Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
26 janvier 2018

RENNES (35) - 1788 - YVES-JULIEN-RENNES PHELIPPES DE COATGOUREDEN DE TRONJOLLY - UN FILLEUL DE LA VILLE DE RENNES


UN FILLEUL DE LA VILLE DE RENNES
YVES-JULIEN-RENNES PHELIPPES DE COATGOUREDEN DE TRONJOLLY

Rennes vue z


Plusieurs grands dignitaires de Bretagne sollicitèrent aux XVIIe et XVIIIe siècles la "grace et l'honneur" de faire tenir leurs fils sur les fonts baptismaux par "nosseigneurs des États de Bretagne".

S'inspirant sans doute de ces exemples, M. François-Anne-Louis Phelippes de Coatgoureden de Tronjolly, conseiller premier avocat du Roy en la sénéchaussée et siège présidial de Rennes, conseiller du roi, juge garde-magistrat honoraire au siège des monnaies de Rennes, "Écuyer-commensal de la maison du roi, procureur du roi syndic de la ville et communauté, lieutenant-colonel commandant les bourgeois, correspondant-intermédiaire des États de Bretagne, à Rennes, cy-devant député des dits États en la chambre des comptes", sollicita de l'assemblée municipale de Rennes l'honneur et la grâce de nommer son enfant au nom de la ville.

Dans son réquisitoire à l'assemblée du 27 janvier 1788, Phelippes de Coatgoureden de Tronjolly dit que le "dernier terme de son Syndicat va expirer, qu'il regarderait comme une grâce, une nouvelle marque d'estime et de satisfaction de la part de cette assemblée, si elle arrêtait que l'enfant dont Madame son épouse accouchera au mois de mars prochain sera tenu sur les fonts de baptême, au nom de la ville".

Phelippes de Coatgoureden de Tronjolly s'étant retiré, l'assemblée municipale après "discussion à haute voix" vota au bulletin secret que l'enfant serait nommé au nom de la ville, en considération des services et du dévouement du père. Les membres du bureau furent chargés de faire "tels frais qu'ils jugeraient convenables, en se rapportant à leur prudence et à leur esprit d'économie."

Le 28 février, il présenta l'enfant au bureau de l'assemblée municipale et après leur avoir fait connaître que l'enfant était "ondoyé" et "alaité" par sa mère ; il leur fit savoir que la délibération de l'assemblée municipale, concernant la nomination de son enfant, avait été approuvée par Mgr de Breteuil, secrétaire d'état de la province et Monseigneur l'intendant et qu'en conséquence, il va s'occuper du choix d'un parrain.

Le Bureau remercia M. et Mme de Tronjolly de "l'attention qu'ils ont eu de lui présenter leur enfant, qu'il a vu avec le plus grand plaisir". Le hérault fut ensuite envoyé s'informer de la santé de Mme Phelippes de Coatgoureden de Tronjolly.

Le 27 mars sur les observations de M. le contrôleur général que la cérémonie du baptême pourrait occasionner des frais importants, le bureau décida de soumettre à nouveau la question à l'assemblée municipale.

A la réunion suivante du bureau M. de Tronjolly protesta contre cette décision en faisant valoir "que le rapport d'une pareille délibération serait d'autant plus sensible à lui dit sieur de Tronjolly, que l'assemblée a voulu lui donner une marque de satisfaction qui sera toujours précieuse à sa famille, qu'il n'a jamais eu l'intention de constituer la ville dans une dépense de plus de 10 livres.

"Que lui sieur de Tronjolly représente que la dame son épouse désire ardemment que son fils soit nommé et qu'ils prient l'un et l'autre de ne faire aucun frais, ni n'envoier ni dragées, ni corbeilles, ni vêtements, ni cadeaux, soit pour la mère, soit pour l'enfant, soit pour le parrain, qu'ils prient le corps de ville de ne pas se rendre précédé de son cortège ordinaire."

Monsieur et Madame, dans leur crainte de ne pas voir leur fils nommé au nom de la ville de Rennes, firent propositions sur propositions, toutes, semble-t-il, aussi inutiles les unes que les autres. C'est ainsi qu'à bout d'arguments ils en arrivèrent à proposer "un pauvre" pour représenter la ville.

Se reprenant presqu'aussitôt il faisait remarquer que, sans se "départir des options qu'il a données le 27 de ce mois dans son réquisitoire, il a l'honneur de représenter que les corps des officiers des Bourgeois a accepté unanimement et par scrutin, le 28 de ce mois d'être parrain, que ce corps à la tête duquel est M. le Maire et lui sieur de Tronjolly, a pour major un ancien échevin et juge de police, que d'autres membres du même corps sont d'anciens échevins, d'anciens membres de l'assemblée, que d'autres sont fils et petits-fils et frères d'échevins, que tous à l'exception de trois, sont anciens prieurs ou juges consuls ; qu'enfin ce corps commande l'habitant et aux termes de son édit de création de 1694 représente la Bourgeoisie de la ville qui depuis 1782 demande qu'il ait comme anciennement un représentant dans l'assemblée générale."

Malgré ce plaidoyer le bureau décida de maintenir sa décision du 27 mars.

Le 3 avril M. de Tronjolly renouvelle ses démarches près du bureau de l'assemblée municipale disant qu'il ne "se départira jamais de la grâce que lui a accordée l'assemblée municipale, et de l'honneur qu'elle fait à sa famille".

Il proposa à cette même réunion que les frais "soient payés avec les honoraires attachés à la place de procureur syndic fixés annuellement à quinze cents livres".

Devant cette insistance et ces réclamations de tous les instants le bureau prit la résolution suivante :

"Le bureau a arrêté de nommer au nom de la ville de Rennes le fils de M. de Tronjolly au jour qui sera par lui indiqué. Monsieur Robinet doyen et MM. les Échevins président (bureau) représentant les parrains et MM. les officiers municipaux représentant la marraine".

Le 16 octobre M. de Tronjolly se présenta au greffe et dit "que le terme de son syndicat expirant ce jour, il prie la commune de vouloir bien agréer ses remerciements et d'être persuadée de sa reconnaissance, qu'au surplus il n'a rien négligé pour se rendre digne de la confiance dont il a été honoré par ses concitoyens."

Il réclama l'exécution de la délibération de l'assemblée municipale et pria de faire faire la cérémonie sans frais. Il fit part qu'il avait choisi le corps des officiers de la milice bourgeoise pour parrain, qui a accepté unanimement cette nomination.

L'affaire revint le 10 octobre devant l'assemblée municipale qui approuva la délibération du bureau décidant que la cérémonie aurait lieu sans désignation des parrain et marraine et que l'enfant serait tenu sur les fonts de Baptême par MM. le Maire, les échevins et les officiers municipaux.

La cérémonie de Baptême eut lieu le 21 octobre, en l'église paroissiale de Saint-Germain. Le sacrement du Baptême fut administré par messire Nicolas-Anne-Jean Collet, prêtre prieur gardien de la chapelle Sainte-Anne, choisi à cet effet par l'assemblée municipale, comme fils d'échevin.

Quelques instants avant la cérémonie, M. de Tronjolly, ayant demandé l'entrée du bureau de l'assemblée municipale présenta son fils et invita le bureau à assister à la cérémonie de Baptême.

Le corps municipal, Messieurs les officiers municipaux en tenue et M. le Maire en robe rouge, se rendit précédé de son cortège ordinaire chez Madame de Tronjolly, mère de l'enfant.

Monsieur Tréhu de Monthierry, maire, donna la main à Madame de Tronjolly pour se rendre à l'église Saint-Germain "où MM. le maire et les officiers municipaux ont tenu au nom de la commune le fils anonyme de Monsieur et Madame de Tronjolly sur les fonts de Baptême, et il a été nommé Julien-Yves-Rennes (Julien était le prénom du maire et Yves celui du procureur-syndic).

Un certain nombre des personnalités assistaient à cette cérémonie ainsi les frères et les trois soeurs de l'enfant.
La cérémonie terminée à l'église le corps de ville toujours précédé de son cortège fut rendre visite à Madame de Tronjolly.

Cette cérémonie n'avait pas coûté 6 mille livres comme le craignait le contrôleur général, mais seulement 340 livres qui furent payés à M. de l'Espinay le 23 octobre 1788.

Le filleul de la ville de Rennes, après une éducation soignée, embrassa la carrière des armes. Il se distingua en 1810 à l'armée d'Espagne. Il fut tué au siège de Salamanque et était capitaine au 66e de ligne.

 

EXTRAIT DES REGISTRES DE BAPTÊMES ET MARIAGES DE LA PAROISSE SAINT-GERMAIN DE RENNES, 1788.


Le fils anonime de M. et Mme Phelippes de Tronjolly, plus amplement dénommés et qualifiés dans l'acte d'ondoyement fait par permission de Monseigneur l'évêque de Rennes le 25 février dernier, jour de la naissance dudit enfant, qui a reçu ce jour vingt-un octobre mil sept cent quatre-vingt-huit le supplément des cérémonies de son baptême, ledit acte d'ondoyement inscrit à la page treize verso de ce registre. Ledit enfant en vertu des délibérations de l'assemblée municipale des vingt-huit janvier dernier et du jour d'hier, a été tenus sur les saints fonts du Baptême, par Messieurs du corps de ville qui à cette fin, revêtus de leurs habits de cérémonie et précédés de leur cortège, se sont rendus en cette église accompagnés du père et de la mère de l'enfant, lequel a été nommé Julien-Yves de Rennes (ville capitale de Bretagne). Messieurs les officiers présents sont écuyer Julien Tréhu de Monthiery, alloué, lieutenant général de la sénéchaussée et siège présidial de Rennes, maire, lieutenant-général de police, administrateur des hôpitaux et du collège ; noble maître Yves-Nicolas-Marie Gandon, avocat au parlement, procureur du Roy-syndic, procureur du Roy de Police et adminiostrateur du collège ; Monsieur maître Pierre-Jean-Olivier-Bonaventure Leminitry de la Villehervé, conseiller avocat du Roi en Sénéchaussée et siège présidial, échevin et juge de police ; Maître Louis-Yves-Nicolas Vanneau, syndic des procureurs au présidial, échevin et juge de police ; Noble homme Thomas-Laurent-René Rouessart, ancien juge consul, trésorier principal de la guerre en Bretagne, échevin et juge de police et noble maître François-Louis Lemarchand de l'Espinay, avocat en la cour, greffier et l'un des administrateurs de la ville et communauté de Rennes ; la dite cérémonie faite en présence et de l'agrément de Monsieur le Recteur de cette paroisse, par moi vénérable et discret messire Nicolas-Anne-Jean Collet-Desfontaines, prêtre prieur gardien de la chapelle Sainte-Anne, auquel prieuré j'ai été nommé par l'assemblée municipale de cette ville.

Présents le père de l'enfant, fils de feu noble maître François-Jacques Phelippe de Tronjolly, avocat au Parlement, capitaine de la milice bourgeoise, né en la paroisse de Saint-Sauveur de Rennes le seize mars mil sept cent vingt et inhumé en celle de Saint-Jean le premier juin mil sept cent cinquante neuf, et de Dame Marie-Anne Fauvel, ci-présente, née en la même paroisse le 8 février mil sept cent trente deux, ce dernier qui se maria paroisse Saint-Sauveur le onze mai 1750 avec la dite dame Marie-Anne Fauvel était fils de maître Yves Phelippes de Tronjolly, syndic des procureurs au parlement échevin, juge de police et capitaine de la milice bourgeoise, garde scel de la Faculté du droit, inhumé en la paroisse Saint-Sauveur, le treize juin mil sept cent quarante-huit et de dame Anne Fauvel, inhumée en la même paroisse le 4 novembre mil sept cent soixante-quatre, mariés en la paroisse Saint-Sauveur au mois de juillet mil sept cent dix sept ; aussi présente la mère du dit enfant laquelle est fille de feu maître Michel-Pierre Clémenceau, procureur au parlement, décédé en la paroisse Saint-Sauveur le 7 septembre mil sept cent soixante quinze, et de Dame Françoise Louvel, décédé en la paroisse de Toussaint ; ce dernier était fils de feu maître Nicolas Clémenceau, ancien procureur du Parlement, échevin, juge de police et capitaine de la milice bourgeoise, et de dame Mathurin Bréal, tous les deux décédés en cette ville, également présente Dame Marie Pulet, bisayeulle maternelle de l'enfant et veuve de noble homme Jacques Fauvel de la Pilonnière, décédé en la paroisse Saint-Sauveur le douze mars mil sept cent trente-deux, lequel était fils de noble homme Jacques Fauvel, négociant, conseiller du Roy, substitut de M. le Procureur du Roy en la monnaie de Rennes, né en la paroisse de Subligny diocèse d'Avranches le vingt décembre mil six cent cinquante-neuf, ces deux derniers avaient pour un de leurs deux gendres le susdit Phelippes - Yves Phelippes de Tronjolly, mort en sa terre de Tronjolly, et inhumé en l'église paroissiale de Pestivien, évêché de Quimper le neuf avril mil sept cent dix-neuf et de dame Marie-Catherine Legraet, morte au même lieu le vingt août mil sept cent vingt-deux ; aussi présents le frère et les trois soeurs de l'enfant et autres personnes.
Signé :

Tronjolly fils signatures

Tronjolly fils signatures suite


Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, volumes 43 à 44 - publié par Emile Grimaud - 1910

Registres paroissiaux et d'état-civil de la Ville de Rennes

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité