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La Maraîchine Normande
13 février 2014

JANVIER 1891 - CLÉMENCEAU - THERMIDOR A LA CHAMBRE

clémenceau

 

THERMIDOR A LA CHAMBRE

JOURNAL LA CROIX - samedi 31 janvier 1891

A ceux qui demandent le renvoi à un mois de l'interpellation de M. Fouquier, M. Déroulède répond : "Ajourner à un mois, c'est laisser en suspens la liberté théâtrale, les intérêts de l'auteur et ceux de la Comédie Française. Prenez garde qu'on ne dise qu'après avoir remplacé Thermidor par Tartuffe à la Comédie-Française, vous avez voulu le remplacer par Tartuffe à la Chambre des députés."

Discours de M. Fouquier
Et là-dessus, M. Fouquier a pu parler. Député ministériel, mais indépendant, il regrette qu'on ait tremblé devant une douzaine de perturbateurs et porté la plus grave atteinte aux plus respectables intérêts ? Pourquoi avoir autorisé pour défendre ? L'autorisation est, entre le gouvernement et l'auteur, une sorte de contrat. Qui donc soutiendra que l'ordre public était vraiment menacé ? M. Constans en a bien vu d'autres.
Veut-on envisager la chose au point de vue politique ? Thermidor, ce n'est pas contesté, est entièrement dirigé contre Robespierre. C'est peut-être là que la question qui nous occupe aujourd'hui est tout entière pour quelques-uns. Qu'ils le disent. Robespierre quittant la Convention qui venait de le condamner, disait à Saint-Just : "Je suis perdu, les scélérats triomphent." Il faut choisir entre la Convention, reprenant trop tard courage, et Robespierre.

Etes-vous avec Robespierre
Il faut dire si on est avec Robespierre ou avec Quinet et Michelet appelant cet homme "l'ennemi et le mauvais génie de la république". M. Fouquier n'est pas avec ceux qui pensent que les mauvais républicains s'appellent Barbaroux et Danton et que la vraie république, c'est la dictature et la Terreur.
Robespierre a foulé aux pieds tous les droits. Il a fait monter sur l'échafaud des prêtres, des femmes, des jeunes filles qui voulaient prier Dieu. Il a fait périr sous la hache Anacharsis Clootz, un doux rêveur, et les Hébertistes qu'il accusait d'être athées et matérialistes. Qu'on ne nous parle pas de "l'accès de fièvre" ! L'accès de fièvre nous l'avons compris, Robespierre, l'invasion repoussée, le système sait.
Au moment de sa chute, il préparait l'acte d'accusation contre le Comité de Salut public dont faisait partie Carnot. Toute oeuvre qui lui arrache l'auréole, qu'il a trop longtemps gardée, est oeuvre bonne et il faut applaudir quand l'art met hors de l'histoire que nous revendiquons avec fierté, l'homme qui avait mis hors la loi les plus grands citoyens de notre pays.

M. Leygues
M. Leygues répond à M. Fouquier. La liberté de l'art dramatique ne lui paraît pas en cause parce que M. Sardou a le droit de faire représenter sa pièce sur tout autre théâtre. Mais on ne pouvait tolérer qu'elle fut jouée sur une scène subventionnée.

Le ministre des Beaux-Arts
M. Bourgeois, ministre des Beaux-Arts, explique que le gouvernement n'a pas cru  pouvoir user de la censure préventive. Il a laissé jouer la pièce sous la responsabilité de l'auteur, et n'est intervenu que quand des troubles se sont produits, conciliant ainsi la liberté de l'art dramatique et les nécessités de l'ordre public. Ce n'est pas un gouvernement s'écrie M. Lasserre et M. de Bernis ajoute : "C'est le sabre de Joseph Prudhomme".

M. Reinach
M. Joseph Reinach défend avec vigueur la thèse de la liberté. On n'a pas empêché à la Comédie-Française la représentation de Charlotte Corday, de Ponsard ; et on interdit Thermidor !
On accepte ainsi que Marat soit flétri et on veut que Robespierre soit sacro-saint ! Le gouvernement que j'ai toujours soutenu de mes votes est trop fort pour ne pas recourir à d'autres moyens qu'à une suspension brutale. Ce n'est point l'ordre qu'il a soutenu, c'est le désordre. Et s'il dépend de 25 ou 30 personnes d'empêcher qu'on joue une pièce, la liberté du théâtre et de l'art français aura vécu !
Celui qui insulte la république, ce n'est pas M. Sardou montrant du doigt ces échafauds, ces prisons, ces mares de sang, cette parodie de la justice, ce despotisme d'autant plus odieux, qu'il est anonyme et qui s'écrie par la bouche d'un soldat de Sambre-et-Meuse : "ça la république, allons donc !" Non, ceux qui insultent la république ce sont ceux qui haussent les épaules devant l'évocation de tant de crimes et qui voudraient faire prendre à ce pays le tribunal révolutionnaire pour la Révolution. M. Sardou n'a pas tenu compte de l'épouvantable convulsion où se débattait la république, mais on ne trouve dans son drame que les révoltes de la pitié contre l'échafaud en permanence, contre la justice sans débat, contre l'égorgement des femmes, des vieillards et des enfants ! M. Reinach lit cette phrase :
Il faut montrer de la joie de la mort de son ami, de son parent, si l'on ne veut pas s'exposer à périr de même ... On a peur que la peur même ne rende coupable ... Tels accusateurs, tels juges. Les tribunaux protecteurs de la vie et des propriétés, sont devenus des boucheries où ce qui porte le nom de supplice et de confiscation n'est que vol et assassinat.

A gauche : Assez, assez ! - C'est odieux ! - C'est abominable ! (Bruit prolongé).

M. Reinach
Mais permettez, messieurs ! Ce n'est pas une phrase de M. Victorien Sardou que je viens de lire, c'est une page de Camille Desmoulins, dans cet admirable troisième numéro du Vieux Cordelier qui lui a coûté la vie et qui lui a donné l'immortalité.
(Vifs applaudissements au centre, à droite, et sur plusieurs bancs à gauche).
Et M. Reinach continue en rappelant que le gouvernement même de la Terreur a laissé représenter l'Ami des lois où les membres de la Convention étaient traités de poltrons homicides. Le comte de Falloux qui a justifié la Saint-Barthélémy, a-t-il empêché qu'on représentât les Huguenots ? La Restauration a laissé représenter Marion Delorme qui bafouait Louis XIII. Les radicaux ont moins de libéralisme que le roi des ordonnances !

Un collaborateur de M. Reinach
M. Em. Arène, collaborateur de M. Reinach à la République française, combat la thèse de son directeur. Il aime mieux pourtant voir "Sardou régler son compte à Robespierre que Robespierre le régler à M. Sardou." Il approuve l'interdiction de Thermidor sans être pour cela un partisan de la Terreur. M. Arène quitte la tribune parce que personne ne l'écoute et qu'il ne peut plus parler.

Le ministre de l'Intérieur
M. Goustans explique d'un air bonhomme qu'il n'a de préoccupation ni artistique, ni littéraire, ni même politique. L'ordre seul l'intéresse. Des renseignements lui sont venus.
"Ils viennent à point à qui sait attendre", interrompt avec esprit M. de Kergariou.
Ces renseignements annonçaient une manifestation. Il a voulu l'éviter. D'autres plus graves ne lui ont point fait peur. Mais celles-là se produisaient dans la rue et on disposait de moyens légaux. Tandis que dans un théâtre, il ne pouvait flanquer chaque spectateur d'un agent. S'il n'avait pas suspendu et qu'un incident fâcheux se fût produit, on le lui reprocherait aujourd'hui.
Il croit avoir agi avec sagesse et revendique la responsabilité d'une mesure, prise en commun avec un collègue des Beaux-Arts et approuvée par l'administrateur même du Théâtre-Français.

MM. Barres et Pichon ne font que passer à la tribune.

LA VRAIE QUESTION
DISCOURS DE M. CLÉMENCEAU

M. Clémenceau y paraît.
Nous n'avons à voter ni pour ou contre Danton ou Robespierre. Thermidor est dirigé contre la Révolution. Il est temps d'écarter toutes les tartufferies auxquelles on a recours pour dissimuler la réalité. On n'a pas osé faire l'apologie de la monarchie et on s'est caché derrière Danton.
La pièce est tout entière dirigée contre la Révolution française. Voyez plutôt qui l'applaudit, et dites-moi qui pourrait s'y tromper.
Mais voici venir M. Joseph Reinach qui monte à cette tribune entreprendre le grand oeuvre d'éplucher à sa façon, la Révolution française. Il épluche en conscience et, sa besogne faite, nous dit sérieusement : J'accepte ceci, et je rejette cela !
(Vifs applaudissements à gauche).

M. Joseph Reinach.
Mais vous-même, vous n'acceptez pas Thermidor !

M. Clémenceau
J'admire tant d'ingénuité. Que nous le voulions ou non, la Révolution française est un bloc ...
(Exclamations à droite - Nouveaux applaudissements à gauche).

M. Montaut
Indivisible !

M. Clémenceau
Un bloc dont on ne peut rien distraire.
( Réclamations à droite - Applaudissements prolongés à gauche), parce que la vérité historique ne le permet pas.
Ah ! vous n'êtes pas pour le tribunal révolutionnaire, monsieur Reinach ! mais vous avez la mémoire courte. Il n'y a pas si longtemps, nous en avons fait un ensemble, un tribunal révolutionnaire ...
(Applaudissements répétés à gauche et sur divers bancs à droite), et le pire de tous. Nous avons livré des hommes politiques à des hommes politiques, leurs ennemis, et la condamnation était assurée d'avance.

M. Dubost
Nous n'avons pas plus besoin d'excuse que les hommes de 1792.

M. Clémenceau
Vous avez bien raison, mais laissez-moi donc parler !
Souvenez-vous, messieurs, de ce passé récent ; souvenez-vous qu'en ce jour où les dangers, assurément, n'étaient en rien comparables à ceux de l'époque révolutionnaire, nous avons entendu dans cette enceinte une voix partir de ces bancs, qui s'est écriée : "En politique il n'y a pas de justice."
(Mouvements divers.)
Ah ! vous ne voulez pas du tribunal révolutionnaire ? vous savez cependant dans quelles circonstances il a été fait. Est-ce que vous ne savez pas où étaient les ancêtres de ces messieurs de la droite ?
(Double salve d'applaudissements à gauche et sur plusieurs bancs au centre - Protestations à droite).

Un membre à droite
Ils ont fait la nuit du 4 août !

M. le comte de Bernis
Je comprends que leur place ne vous fasse pas envie.

M. Cunéo d'Ornano
Ils étaient à la frontière pour combattre les ennemis de la France. Mon grand-père commandait une demi-brigade de l'armée républicaine.

M. Clémenceau
Vous entendez ce qu'on me dit. On me dit : ils étaient à la frontière. Oui, mais du mauvais côté de la frontière.
(Vifs applaudissements à gauche).
Ils étaient avec les Prussiens, avec les Autrichiens et ils marchaient contre la France.
(Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs - Vives protestations à droite).

M. le comte de Bernis
Vous vous ménagez là des succès facile.

M. Clémenceau
Ils marchaient contre la patrie, la main dans la main de l'ennemi et ceux qui n'étaient pas dans les armées étrangères, ceux qui n'étaient pas avec Brunswick, où étaient-ils ? Ils étaient dans l'insurrection vendéenne ...
(Interruption à droite).

M. le comte de Maillé
C'est leur gloire ! Ils se battaient contre des assassins.

M. Clémenceau (1)
... et, suivant le mot de Michelet, "à l'heure où la France était aux frontières faisant face à l'ennemi, ils lui plantaient un poignard dans le dos."
(Vifs applaudissements à l'extrême-gauche)
Monsieur Reinach, c'est une besogne facile que de venir dire aujourd'hui à ces hommes qui ont fait la patrie, qui l'ont défendue, sauvée, agrandie : "Sur tel point, à telle heure, vous avez été trop loin !" Oui ! il y a eu des victimes, des victimes innocentes de la Révolution, et je les pleure avec vous !
(Rires ironiques à droite)

M. Camille Pelletan
C'était le centre d'alors qui votait leur mort. C'était là, la majorité de Robespierre.

M. Clémenceau
Vous avez tort de rire, quand vos ancêtres massacraient les prisonniers républicains à Machecoul, quand Joubert, le président du district, avait les poings sciés, est-ce que ce n'étaient pas là des victimes innocentes ? Est-ce que vous n'avez pas du sang sur vous ?
(Vives protestation à droite)
Vous savez bien que la Terreur blanche a fait plus de victimes que l'autre.
(Triple salve d'applaudissements à gauche).

M. le comte de Maillé
C'est intolérable !

M. le comte de Bernis
Ce n'est plus de la discussion ; ce sont des provocations véritables !

M. Clémenceau
Et maintenant, si vous voulez savoir pourquoi, à la suite de cet évènement sans importance d'un mauvais drame à la Comédie Française, il y a eu tant d'émotion dans Paris, et pourquoi il y a à l'heure présente tant d'émotion dans la Chambre, je vais vous le dire.
C'est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n'est pas finie, c'est qu'elle dure encore, c'est que nous sommes encore les acteurs, c'est que ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis.
Oui, ce que nos aïeux ont voulu, nous le voulons encore.
(Applaudissements à gauche).
Nous rencontrons les mêmes résistances. Vous êtes demeurés les mêmes ; nous n'avons pas changé. Il faut donc que la lutte dure jusqu'à ce que la victoire soit définitive.
En attendant, je vous le dis bien haut, nous ne laisserons pas salir la Révolution française par quelque spéculation que ce soit, nous ne le tolérerons pas, et, si le gouvernement n'avait pas fait son devoir, les citoyens auraient fait le leur.
(Applaudissements répétés à gauche).

En quelques mots éloquents qui produisent une impression profonde, M. Albert de Mun demande au gouvernement s'il est avec M. Clémenceau.

Il ne s'agit pas d'instituer ici un débat historique sur la Révolution française ...

Un membre à gauche
Cela vous gêne !

M. le comte Albert de Mun
Non, monsieur, cela ne me gêne pas ; j'ai cent fois exprimé mon opinion sur la Révolution, et soyez bien sûr que je ne me sentirais pas plus gêné ici qu'ailleurs pour dire ce que j'en pense. Mais ce n'est pas la question. Il s'agit de savoir si le gouvernement croit, comme M. Clémenceau, que son devoir est d'entretenir dans ce pays toutes les divisions du passé et de ranimer dans les coeurs toutes les haines, tous les souvenirs de la Révolution, et jusqu'aux plus sanglants ...
(Applaudissements à droite).
... Vous avez interdit Thermidor sous la pression des radicaux et je vous demande si ce doit être là, désormais, votre politique ; je demande si vous voulez obéir à ceux qui vous pressent de couper de nouveau le pays en deux et de revendiquer comme votre patrimoine toutes les violences de la Révolution.
(Nouvelles interruptions à gauche - Vifs applaudissements à droite).
Voilà ma question. Une fois de plus une occasion s'offre à vous de vous prononcer nettement, une de ces occasions que si souvent vous avez laissées échapper ...

M. Clémenceau
Voilà l'ami du gouvernement !

M. le comte Albert de Mun
M. Clémenceau, je ne viens ici apporter au Gouvernement ni une parole de guerre ni une parole d'amitié.

M. Camille Pelletan
Ni aux hommes de Quiberon une parole de défense !

M. le comte Albert de Mun
Monsieur Pelletan, les victimes de Quiberon n'ont pas besoin de défenseurs ; leurs petits-fils portent très fièrement le nom de leurs pères ...
(Vives exclamations à gauche - Nouveaux applaudissements à droite).

Un membre à gauche
Ils ont succombé grâce aux Anglais dans les rangs desquels ils combattaient.

M. le comte Albert de Mun
... et ce n'est pas leur souvenir qui inspire à la France l'horreur et l'effroi.
(Non ! non ! Très bien ! à droite)
Maintenant le gouvernement ne peut plus se taire, il faut qu'il parle et qu'il dise nettement si, oui ou non, il est avec M. Clémenceau après les paroles qu'il vient de prononcer.
(Vifs applaudissements à droite - Bruit à gauche).

M. de Freycinet
s'échappe par la tangente.
Il considère comme un outrage qu'on lui demande s'il approuve les excès de la Révolution, mais ses collègues et lui sont les dépositaires des conquêtes de la Révolution, ils sont les défenseurs résolus de la république. Si on veut les juger, ce n'est pas sur une mesure de police qu'il faut le faire mais sur l'ensemble de leur politique.

M. Malartre
souligne par quelques mots le discours fuyant du président du Conseil. Il se donne le malin plaisir de constater que M. Freycinet n'a pas osé être avec les hommes de la Terreur.

(1) Il est bon de rappeler que le père de M. Clémenceau était, dans des circonstances particulièrement douloureuse, un acheteur de biens nationaux.)

ORDRE DU JOUR

Six ordres du jour ont été présentés. Ils demandent la liberté du théâtre avec suppression de la censure et des subventions. Le septième, de M. Fouquier et Reinach, demande qu'on sauvegarde à la fois l'ordre public et la liberté des théâtres. Le gouvernement ne veut que l'ordre du jour pur et simple, qui est voté par 315 voix contre 192.
Les radicaux triomphent. Le ministère sourit à l'extrême-gauche et M. Clémenceau, dont on a lu le sauvage discours, est le véritable triomphateur.

J.M.

thermidor 3



THERMIDOR ET LES JOURNAUX

Tous les journaux de ce matin s'occupent de la séance de la Chambre. Ils sont d'accord à reconnaître que le ministère est prisonnier de M. Clémenceau.

L'Autorité :
C'était une nouvelle capitulation. Cette fois, le gouvernement rendait les armes devant M. Clémenceau, il abandonnait la Gironde pour aller à la Montagne, il lâchait Danton pour offrir son alliance à Robespierre ; et, à son tour, il protestait contre la journée du 9 Thermidor.
Le véritable héros de la journée, c'est donc Clémenceau.

Le Gaulois :
Le seul parti qui sorte grandi de cette échauffourée, c'est le parti ultra-radical. Le gouvernement, qui s'est mis à sa remorque, en sort diminué, malgré sa victoire.

Le Soleil :
On considérait généralement M. Clémenceau comme un vaincu.
Il vient de prendre sa revanche et de la prendre éclatante.
Le gouvernement, après la capitulation d'hier, ne pourra plus vivre qu'avec sa permission, et sous sa protection.
Il le soutiendra sans doute ... comme la corde soutient le pendu.

L'Estafette de M. Ferry gémit sur le gâchis gouvernemental :
Si Thermidor est remis sur l'affiche, M. Clémenceau, de son autorité privée, sonne le tocsin d'alarme et appelle les citoyens à faire leur devoir contre le gouvernement ! Santerre va-t-il donc obéir à la voix de Robespierre-Clémenceau, et se ruer avec les faubourgs sur le Palais-Bourbon ?
Ah ! notre humiliation est profonde. Après un siècle de révolutions, voilà, oui, voilà l'esprit politique de certains républicains. Ils ont gardé le fatras des déclamations, des sophismes, des violences, des mots, des sonorités des vieux conventionnels, sans en avoir les grandeurs tragiques, ni l'ardent-amour du bien public ...
Et M. Clémenceau nous appelle aux armes contre les Chouans de Charette ! Le gouvernement a eu l'ordre du jour qu'il demandait. Hélas ! l'Europe aura grand sujet, demain, de rire de nous !

Le XIXe siècle tout radical qu'il est, proteste contre l'apologie de la guillotine faite par M. Clémenceau.
Il est de ceux qui veulent qu'on admire la Révolution "en bloc" dans toutes ses doctrines, tous ses actes, tous ses hommes, tous ses héroïsmes et toutes ses erreurs. C'est une application nouvelle, sinon imprévue, des théories du Syllabus. A entendre M. Clémenceau, on croirait que la Révolution n'est pas un fait humain, mais un fait surnaturel qu'on ne saurait examiner librement sans être taxé d'en être l'adversaire.

La Justice de M. Clémenceau entonne un chant de victoire.
De ce côté-ci de la frontière, nous acceptons la Révolution comme une épopée nationale que l'art d'un vaudevilliste ne peut diminuer. C'est un bloc, le mot a été dit. Et quand Clémenceau a parlé des traîtres de l'émigration et de la Vendée, personne à droite ne s'est levé. Elle était curieuse à voir, la droite, sous cette grêle. A gauche, l'étincelle a mis le feu partout. On s'est retrouvé autour du drapeau commun. Et quand Clémenceau est descendu de la tribune, qui avait un admirable aspect de barricade, on lui a fait une véritable ovation.

thermidor 4

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