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La Maraîchine Normande
12 février 2024

MARSEILLE (13) - LA RÉVOLUTION VUE PAR UN ARTISTE, JOSEPH-MARTIN MARCHAND (1758 - 1843)

Fils de Louis Marchand et de Marguerite Forty, Joseph-Martin est né à Marseille, paroisse Saint-Ferréol, le 27 août 1758.

Il est organiste à l'église des Prêcheurs à Marseille ; en 1793, il est miroitier, rue Pavillon, puis sur les menaces d'un commissaire, il s'engage et se retrouve sculpteur à l'arsenal de Toulon. Il déserte juste après la mort de Robespierre. Puis il devient peintre.  

Il était aussi musicien et compositeur ; il laisse nombre de livrets et de partitions que l'on peut retrouver aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, classés dans les documents figurés.
 

Face aux dégradations engendrées depuis la Révolution française par les Français sur leur propre patrimoine, il entreprit la sauvegarde des monuments sous la forme d'un portefeuille de dessins.

Pour prendre à la hâte ces croquis dans un contexte particulièrement délétère, Joseph Marchand dut recourir à des subterfuges, tels que s'engager dans l'armée et se porter volontaire pour monter la garde parmi les soldats.

En 1801, on le dit professeur jusqu'en 1805 où il devient peintre (rue Mazade) ; en 1815, il donne des leçons chez Mme Payan d'Angery et c'est en 1827 qu'il s'installe rue des Princes, n° 5 (actuellement rue Stanislas Torrents).

Joseph-Martin Marchand, célibataire, est décédé en son domicile à Marseille, le 22 novembre 1843, à l'âge de 85 ans et 3 mois.

"Je ne suis point homme de lettres, disait-il, dans tous les métiers chacun fait son journal, moi comme artiste, je me suis amusé à faire le mien en écrits, en notes et en dessins."

Les textes et les dessins qui suivent ont été écrits et réalisés par Joseph-Martin Marchand, durant la période révolutionnaire à Marseille (1794 - 1805) ;

J'avoue franchement, disait-il, que mes notes semblables à mes esquisses au crayon sont des pensées sans corrections et sans coloris.



"La guiotine, il est vrai que de tous temps il a été un plaisir commun à tous les hommes en général, que celui des spectacles qui devroient déchirer le coeur. Ho ! quelle engeance que la notre ? à présent c'est bien pire ! Ils en sont au point de ne plus sentir cette compassion seulement machinale, qu'ils ressentoient autrefois quand ils alloient voir exécuter un criminel : ils chantent, dansent devant leurs victimes et crient vive la république à chaques têtes qui tombent sur l'échaffaud.

Ce n'est seulement pas la basse classe qui fait des exclamations de joi, ils sont tous les mêmes, et c'est tous." (AD13 - 50 Fi 135)

 

"Aujourd'hui flater les passions du peuple c'est l'éclairer, de tout temps il a jalousé le riche ; à présent il veut le remplacer ; celui qui réussit à son tour est jalousé et peut être sera un jour remplacé par son pareil, n'importe par quel moiens, par quelle manière de s'y prendre, il suffit de se soustraire à la justice, j'entend la justice du jour, et vous qui préchez cette morale, prenez garde à vous, ne sentez-vous pas que ses effets se ramifient jusque dans l'insolance des personnes attachées à votre service.

Les comédiens jouent les caractaires, les charlatans, les saltimbanque savent par les ressors de l'accent et des gestes donner de l'expression, les uns et les autres ont la même facilité de parler : ajoutons encore savoir bien sa langue et arrondir une phrase, toutes ces qualités réunies donnent aux pensées vraies ou fausses un éclat qui remue et entraîne l'imagination de la multitude.

La justice humaine doit être le type de la justice divine ; les premières qualités d'un juge c'est les vertus, il y en avoit beaucoup en France, mais il faloit les chercher ; et ces tribunaux auroient été des sanctuaires de sagesse, ou les vices n'auroient jamais pénétré." (AD13 - 50 Fi 157)
 


"Les révolutionnaires ne voulant paroître rien voir, rien dire, rien faire, comme les autres ; nous ont donné le calandrier égyptien comme une production de leur grand génie : c'est ainsi qu'on éblouis les sots, qui sont toujours le plus grand nombre". (AD13 - 50 Fi 308)

 

 


Condamnons le juste a la mort la plus infame, disent les impies car si ces paroles sont véritables, dieu prandra soin de lui.

Les hommes renfermés dans les cachots craignent plus les jugements des hommes que les jugements de dieu ; en général les victimes de la révolution, semblables aux premiers martyrs, sont résignés a la mort et vont au supplice avec un courage héroïque.

Ce courage n'est point comme dans le monde un égarement de l'esprit, c'étoit la force de se détacher de toutes les foibloisses humaines, c'est en élevant son ame a dieu se soumettre a sa volonté supreme.

Cesser de vivre, la dissolution de notre corps, sont dans l'ordre de la providance.

Suposons que Dieu manifestat d'une manière sensible qu'il suspand cette mort que nous appréandons tous, se qui seroit opposé a sa bonté infinie ; l'instant après que cette prétendue grace nous seroit accordée, l'enfer seroit sur la terre. (AD13 - 50 Fi 191)
 

"Je jette sur les feuilles se que je pense et se que je vois. Souvent je me dis, à quoi cella sert, ou cella me mène ? à rien, je le sçais. De tout temps le mal a été répandu sur la terre, il c'est réuni et a formé un foyer ou les crimes comme des rayons se réunissent ; sa chaleur se propage et s'étend, et moi qui suis moins qu'une goute d'eau, que puis-je faire à cet embrasement général ? rien, mais mon ame qui ne peut rester en repos se soulage en se confiant au papier.

Depuis que la religion est renvercée, on élève des autels a Mara, on promène sa statue en triomphe : les hommes l'accompagne en portant les trophées de la liberté et de l'égalité et chantent des hymnes a son honneur ; les femmes ! les femmes qui semblent être faites pour adoucir la férocité des hommes y sont et chantent aussi : elles, qui autrefois portoient sur leurs seins la croix ce signe du chrétien, elle l'on remplacée par des médaillons qui renferment son éffigie.

Lors des grandes fêtes que les autorités sont leurs promenades qu'ils appellent civiques. Le cortège forme deux corps, le premier est sansé [être] le peuple ; ce sont des hommes et des femmes qui précèdent le buste de Mara, porté sur un brancard orné de guirlandes, ce prétendu peuple français porte les atributs de la liberté et de l'égalité mais avec la diférance que dans l'iconologie, la liberté est représanté par une femme vêtue de blanc qui de la main droite porte le sceptre de l'empire des vertus et de la gauche un bonnet frigien qui étoit la marque de l'affranchissement des esclaves, ici le sceptre est remplacé par la massue d'Hercule, qui signifie une liberté acquise par la valeur ainsi représentée sur les médailles de Marcus-Aurélius Antonius verus, dit heliogabale, cet empereur qui souillé par tous les crimes fut appelé le sardanapale de Rome. Quant au bonnet frigien, ils l'ont échangé par celui des forçats, ils le mettent sur la tête pour les grandes fêtes, et les chaînes sont pour la nation.

L'égalité, qui de la main droite porte la balance, symbole de la justice, de la gauche le nid d'une hirondelle, cet oiseau qui fait toujours un partage égal à ses petits et n'ote jamais rien à l'un pour le donner a l'autre, chez eux elle est représentée un niveau seulement dans les mains. Sur leurs banières, il est écrit vivre libre ou mourir.

Le second corps ne chante pas comme le premier, mais il a la musique militaire ; ce sont les autorités qui le composent, les premières dignités sont a la fin devant un char traîné par six chevaux caparaçonés avec des tapis aux trois couleurs, sur le char est une figurante de théâtre, presque nue, qui représante la liberté, le plus curieux, le plus étonnant et le plus inconsevable, c'est le grave maintien et le masque religieux.

Les statues de la Sainte Vierge qui étoient élevées dans des niches aux coins des maisons, sont renversées pour placer celles de Mara. Dans les places publiques on lui élève des autels colossales, les sculpteurs s'évertuent a qui faira mieux. C'est l'ecclésiaste quant il dit : "L'addresse admirable des sculpteurs augmente encore beaucoup ce culte dans l'esprit des ignorans, chacun d'eux voulant plaire à celui qui l'employoit épuisa tout son art, pour faire une figure parfaittement achevée."

Les sculpteurs payens ne connoissant pas le vrai dieu, étoient moins coupables que ceux d'aujourd'hui." (AD13 - 50 Fi 218)
 

S'il étoit possible d'approcher ces députés et leur dire avec toute la modération possible, respectables représentans de la nation, c'est dans votre sagesse que vous avez établi la liberté et l'égalité comme base de vos loix ; il est certain que tous les souverains de la terre en descendant jusqu'aux derniers sujets ont toujours été libres de bien faire, les uns comme les autres, ne sont pas du tout à craindre quand ils sont vertueux parce que la sagesse est une et qu'elle doit être égale pour tous ; étant la même, dites-nous qu'elle autre sagesse vous guide quand vous faites démolir nos églises pour les remplacer par des temples élevés, dites-vous, à la raison, nous vous suplions de nous dire quel est le plan de ce nouveau temple ?

Vous n'avez pas oublié que Jésus-Christ, pour amour pour nous, nous en a donné un par des exemples, c'est sur ce plan que les apôtres élevèrent le monument, chaque assise, chaque trait de pierres sont les vertus et les actions héroïques cimentées par le sang des martyrs, rempart auquel toutes les forces humaines n'ont jamais pu faire brèche ; vous savez enfin que toutes les parties du monument viennent se réunir à la foi qui est la pierre angulaire qui les soutient.

Grands législateurs, voilà notre temple, voilà la liberté et l'égalité qui nous vient du ciel, dites-nous avec sincérité, faites-vous mieux que ça ?

Réponse, non non, notre révolution a creusé un gouffre qui se comblera de cadavres, chaque nation fournira les siens ; puis nous passerons dessus (AD13 - 50 Fi 291)
 

MON DÉSARMEMENT

Les révolutionnaires ont pris si bien leurs mesure que l'homme qui mène une vie obscure et qui encore chercheroit tous les moyens possibles pour être ignoré, ne pourroit échapper à leur sagacité.

Forcé de monter la garde comme volontaire, je m'étois enrolé dans les basses compaignies ; autant mes concitoyens montroient du zêle pour ce service, autant j'i apportais du dégoût "quoique jamais on ait pu me faire des reproches sur mon manque d'exactitude" aux parades, toujours placé parmi ceux des derniers rangs, au poste. Étant lié avec personne, on ne s'apercevoit de moi que pour le nombre.

Seul je sçais me suffire, le grand livre de la nature sufit pour occuper l'esprit d'un peintre : je trouve des ressources ou d'autres ne voient rien : si on venoit chercher la garde pour mettre le holà dans des disputes ou des batteries, vite je me mettez du nombre de ceux qui y alloient. Je n'étoit pas dans l'intention de les faire cesser, je ni songez pas : comme cella se passe chez une classe de gens où les expressions des figures se développent entièrement, j'allois étudier, la nuit, dans le corps-de-garde, j'observez les attitudes, j'étudiez les effets que produisoit le flambeau placé sur une table entourée tantot de joueurs de carte et tantot de biberons ; les attitudes, la disposition des ombres et des lumières formoient des ensembles qui a chaqu'instant présentoient des nouveaux tableaus quelque fois très piquant ; mais ce genre qui est celui des flamans ne dit rien à l'esprit et malgré mes ressources, la nuit me paroissoit fort longue ; enfin pour tout dire, j'étois de garde.

Un défaut que je me connois, c'est que souvant je voudrois que mes semblables vissent et sentissent comme moi, ce n'est pas juste, l'organisation de chaque individu diffère comme les figures : par un sentiment que je portez pour mes compaignons d'armes, je souffrois toute les fois que la garde bourgeoise et la troupe de ligne se trouvoit ensemble de service au même poste, je m'y suis trouvé : je voyez que malgré l'air que les bourgeois se donnoient pour imiter les militaires tant pour le maintient que pour le service, nous avions un certain air citadins que les militaires devoient voir comme moi surtout dans ces ajustemens recherchés ou l'on sembloit voir l'empreinte de la main des épouses et des soeurs qui avoient rangez les cravates : les militaires avoient encore dans leurs manières une certaine condescendance pour les bourgeois a laquelle mon imagination prêtoit quelque chose de grand de généreux qui me faisoit plaisir et peine tout ensemble.

On prétend que l'établissement de la garde bourgeoise est d'une grande utilité, dans ma jeunesse il n'y avoit rien de tout cella et nous étions très tranquilles : aujourd'hui il le faut, patiance ; croire et obéir sont pour moi deux choses bien différentes : Si l'on veut que la garde bourgeoise mérite des grands éloges par les services signalés qu'elle a rendu et qu'elle rend encore aujourd'hui, que l'on convienne aussi que le théâtre de la troupe de ligne est le champ de bataille et les nations sont les spectateurs.

La dernière fois que je fus de garde c'étoit au poste du Lazaret, pour garder la poudrierre, depuis ce jour ma compaignie a été deux fois de garde sans qu'on m'ait convoqué, je crains bien que c'est à ce poste que j'ai démérité de la patrie : rassemblons mes idées pour reconnoître mes tors, mais commençons par le commencement

Ce poste écarté de la ville et dans une situation assez élevée présente un agréable point de vue, je n'ai pas oublié que mes compaignons d'armes montrèrent du déplaisir pour y aller, et moi, j'en fus bien aise : il est vrai que là, mon élégant habit d'uniforme n'étoit vu de personne, un autre désagrément pour eux, c'étoit qu'il étoit dificile de s'échapper du poste parce que de loing on voyoit aller et venir son monde ; moi je crus y gagner parce que étant de faction, je n'étois point dans des transes continuelles, craintes d'oublier à porter les armes à tous les officiers qui me passoient devant ; se que je trouvois encore d'avantageux, c'étoit que tout le monde en restant à son poste, j'aurois moins de factions à faire : combien de fois nous nous sommes trouvez que deux personnes qui alternativement nous nous relevions pour faire sentinelle ; mais le plus intéressant pour moi, c'étoit le point de vue, la ville avec ses tours, de ce côté présente aux yeux du peintre des accidens heureux, on voit la mer jusqu'au fond de l'horizon ; au large sont les vaisseaux anglais qui ferment la mer, et malheureusement nous privent de voir les notres, il faut se contenter de voir tout près du rivage maneuvrer les barques des pecheurs, voilà de ces journées agréables pour un peintre.

La nuit vint, j'entrez dans le corps-de-garde, je trouvez qu'on parloit avec véhémence, la conversation rouloit sur un désarmement qui devoit bientôt s'opérer, il étoit question de chasser du service les suspects et tous ceux qui ne paroissoient pas entièrement dévouez pour la bonne cause, le caporal exprès ou par azard se trouvoit à mon côté, moi crainte qu'on m'adressa la parole, je ne portois mes yeux sur personne.

Mon heure de faction arrive, je relève la santinele et me trouve très heureux de m'être tiré de ces arbitres des opinions, les opinions ne sont que des enfants adoptifs. La nuit étoit belle, là, j'étois moi, et je me livre à mes goûts ; la lune répandoit ses rayons sur la ville, sa lumière argentine  communiquoit des doux reflets dans les ombres, la mer étoit tranquile, on entendoit les vagues se briser doucement sans troubler ce beau mystère silencieux, je regarde ces petits nuages comme de vapeurs, en passant sous la lune, la voiler plus ou moins, elle lui communique sa lumière par différantes teintes, leurs faibles ombres qui plannoit sur la ville ressembloit à celle que feroit une gaze légère. Comme ces jeux de la nature recréent l'oeil observateur, mais j'entand sonner une horloge, déjà une heure s'est écoulée, le temps passe vite, à présent je me facherois volontiers de ce que tous nos volontaires n'ont pas été se coucher. J'aurois fais toutes les factions : mais on vient me relever, préparons-nous, voici le préambule, portez armes ... présentez armes ... adieu belle nuit.

J'entre dans le corps-de-garde, on y étouffe, ici l'astre de la nuit est remplacé par la lueur d'un bout de chandelle non mouchée, le lumignon domine la flame, la graisse coule et se fige de tout côté sur un chandelier de terre cuite, le lit de camp est rempli d'homme étendus, ils ronflent quelques uns éveillés sont autour de la table, c'est ceux de la clique, quand je suis entré, ils ont porter leurs yeux sur moi ; que me veulent-ils ? la sécurité de la consciance banni la crainte, je m'assois sur le bord du lit de camps, l'officier de garde se lève de sa place, il a l'air de roder, mais il le fait mal : il vient  s'assoir à mon côté et d'un ton décidé me demande se qu'il y a de nouveau ? Je répond que je viens de faire ma faction, il me dit je le sçais, j'entand dans les journaux ! Je lui dit que j'en connois aucun "c'étoit la vérité", peu satisfait de mes réponses, il me dit je ne sçais pas se que vous avez dans l'ame ! Je répond il n'y a rien ou l'on ne met rien, alors, avec un rire sardonique, il me dit : vous me feriez bientot croire que vous etes une bette ! c'étoit le cas de garder le silence, mais ce maudit amour propre piqué gâta tout. Je lui dit d'un ton assez doux : vous savez que chaque génération comprand une quantité d'hommes "ici ses camarades me regardent". Suposez lui di-je comme un boisseau rampli de grains, vous savez qu'on en ajoute une poignée en sus pour donner la bonne mesure, he bien, moi je suis a notre génération se qu'est un des grains renfermez dans cette poignée ; si se qui se donne sur le marché ne s'évalue pas, moi je ne dois pas compter ! Notre homme se lève et dit en me quitant : vous etes fin. Avec ces gens "fin" est une mauvaise qualité, il vaut mieux passer pour bette.

Voilà la liberté révolutionnaire, s'il m'eut été permis de parler, je lui aurois di : la finesse est une teinte qui par gradation devient la ruse puis l'artifice après la fourberie ensuite viennent les fripons, les escroq et la couleur peut se porter jusques au plus haut de gré de force ; ou en ettes vous ?

Quelque jours après le désarmement fait affiché à tous les coins de la ville : on étoit obligé de rendre le fusil. Le dépôt des armes de mon arrondissement est dans un magasin situé sur la place Monthion, en déposant le mien, je demande un reçu ; on me dit qu'on n'en faisoit point, je m'en vais, on voit la consternation dans les familles ou les chefs ont été désarmé, et moi je me trouve très heureux. (AD13 - 50 Fi  322)

"Ho ! Vous ! qui avez des idées métaphisique avez voulu ramener dite-vous les hommes aux premiers principes, venez, venez nous voir en révolution ; nous sommes malgré l'hipocrisie tous à découvert : et vous verrez (si vous n'abondez plus dans votre sens) qu'il est plus difficile de former un homme vraiment vertueux, que de former des milliers d'illustres célérats.

On voit tous les jours se répandre dans les villes des hommes qui d'après vos principes, ont la complaisance d'être représentants du peuple ; que de bonté ont ces aimables citoyens de venir de si loing pour faire démolir nos temples, et organiser la terreur. Ils ont encore fait périr le sage monarque qui nous gouvernoit, mais c'est disent-ils pour que le peuple ou la grande nation se fit ces lois lui-même ; ne voilà t'il pas qu'a la suite de ce trait de génie, le azard les a fait souverains du peuple souverain. Si parmi les satellites qui les entourent, ils en trouvent quelqu'un avec un reste de sensibilité, il faut voir comme ces sages du jour les reprenent en peu de mots. Vous n'êtes pas leurs disent-ils à la hauteur des circonstances, l'europe est vieille, tout est usé, il faut une révolution. J'ai entendu des grands raisonneurs avancer par des discours entortillé, que les causes morales dérivent des causes phisiques pour insérer de là que les hommes semblables aux plantes dégénèrent avec le temps ;

On peut répondre à ces personnes, que si les hommes ont perdu du côté du bien, ils ont gagné du côté du mal, et l'argument tombe de lui-même.

Il faut dire qu'autrefois en général les hommes se respectoient qu'aujourd'hui les places, la justice et l'honneur se vendent sans pudeur.

Malheureusement je vous prans sur le mot, "tout est usé !" mais les vertus de qui les hommes ont toujours été économes sont elles usées ? Allés célérats, l'heure viendra pour vous donner a tous les récompenses que méritent vos forfaits.

Barbares orateurs, vous avez allumé une sorte d'enthousiasme et de fanatisme national, qui fait regarder les autres nations avec mépris ;

Vous avez formé un peuple de sophise, vous avez autorisé le pillage par la vente du bien des émigrés, par les remboursements en assignat, par les réquisition des marchandises et le maximum.

Le commerce n'est plus basé sur ce sentiment de bienfaisance dans les échanges d'une nation avec une autre : ce n'est plus que la bassesse du lucre qui fait le trafic, et l'usure achève d'écraser le malheureux.

Vous avez jetté dans un accès de phrénésie les hommes d'armes qui se croient supérieurs aux autres, leur état de désoeuvrement et d'ignorance ont engendré chez eux tous les vices : voilà les hommes qui vous faut pour vexer et désoler les peuples voisins, et les français qui ont été fidèles a la religion, a l'honneur et a son prince légitime.

Dans cinq a six siècles, il paroitra peu être des ouvrages fastidieux remplis de conjectures, et le monde les croira. Cette crainte me vient de nos désordres.

Cependant aujourd'hui pour rendre en peinture l'éloquence, sans rien changer aux emblêmes et aux images symboliques, qui lui sont donnez dans l'iconologie, il seroit nécessaire d'y ajouter quelque chose pour la caractériser telle qu'elle est, comme par exemple, qu'elle eut la bouche ouverte, et en faire sortir ensemble des fleurs et des reptiles venimeux." (AD13 - 50 Fi 354)
 


Un voisin commissaire d'arrondissement vint à deux heures après minuit faire chez moi une visite domiciliaire. Pourquoi me dit-il ne sers-tu pas la république ? Je lui répond que la loix de la première réquisition ne s'étend pas jusqu'aux citoyens de mon age. Alors d'un air menaçant il me dit, si dans quinze jours, tu n'es pas engagé, je te fais incarcérer.

Ne sachant quel parti prendre, je travaillez pour journalier sculpteur dans la marine de Toulon.

Ce commissaire était avant la révolution un pauvre artisant illétré. Ho ! que de célérats la révolution a démasqué.

Le corps est porté, je pars pour Toulon, autrement dit pour la ville appelée le port de la montaigne. Je ne rencontre dans ma route et dans les auberges que des misérables et des gendarmes qui malgré mon ordre de route me questionnent et me bafouent ; mon air sans doute ne leur convenoit pas. Me voila à Toulon, jetons un voile sur tout ce que j'ai vu ! je ne connois personne, me voila à travailler dans l'arsenal comme journalier ; je manque de tout, la nuit je lave mon linge a une fontaine publique, je couche sur des copeaux. Dans ces temps de calamité, tous les coeurs se resserrent, je dépérissois, j'étais résigné a tout, quand le ciel m'envoi une ame sensible qui me prête un matelas et m'apporte quelques bouillons qui me mettent en état de supporter mes maux.

Ange tutélère, je ne t'ai plus vu : toutes mes recherches n'on pu te découvrir, je n'aurai jamais la consolation de te prouver que mon coeur est digne du tien.

Un an s'écoule, Robespierre meurt ! je déserte, je marche la nuit, j'arrive chez moi exténué et dans un état qui m'a laissé un fond de tristesse que je ne cesse de combatre. (AD13 - 50 Fi 362)

"Don Joseph, religieux de l'ordre des Chartreux ce trouva pendant quelque temps le seul prêtre qui eut le courage d'exercer en secret ces fonctions. Le comité de surveillance en est instruit et le fait chercher de toute part, mais comme on ne le trouve point, les esprits s'échauffent et toujours plus, le fanatisme le dénonce au club. Les murmures s'ellèvent, les orateurs ne font entendre à la tribune que l'accen de la colère, la frénésie ce répand dans tous les coeurs, et la rage crie que sa tête soit mise a prix.

Lui, tranquille au milieu de l'orage, il n'est ardant que dans la charité, la pénitence et le zèle infatigable d'administrer pendant la nuit les secours spirituels aux malades de la ville et de la compaigne. Il eut péri mille fois si Bernard, son guide fidelle, ne lui eut ménagé des asiles surs.
Un jour qu'il disoit la messe dans une maison, rue bonneterie, au moment du sacrifice, on entend fraper rudement a la porte, quelqu'un se met à la fenêtre et dit "nous sommes perdus". On entend le bruit du repos des armes au cliquetis de bayonnette, tout ensemble, les coups redoublant à la porte, l'alarme saisit la troupe fidelle et tout suit ; notre saint ce prosterne a genoux au pied de l'autel, on crie, on provoque de la rue, la maitresse de la maison tremblante descend l'escalier pour ouvrir la porte, mais auparavant elle demande encore une fois qui est la ? une voix rude lui dit "ouvre", a cet ordre terrible, elle ne peut pas ce soutenir, mais qui pouvoit résister ; enfin elle ouvre ... "Citoyenne, lui dit le chef, non venu de la part de la municipalité, inspecter et mettre en réquisition tout le vin que tu as dans la cave ..." Elle court chercher la clef, la leur donne, les chrétiens ce rassemblent et la messe continue."
(AD13 - 50 Fi 375)
 

Les Vendéennes
Ma fille rassure-toi, ils ne nous ont pas vues ; ces farouches guerriers ne sont point à craindre quand ils sont en déroute : de loing je les ai vu fuir, c'était comme de la poussière chassée par le vent. Mais tu trembles ? Si je le veux, je puis à travers ce feuillage leur donner la mort, mais ce n'est pas ainsi qu'il faut se battre : conservons ce plomb et cette poudre, il n'y en a jamais assez pour servir le courage d'un Vendéen.
(AD13 - 50 Fi 370)

"Les républicains règnent, il se sont faits les maîtres et les juges de la nation ; on se trompe de les croire attachés a une opinion, ils n'ont que l'orgueil, la licence et la cupidité : la modération, la retenue et la froideur des honnêtes gens les choque. Le langage du silence, de la patience et de la résignation sont pris de mauvaise part parce qu'ils haïssent la vertu, elle les blesse ; ne pouvant dompter l'esprit, ils sont humiliés, irrités et jaloux.

Citoyens de la nouvelle babylone, sachez que parmi ce peuple, il y a des vrais chrétiens et que vous ne pourrez jamais soumettre ceux qui sont attachés a ce modelle : ho enfans du Christ ! regnum dei itrà vos est". (AD13 - 50 Fi 401)
 


Des ambitieux ont flaté les hommes, en leur présentant la liberté et l'égalité, sous les couleurs apparantes de la vertu, la tentation étoit spécieuse, et le coeur est toujours flexible pour quiter le bien qui souvant l'ennuie, pour embrasser de vaines chimères.

Les factieux étant aujourd'hui parvenus a la place de notre souverain légitime travaillent sourdement pour étandre leurs langages sédicieux chez les nations qui veulent envahir ; ce sont la les avant-garde des légions qu'ils électrisent en les flatant que la nation française acquéra en combattant des peuples paisibles qui ne leurs demandent rien, une gloire qui passera jusqu'a la postérité la plus reculée.

Si quand un de leurs écrivains citera quelques beaux traits de cette bande de grands hommes, on lui arrétoit la plume pour lui demander ce que faisoient alors les honnêtes gens ? Il diroit brusquement "vous m'interrompez pour des choses qui ne se mettent pas dans l'histoire".

Quoi ! la classe qui peuple les empires, qui est celle qui ne calcule pas le nombre d'enfants qu'elle veut avoir parce qu'elle suit sa religion ; qui sans murmure paie la plus grande partie des justes impôts, chez qui est toute l'industrie. Cette classe enfin qui batit des villes, qui nous nourrit, nous habille, qui fait les vaisseaux, les monte pour aller chez l'étranger échanger le surplus de nos denrées, et des ouvrages de notre industrie, sont peu de chose pour un historien ? Ne vous en déplaise, Monsieur l'auteur, mais tout le monde sçait que se sont la les plus grandes sollicitudes d'un sage souverain.

Le travail, l'industrie, ne se bornent pas au besoin, la cupidité entraîne les hommes, mais les loix sont le mors, la politique les rênes pour les diriger.

Il est vrai que ce ne sont pas celles de nos fiers représentants du peuple dont toutes les sollicitudes se bornent aujourd'hui à s'enrichir et tacher d'effacer de la mémoire des hommes, le plus sage, le plus juste, le plus tendre et le meilleur des rois.

En vain les historiens les féliciteront sur leur triomphe paricide, en vain ils feront leur éloge en préconisant leurs crimes dans les rues, de les donner pour modelles aux célérats que produiront les générations futures. Qu'ils sachent eux qui aujourd'hui font souffrir aux citoyens paisibles toutes les violences dont des barbares victorieux sont capables, qu'en dépit de leurs orateurs et de toute leur méchanceté ; qu'il y a et il y aura toujours en France et chez toutes les nations assez de vertu qui contrasteront avec leurs crimes pour les rendre l'opprobe et la haine du genre humain.

Il est parvenu jusqu'a moi un secret de la haute politique de nos révolutionnaires, c'est qu'il faut du fumier pour faire pousser l'arbre de leur liberté, et quand les racines et les branches seront devenues fortes, il n'en sera plus besoin, l'habitude prise, le temps légitime tout.

Citoyens légistes, ici le fumier aide a la corruption, l'habitude propage la gangrène, l'épidémie tue les nations, et le temps ne légitime pas les crimes. (AD13 - 50 Fi 408)
 


L'ordre social est rompu, les familles sont divisées, il n'est plus d'amis, ce n'est que les passions qui réunissent les hommes. Les factions en sont aux prises, l'on pend et l'on traîne dans les rues, l'on égorge et l'on dépèce ; des habitans de la ville canonnent et bombardent ceux qui sont retranchés dans un autre quartier, j'ai vu briser les liens du mariage et les voeux du sacerdoce ; j'ai vu les juges remplacés par des hommes féroces qui siégeoient et condamnoient le sabre a la main, he bien, ils ont frémi quand la nommée Sassi est venue leur dénoncer son père.

Je les ai encore vu ces lâches se faire garder par un rempart de baïonnettes et prononcer du balcon du palais de justice la sentence de mort a ses victimes qui étoient sur la place liées sur des tombereaux. Ces hommes sont donc susceptibles d'indignation contre le crime ? oui et même de compation, et j'ajouterai de bienfaisance, cella est inné avec l'homme mais autant que ses passions ne sont pas contrariées ; ces qualités sont à l'amour propre, elles ne peuvent appartenir à la charité puisqu'ils ne croient point en dieu.

Je détourne ma vue, je vois le ciel serein, les animaux sont tranquilles, les oiseaux chantent, la campaigne est belle, tout le mal est dans le coeur de l'homme.

Cella est compris quoique de tous temps, il y eut des méchants, il est des siècles qui sont féconds en illustres scélérats, quoiqu'ils soient de différent genre et de différente classe, il suffit qu'une certaine quantité se trouvent contemporains pour donner le branle et le reste suit. Il ne me reste plus que la liberté de soupir & de me plaindre, disoit Ovide ... : et nous il faut que nous dévorions nos douleurs et nos peines en secret : les gens de bien seront toujours entre deux feux." (AD13 - 50 Fi 435)
 

 

L'auteur qui entreprendra l'histoire de la révolution aura de la peine a trouver la vérité ; ceux qui la provoquèrent commencèrent à crier contre les abus ; ils s'associèrent les hommes immauraux qu'ils trouvèrent dans les différantes classes de la société ; ils méprisèrent les grandeurs et les richesses pour attaquer ceux qui étoient au premier rang, ils se déclarèrent athées dans les vues de détruire la religion, aussi bien se seroient-ils servi de la religion si la nation eut été athée : le succès leur donne de l'audace, alors ils établirent qu'eux et les siens auroient seuls raison, et en suposant que tout le monde eut dit comme eux, ils auroient dit autrement jusques qu'ils eusses faits autant de victimes qui leurs en falloit pour asservir par la Terreur le reste de la nation.

L'historien sera encore bien embarassé quand il ne trouvera pour commencer son cannevas que le choc de se qu'on appelloit des mouvements révolutionnaires, qui au fond n'étoit que d'intrigues ourdies sourdement, dont la chaine étoit souvant d'une manière et la trame d'une autre, par des hommes qui en se disputant la proy étoient cependant d'accords sur un point, que c'étoit de tout désorganiser : pour cella a qui mieux-mieux, ils prononcèrent publiquement des discours ou ils faisoient tous leurs effors pour faire croire se qu'ils ne croioient pas ; c'étoit de prouver que tout avait été fait par le azard, que quand nous étions morts, tout étoit fini pour nous, et que tout n'étoit que le jeu de la matière, rien n'étoit perdu dans la nature (excepté ce qui fait distingué l'homme de l'animal). Cependant dans ce bavardage, ils reconnoissoient une harmonie universelle, et nous assimilan aux animaux, nous sommes plus malheureux qu'eux parce que les animaux ne savent pas qu'ils vivent et qu'ils mourront et les hommes le savent. Il faut qu'ils le sachent, c'est ce qui les fait sans cesse panser à un avenir duquel ils ne peuvent se distraire ; si cella n'étoit pas ainsi, l'homme seroit un animal.
Hé bien, ces hommes qui parloient ainsi en public ; quand ils étoient en famille, ils savoient bien soutenir que l'homme est seul doué de cette inteligence qui lui fait admirer l'ordre qui règne dans la nature ; que lui seul est digne d'être jugé par son créateur et que penser secouer notre dépendance ne seroit pas plus possible à l'homme qu'a l'animal de s'élever jusqu'a nous. Ces hommes, dis-je, savoient tout cella et le croioient a tel point que ceux qui avoient des enfants recommandoient toujours a leurs instituteurs de leur bien inculquer les préceptes de la morale chrétienne. Ce sentiment est naturel parce que les pères et mères désirent que leurs enfants soient meilleurs qu'eux, et la conscience qui lui répette sans cesse la terrible menace du seigneur : je le mettrai devant tes yeux.

On prétand que parmi ces athées il s'en trouvoit qui l'étoient de bonne foi, qui menoient une vie irréprochable sur tous les points et mouroient dans une parfaite sécurité.

Ici il sembleroit nécessaire de connoître les personnes qui avoient suivi pas à pas l'instruction croissant de ces hommes pour arriver au point où ils se sont montré athée, et comment il se fait qu'ils n'y voient pas comme le commun qu'ils traitent d'esprits faibles et pusillanime.

Tout cella n'est point si difficile à savoir comme on le croit, parce que avec de l'argent, chacun peut aller à la source ou ils ont puisé ce nouveau genre d'esprit, presque tous les libraires en tiennent, voila pourquoi ces esprits fort rient dans le fond de leurs ames de la crédulité et de la confiance de ceux qui les écoutent. Ils savent fort bien que ces livres sont semblables a des estampes dont on admireroit le burin, les détails en seroient charmants et auroient tout ce qui pouvoit engager a les prandre. Si l'on avoit pas placé la lumière ou il falloit les ombres et les ombres ou il falloit la lumière : tout comme si l'on vouloit prouver que les nuages peuvent porter leurs ombres du côté du firmament. Ces hommes, s'il y en a, sont orgueilleux d'être les réverbères d'une fausse lumière.

Mais n'oublions pas que ces hommes avec leurs principes menoient (a ce qu'on dit) une vie irréprochable et moururent dans une parfaite sécurité.
Qui seroit assez simple de croire qu'il est des hommes qui passent leur vie a pratiquer des vertus en croiant qu'après leur mort, elles n'aboutiront à rien ? mais dira-t-on il faut faire le bien parce qu'il est aimable ? mais si c'est pour le seul plaisir de faire le bien ; il faudroit pour cella que tous ceux que l'on oblige ne fussent point ingrats, égoïstes, légers, indifférents, toutes ces personnes avoient facillement que tout ce qu'on fait pour elles leur est du.  La reconnoissance est innée avec l'homme, elle est proportionnée aux bienfaits au point de provoquer nos larmes, ce sentiment est trop vif pour être durable : quel est celui qui n'a pas reçu quelques bienfaits ? qu'il descende dans son coeur, il trouvera qu'il est injuste d'exiger des autres se qu'il ne trouve plus en lui ? Cette gratitude alors change de caractère, elle devient un sentiment de raison, fardeau trop pesant pour les ames basses : c'est une flame céleste qui brille dans les uns et s'étouffe dans les autres.

Convenez Mrs les esprits forts que l'homme auprès de dieu ne vaut pas une bluète orgueilleuse ! Penses un instant si un de mes doigts vouloit conduire ma tête, mon corps, l'écouterai-je ? Que sera-ce d'un dieu par raport à moi ?

Si quelqu'un d'entre eux ont essayé de mettre en avant le speticisme, on pourroit a peu près les comparer à ces hommes ignares qui ne croient pas aux animaux parce qu'avec leurs yeux seulement ils ne peuvent les découvrir.

Concluons que tous ces hommes qui dans leurs discours avoient méprisé les grandeurs, les richesses finirent par les posséder, et si on avoit voulu leur en faire un reproche, et qu'ils eussent répondu de bonne foi, ils auroient dit "c'est pour ne pas faire un testament semblable a celui d'endannidas parce que la chasteté de nos femmes et de nos filles auroit a courir de grand risque livrée a des philosophes de notre trampe. Alors pour assurer leur tranquilité, ils s'avisèrent de reconnoître publiquement l'être supreme et l'immortalité de l'ame. Cette condescendance pour dieu, et pour les hommes portera leur gloire jusqu'à la postérité la plus reculée.

Après ils firent une religion qui finit sans avoir de martyrs parce que cella n'appartient qu'a des chrétiens qui doivent servir de modelles aux nations ... (AD13 - 50 Fi 448 - 449 - 450)
 

On ne veut pas rougir d'être devenu riche.

Les factieux se sont donné un empereur.

Aujourd'hui l'ordre se rétablit en France, les églises sont ouvertes. Ceux qui ont fait le mal vont à la messe ; enfin ils sont devenus chrétiens. Ils montrent pour leurs justifications les personnes qu'ils ont protéger et qui auroient péri, et les loix révolutionnaires (c'est le mot) qui lui ont fait commettre des crimes, et c'est avec ces preuves qu'ils comptent se présenter au pieds de l'éternel, comme se présenta l'innocente femme de putiphar tenant dans ses mains le manteau de Joseph.

On nous promet le repos, c'est tout se que nous pouvons désirer. Il est des caractères inquiets qui au lieu de s'attendrir sur le sort des malheureux, ne font que de grands fracas et se donnent un genre qui sent la jalousie, ils crient contre ceux qui ont conservé leurs biens et ceux qui ont fait une fortune rapide dans des temps de misère et de calamité.

Aujourd'hui il n'est question que de considérer l'argent, et de dire le peuple travailleur qu'importe si le tissu du manteau sous lequel étoient cachés ceux qui le tiennent étoit de poils de caméléon.

En [me] promenant je fais ces réflections, je les écris dans mon souvenir puis je me rendrai compte si je me trompe.

Je suis à la porte de St-Victor, je dirige mes pas à droite, je passe a côté de cette belle citadelle que Louis Quatorze avoit fait batir, je me dis en voiant ces décombres, on les démolissoit dans le temps qu'on nous prometoit le bonheur.

Je continue ma promenade, j'arrive au phare, je m'assieds sur le bord de la mer, le temps est assez beau, sans etre caline on voit jusqu'au fond des eaux, c'est un plaisir de voir follatrer tous ces petits poissons, dans ce moment, ils ne craignent pas les gros ; comme les plus forts je jouent au dessus des vagues et les foibles au dessous ; au fond je vois ramper les crustacées tantôt dans un sens et tantôt dans un autre ; je vois encore les testacées a l'abri d'un rocher s'entrouvrir doucement.

Mais qu'aperçois-je les poissons effrayés fuir çà et là les reptilles se cachent, les coquilles se ferment, voici un bateau, des filets, gare les conscrits, c'est encore la même chose, il faut aller se batre." (AD13 - 50 Fi 484)
 


On dit publiquement que le nouveau gouvernement va s'occuper de donner a la France un nouveau code de loix dicté par la sagesse, sans doute qu'il s'occupera aussi de la sagesse des personnes chargées de l'exécution de ces loix : nous verrons si la sagesse voudra s'assoir au milieu de nous quand elle se présentera, comme il faut l'espérer, auseront-nous la regarder en face ? Si elle est vraiment la sagesse, la laissera-t-on siéger ?

On prétend que la révolution est finie, tant mieux, je suis curieux d'en voir l'histoire. Une chose certaine, c'est que l'historien se gardera bien de dire que du temps même que les factions se mépriseroient, se déchiroient, étoit un sot le meneur d'une faction quelqu'onque qui n'avoit pas un protecteur dans le parti qui lui étoit opposé, celui la périssait. Il ne dira pas non plus que les gens tranquilles, honnetes, vertueux étoient semblables a ces herbes que chaque parti foule sous ses pieds, et que même on va la chercher pour y passer dessus parce que les pieds s'y reposent plus mollement. Se seroit une histoire sans héros qui voudroit achetter une histoire ou il ne seroit parlé que de la cupidité, elle seroit dégoutante a lire, et la cupidité de l'historien en seroit frustrée. Je voudrais bien voir naitre ces romans, ces tragédies, ces opéras, se seroit  joli de voir chanter se qui nous a tant fait pleurer.

Les passions font qu'il y a dans l'ordre social deux dispositions de choses, se qui se voit, et se qui est caché ; comment un historien qui ne peut courrir qu'après les événemens peut-il savoir toute la vérité ?

Pour commencer cette histoire je ne sçais si je me trompe, mais je crois que les divisions de deux corps illustres causa malheureusement leur destruction et donna entrée a la cabale dite philosophique. Depuis qu'on nous a rendu notre culte public, les vices se sont cachés, mais ils ne se sont point afaiblis ; en se concentrant ils ont conservé leur forces, et en secret, ils circulent dans la société toujours avec la même rapidité.

Il faut encore dire que dans ce malheureux siècle pour faire ses affaires, c'est a dire avoir beaucoup de l'argent, il faut etre dépravé de moeurs.

Aujourd'hui si on entend parler sagesse, ce n'est que par théorie, elle sert souvent d'instrument pour censurer les actions des autres et l'intéret personnel y trouve toujours son compte ; ainsi comme le monde est généralement faux, les uns et les autres, nous ne devons presque jamais croire sur paroles ; cette règle doit nous servir de guide pour tous les hommes sans distinction de rang et de paranté et j'ajoute, tant pis pour ceux qui trouveroient ces maximes outrées.

Mon dieu ! aujourd'hui que vos temples nous sont ouverts, vous qui écoutez les prières des consciences pures comme celles des consciences contrites et repentantes, quoi qu'elles ne se ressemblent pas, commant votre coeur paternel reçoit les prières de ceux qui avec tout l'extérieur possible ne sont et ne pourrons jamais être ni l'un ni l'autre.

Les mendians ôtent le chapeau aux passants pour atirer leur regard et exiter la compassion, on leur donne l'aumône ou on la refuse, mais rendre le salut a un mendian sans lui donner, c'est la défaite d'un hypocrite, aujourd'hui, on raffine sur tout, car enfin on sçait bien que les mendians demandent des secours et non pas des saluts.

Autrefois les méchans et les vicieux étoient en secret les protégés, tous ces intrigans de quel parti qu'ils soient sont alternativement les protecteurs, ils régneront long-temps, ho très long-temps, n'importe sous quel masques.

L'entique justice vénérée par toute la France, restoit debout sur son socle, elle fut mutilée par la destruction des anciens parlements, alors l'esprit public changea tout à fait." (AD13 - 50 Fi 491)
 

 

AD13 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Marseille

ILLUSTRATIONS : Visage végétalisé - AD13 - 50 Fi 155
Aux Chartreux lors de la démolition du monastère - AD13 - 50 Fi 171
Femme au panier - AD13 - 50 Fi 201
Tête de profil - AD13 - 50 Fi 267
Femme avec une couronne de fleurs - AD13 - 50 Fi 352
Esquisse, les vendéennes - AD13 - 50 Fi - 370
Les républicains règnent ... - AD13 - 50 Fi 401
Esquisse, la mère infortunée - AD13 - 50 Fi 420
Il n'y a guère que le vieillard qui calcule le temps ... - AD13 - 50 Fi 451
Personnage avec panier - AD13 - 50 Fi 464
Cloître de St-Victor - AD13
Meunier et moulin - AD13 - 50 Fi 18
Esquisse d'un prisonnier malade - AD13 - 50 Fi 191
"Fini le 9 avril de l'année 1805 - AD13 - 50 Fi 493.
Souterrain de l'ancienne église de la Trinité - AD13 - 50 Fi 364
Esquisse tête - AD13 - 50 Fi 414

Restes de l'ancienne église de la Trinité - AD13 - 50 Fi 290

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La Maraîchine Normande
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