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La Maraîchine Normande
11 août 2017

EPERTULLY (71) - NOLAY (21) - LES CARNOT

EPERTULLY, commune à une demi-lieue de la petite ville de Nolay, dans la Côte-d'Or, est le berceau de la famille CARNOT qui possédait, dès le XVe siècle, la presque totalité de son territoire. Selon les traditions domestiques confirmées par les souvenirs locaux, la famille CARNOT, connue depuis le XVe siècle, possédait des fiefs, et jouissait du droit de chasse au faucon, ainsi que du privilège d'affranchir de la mainmorte les terres qui passaient en sa possession dans un certain ressort. Elle avait bâti la chapelle d'Épertully ; le grand puits du village s'appelle encore le puits Carnot, et la croix Carnot, placée à la limite de la commune, est un petit monument de pierre assez élégant dans sa forme, qui porte le millésime de 1646.

Epertully chapelle 3z

 

La famille CARNOT portait originairement pour armoiries : d'azur, à trois canes d'argent ; c'est ainsi qu'elles sont ciselées au balcon en fer forgé de la maison patrimoniale de Nolay, construite sous Henri II et résidence des CARNOT.

 

Les Carnot z

 

Elle compte parmi ses membres les plus marquants :

JEAN CARNOT, commandant du château fort de Gevrey sous les ducs de Bourgogne ;

le capucin HILARION CARNOT, né à Nolay, historien de l'Ordre de Saint-François ;

HUBERT CARNOT, abbé de Chalocé (abbaye située à quatre lieues d'Angers), et procureur général de l'Ordre de Cîteaux, qui prit possession de ses fonctions en 1739, et se démit volontairement en 1759 ;

JOSEPH-FRANÇOIS-CLAUDE CARNOT, conseiller à la Cour de cassation ;

CLAUDE-MARIE CARNOT DE FEULINS, lieutenant général du génie ;

LAZARE-HIPPOLYTE-MARGUERITE, COMTE CARNOT, membre de la Convention, dit l'Organisateur de la victoire, Ministre de la guerre sous le Consulat et Ministre de l'Intérieur pendant les Cent Jours ;

LAZARE-HIPPOLYTE, COMTE CARNOT, membre de l'Institut, membre du Gouvernement provisoire en 1848, puis Ministre de l'Instruction publique et sénateur inamovible ;

et enfin MARIE-FRANÇOIS-SADI, COMTE CARNOT, Ministre des finances, élu Président de la République Française en 1887.

Une branche puînée qui s'établit à Dijon au milieu du XVIIème siècle, a fourni : EDME et GASPARD CARNOT, conseillers du Roi, auditeurs à la Chambre des Comptes de Bourgogne ; ODET CARNOT, capitaine au régiment de la Marine et chevalier de Saint-Louis ; GASPARD CARNOT, chanoine de la Collégiale de Nuits ; et PIERRE CARNOT, capitaine au régiment de Cambrésis ; cette branche brisa ses armes d'un chevron d'or.

Un rameau cadet de cette branche changea les canes en merlettes, ainsi qu'on le voit par plusieurs cachets du XVIIIème siècle.

La branche cadette, qui resta fixée à Nolay, adopta un écu d'azur à trois merlettes d'argent, accompagnées en chef d'une étoile du même.

Ces dernières armes enregistrées dans l'Armorial manuscrit de l'abbé Brédault (1775), conservé à Beaune, figurent sur l'argenterie et les cachets de cette branche à laquelle appartiennent : Lazare-Nicolas-Marguerite CARNOT, dit "l'Organisateur de la victoire" ; Joseph-François-Claude Carnot, conseiller à la Cour de cassation et Claude-Marie Carnot de Feulins, lieutenant-général.

La filiation suivie et non interrompue de la famille CARNOT a pu être établie régulièrement à partir d'Edme qui suit.

armoiries

 

Parmi les plus remarquables membres de la famille, depuis le XVIe siècle jusqu'à la Révolution, qui mit à l'apogée la renommée des Carnot, M. Maurice Dreyfous cite, dans sa curieuse et suggestive étude Les Trois Carnot, si sûrement documentée :

- JEAN CARNOT (né en 1605), avocat au Parlement, procureur d'office d'Épertully.
- LAZARE CARNOT (1631), bailly de Nolay.
- HILARION CARNOT (1637), capucin.
- GABRIEL CARNOT (1640), premier huissier au Parlement de Bourgogne.
- GASPARD CARNOT (?), notaire royal à Nolay, puis conseiller à la Chambre des comptes de Bourgogne et Bresse.

- EDME CARNOT, né à Nolay en 1660, conseiller du Roi et auditeur en la Chambre des Comptes de Bourgogne (26 mai 1696), résigna ses fonctions en 1718, en faveur de son fils Gaspard qu'il avait eu de demoiselle Rose Boillot, sa femme.

- GASPARD CARNOT, Ier du nom, conseiller du Roi et auditeur en la Chambre des Comptes de Bourgogne, notaire royal à Nolay, épousa demoiselle Jeanne Mugnier et décéda en 1722. Il laissa, entre autres enfants, le fils ci-après :

Jacques-Abraham-Jean-Claude Z

- JACQUES-ABRAHAM-JEAN-CLAUDE CARNOT. A Nolay, dans une poussiéreuse étude de notaire et d'avocat, vivait Claude Carnot, le père du grand homme issu de la famille. On ne connaît guère de sa vie qu'une chose : c'est qu'il eut dix-huit enfants ! Il s'était uni à demoiselle Pothier, fille puînée de Jean Pothier, bourgeois notable de Nolay. C'était un véritable homme de bien, un bon et un brave. Il sut élever virilement ses quatorze fils, et les préparer de bonne heure aux luttes de l'existence. Huit moururent jeunes. Les six autres atteignirent un âge fort respectable. L'aîné, Joseph Carnot, mourut à 83 ans, conseiller à la Cour de cassation. Lazare était le deuxième fils.

JOSEPH Z

1° - JOSEPH-FRANÇOIS-CLAUDE CARNOT, chevalier de l'Empire, baptisé à Nolay le 22 mai 1752, avocat au Parlement de Dijon en 1772, commissaire au Tribunal de Dijon en 1792, passa en 1801 de la présidence de ce Tribunal à la Cour de Cassation, fonctions qu'il occupa jusqu'à sa mort arrivée le 31 juillet 1835. Il a publié plusieurs ouvrages de jurisprudence, et a été nommé en 1832 membre de l'Académie des sciences morales et politiques ;

FRDAFAN83_OL0430040v004_L Joseph-François-Claude zz

 

2° - LAZARE-HIPPOLYTE-MARGUERITE, qui suit ;

3° - CLAUDE-MARGUERITE CARNOT, né à Nolay, le 17 juin 1754, avocat au Parlement de Dijon en 1776, commissaire de la République près le Tribunal de Chalon-sur-Saône, puis procureur général près la Cour de justice criminelle de Dijon, mourut à Chalon-sur-Saône, le 15 mars 1808 ;

CLAUDE MARIE Z

4° - CLAUDE-MARIE CARNOT DE FEULINS, né à Nolay, le 15 juillet 1755, capitaine du génie et chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1789, député à l'Assemblée législative de 1791, lieutenant-général du génie en 1817, fit plusieurs fois partie du Comité des fortifications et décéda à Autun, le 17 juillet 1836. Il avait épousé, à Saint-Martin du Laërt, demoiselle Marie-Adélaïde-Françoise-Joseph Dupont, soeur cadette de Marie-Jacqueline-Sophie Dupont, femme de Lazare-Hippolyte-Marguerite, Comte Carnot.

5° - JEAN-FRANÇOIS-REINE CARNOT, né en 1760 (?), mort le 3 août 1829, succéda à la charge de notaire à Nolay, héréditaire dans sa famille depuis plusieurs générations. Il avait épousé Anne Delagrange, décédée le 3 décembre 1827, dont : Lazare-François Carnot, époux de Mlle Boisneux, de Lyon, et père de trois fils ;

6° - GABRIEL-BERNARD-JEAN CARNOT, fut d'abord officier dans la légion du Luxembourg, puis entra dans l'administration des finances, et mourut en 1826, receveur de l'enregistrement à Beaune ;

7° - MARGUERITE CARNOT, supérieure de l'hôpital de la Charité de Nolay, inhumée dans le cimetière de cette ville avec cette épitaphe : Marguerite Carnot, Mère des Pauvres ;

8° - JEANNE-PIERRETTE CARNOT reprit les fonctions de sa soeur, se consacra pendant cinquante-deux ans au service des malades et mourut à l'âge de soixante-quatorze ans ;

9° - MARIE CARNOT, mariée à M. Nicolas Clément.

Lazare 5z

LAZARE-NICOLAS-MARGUERITE, COMTE CARNOT, né et baptisé à Nolay le 13 mai 1753.

"Le 13 mai 1753, a écrit Claude, ma femme, à l'issue des vêpres, sur les quatre heures, a mis au monde un fils. Il a été appelé Lazare-Nicolas-Marguerite. Cet enfant est né dans un temps de calamité, par les morts promptes et fréquentes qui affligent le pays ainsi que tous ceux de la province."

Lazare baptême

 

Le nouveau-né était fortement constitué. Il fut un enfant précoce. Les choses de la guerre l'intéressèrent dès son plus jeune âge. Un jour que sa mère l'avait conduit au théâtre de Dijon, raconte M. Dreyfous, il se trouva qu'on jouait une pièce militaire. Il l'écouta avec un recueillement quasi religieux. Soudain, que vit-on ? Lazare se levant et apostrophant un acteur qui, costumé en général, plaçait ses soldats pour la bataille. "A la façon dont vous disposez vos tirailleurs, vous les ferez sûrement tuer !" s'écria-t-il. Ahurissement des acteurs, éclats de rire de toute la salle, confusion de Mme Carnot, qui essaie vainement de calmer son fils ! La brave maman était loin de se douter qu'elle assistait à la première manifestation d'un génie militaire devant lequel, plus tard, l'Europe entière dut s'incliner.

Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il entra en 1768 au petit séminaire d'Autun, où il se fit remarquer par une vive piété. Mais son goût pour les sciences mathématiques le fit envoyer à l'école de Mézières d'où il sortit pour entrer dans le génie avec le grade de lieutenant en second (il fut reçu à Mézières, après l'acceptation de ses preuves de noblesse par Guérin, généalogiste du Roi). Capitaine et chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1783, député du Pas-de-Calais à l'Assemblée législative en 1791, il entra, comme membre de la Convention, au Comité de Salut public en 1794, où il fut chargé de la guerre et de la direction supérieure des opérations militaires. Par son zèle et son intelligence, il mérita l'éloge que lui ont décerné ses admirateurs en le nommant l'Organisateur de la Victoire. Au 18 fructidor, Carnot fut proscrit par ses collègues du Directoire et obligé de se réfugier en Suisse. Il rentra en France après le 18 brumaire et fut nommé Ministre de la guerre par le Premier Consul en 1800, et appelé à siéger au Tribunat où il s'opposa vivement au Consulat à vie et surtout à l'Empire.

De 1807 à 1813, il vécut dans la retraite, Napoléon, qui l'estimait malgré son républicanisme et son esprit d'indépendance, le nomma général de division et gouverneur d'Anvers en 1814. Pendant les Cent Jours, il reçut le portefeuille de l'Intérieur et fut créé comte de l'Empire le 20 mars 1815 (il dut augmenter son écu, au canton dextre, du franc-quartier des comtes-ministres qui est d'azur, à la tête de lion arrachée d'or).

Après l'abdication de l'Empereur, il fut élu membre du Gouvernement provisoire. Exilé par la Restauration, il se réfugia en Pologne et de là, à Magdebourg, où il mourut le 2 août 1823.

Carnot maison où il est mort z

 

Les restes du célèbre défenseur d'Anvers avaient d'abord été déposés dans un caveau de l'église catholique de Saint-Jean, à Magdebourg ; voici le procès-verbal d'inhumation :

Le lieutenant général de l'armée française Lazare-Nicolas-Marguerite, comte de Carnot, catholique, veuf, né le 13 mai 1753, à Nolay, en Bourgogne, est décédé le 2 août, à huit heures du soir, 1823, des suites de marasme, et a été déposé dans le nouveau caveau de l'église Saint-Jean. Il demeurait Schulstrasse, n° 15. Ses fils sont : Sadi, âgé de vingt-sept ans, commandant dans l'état-major (au service français), et Lazare-Hippolyte, âgé de vingt-deux ans. Le décès a été notifié par écrit au curé Deleker, par le fils cadet, en date du 6 septembre 1823.

Mais, en 1832, lors d'une épidémie, il fut décidé que les restes seraient transportés au plus tôt dans le cimetière de la ville. Nous citerons encore le procès-verbal de translation dressé à cette époque :

Magdebourg, le 10 octobre 1832.

Par ordre de la police, le corps de l'ancien lieutenant général et ministre de l'Intérieur français,

Lazare-Nicolas-Marguerite Carnot, décédé le 2 août 1823 en cette ville, déposé dans le caveau de l'église Saint-Jean, a dû être enterré définitivement. Il fut décidé que cet acte aurait lieu ce même soir.

A cet effet, le soussigné se rendit, accompagné de M. Neumann, commissaire de police délégué, de M. le docteur Dynebier, médecin, et de M. Friedrich Gottlieb Carl Lindstedt, négociant, à cinq heures du soir, dans le caveau de l'église Saint-Jean. Le cercueil extérieur, contenant la dépouille mortelle du décédé, fut ouvert, et l'on trouva un cercueil en étain, sur lequel il y avait une plaque en étain avec l'inscription suivante :


CARNOT (LAZARE-NICOLAS-MARGUERITE)
LIEUTENANT-GÉNÉRAL DES ARMÉES FRANÇAISES
NÉ A NOLAY EN BOURGOGNE
LE 13 MAI 1753
MORT A MAGDEBOURG
LE 2 AOUT 1823

 

Carnot plaque


Cette plaque, qui s'était détachée, fut enlevée par le chargé des enterrements de la paroisse de Saint-Jean, M. Rose, et déposée dans le caveau [Il se pourrait aussi qu'elle soit restée dans les archives de la municipalité de Magdebourg (?)]. Après avoir fait des fumigations et éloigné le mauvais air du caveau avec de la poudre, le couvercle du cercueil d'étain fut enlevé. Pendant ce temps, il était entré plusieurs personnes, entre autres le médecin, le docteur Michaëlis, et le chirurgien, M. Grosch, etc.

M. Rose découvrit la figure du décédé en éloignant la substance qui entourait le corps, et toutes les personnes présentes constatèrent le cadavre et sa présence dans le cercueil.

Après cet acte, le cercueil intérieur et ensuite le cercueil extérieur furent soigneusement fermés et transportés sur un corbillard, pour être mis en terre au cimetière de la ville de Magdebourg, situé devant les Hoepforte et Kivekenthor, dans une tombe ornée de fleurs, au carré IV, du côté de l'est, d'après la première classe suivant le rang du décédé.

Le présent procès-verbal a été lu et signé par les présents susmentionnés.

Signé : Neumann, Dr Dynnebier, F.-G.-C. Lindstedt, Grosch, Dr Michaëlis.
Le commissaire d'enterrement,
Signé : LINCKE.

 

Tombeau de Carnot z

 

C'est le 31 juillet 1889 qu'a eu lieu l'exhumation pour le transport en France, des restes du grand Carnot, en présence d'une délégation où figuraient M. Poubelle, préfet de la Seine, le frère du président Carnot et son fils, sous-lieutenant d'infanterie. Voici un extrait du procès-verbal dressé à la suite de l'exhumation :

... La tombe consiste en une concession de quatre mètres carrés, concédée, en 1864, à titre gracieux et perpétuel, par décision du conseil municipal de Magdebourg, et formant un petit tumulus, garni de lierre, sur lequel est placée la dalle, dont la longueur est de soixante-cinq centimètres et la largeur quarante-deux centimètres.

Après avoir soulevé cette dalle et creusé la terre à trois mètres quarante, les fossoyeurs ont mis à découvert une double bière en bois dont les six larges poignées de cuivre se sont détachées, amenant avec elles les planches de couverture, et qui a été lentement détachée et remontée à la surface, après quatre heures et demie de travail.

Dans cette bière se trouvait une enveloppe en zinc, adhérente aux parois, dont le couvercle partiellement dessoudé, a permis de voir un corps pétrifié entouré des restes d'un linceul, la tête reposant sur un coussin blanc, la main droite ramenée sur la poitrine, paraissant encore gantée. La bière a été aussitôt recouverte d'une nouvelle enveloppe en zinc, et, cette mesure conservatoire prise, elle a été déposée dans la chambre ardente du cimetière, sous la garde d'un poste militaire.

Et le lendemain, premier août mil huit cent quatre-vingt-neuf, à cinq heures du soir, M. Poubelle, préfet de la Seine, délégué du gouvernement de la République française, s'est rendu au cimetière de la ville, et, en présence des fonctionnaires susdésignés, a fait placer ladite bière dans un cercueil en chêne recouvert de velours rouge qui a été, par lui, fermé à clef.

Carnot catafalque z

 

Il a, en outre, déployé sur le catafalque élevé au milieu de la chapelle ardente un drap mortuaire aux couleurs nationales de la France.

Le cercueil a été alors laissé sous la surveillance du poste militaire, en attendant le moment de son enlèvement, fixé au jour suivant, deux août mil huit cent quatre-vingt-neuf.

Carnot translation z

 

C'est le 2 août, - jour anniversaire de la mort de Carnot, - que ses restes ont été solennellement transportés au wagon qui les a emmenés en France. La cérémonie a été rendue tout à fait grandiose par la bonne volonté du gouvernement allemand, qui a fait rendre au général Carnot les honneurs militaires accordés à un officier général du plus haut rang. Le corps a été déposé le 3 août, à onze heures du soir, dans un catafalque placé sous le péristyle du Panthéon.

 

Carnot cérémonie Panthéon

Carnot Panthéon arrivée de Sadi-Carnot

Carnot Panthéon

 

Quand il mourut, son entourage put dire qu'un homme de grande vertu venait de s'éteindre. Sa vie tout entière, d'ailleurs, il l'a résumée lui-même en ces quelques lignes : "Je n'ai point usé du long exercice du pouvoir qui m'a été confié, pour amasser des richesses, pour élever mes parents aux emplois lucratifs ; mes mains sont nettes et mon coeur pur. Mon but a toujours été de faire aimer la République en lui donnant pour base une liberté réelle. J'ai désiré que les citoyens fussent dirigés dans leur conduite par des institutions converties en habitudes, plus que par les menaces de la loi. J'ai pensé qu'il valait mieux laisser les préjugés se dissiper par les lumières de la raison, que de les extirper avec violence." ...

 

SOPHIE DUPONT ZZ

 

Il avait épousé, en la paroisse de Denis, à Saint-Omer, le 17 mai 1791, demoiselle Marie-Jacqueline-Sophie-Joseph Dupont, née à Saint-Omer, le 22 juillet 1764, fille aînée de Jacques-Antoine-Léonard Dupont de Moringhem, seigneur de Cottenem, Canteleu, etc., conseiller-secrétaire du Roi, et de dame Marie-Anne-Françoise-Joseph Seroult, décédée à Paris, le 3 février 1813, qui lui donna les enfants suivants : 1° Nicolas-Léonard-Sadi Carnot, né à Paris, au Palais du Luxembourg, le 5 avril 1796, capitaine du génie, est auteur d'un ouvrage sur la puissance motrice du feu, publié en 1824. Il mourut en 1832 ; 2° Lazare-Hippolyte, qui suit.

 

Le grand Carnot : un grand poète !

Oui, poète. Ce soldat avait une imagination de contemplatif. Dans son salon du Luxembourg, en 1795, il tenta de reconstituer cette société de chansonniers d'Arras, les Rosatis, où, avant la Révolution, Robespierre témoigna, paraît-il, d'un aimable talent de chanteur de romances.

Ah ! Redoublez d'attention,
J'entends la voix de Robespierre,
Ce digne émule d'Amphion
Attendrirait une panthère ...

C'est là, on l'avouera, un Robespierre inattendu. Eh bien, Carnot chansonnier ne l'est pas moins. Oyez ceci, par exemple :

RETOUR A MA CHAUMIÈRE,
Vieille chaumière, à ton aspect,
Mes yeux se remplissent de larmes,
Mais tu ne m'ouvres rien d'abject,
Je te retrouve tous tes charmes.
Vers tes foyers je vois encor
L'amitié, les vertus antiques,
L'innocence de l'âge d'or,
Habiter sous ces toits rustiques ...

A Magdebourg, plus tard - en pleine tristesse d'exil - la poésie fut sa grande consolation. Écoutez encore ce sonnet, qui est daté de 1818 :

Bonheur ! O toi pour qui tout se meut sur la terre
Tes favoris sont-ils chez les grands ? aux hameaux ?
A Sparte ? à Sybaris ? au camp ? au sanctuaire ?
Préfères-tu les bois ? la garde des troupeaux ? ...

 

Hippolyte Z

 

LAZARE-HIPPOLYTE, COMTE CARNOT, né à Saint-Omer le 6 avril 1801.

Le père du président défunt, fils de Lazare Carnot, apprit dans l'exil à chérir la France et la démocratie. Il servait de secrétaire à son père, et lorsque son éducation fut terminée : "Va en France, faire connaissance avec ton pays et ta famille", lui dit le grand Carnot. Et il partit. Il avait vingt et un ans.

Membre de l'Institut, député du département de la Seine, de 1837 à 1848, membre du Gouvernement provisoire et de l'Assemblée constituante, Ministre de l'Instruction publique, envoyé par les électeurs de Paris au Corps législatif en 1852 et en 1857, refusa le serment et ne consentit à siéger qu'en 1863. Maire du VIIIe arrondissement de Paris, après le 4 septembre 1870, il fut nommé député de Seine-et-Oise à l'Assemblée nationale, au mois de février 1871, puis sénateur inamovible en 1873. Il est décédé à Paris, le 19 mars 1888, laissant de son mariage avec sa cousine, demoiselle Marie-Grâce-Claire Dupont, héritière du général comte Dupont de l'Étang, qu'il avait épousée en 1836, les deux fils ci-après :

 

Sadi et Adolphe Z

 

Marie-François-Sadi, qui suit ; Marie-Adolphe Carnot, né le 27 janvier 1839, Ingénieur en chef et Inspecteur de l'École nationale des Mines, qui a épousé : 1° Julie-Aurèle-Marguerite Barraud-Richemont ; 2° à Paris, le 9 août 1874, Marie-Antoinette Offroy-Durieu, fille de Jean-Jacques-Paulin Offroy-Durieu, membre de l'Assemblée nationale, et de Louise-Anne-Mélanie Beauregard.

 

Carnot président Z

 

MARIE-FRANÇOIS-SADI, COMTE CARNOT, né à Limoges le 11 août 1837.

"Aujourd'hui, treize août mil hui cent trente-sept, à neuf heures du matin, par devant nous, Jean Poncet des Nouailles, adjoint au maire de la ville de Limoges, faisant fonctions d'officier de l'état-civil, soussigné,
A comparu :
M. Lazare-Hippolyte Carnot, propriétaire, âgé de trente-six ans, demeurant rue Neuve-Saint-Valérie, division Nord ;
Lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né le onze courant, à six heures du soir, de lui comparant et de dame Jeanne-Marie-Grâce-Claire Dupont, son épouse, auquel enfant il a déclaré donner les prénoms de Marie-François-Sadi ;
Lesquelles présentation et déclaration, faites en présence de MM. Antoine-Joseph-Edouard Dupont, officier de marine, âgé de vingt-sept ans, demeurant boulevard de la Pyramide, et de Gaucher-Joseph Descoutures, conseiller à la Cour royale de cette ville, âgé de cinquante ans, demeurant sus-dit boulevard"
Suivent les signatures."

Sadi Carnot naissance z

Tel est l'extrait de naissance du président Carnot, dont nous allons suivre rapidement la biographie.

Ingénieur des ponts et chaussées, Commissaire extraordinaire de la Défense nationale en Normandie, Préfet de la Seine-Inférieure, député de la Côte-d'Or à l'Assemblée nationale en 1871, puis Ministre des Finances, il a été élu Président de la République Française le 3 décembre 1887.

 

Ernest Z

 

 

Il a épousé, en 1863, demoiselle Cécile Dupont-White de laquelle sont nés les enfants ci-après : 1° Claire-Marie Carnot, mariée en mai 1883 à Paul Cunisset, avocat général à la Cour de Dijon, conseiller général de la Côte-d'Or ; 2° Sadi Carnot, né en 1865, sous-lieutenant d'infanterie ; 3° Ernest Carnot, élève de l'École des Mines ; 4° François Carnot.

 

 

 

CARNOT, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

LA JEUNESSE DE SADI CARNOT

Les meilleurs jours de l'enfant qui était promis à la fois aux plus hautes et aux plus tragiques destinées, s'écoulèrent dans la Charente, à Chabanais, au château de Savignac. Plus tard, il aima y passer, chaque année, en compagnie de son frère Adolphe, ses vacances de collégien. Très enthousiaste des doctrines pastorales et ouvrières de Jean-Jacques, son père profitait de ces loisirs pour lui faire apprendre un métier manuel. Sadi Carnot devint ainsi menuisier et charpentier, et l'on assure qu'il existe, à Nolay ou à Limoges, des meubles fabriqués entièrement de sa main. Adolphe, lui, préférait la serrurerie.

Femme très supérieure, Mme Carnot habituait même ses fils à partager le frugal repas des ouvriers qu'ils coudoyaient à l'atelier et dans les chantiers.

Sur ces entrefaites, Hippolyte Carnot devint ministre de l'Instruction publique. Le jeune Sadi se mit à piocher le programme du baccalauréat, puis celui de l'École polytechnique, qui le reçut bientôt avec le numéro 7. Adolphe y entra douzième l'année suivante. Ils en sortirent ensemble, avec toujours le numéro 7 pour le premier, et le 5 pour le second. Sadi fit alors choix de l'École des Ponts et Chaussées, et, en 1860, sortant triomphalement avec, cette fois, le numéro 1, il devint secrétaire du Conseil supérieur des Ponts et Chaussées.


L'HOMME PUBLIC

Peu après, il épousait la fille de l'économiste Dupont-White, vieil ami de la maison. En 1864, il était envoyé à Annecy en qualité d'ingénieur. Il s'y révéla homme de hardies conceptions. Il rêva de transformer cette admirable Savoie qui, d'année en année, devient avec le Dauphiné, le point de mire des enthousiastes de belle nature. C'est ainsi qu'il édifia la route du val de Fier, la pittoresque voie jetée sur la vallée des Usses ; enfin les routes du lac d'Annecy, de Seyssel à Frangy, de Saint-Julien au département de l'Ain, et nombreux autres ouvrages d'un art fort remarqué des touristes. Il y appliqua un très simple système d'endiguement des torrents, fort utile dans les constructions de montagnes, et qui lui valut à l'Exposition de 1878, la grande médaille d'or.

En 1871, on le retrouve préfet de la Seine-Inférieure, et commissaire extraordinaire chargé d'organiser la défense nationale dans les départements de la Seine-Inférieure, de l'Eure et du Calvados. Puis, le 8 février, élu à l'Assemblée nationale, par 47,711 voix ; le 20 février 1876, à la Chambre des Députés, par la 2e circonscription de Beaune. Il fit partie des 363, fut réélu le 14 octobre 1877, et en 1878 nommé sous-secrétaire d'État du ministère des travaux publics, dont il fut plusieurs fois rapporteur.

Réélu député de la Côte-d'Or en 1881 et 1885, il devint successivement ministre des travaux publics et ministre des finances. On se souvient des circonstances qui le portèrent à la présidence de la République. Il fut, alors, le triomphant candidat de la probité publique.

Quelle joie, pour son père, que cette subite élévation ! Il voulut, dès lors, que ce fils chéri devint le chef effectif de la famille. "Tu t'appelleras désormais Carnot, tout court", lui dit-il. On sait qu'il mourut l'année suivante, en souriant à la gloire de son enfant.

Qu'est-ce, à propos, que ce baptismal : Sadi ? il est un poète persan de ce nom, qui écrivait au XIIIe siècle. Ses poésies sont empreintes du plus pur sentiment. Le prénom du président avait, dit-on, cette origine.

Pour terminer - et sans nous appesantir sur la terrible tragédie qui a clos cette noble existence, - citons ces lignes écrites par un des chroniqueurs les plus estimés de la presse parisienne, M. Paul Foucher. Elles parleront plus éloquemment que nous :


L'HOMME MORAL

"... Ce qui distinguait M. Sadi Carnot, c'était son attitude réservée, et la tranquillité d'un visage réfléchi, sérieux sans dureté, qu'illuminait parfois un joli sourire d'homme du monde. On avait plaisir à faire ce petit voyage en si excellente compagnie.

M. Sadi Carnot aimait mieux faire causer son père que de causer lui-même. Il l'écoutait avec infiniment de satisfaction, ne prenant guère la parole que quand une mine d'anecdotes était épuisée.

On ne prévoyait pas alors la haute fortune, si méritée et si vaillemment soutenue, à laquelle il devait parvenir. Ce qu'on ne prévoyait pas, surtout, c'est que sa santé lui permettrait de mener l'existence véritablement exténuante qu'il s'imposa par la suite, dans le but de répandre l'idée libérale, de faire aimer la victoire républicaine, de la faire respecter en l'incarnant noblement en lui, le petit-fils de l'organisateur des quatorze armées de la Révolution française.

On a dit quelquefois, plaisantant une certaine raideur d'attitude, due surtout à la sécheresse des lignes de l'habit noir : "Le Président est en bois". C'était une erreur. Il est en fer.

Ses voyages peuvent compter comme des campagnes. On l'a vu sous la neige, en voiture découverte, sous le soleil ardent ou la pluie battante. Il a toujours l'air content. Il ne se plaint de rien. Les vieux généraux s'enrhument, les plus intrépides reporters laissent échapper leur crayon. M. Carnot, lui salue la foule et sourit. Et, quand il est en wagon, il mange de bon appétit un repas interrompu dix fois par dix harangues et dix Marseillaises".

Jamais, certes, rien de plus juste ne fut dit.

 

Mme Carnot Z

 

MADAME CARNOT ET SES FILS

Nous nous faisons un devoir de terminer cette trop courte biographie en rendant un respectueux hommage à la femme qui sut si complètement être la compagne du plus populaire des Présidents qu'ait eus jusqu'ici la République. Dans l'immense douleur qui la frappe, une grande consolation lui reste : Ses trois fils, dont l'un est lieutenant au 27e de ligne, le second, ingénieur de la Compagnie des Messageries Maritimes, et le troisième, ingénieur des mines, sauront perpétuer dignement la grande tradition nationale des Carnot, faite d'intégrité, de travail et d'amour de la démocratie française.

23-24 juin 1894 - Lors d'un déplacement à Lyon, le président Sadi Carnot est assassiné par Jeronimo Caserio, anarchiste italien.

 

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25 juin 1894 - LES FUNÉRAILLES DE M. CARNOT

Magnifiques, les funérailles de M. Carnot.

Voici le programme du cortège, qui restera historique :

Un escadron de la garde républicaine
Le général gouverneur militaire de Paris ; son état major.
Troupes.
Chars portant les couronnes.
Musique de la garde républicaine.
Un peloton de l'École polytechnique.
Couronne offerte par M. Casimir-Perier, président de la République française, et portée à bras.
Corbillard, avec garde d'honneur.
Personnel du service privé.
Maître des cérémonies.
Famille.
Le président de la République.
Le président du Sénat et le président de la Chambre des députés
Les ambassadeurs.
Les ministres.
Les cardinaux et maréchaux.
Les envoyés extraordinaires ; le corps diplomatique.
Le Sénat ; la Chambre des députés.
Amis personnels de la famille.
Les officiers généraux membres des conseils supérieurs de la guerre et de la marine.
Les généraux commandants de corps d'armée.
Le Conseil d'État.
Les grands-croix et grands-officiers de la Légion d'honneur
La cour de cassation.
La cour des comptes.
Le conseil supérieur de l'instruction publique.
Les membres de l'Institut.
La cour d'appel.
Les directeurs et sous-directeurs des ministères, les gouverneurs et sous-gouverneurs de la Banque de France et du Crédit foncier.
Les délégués du conseil supérieur des colonies
Députation du clergé de Paris.
Députation du conseil central des Églises réformées.
Députation du consistoire de l'Église réformée de Paris.
Députation du consistoire de l'Église de la confession d'Augsbourg.
Députation du consistoire central israélite.
Les préfets de la Seine et de police et secrétaires généraux.
Le conseil de préfecture de la Seine.
Le Conseil général de la Seine.
Délégation des préfets des départements.
Les maires et les adjoints de la ville de Paris.
Le corps académique.
Le tribunal de première instance.
Le tribunal de commerce.
La chambre de commerce.
Le conseil municipal de Lyon.
Les juges de paix de la ville de Paris.
Les quatre conseils de prud'hommes.
La députation de l'armée : Etat-major particulier du ministre de la guerre. - État-major général de l'armée - Les directeurs et sous-directeurs du ministère de la guerre. - Députation des comités techniques. - Le général commandant l'hôtel des Invalides. - L'École de guerre. - L'École polytechnique. - École de Saint-Cyr. - École de médecine et de pharmacie.
La députation de la marine. - État-major de la marine. - Comité des inspecteurs généraux. - Directeurs et sous-directeurs généraux. - Directeurs et sous-directeurs du ministère de la marine. - Conseil des travaux et comités. - État-major du gouverneur militaire de Paris. - Officiers généraux et officiers supérieurs de l'armée de Paris. - Officiers généraux et officiers supérieurs de la marine.
Le corps des ponts et chaussées et des mines.
Le collège de France.
L'École nationale des langues orientales vivantes.
L'École des Chartes.
Le Muséum d'histoire naturelle.
L'Académie de médecine.
Le directeur et les professeurs de l'École supérieure et une délégation des élèves.
Le directeur et les conservateurs des Musées nationaux.
L'École nationale et spéciale des beaux-arts.
Le Conservatoire national de musique et de déclamation.
La Société nationale d'agriculture.
L'Institut national agronomique.
Les professeurs de l'École centrale des Arts et Manufactures et une députation des élèves.
Députation du conseil des avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation.
Députation du conseil de l'ordre des avocats et du barreau de Paris.
Députation des syndicats de la presse française et de la presse étrangère.
Référendaires au sceau de France.
Chambre des notaires.
Chambre des avoués près la Cour d'appel.
Chambre des avoués de première instance.
Chambre des commissaires-priseurs.
Chambre des huissiers.
Chambre syndicale des agents de change.
Chambre syndicale des courtiers d'assurances près la Bourse de Paris.
Chambre syndicale des courtiers de marchandises près le tribunal de commerce.

1er juillet 1894 - Après des funérailles nationales à Notre-Dame, Sadi Carnot est inhumé au Panthéon

 

Article de presse - 1894 - Bibliothèque numérique du Limousin

Extrait : Du Bouys Bourbonnais Seigneurs du Bouys, d'Arfeuille et de la Villate - 1888

Archives nationales - Base Leonore

AD21 - Registres paroissiaux de Nolay

Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique - G. d'Heylli - 15 août 1889 - (A14,T2,N15)

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Commentaires
C
Carnot qui avec Prieur de la Côte d'or ont fait sortir Louis XVII du Temple et l'on remis aux autrichiens.<br /> <br /> Il faut disséquer la vie de Carnot et ses écrits<br /> <br /> Il a fini sa vie comme Lieutenant Général des armées....Prussiennes <br /> <br /> Hé oui il y a eu une conférence à ce sijet dans une université Allemande
Répondre
N
Saloperie de Carnot ! Alors ils l'ont refourgué au Panthéon ce pourri ? Ça ne m'étonne pas, mais ils auraient mieux fait de balancer sa charogne dans la Seine.
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La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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