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La Maraîchine Normande
24 janvier 2017

BOUÈRE (53) - RENÉ-ROBERT BOURDET, BACHELIER EN THÉOLOGIE, CURÉ DE BOUÈRE (1741 - 1790)

La paroisse de Bouère venait de perdre son curé dans la personne de M. Brice-François-Nicolas-Bourdon, décédé le 15 avril 1766, quand M. René-Robert Bourdet fut appelé à le remplacer.

Cet ecclésiastique était né le 2 avril 1741, à Saint-Martin de Mayenne, baptisé le lendemain, de Robert Bourdet, "employé dans les Gabelles", et de Marie Decré.

Bourdet baptême

La nature ne lui avait refusé aucun de ses dons ; taille élevée, figure noble et pleine d'expression, conception vive, mémoire sûre, élocution facile et claire, toutes les qualités de l'esprit et du corps se trouvait réunies en sa personne.

Après des études aussi brillantes que rapides, il fut chargé de répéter la philosophie à l'Université d'Angers, où il prit le grade de Bachelier en théologie.

Ordonné prêtre en 1766, il préféra le ministère pastoral à l'enseignement, et fut nommé vicaire de Bonnétable. Quelques mois parurent à ses Supérieurs un noviciat suffisant, et presqu'aussitôt ils l'appelèrent à la cure de Bouère, que la mort de M. Bourdon, venait de laisser vacante. Ce choix faisait assez voir de quelle considération ce jeune ecclésiastique jouissait dès ce moment. La cure de Bouère était en effet des plus avantageuses et des plus honorables, par conséquent aussi des plus recherchées.

Bouère

M. Bourdet arrive à Bouère au mois d'octobre 1766, âgé seulement de 25 ans. Il fut bientôt apprécié de tous, et sut se concilier l'estim du clergé et des familles distinguées du pays. Pour ses paroissiens, ils ne le voyaient guère qu'au confessionnal et à l'autel. Encore le dimanche, fallait-il souvent l'arracher à ses livres, auprès desquels il oubliait l'heure des offices. Il avait pour la chaire un talent remarquable, mais il y paraissait trop rarement.

Malgré ce genre de vie et cette application à l'étude, M. Bourdet ne restait pas étranger au bien de son église et de sa paroisse. Il fit faire à plusieurs reprises, dans la première, des travaux considérables. Il avait même préparé l'établissement d'une école de filles, qui devait être dirigée par des Soeurs de la charité de la congrégation dite d'Evron, alors appelées soeurs grises. L'école fut autorisée par lettres patentes du Roi, données à Compiègne en juillet 1772. Une personne généreuse, Mademoiselle Jeanne Hamon avait laissé pour son entretien une somme de 2067 livres, dont la rente était réversible aux pauvres, si le projet ne réussissait pas ; ce qui arriva en effet, on ne sait pour quelle raison.

Ce fut quelques années après que M. Bourdet procura à sa paroisse le précieux avantage de la visite de son premier pasteur. Monseigneur de Gonssans passa un dimanche à Bouère, y officia pontificalement ; il donna en même temps la confirmation, et bénit le cimetière ...

M. Bourdet assistait à la retraite ecclésiastique de 1782, comme en fait foi la liste imprimée des ecclésiastiques présents aux pieux exercices de cette année.

Les travaux qu'il faisait faire à l'église de Bouère n'étaient pas encore achevés quand éclata le grand mouvement de 1789, et quand dut se faire l'élection des députés de tous les ordres aux États généraux. L'assemblée du clergé, au Mans, avait été pleine d'intrigues et d'orages, comme l'attestent des fidèles, mais trop affligeants souvenirs. Quelques membres exaltés du clergé du second ordre, forts de leur richesse et de leur indépendance, s'étaient plu, ce semble, à y rabaisser l'autorité et le caractère de leur Évêque, qu'ils ne voulaient pas même choisir pour un de leurs représentants.

M. Bourdet ne s'était pas rendu à l'assemblée du Mans. Mais à la nouvelle que son nom est sorti de l'urne électorale, et que, parmi les trois autres qui l'ont suivi, ne se trouve pas encore celui du prélat, il court au Mans, et se rend immédiatement à la salle des électeurs. "Messieurs, leur dit-il en entrant, vous me faites vraiment l'effet d'écoliers qui veulent donner le fouet à leur maître ... Pour moi, je refuse le mandat que vous m'offrez, si vous ne disposez du vote qui vous reste en faveur de celui à qui le premier est dû". Ces paroles firent réfléchir ceux à qui elles étaient adressées ; Mgr de Gonssans fut nommé. C'est là certainement un de ces traits qui honorent à jamais un caractère.

La mission confiée à M. Bourdet lui fut personnellement des plus funestes. Il vit, dès le premier moment l'abîme où allaient s'engloutir la Religion et la Monarchie, et cette prévision fit sur lui une impression si profonde qu'il tomba malade au bout de quelques mois. Une de ses nièces avertie de son état, courut à Paris. Sa tête s'était considérablement affaiblie. Cependant il put encore lui dire que "bientôt on demanderait aux prêtres un serment sacrilège ; qu'elle se gardât bien de ceux qui auraient la faiblesse de le prêter.

Mlle Bourdet ramena son oncle à Bouère ; ils étaient attendus à l'entrée de la paroisse par une garde d'honneur qui devait les conduire jusqu'au presbytère. L'imagination troublée du malade ne vit dans ces fidèles paroissiens que des ennemis du trône et de l'autel, que des assassins qui avaient conjuré sa mort. Sa nièce dut employer tous ses efforts pour le rassurer. Mais il ne put dès lors célébrer la sainte Messe qu'un petit nombre de fois ; encore devait-il être assisté et soutenu par un de ses vicaires.

Cette triste position ne fit que s'aggraver de plus en plus, et quelques mois après son retour, le 19 octobre 1790, il mourut dans un état complet d'imbécilité. Son corps ne put trouver place auprès de ses prédécesseurs ; il reposa dans le cimetière qu'il avait fait bénir. Il avait 49 ans.

Bourdet décès

M. Bourdet laissait à ses héritiers une fortune de 35.050 livres ; il avait souvent recommandé à ses nièces, qui demeuraient avec lui, de rester à Bouère après sa mort, et de faire autant que possible profiter les biens dont elles hériteraient aux lieux où il en avait recueilli la plus grande partie. Ses désirs ont été compris parfaitement et ses volontés religieusement accomplies.

Bouère cimetière

La province du Maine - feuille hebdomadaire - Deuxième année - n° 51 - Samedi 19 décembre 1846

AD53 - Registres paroissiaux de Bouère

CURÉS DE BOUÈRE DEPUIS LA RÉVOLUTION

- M. BOURDET RENÉ-ROBERT, de 1766 à 1791 - Ce fut le curé qui jeta le plus grand éclat à Bouère. Il fit construire le grand autel placé sous l'arc-doubleau du choeur. Il fut élu député aux États-généraux en 1789.
- M. Thomines de Mazures - de 1790 à 1791
- M. Château - de 1791 à 1805
- M. Benoît Pierre - de 1803 à 1806
- M. Boulard - de 1806 à 1813
- M. Bouleau - de 1813 à 1833 - a contribué très généreusement à la fondation de l'Hospice et des Écoles.
- M. Mortreux - de 1833 à 1866
- M. Heuveline - de 1866 à 1884 - a fait construire le presbytère.
- M. Daniel - de 1884 à 1890
- M. Chatelain - de 1890 à 1897
- M. Pichon - de 1897 ...

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