loi du 24 août 1790 sur la constitution civile du clergé avait créé un évêque électif pour le département de la Vendée et lui avait adjoint plusieurs vicaires. En 1791, Cavoleau fut choisi pour être l'un des vicaires de l'évêque de Luçon.


Cependant, les évènements devenaient sans cesse plus graves. La révolution, qui, avant de donner à la France un gouvernement libre et régulier, devait lui faire éprouver tous les excès et toutes les horreurs de l'anarchie, entrait dans sa plus sanglante période. La Vendée, surtout, était comme un volcan prêt à s'entr'ouvrir ; des symptômes de conflagration se manifestaient sur tous les points ; les amis de l'ancien ordre de choses se préparaient à cette lutte énergique qui a rendu à jamais célèbre le pays qui en fut le théâtre. Ce fut au milieu de ces terribles circonstances que, vers la fin de 1792, Cavoleau qui, par ses travaux, avait fixé sur lui l'attention publique, fut nommé membre et Président du Conseil-Général de la Vendée qui siégeait à Fontenay. On sait qu'à cette époque de désordre l'autorité départementale s'était concentrée dans le sein du Conseil-Général, qui exerçait un immense pouvoir. Dans les séances publiques et permanentes de cette assemblée se discutaient, sous l'empire des passions du moment, toutes les questions qui intéressaient la sûreté générale et la vie et la liberté des citoyens. Le Conseil-Général correspondait directement avec toutes les administrations, avec la Convention Nationale, avec les représentants du peuple, et donnait des ordres aux généraux qui commandaient dans le pays. Il est fort remarquable que, dans ce moment d'exaltation populaire, et dans un pays dont le sol était brûlant, les hommes qui furent appelés au Conseil-Général de la Vendée furent choisis dans les opinions les plus modérées ; parmi eux se trouvaient Pervinquière, qui a été depuis Président de la Cour Royale de Poitiers ; Massé, qui est devenu Conseiller de Préfecture et Secrétaire-Général de la Vienne ; Cougnault, qui a été Conseiller de la Préfecture de la Vendée, et Bourron, qui est mort Conseiller à la Cour Impériale de Poitiers. A la tête de ces honorables citoyens, Cavoleau se fit toujours remarquer par son esprit de sagesse, de justice et d'humanité, et rendit à plusieurs familles, en proie aux persécutions, les plus importants services.


Pendant que l'échafaud faisait chaque jour tomber des têtes, que la guerre civile moissonnait des milliers de victimes, et que les maisons d'arrêt se remplissaient de prisonniers de tous les rang et de tous les âges, la population Vendéenne était menacée d'une horrible famine. Cavoleau fut chargé plus spécialement des mesures qui avaient pour objet d'assurer les subsistances, et fit, dans ce but, comme Député du Conseil-Général de la Vendée, des voyages dans les départements de la Charente-Inférieure, de Maine-et-Loire, d'Indre-et-Loire et du Loiret pour se concerter avec les représentants du peuple en mission dans ces contrées. Comme il s'agissait de combattre les dispositions des représentants Lequinio et Laignelot qui faisaient enlever tous les blés de la Vendée, il fallait, à la fois, du courage et de l'habilité pour remplir une tâche si délicate, et pour contrarier deux proconsuls qui envoyaient à la mort tous ceux qui osaient résister à leur volonté despotique.


Un fait mémorable caractérise surtout la part que Cavoleau a prise dans ces jours déplorables aux actes du Conseil-Général de la Vendée. Des lois avaient prescrit la déportation des prêtres, et quatre-vingts ecclésiastiques étaient détenus à Fontenay, pour être conduits en exil. Un bataillon d'hommes du Midi traversait la ville pour se rendre dans le Bocage, et avait juré de ne pas s'éloigner sans avoir massacré les quatre-vingts malheureux renfermés dans une salle voisine de celle des séances du Conseil-Général ; cette soldatesque effrénée, indigne du nom Français, avait déjà pénétré jusqu'aux portes de la prison, et allait assouvir sa rage sur des hommes sans défense ! Une page honteuse et sanglante allait être ajoutée à notre histoire ! Cavoleau accourt sur le théâtre de cette épouvantable scène ; il invoque en vain les lois et l'humanité, et, voyant son autorité méconnue, il s'attache à la porte, qui va être brisée, présente sa poitrine nue aux assassins et leur déclare qu'ils n'iront pas plus loin sans lui passer sur le corps. Personne n'osa lever la main sur le courageux magistrat, et le bataillon partit sans avoir déshonoré son drapeau par un acte de cruelle lâcheté, semblable aux massacres qui souillèrent, dans la capitale, les journées de septembre.


Ce courage civil d'un fonctionnaire, bien plus rare et bien plus difficile que le courage militaire, est surtout digne d'admiration dans un temps où la terreur comprimait dans les âmes tous les sentiments généreux.
Cavoleau présidait le Conseil-Général de la Vendée, lorsque, le 25 mai 1793, les royalistes s'emparèrent de Fontenay ; il se réfugia à Niort, et ensuite à Luçon, avec ses collègues, ne retourna à Fontenay, ainsi que le Conseil qu'il présidait, que le 21 août suivant, et cessa, peu après, de prendre part aux affaires publiques.


La tempête révolutionnaire s'apaisa, et les mauvais jours furent suivis de jours plus tranquilles. Le temps de l'anarchie était passé, et, avec le calme, renaissaient les idées d'ordre et de réorganisation sociale. Les vieilles institutions avaient entièrement disparu, et il fallait en créer de nouvelles, en leur donnant pour bases les principes que la révolution avait consacrés. Cavoleau, qui, plus que personne dans la Vendée, était capable de concourir à ce grand travail de l'époque, s'associa de nouveau aux affaires publiques, dans l'an 6. L'instruction était le plus pressant besoin du pays ; ce n'était que par la propagation des lumières qu'on pouvait espérer de faire participer cette contrée si arriérée au mouvement général de la France. Cavoleau, nommé membre du Jury central d'instruction publique du département, fut le principal organisateur de cet important service dans la Vendée. L'une des plus belles pensées qu'eût alors le gouvernement fut celle des écoles centrales qui ont produit la génération qui nous entoure ; Cavoleau contribua puissamment à la réalisation de ce projet dans son département, en devenant lui-même professeur d'histoire naturelle à l'Ecole Centrale de la Vendée, établie à Luçon.


Mais une plus vaste carrière allait bientôt s'ouvrir pour Cavoleau. Napoléon, qui s'était tracé avec son épée la route du trône et qui préludait à l'Empire par le Consulat, reconstitua l'administration française par la loi du 28 pluviôse an 8. A la tête de chaque département, il plaça, comme représentant immédiat de son autorité, un Préfet auquel il donna des attributions embrassant, suivant l'expression du ministre Lucien Bonaparte, tout ce qui tenait à la fortune publique, à la prospérité nationale et au repos des citoyens, et, comme un seul homme ne pouvait pas suffire aux devoirs si multipliés qu'il imposait à ce premier magistrat du pays, il lui donna pour principal auxiliaire un fonctionnaire qui eut le titre de Secrétaire-Général, et auquel il assigna un traitement égal au tiers de celui du Préfet. Les Secrétaires-Généraux des départements ne reçurent pas de la loi des attributions personnelles fort étendues, mais, par l'esprit de leur institution et par la force même des choses, ils étaient destinés à être les rouages les plus actifs et les plus utiles de cette admirable et intelligente machine administrative qui a imprimé à la France une si vive impulsion. Associés à tous les actes des Préfets qu'ils devaient contresigner, appelés à chaque instant à représenter et à remplacer ces magistrats, à présider des conseils, à diriger des commissions, à surveiller et à presser l'expédition des affaires, à instruire et à préparer les décisions, à rechercher et à signaler les questions qu'il était utile d'étudier et de résoudre, ils devaient nécessairement prendre une large part dans l'administration départementale et exercer, par leurs lumières et leurs travaux, la plus heureuse influence sur les destinées du pays. La plupart des Préfets, absorbés par les préoccupations politiques et par les devoirs de la représentation, obligés d'abandonner souvent le chef-lieu de leur département pour en visiter les autres parties et exposés à de fréquents changements, ne pouvaient s'initier à tous les détails de l'administration, tandis que les Secrétaires-Généraux, dans une position plus stable, pouvaient pénétrer plus intimement dans la connaissance des intérêts locaux, et étaient les précieux dépositaires des traditions sur les hommes et sur les choses.


Napoléon, qui a toujours montré tant de discernement ou qui a toujours eu tant de bonheur dans le choix des hommes auxquels il a confié des fonctions publiques, nomma, par un décret du 15 floréal an 8, Cavoleau Secrétaire-Général du département de la Vendée.
C'est surtout pendant le long exercice de ces fonctions de Secrétaire-Général que Cavoleau a rendu à la Vendée des services dont elle porte encore les traces de toutes parts. Napoléon avait jeté sur cette contrée, si long-temps agitée par les discordes civiles, un regard plein d'une généreuse bienveillance ; l'aurore de son glorieux règne fut signalée pour la Vendée par d'immenses tentatives d'améliorations ; des routes s'ouvrirent, des canaux se projetèrent, des marais furent desséchés, des écoles s'établirent et une ville s'éleva au milieu du Bocage. Nulle part peut-être l'administration impériale n'a été plus féconde que dans la Vendée. Cavoleau prit aux travaux administratifs de ce temps la participation la plus honorable. De 1800 jusqu'en 1814, sept à huit Préfets passèrent à la Préfecture dont il fut le Secrétaire-Général, et c'est à ses inspirations et à sa collaboration que sont dus la plupart des projets d'utilité publique qui furent exécutés ; les Préfets n'eurent le plus souvent qu'à placer leur nom au bas des propositions d'arrêtés et de règlement qu'il avait rédigées.


De vastes marais s'étendaient dans la partie méridionale du département, et les Sociétés syndicales qui en géraient les intérêts étaient régies par de vicieuses traditions. Cavoleau fut, pour ainsi dire, le législateur du plus grand nombre de ces marais ; il en étudia l'histoire depuis les temps les plus reculés ; il se pénétra du mécanisme de leur administration ; en signala et en fit réformer les abus. On lui doit spécialement les décrets impériaux, entièrement basés sur ses rapports, qui ont organisé la Société centrale des grands canaux de desséchement des marais du Petit-Poitou, et qui ont arrêté les usurpations dans le vaste communal de Benet. Les questions de compétence des contestations relatives aux desséchements de ces marais avaient été jusqu'alors mal comprises et mal jugées par les tribunaux ordinaires ; la jurisprudence, établie à ce sujet, avait les plus grands inconvénients en soumettant aux formes lentes de la procédure civile des difficultés qui exigeaient une prompte solution et des connaissances administratives. Cavoleau, dans un écrit plein de force, de science et de logique rétablit les véritables principes, et fit rendre aux tribunaux administratifs toutes leurs attributions.


Lorsque l'Empereur vint dans la Vendée, Cavoleau contribua beaucoup à appeler son attention sur l'utilité de créer une navigation intérieure pour le département, et l'habile secrétaire-général fut associé à toutes les études de l'Inspecteur-Général de Prony qui avait été chargé de présenter des projets à l'Empereur, et parcourut avec le célèbre ingénieur les bords des rivières qu'il était question de canaliser. Il a souvent rappelé depuis la possibilité d'ouvrir, au milieu du département, des canaux qui y multiplieraient les débouchés de l'agriculture, du commerce et de l'industrie.


Cavoleau, pour être utile à son pays, ne se borna pas à des travaux administratifs. Il employa tous les loisirs que pouvaient lui laisser ses fonctions à des recherches et à des publications du plus grand intérêt. Il fonda, dans la Vendée, et rédigea pendant plusieurs années, un journal politique et littéraire, qui eut de nombreux lecteurs, et qui servit beaucoup à éclairer les populations et à répandre les connaissances utiles ; il fit paraître des annuaires remarquables ; en 1801, il adressa à la Société Académique de Nantes, un mémoire sur les ravages des campagnols dans la Vendée, et plus tard, fit paraître plusieurs brochures d'agriculture et d'horticulture, dont l'une lui mérita une médaille d'or à la Société d'Agriculture de Paris.
Cavoleau apportait dans tous ses actes le plus désintéressement. Peu soucieux d'attacher son nom aux projets qu'il avait conçus, il en laissait volontiers l'honneur à d'autres. Les adversaires de ses principes politiques eurent souvent occasion de recourir à son obligeante impartialité, et les émigrés qui, après leur retour en France, eurent tant d'intérêts à débattre avec l'administration, trouvèrent en lui un appui plein de générosité. Le plus grave reproche qu'ait mérité Cavoleau, c'était de manquer, dans ses relations publiques et privées, des formes de conciliation et de persuasion qui sont surtout nécessaires à un administrateur. Il avait le ton absolu et dogmatique d'un homme d'école et de palais.
Cavoleau, dont l'ambition était satisfaite, et qui n'avait jamais sollicité d'autre position que celle qu'il occupait, exerçait encore les fonctions de secrétaire-général de la Vendée lorsque vint la Restauration. L'esprit de parti est aveugle ; et, dans les réactions politiques, tous les services sont oubliés et tous les droits méconnus. Cavoleau fut destitué !


Il se retira à Nantes, où il fut accueilli avec une affectueuse bienveillance par les hommes les plus distingués de cette ville ; mais, malgré toute sa prudence, il ne put pas se soustraire aux persécutions des agents du nouveau pouvoir. Cardaillac, dont la ville de Nantes conservera long-temps la mémoire, lui donna l'ordre de partir dans les vingt-quatre heures. Cavoleau se réfugia dans un bourg près de Fontenay, où il vécut pendant plusieurs années, livré tout entier à l'étude et aux expériences agricoles ; ce fut alors qu'il rédigea et qu'il publia "la description du département de la Vendée", ouvrage qui révèle une connaissance approfondie du pays et qui a obtenu une mention honorable à l'Institut.


Un ancien Préfet de la Vendée, qui s'est fait un grand nom dans le monde politique et littéraire, M. de Barante, devint quelques années plus tard directeur-général des contributions indirectes ; il avait conservé de son ancien collaborateur les plus honorables souvenirs, et créa pour lui, dans les bureaux de la direction générale des contributions indirectes, une place de conseil pour les affaires contentieuses de l'administration. Cette place ne fut occupée que peu de temps par Cavoleau, et elle fut supprimée en 1825. Cavoleau se retira alors définitivement à Fontenay, chez un de ses anciens amis. Il a continué à travailler jusqu'aux derniers moments de sa vie ; et, après avoir occupé plusieurs fonctions publiques, dans un temps où beaucoup d'autres avaient su s'enrichir, il est mort dans un état voisin de l'indigence ; c'est qu'il avait au plus degré les deux premières vertus des hommes publics, la probité et le désintéressement !


Cavoleau était membre de la Société Académique de Nantes, des Sociétés d'Agriculture, Philomathique et d'Horticulture de Paris, des Sociétés d'Agriculture de Niort, de la Rochelle et de Poitiers, et de plusieurs autres Sociétés savantes.
Comme on le voit, la vie de Cavoleau a été utile à la société. Parmi ses contemporains, si les uns ont étonné l'Europe par leur courage sur les champs de bataille ; si d'autres ont enrichi nos codes de lois qui font l'admiration de l'Univers ; lui, il a travaillé avec ardeur à préserver des malheurs d'une grande révolution et à faire jouir des bienfaits qu'elle a produits et des fruits de la civilisation nouvelle, l'une des plus importantes contrées de la France. Si le nom de Cavoleau n'a pas eu plus de retentissement, c'est, qu'enfant de la Vendée, il a consacré toutes ses veilles au pays qui l'a vu naître, et ce n'est que sur les grands théâtres et dans les grandes cités que la renommée distribue ses couronnes.
A nous donc, qui avont pu apprécier les services et le dévouement de cette longue carrière, à conserver et à honorer la mémoire du vénérable collègue que nous venons de perdre.

H. DE SAINTE-HERMINE
Secrétaire-Général de la Vendée,
membre de la Société Académique de Nantes et
de plusieurs autres Sociétés savantes.
Annales - Volume 10 - 1899

Jean-Alexandre, fils de François Cavoleau et de Marie Savariau, marié à Dame Marie-Renée-Félicité Bouron

lettre Cavoleau



Jean-Alexandre Cavoleau est décédé à Fontenay-le-Comte le 1er août 1839.

 

acte de décès Cavoleau

 

QUELQUES ÉCRITS :

CAVOLEAU LETTRE A UN AMI

CAVOLEAU DESCRIPTION VENDEE

CAVOLEAU OENOLOGIE

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