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La Maraîchine Normande
6 juillet 2016

COMPIÈGNES (60) - 17 JUILLET 1794 - CLAUDE-LOUIS-DENIS MULOT DE LA MÉNARDIÈRE

Dans un panégyrique des Carmélites de Compiègne prononcé le 30 septembre 1905 à Mouy, village natal de l'une d'elles, Mgr Douais cite le curieux détail suivant qu'il nous paraît intéressant de reproduire ici :

"Mulot de la Ménardière, arrêté à Compiègne et amené à Paris, fut condamné par le tribunal et guillotiné le même jour que les Carmélites, victime sans doute de la Terreur et de la mauvaise foi de Scellier, président du tribunal, mais puni par où il avait pêché : il s'était prêté à une odieuse parodie, où il avait joué le rôle de prêtre et de confesseur ; il fut condamné comme prêtre et complice des Carmélites."

Compiègne - Carmélites - 1794


Je dois à M. le comte de Merlemont la connaissance de ce fait, qui est raconté dans les mémoires de son père, dont voici l'extrait :

La Révolution dans le Beauvaisis : Mémoires d'Adolphe des Courtils, comte de Merlemont.


"Un fait qui se rattache à l'histoire du martyre des 16 Carmélites de Compiègne mérite d'être rapporté, parce qu'on y reconnaît visiblement le doigt de Dieu comme dans le reste de cette catastrophe.

Un sieur Mulot, bourgeois de Compiègne, avait dans sa jeunesse, peu d'années avant 1793, participé à une scandaleuse mascarade.

Déguisé en prêtre, accompagné d'autres débauchés comme lui habillés en Carmélites, il avait parcouru la ville de Compiègne faisant semblant de confesser ces soi-disantes religieuses. Le public avait été révolté d'un pareil sacrilège et plus tard, le sieur Mulot revenu à de meilleurs sentiments s'en était repenti lui-même, mais Dieu voulait qu'il expiât son crime de manière à servir d'exemple frappant aux impies de cette funeste époque.

Mulot fut arrêté comme bien d'autres suspects en 1793 et mené à Paris où il fut incarcéré dans la même prison que les Saintes Filles dont il s'était moqué.

Elles parurent bientôt devant le tribunal révolutionnaire et lui-même, soit par erreur de nom, soit par un singulier hasard, fut traduit comme leur complice et leur confesseur devant les mêmes juges, bien qu'il n'eût jamais été prêtre et qu'il fut marié.

Malgré ses vives réclamations, le tribunal refusa de faire constater son identité et il fut condamné comme ayant été le directeur spirituel des Carmélites et conduit avec elles à l'échafaud.

Ce fait est constant et a été raconté et attesté à mon grand-père et à mon père par la propre femme du sieur Mulot alors qu'elle était enfermée avec eux à Chantilly.

On en trouvera du reste la preuve dans le tableau des condamnés à mort le 29 messidor an II (17 juillet 1794). On y lit le nom de Mulot dit de la Ménardière immédiatement avant ceux des 16 religieuses ..."

Église de Reims - vie diocésaine - Chanoine Charles Hannes - vingt-troisième année - 1890

Carmélites Compiègne 3

CLAUDE-LOUIS-DENIS MULOT DE LA MÉNARDIÈRE fut immolé à Paris, le 17 juillet 1794, avec seize religieuses de Compiègne, comme "prêtre réfractaire qui disoit la messe chez elles, et même comme leur confesseur", était un homme marié, âgé de 60 ans, qui né à Compiègne, y exerçoit la profession de libraire. Il avait même toujours vécu selon les systèmes de la philosophie de l'incrédulité ; et nul moins que lui ne pouvait être suspect de ce qu'alors les impies qualifiaient de fanatisme.


Mais, comme il était cousin germain de Marie-Catherine-Charlotte Brard, religieuse Carmélite de Compiègne, et que, pour l'intérêt qu'il prenait à elle, il ne pouvait s'empêcher d'en témoigner aussi à la communauté, il y venait souvent pour les services qu'elle le mettait dans le cas de lui rendre. Ce fut un prétexte suffisant pour le comité révolutionnaire de Compiègne, de le faire arrêter comme confesseur des religieuses, quoiqu'on sût bien qu'il n'était pas prêtre, et que sa femme était vivante.

Elle venait d'être arrêtée comme royaliste, suspecte de projets contre-révolutionnaires ; et elle se trouvait enfermée dans le château de Chantilly. N'importe, La Ménardière fut emprisonné avec les religieuses, sous le prétexte évidemment faux dont nous venons de parler.

Conduit également à Paris, afin d'y être jugé par le tribunal révolutionnaire de la capitale, il se trouva, fort heureusement pour le salut de son âme, dans la même prison que ces religieuses, dont on l'accusait d'être le directeur spirituel. Encore engagé dans son incrédulité systématique, il en fut retiré par l'une de ces saintes filles qui parvint à l'amener et à le conduite dans les voies du Ciel. C'était la prieure, Thérèse de Saint-Augustin.

Voyant son danger, et prenant pitié de son âme, elle entreprit de le ramener aux principes de la Foi ; et ce ne fut pas en vain. L'exhortant chaque jour à mourir, elle parvint à lui inspirer l'héroïsme des premiers Martyrs de la religion.

Il fut appelé, en même temps qu'elle et ses quinze compagnes, au tribunal, se trouvant compris dans le même acte d'accusation, mais avec des circonstances qu'on lui rendait personnelles : "Mulot La Ménardière, ex-prêtre réfractaire, disait l'accusateur public, était dans la commune de Compiègne, le chef d'un rassemblement contre-révolutionnaire, d'une espèce de Vendée, composée d'ex-religieuses Carmélites et d'autres ennemis de la révolution.
Sa correspondance avec ces femmes, soumises à ses volontés, dépose des principes et des sentiments contre-révolutionnaires qui l'animaient ; et on y remarque surtout cette fourberie profonde, familière à ces tartufes, accoutumés à donner leurs passions pour règle de la volonté du Ciel.

Il paraît que c'est lui qui joignait à ces lettres un billet conçu en ces termes : Vous joindrez (dans vos prières) aux intentions générales pour les besoins de l'Église, celle d'obtenir aux membres qui composent les districts et les municipalités, les lumières nécessaires pour connaître tout le mal qu'ils font en se prêtant à l'exécution des décrets contraires à la religion et à la fidélité ; en acceptant des emplois qui ne peuvent s'allier avec le christianisme, et qu'ils devaient refuser même au péril de leur vie."

Un autre manuscrit sur son refus de prêter le serment dit constitutionnel, établit que sa résistance à l'autorité légitime (des tyrans de la France) était méditée et réfléchie, etc. etc."

Ces écrits étaient sans doute du directeur de la conscience de ces religieuses.

La résignation de La Ménardière était parfaite, et son courage ne pouvait plus se démentir ; mais, comme on voulait fonder sa condamnation sur le prétexte qu'il était prêtre, il crut devoir à la vérité de "déclarer qu'il ne l'était point, et qu'il ne pouvait pas l'être, attendu qu'il était marié. Le tribunal, ajouta-t-il, doit savoir que ma femme est prisonnière à Chantilly".

Il appela en témoignage de ces faits l'un des jurés qui avait domicile à Compiègne, et de qui il était bien connu ; mais ce juré lui répliqua, une sotte férocité : "Tais-toi, scélérat ; tu n'as pas la parole ; n'ajoute pas à tes forfaits".
La Ménardière se tut, fut condamné à la peine de mort, comme "convaincu de s'être déclaré l'ennemi du peuple, en composant des écrits royalistes et contre-révolutionnaires, et en formant chez lui des rassemblements fanatiques".

Il marcha à l'échafaud avec les seize religieuses, montrant le même courage, et faisant la même profession de Foi. Le dernier exemple qu'en présence de l'instrument de mort, ces saintes filles donnèrent à La Ménardière, acheva de le pénétrer de toutes les dispositions d'un martyr et d'un prédestiné. Il eut part à la gloire et à la couronne de ces religieuses.

Peu de temps après, Dieu manifesta, en quelque sorte, qu'il l'avait reçu dans son sein, en disposant les évènements de telle manière que l'atroce juré qui avait si brutalement répondu à l'interpellation juste et modeste de La Ménardière, périt lui-même sous le fer de la même guillotine ; et il n'eut pas la céleste consolation que les religieuses de Compiègne avaient procurée à celui dont il avait si indignement provoqué la mort.

Les martyrs de la foi pendant la Révolution française ... par Aimé Guillon de Montléon - Volume 3 - 1821

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