DRAME AU CHATEAU D'ASSON

Dans son journal allant de 1809 à 1847, Victor de Mauclerc, devenu propriétaire d'Asson, raconte le 2 février 1818 :

"Il y eut aujourd'hui 24 ans, le 2 février 1794, que cachés dans un champ de la Cossonière et très près de cette métairie, nous faillîmes, ma mère, mes deux frères, ma soeur et moi devenir les victimes des monstres révolutionnaires, envoyés, comme ils le disaient, faire de notre infortuné pays un vaste cimetière. Un précepteur que nous avions alors, mais qui n'était pas dans le même endroit du champ, fut tué par eux, si près du lieu où nous étions, que nous entendîmes tout ce que disaient ces féroces assassins, qui le sommèrent par trois fois de se lever, par ces mots "lève-toi polisson !" A quoi il répondit non. Alors l'un d'eux lui envoya un coup de fusil. Nous l'entendîmes se plaindre deux fois. Alors celui des deux dont le fusil était déchargé, dit à l'autre : "Tire ton coup", ce qu'il fit et nous n'entendîmes plus rien ... Le soir, lorsqu'on nous avertit que les bleus étaient partis, nous sortîmes des genêts, où il avait plu à Dieu de nous sauver, puisque, s'ils nous avaient trouvés là, ils nous auraient donné la mort. Ils passèrent si près de nous, que nous leur vîmes les jambes. L'un d'eux proposa même de fouiller les genêts, ce qui, par une permission expresse de la Providence, ne fut pas jugé à propos. Il faudrait en avoir été témoin, pour se faire une idée de l'abattement et de la désolation, où chacun se trouvait le soir de cette journée, où les uns avaient à déplorer la mort de leurs parents, d'autres la perte de leurs moyens d'existence ..."

Extrait du livre : Asson à la Boissière-de-Montaigu

Guy de Raigniac