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La Maraîchine Normande
20 novembre 2016

CHAMBRETAUD (85) - LES INVENTAIRES - 1906

 

Chambretaud vue

Le mardi 20 novembre 1906, il était à peine huit heures et demie du matin quand, à une certaine distance du bourg, sur la route des Épesses, on aperçoit un groupe de plusieurs gendarmes qui poussent leurs chevaux à toute allure. Il n'y avait pas à en douter c'était pour l'inventaire de notre église.

Vite on dépêche à la cure ; M. le curé est avisé et dans un clin d'oeil, les portes de l'église sont solidement verrouillées. C'était temps ! les agents officiels arrivaient sur la place. Ils se précipitent aussitôt aux abords de la maison du Bon Dieu, mais c'était trop tard ... Il leur faudra bien désormais, s'ils veulent entrer, se résoudre bon gré mal gré, à assumer l'odieux de passer par les fenêtres, ou de briser les portes, et c'est à ce dernier parti qu'on se range. Sur leur opération sacrilège rien de bien différent de ce qui s'est passé à peu près partout : porte défoncée après de pénibles efforts, - mais porte dérobée et éloignée de la voie publique, il va sans dire, - simulacre d'inventaire, dix minutes au plus.

Mais l'heure tragique allait bientôt sonner. Le commissaire, coiffé d'un melon, sort de l'église, tout fier de sa prouesse, accompagné de l'agent des domaines et de deux apaches crocheteurs, lorsque la foule massée devant la porte principale et devenant de plus en plus dense et courroucée les reçoit aux cris de : "A bas les crocheteurs, à bas la canaille, à bas le melon !" Les invectives ne suffisant plus, on s'arme de gourdins, de pierres, de tout ce qui tombe sous les mains, et j'ai vu le moment où l'on allait en venir aux coups.

Hors de lui, l'homme au melon - le commissaire de Luçon - pour se rendre intéressant sans doute, appréhende une brave femme Mme Augustin Gauffreteau, qu'il trouve plus facilement à sa portée, et ordonne aux pandores de s'en emparer, sous prétexte qu'elle lui a craché au visage. Est-ce vrai ? En tout cas, Mme Gauffreteau fut littéralement traînée pendant quinze mètres et hissée, les habits en lambeaux, dans un fourgon ad hoc ; pour être conduite au dépôt de la Roche. 

Mais la foule exaspérée de cet acte de sauvagerie ne se possède plus ; chacun s'apprête à voler aux secours de la prisonnière en faisant usage de tous ses moyens, lorsque l'homme au melon, blême de colère ou plutôt de peur, ordonne de remettre en liberté Mme Gauffreteau, qui sort de la lutte avec tous les honneurs de la victoire.

Puis, sur un bref commandement, toute la troupe des crocheteurs prend la route de la Gaubretière, couverte de huées, pour aller accomplir ailleurs leurs actes de criminel cambriolage.

Instinctivement, tous nous nous dirigeâmes vers notre chère église, où, après quelques paroles bien senties de M. le curé, Notre-Seigneur bénit de nouveau ses fidèles enfants accourus pour le défendre et le protéger.

Chacun de nous disait en retournant chez soi : "Cette fois nous avons été surpris, mais qu'ils y reviennent !"

Un Témoin.


AD85 - La Semaine catholique du diocèse de Luçon - 1906 - p. 1048-1049.

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