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La Maraîchine Normande
13 juin 2016

MORTAGNE-SUR-SÈVRE (85) - MARIE-RENÉE BOUTILLIER DE LA CHÈZE, ÉPOUSE BOUTILLIER DE SAINT-ANDRÉ (1752-1794)

 

MORTAGNE SUR SEVRE

 

Marie-Renée Boutillier, fille de noble homme René-Marin Boutillier, sieur de la Chèze, avocat en parlement, sénéchal de Bazoges (en Paillers), et de Dame Renée-Simone Bourasseau, est née le 29 août 1752, à Mortagne-sur-Sèvre. Elle était cousine germaine de son mari, Marin-Jacques Boutillier de Saint-André, qu'elle épouse le 17 juillet 1780 à Mortagne-sur-Sèvre. .

BOUTILLIER DE LA CHÈZE Marie-Renée

Les Mémoires d'un père à ses enfants, publiés par M. l'abbé Bossard, font d'elle une femme accomplie, ayant toutes les vertus de l'épouse et de la mère, et douée d'un courage extraordinaire pour son sexe.

Suspecte à cause de son mari, elle fut arrêtée par ordre du Comité Révolutionnaire de Cholet, amenée en cette ville et autorisée à rester dans la maison et sous la garde du citoyen Girard, ami de son mari.

Elle fut interrogée le 23 nivôse - 12 janvier, par le Comité.

INTERROGATOIRE

"Le 23 nivôse an 2 - Jacques Macé a fait comparaître devant lui la nommée Marie-Renée Boutillé de la Chèse, femme de Marin-Jacques Boutillé dit de Saint-André, détenue à Cholet sous la responsabilité du citoyen Girard, commissaire de la nation, pour être interrogée ainsi qu'il suit.

D. - Quel est votre nom, votre âge, demeure et le lieu de votre naissance ?
R. - Je me nomme Marie-Renée Boutillé. J'ai 40 ans. Je demeure à Mortagne, lieu de ma naissance.
D. - Pourquoi êtes-vous en arrestation à Cholet ?
R. - Je n'en sais rien.
D. - Votre mari n'a-t-il point occupé des charges ou emplois parmi les brigands qui ravageaient la Vendée ?
R. - Non. Mon mari n'a jamais occupé de place parmi les brigands ; il a été d'un conseil provisoire et de police pour empêcher les brigands de piller la ville et pour les empêcher de se porter dans les prisons et d'assassiner les patriotes prisonniers.
D. - Combien de temps a-t-il géré cette place ?
R. - Environ 5 ou 6 semaines, et il s'en est remis le plus tôt qu'il lui a été possible.
D. - A-t-il porté les armes contre la patrie ?
R. - Il ne les a jamais prises, malgré les menaces qu'ils lui ont faites.
D. - Avez-vous des enfants dans le cas de porter les armes ?
R. - Non : l'aîné n'a que douze ans et l'autre neuf.
D. - N'avez-vous point caché les prêtres réfractaires, dans le temps qu'il y en avait un grand nombre réfugiés à Mortagne ?
R. - Non ; il n'y en a jamais eu de caché chez moi.
D. - N'avez-vous jamais eu de correspondance avec les prêtres ou nobles pour détruire la Constitution ?
R. - Non, au contraire, s'il n'avait dépendu que de moi, jamais nous n'aurions éprouvé de si grands malheurs dans le pays de la Vendée. On doit le connaître par les bons services que j'ai rendus aux prisonniers ; j'en ai eu 23 pendant 5 ou 6 semaines, et pendant tout le temps qu'il y a eu des prisonniers à Mortagne, nous en avons toujours eu le moins six, notamment le commandant des grenadiers de Saumur, qui, en sortant de chez nous, nous donna un certificat des bons services que nous lui avions rendus. Mon mari le prit sous sa responsabilité. J'observe que ce n'est pas en sortant de chez nous qu'il nous donna le certificat, parce qu'il en sortit au moment qu'on s'y attendait le moins, parce que l'armée des brigands se porta chez nous pour le massacrer ainsi que mon mari et moi, parce que, disaient-ils, nous étions des patriotes et qu'on travaillait contre leur partie.
D. - Où est actuellement votre mari ?
R. - Je n'en sais rien.
D. - Quand est-il sorti de Mortagne ?
R. - Il y a environ un mois.
D. - A-t-il passé la Loire le 18 octobre avec les brigands ?
R. - Non, il ne les a pas suivis.

Lecture à elle faite ... et a signé Boutillier de Saint-André.
Macé.

Nous regardons la dite Boutillé comme suspecte seulement parce que son mari a été dans le Comité provisoire des brigands à Mortagne.

J. Clémanceau - Macé - Cambon - Chiasson fils - P. Hérault - Demiaud cadet - Rousseau.

A la suite de l'arrestation et de l'emprisonnement de Mme Boutillier de Saint-André, les habitants de Mortagne envoyèrent une pétition aux membres du Comité Révolutionnaire de Cholet.

"Liberté, Égalité.
Au nom de la République Française.
Aux citoyens composant le Comité révolutionnaire à Cholet, exposent les citoyens habitants de la commune de Mortagne assemblés de l'ordre de la municipalité du dit lieu soussignés et autres qui ne savent signer :

Qu'ils ne peuvent pénétrer les motifs qui ont déterminé le dit Comité à priver la citoyenne Boutillier, femme du citoyen St-André, de la liberté, parce qu'il ne lui ont jamais connus de sentiment ny d'action contraire à la révolution, et qu'au contraire elle a toujours témoigné beaucoup de zèle pour le maintien de la constitution ; qu'elle s'est vivement intéressée au sort des prisonniers faits par les brigands en adoucissant leur sort par des soins particuliers, surtout pour les citoyens de cette ville faits prisonniers et menacés de perdre la vie, en implorant leur grâce conjointement avec son mary, comme il constate par nombre de certificats donnés à son mary qui a beaucoup désiré le bien général de la République.

C'est pourquoi fondé sur ces fonts et ces motifs et raison, les dits citoyens assemblés en corps avec la municipalité demandent l'élargissement et liberté de la dite citoyenne Boutillier et la remise intégrale des assignats et autres effets insérés dans son portefeuille qu'on lui a enlevés lorsqu'on s'empara de sa personne.

Lesdits citoyens espèrent cette justice de l'équité dudit comité révolutionnaire et se sont tout soussignés ainsi qu'il suit.
Suivent 24 signatures et les noms des 12 citoyens ne sachant signer."

Cette supplique des habitants de Mortagne fut inutile ; le comité de Cholet envoya Mme Boutillier de Saint-André à la commission militaire d'Angers ; elle fit partie du 15e convoi, 13 pluviôse an II, 1er février 1794, composé de 38 personnes, dont 21 femmes.

Elle fut emprisonnée au château d'Angers où elle mourut, si l'on en croit l'acte de décès inscrit à l'État-civil d'Angers (2ème arrondissement).

"Aujourd'hui 4 germinal an II (24 mars 1794), Par devant moi, Mathurin Fresneau membre du conseil général de la commune d'Angers, département du Maine-et-Loire, élu le 27 ventôse dernier officier public pour constater l'état-civil des citoyens, est comparu en la maison commune Jacques Brien concierge à la maison de détention, à la citadelle de cette commune, âgé de 28 ans, et demeurant, paroisse Saint-Maurice, lequel m'a déclaré que la femme Saint-André, native de Mortagne, âgée de 47 ans environ, est décédée le 22 ventôse dernier (12 mars 1794), en la dite citadelle ; de la quelle déclaration et sans autres renseignements, j'ai rédigé le présent acte que le dit Brien a signé avec moi.
Fait en la maison commune d'Angers le jour et an que dessus.
BRIEN, gardien, FRESNEAU."

 

BOUTILLIER DE LA CHÈZE Marie-Renée acte décès Angers

 

Chez les descendants de Mme Boutillier de Saint-André, il y a doute si elle mourut de maladie en prison ou si elle fut fusillée.

La Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l'Ouest - 1905

AD85 - Registres paroissiaux de Mortagne-sur-Sèvre

AD49 - Registres d'état-civil d'Angers

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