ASSASSINAT COMMIS DANS ROME A CAUSE DES FRANCAIS EN OCTOBRE 1790
Le Comtat Venaissin venait d'être déclaré appartenir à la France : les Polignac et beaucoup d'autres familles nobles françaises affluaient à Rome. Les jeunes artistes français, de leur côté, se réjouissaient des progrès de la liberté dans leur patrie. N'osant tout à fait prendre pour une sédition l'expression de leur juste joie, les gentilshommes émigrés, réunis à la caste patricienne de Rome, se coalisèrent et convinrent de soudoyer leurs laquais pour insulter aux jeunes artistes français. Un élève se promenait seul dans les environs de Rome, méditant sur les chef-d'oeuvres dont il se voyait entouré ; quatre laquais, déguisés en hommes du peuple, tombent sur lui, lui arrachent sa cocarde, la foulent aux pieds, et avisaient déjà de quelle manière ils lui ôteraient la vie : heureusement un jeune citoyen de Rome, artiste aussi et ami des nôtres, vient à passer sans dessein. La scène change aussitôt. Les deux jeunes amis réunis, tombent sur les assaillans qui fuirent ; ils ne peuvent en arrêter qu'un, reconnu chez le Magistrat pour être de la maison Polignac.
A cette nouvelle, tous les jeunes pensionnaires de l'Académie de France demandent justice ; on la leur refuse. On fait plus ; le coupable arrêté est relaxé et demeure impuni.
Pour mettre le comble à cet attentat, un jeune Romain, de l'ancienne famille des Caraffa, amis des arts et des artistes, était lié avec tous les élèves de France ; c'en fut assez. Trois jours après l'évènement que nous venons de raconter rapidement, l'infortuné Caraffa fut trouvé dans une rue de Rome, percé au coeur de trois coups de stylet italien.
Histoire générale et impartiale
des erreurs, des fautes et des crimes
commis pendant la révolution française
Tome 3
Louis Prudhomme