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La Maraîchine Normande
14 octobre 2023

NULLY (52) CAEN (14) - BARON ÉTIENNE-MARTIAL MANDAT, DIT LE BALAFRÉ (1770 - 1798)

Portrait de Martial de Mandat z

 

Étienne-Martial Mandat, dit le Balafré était né le 12 décembre 1770, au château de Nuilli (Nully), près de  Brienne, en Champagne, et était neveu de ce fidèle Mandat, commandant la garde nationale parisienne, assassiné le matin du 10 août à l'hôtel de ville. Une de ses soeurs, Alexandrine, 29 ans, mariée à Alexandre de Thomassin de Bienville, était montée, en 1794, sur l'échafaud révolutionnaire, coupable surtout du nom qu'elle portait.

baptême 1770 Nully

Mandat avait servi dans les hussards de Choiseul ; il était âgé de 18 ans à l'époque de l'émigration. Il montra, dans les différents corps où il servit en pays étranger, la plus grande valeur, et, au plus fort d'un combat, reçut un coup de sabre au visage, puis il était rentré en France début 1795.

Frotté avait en lui une confiance absolue. Sa bravoure héroïque, sa grande taille, sa belle figure, sa voix sonore, ses chansons joyeuses "où il célébrait son Roi, le dieu Mars et l'Amour", en avaient fait l'homme le plus populaire de l'armée.

Dans la campagne de 1796, il commanda d'abord une compagnie de déserteurs, puis la légion de Saint-Jean-des-Bois, et finit par devenir adjudant général. Il se distingua particulièrement à l'affaire de l'Auberge-Neuve (7 avril 1796).

L'arrestation et la mort de Mandat furent un coup des plus sensibles pour Frotté et pour son parti.

la Haye Piquenot panneau

Mandat était resté en Normandie, caché tantôt à Caen, tantôt à la Haye-Piquenot, arrondissement de Bayeux, chez une dame de Basmaresq, sa cousine, dont le mari était émigré en Angleterre. Il était chargé de la direction des affaires du parti. Peut-être aussi une liaison trop tendre avec son hôtesse contribuait-elle à le retenir dans le pays. En véritable chevalier français, il était prêt à mettre l'épée à la main pour elle, et Bruslart l'ayant un jour traitée trop légèrement, Mandat l'appela sur le terrain, où il dut faire des excuses.

La police y savait sa présence, et le cherchait avec activité ; il finit par être arrêté à la Haye-Piquenot, à la fin de thermidor an VI (vers le 15 août 1798). Il y avait été dénoncé par une boulangère, étonnée de la quantité de pain qui se consommait dans la maison où il était caché et où il recevait d'assez nombreuses visites. Une perquisition eut lieu. Madame de Basmaresq était grosse et sur le point d'accoucher : elle perdit la tête en voyant la police s'approcher de la cachette où Mandat était renfermé ; on dit même qu'elle se jeta sur lui à corps perdu et l'empêcha de se défendre ... On découvrit aussi la cachette où Mandat renfermait ses papiers. Il était connu et aimé à Caen : la nouvelle de son arrestation y causa une certaine fermentation ; la femme soupçonnée de l'avoir dénoncé fut conspuée sur le marché et presque lapidée par la populace ...

Les postes de la prison furent doublés, une surveillance rigoureuse exercée à l'intérieur et à l'extérieur, de manière à déjouer toute tentative d'évasion ou d'enlèvement.

Ses camarades et son frère Charles avaient promis beaucoup d'argent pour le sauver ; quant à son frère aîné, le comte de Grancey, à la nouvelle de cette arrestation, il était parti de Bourgogne à franc étrier, mais ne put arriver que quelques heures après l'exécution.

Étienne-Martial Mandat fut condamné à mort et fusillé dans les fossés du château, le 6 vendémiaire an VII (27 septembre 1798). Il avait 27 ans.

décès 1798

Il se passa alors une scène touchante, que Frotté raconte dans l'épanchement d'une lettre au prince de La Trémoille :

"Son amie est accouchée dans la prison d'un garçon. Il a fait venir l'enfant, le jour de sa mort, et l'a reconnu et fait baptiser en son nom. Le mari est ici, gai comme un pinson, qui ne se doute de rien. Quelles complications affreuses ! La Divinité aurait-elle voulu faire un exemple ? C'est au moins ce que l'on pourra dire, si l'on apprend ces détails ; mais on ne médira pas en vain devant moi de la mémoire de mon ami, et, dès ce moment, j'adopte ce malheureux enfant dans le secret de mon coeur. Cette malheureuse et innocente créature n'est pas coupable, et les auteurs de ses jours ne le furent que d'amour. Est-ce un crime, lorsque, d'ailleurs, comme Mandat, l'on a tant d'autres vertus ?"

A quelque temps de là, l'affaire de madame de Basmaresq fut soumise au jury d'accusation. Il la trouva sans doute assez punie et déclara qu'il n'y avait lieu à suivre (17 décembre 1798). C'était le second verdict de ce genre qu'elle obtenait ; elle fut seulement mise en surveillance.

Le commissaire Coquille-Deslonchamps eut l'idée assez étrange de faire inscrire ce malheureux enfant à l'état-civil sous le nom de Mandat. L'administration municipale prétendait lui donner le nom de Basmaresq, c'est-à-dire du mari de la mère. Le débat dura pendant plusieurs mois. L'enfant fut enfin présenté et inscrit sous le nom de Basmaresq.

Madame de Basmaresq se consola bien vite de la mort de Mandat ; elle mena à Caen une vie plus que légère. Elle fut envoyée en surveillance à Rouen, en frimaire an IX.

Madame de Basmaresq, née Sophie-Prudence-Caroline Le Bacheler, était née le 30 décembre 1773 à Saint-Germain-sur-Aye (50), fille de Louis-Adrien, sieur de Semilly, et de Charlotte-Jacqueline-Gabrielle de Grimouville.  ; elle avait épousé à La Haye-Piquenot (14), le 6 octobre 1791, Charles-Félix Le Canu, seigneur de Basmaresq, dont elle divorça à Caen, le 4 frimaire an X (25 novembre 1801).  Charles-Félix, lieutenant-colonel de cavalerie en retraite, est décédé à Caen, 81 rue Notre-Dame, le 28 septembre 1832.

Dans les registres de Caen, en date du 14 brumaire an VII (4 novembre 1798), on trouve la déclaration de naissance de l'enfant de Mme de Basmaresq, celui-ci étant venu au monde le 4 prairial an VI (23 mai 1798), à Caen, rue Bosnière "section du Civisme" et auquel elle a donné le nom de Louis-Martial Basmaresq"les circonstances où elle se trouvait alors l'en avait empêchée".

L'enfant d'Étienne-Martial Mandat, Louis-Martial Le Canu de Basmaresq, est décédé à Caen, chez sa mère, rue des Capucins, le 5 vendémiaire an VIII (27 septembre 1799) à l'âge d'un an et quatre mois.

LOUIS MARTIAL décès 1799

 

Sophie-Prudence-Caroline Le Bacheler s'était remariée à Caen, le 8 ventôse an X (27 février 1802) avec Louis Le Pelletier, né le 7 décembre 1779 à Colomby-sur-Thaon (14), fils de Pierre, cultivateur, et de Jeanne Gobillet, capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, chevalier de la Légion d'honneur, dont elle eut deux enfants : - Léonide-Louise-Caroline, née à Caen le 1er octobre 1803 ; décédée le 19 novembre 1885 au Molay (14) ; - Raoul-Édouard, né à Caen le 24 février 1807, vérificateur de l'enregistrement des domaines, Conservateur des hypothèques ; décédé le 2 mai 1887 à Vire (14).

Louis Le Pelletier est décédé à Saint-Mihiel (Meuse) , le 11 février 1830 à l'âge de 50 ans.

Sophie-Prudence-Caroline Le Bacheler est décédée à La Haye-Piquenot, le 15 septembre 1831, à l'âge de 57 ans.

 

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Son père, Galiot-Jean-Marie Mandat, chevalier, baron de Nully, seigneur de Thil, de Grancey et de Bouron en Champagne, second fils de Galiot Mandat, Ve du nom, et de Marie-Anne Cherouvrier-des-Grassières, né le 13 octobre 1733, mousquetaire du roi dans sa première compagnie, depuis le 10 juin 1750 jusqu'au 4 décembre 1755, qu'il fut fait enseigne à drapeau au régiment des Gardes-Françaises, enseigne à pique le 6 février 1759, ensuite sous-lieutenant le 23 décembre de la même année, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis le 7 mai 1763 ; rendit hommage au roi entre les mains de M. de Lamoignon, chancelier de France, le 9 novembre 1757, de sa terre et baronnie de Nully.

Il fut pourvu de l'office de grand-bailli de la ville de Chaumont en Bassigny, sur la résignation de son beau-père, par lettres données à Versailles le 7 juin 1769. Il présida en cette qualité l'assemblée de la noblesse de ce bailliage, pour l'élection des députés aux états-généraux de 1789.

Il émigra en 1791, et fit la campagne de 1792 à l'armée de monseigneur le duc de Bourbon, comme commandant en second de l'infanterie de la coalition des gentilshommes de Champagne. Il est mort le 1er décembre 1805.

Il avait épousé, le 4 novembre 1764, Marie-Françoise-Charlotte Petit de Lavaux, fille de Gédéon-Claude Petit de Lavaux, chevalier, seigneur et baron de Mothaut, ancien capitaine au régiment de Vexin, infanterie, grand bailli de la ville de Chaumont en Bassigny, et de Charlotte-Jeanne de Poiresson de Chamarande.

château de nully

Château de Nully

De ce mariage sont issus :

1° - Adrien-Simon-Galiot-Marie, comte de Grancey, né le 8 novembre 1765 ; témoin de la Guerre d'indépendance Américaine ; lieutenant de vaisseau le 1er décembre 1788 ; en 1789, VIe escadre à Toulon, 1ère division ; avait émigré en 1791, et fait les campagnes dans l'armée des princes ; il avait épousé le 1er janvier 1799,  Marguerite-Pauline de Paris-la-Brosse ; dont un fils, Marie-François-Galiot-Ernest, comte de Grancey, chevalier, baron de Nully, chevalier de l'Ordre de Malte ; né le 25 mai 1808 ; a épousé, le 18 mai 1830, Jeanne-Louise-Lorette-Eugénie-Rachel de Cordoue. A leur contrat de mariage ont signé le Roi Charles X, AA.RR. Monsieur le Dauphin et Madame la Dauphine, Madame, duchesse de Berry, le duc et la duchesse d'Orléans, la princesse Adélaïde et S.A.S. le duc de Bourbon ; de ce mariage sont nés six enfants ; Ernest est décédé en son château de Grancey, le 23 novembre 1887, dans sa 80e année ; Marguerite-Pauline est décédée en 1810 et Adrien, le 19 septembre 1811

2° - Alexandre-Galiot-Charles, chevalier de Mandat, né à Nully, le 3 décembre 1766 ; entra de bonne heure au service, et fut officier au 5e régiment de chevau-légers en 1783 ; capitaine de remplacement dans celui de Montmorenci dragons en 1788 ; il émigra et fit trois campagnes à l'armée de Condé, une dans le corps d'Allonville et une à l'armée royale de Normandie, où il a servi comme officier supérieur jusqu'à la pacification ; il se trouva à toutes les affaires qui eurent lieu à cette époque et particulièrement à celles de Sourdeval, de Vire et du Grand-Ceylan ; il fut grièvement blesséé au combat de Vire, où il servait sous les ordres de son frère Étienne-Martial ; il fut arrêté en 1796, fut mis en surveillance sous la garde d'un gendarme, jusqu'en 1800 ; a été fait chevalier de Saint-Louis en 1815 ; Commissaire général de la Maison philanthropique de Paris ; décédé, célibataire, à Vaudrémont (52), le 1er novembre 1830 ;

3° - Antoine-Galiot-Marie, baron de Mandat, né à Nully, le 2 février 1769 ; officier au régiment d'Armagnac en 1784 ; émigra en 1791 ; fit trois campagnes à l'armée de Condé et se trouva aux mêmes batailles qu'Alexandre ; comme lui, il vint joindre l'armée de Normandie et partagea les mêmes dangers ; arrêté en 1796, et déporté en Suisse, par ordre du directoire, il est rentré en France, après le 18 brumaire, et a aussi obtenu la croix de Saint-Louis en 1815 ; il a épousé, le 9 juillet 1805, Adélaïde le Bas du Plessis, fille de François-Nicolas, maréchal de camp, ancien capitaine aux Gardes, et de Louise-Catherine Choart ; Antoine mourut sans postérité en 1841 ; Adélaïde est décédée en son Hôtel à Paris, à l'âge de 75 ans en 1857,  Paris, 6 rue Neuve de l'Université ;

4° - Étienne-Martial ;

5° - Louis-Maurice-Fortuné, chevalier de Mandat ; né à Nully, le 18 septembre 1773 ; officier de marine ; mort à l'âge de 19 ans, à la Martinique en 1792 ;

6° - Alexandrine-Claudine-Félicité, née à Nully, le 25 octobre 1767, mariée à Alexandre, comte de Thomassin-de-Bienville ; fut traduite en 1794 devant le Tribunal révolutionnaire ; l'accusateur public Fouquier-Tinville reconnut qu'il n'y avait aucune charge contre elle ; "mais ajouta-t-il, elle s'appelle Mandat, je conclus à la mort" ; elle fut en effet exécutée avec son mari le 23 prairial an II (11 juin 1794) laissant deux demoiselles mariées, l'une, Claudine-Marie-Zoé (1789 - 1873), à M. le comte Jean-René-Pierre de Semallé, colonel de cavalerie, gentilhomme de la Chambre du Roi, chevalier de Saint-Louis (en 1810)  et l'autre, Henriette (1790 - 1871) à Guillaume-Louis-Athanase de Pechjeyron-Comminges, marquis d' Epoisses, comte de Guitaut, officier supérieur de cavalerie, gentilhomme de la Chambre du Roi, chevalier de la Légion d'honneur ;

7° - Anne-Sophie, née à Nully le 8 février 1776, veuve de Gaspard-Pontus-Nicolas, marquis de la Madeleine-Ragny ; décédée au château de Vaudrémont le 6 octobre 1841 ;

8° - Antoinette-Hermine, morte en bas-âge.

Armes : D'azur, au lion d'or ; au chef d'argent, chargé d'une hure de sanglier, de sable, défendue d'argent, accostée de deux roses de gueules ; supports, deux lions.

armes

 

Louis de Frotté et les insurrections normandes 1793 - 1832 - L. de la Sicotière - Tome second - 1889

Souvenirs du comte de Semallé, page de Louis XVI, par son petit-fils, 1898

AD14 - Registres d'état-civil de Caen

Portraits : https://man8rove.com/fr/profile/7e8ds97c-galliot-de-mandat

Biographie des Hommes vivants - rédigé par une société de gens de lettres et de savants - Tome 4ème - 1818

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