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La Maraîchine Normande
27 mai 2016

LA TOURLANDRY (49) - L'ANGIBOURGÈRE - 9 OCTOBRE 1831 - ASSASSINAT DES CHALOPIN, PÈRE ET FILS

En 1831, une bande de réfractaires à la conscription, aux ordres de Louis Sortant, - maçon-vitrier à La Tourlandry - allait s'opposer aux gardes nationaux. Partisans de la Duchesse de Berry, hostiles à la Monarchie de Juillet, ils vont faire régner la peur dans les Mauges de mars à la mi-septembre 1831, jusqu'à la reddition de leur chef à Cholet.

C'est dans ces circonstances qu'eut lieu à la ferme de l'Angibourgère, le 9 octobre 1831, l'assassinat des Chalopin, père et fils.

La Tourlandry cassini


Chalopin de la Tourlandry, 53 ans, métayer de l'Angibourgère, était le plus acharné des délateurs ; grâce à lui, les réfractaires se voyaient traqués comme un véritable gibier par les soldats et les officiers, pour lesquels cette chasse était devenue le plus passionnant des plaisirs.

C'était le 9 octobre à 10 heures du soir, des hommes frappent à la porte de Chalopin, cultivateur à l'Angibaugère, commune de la Tour-Landry, et demandent du pain, ils sont cinq, (une dizaine selon le témoignage de Mme Chalopin) armés de fusils et de baïonnettes, s'annoncent comme ne marchant que la nuit, ils frappent à coups redoublés.

Chalopin se lève, ouvre sa porte. Ils lui reprochent d'avoir vendu la tête du curé de Saint-Georges pour 100 écus, l'un d'eux le saisit au collet et l'agite violemment ; un autre lui demande 500 francs ; sur la réponse qu'il n'a pas d'argent ils le maltraitent. Il veut s'enfuir, ils courent après lui.

Ses deux enfants viennent à son secours, un coup de fusil est tiré sur le plus jeune qui n'en est pas atteint, la frayeur le fait fuir, il conserve la vie.

Mais bientôt plusieurs coups se font entendre ; le père et le fils sont renversés à terre, Chalopin est percé de trois balles, l'une au front, l'autre au sein droit, la troisième dans les reins : son fils aîné (28 ans) a reçu deux blessures au-dessus du sein gauche et cinq au bas des reins, ils succombent peu d'instants après. 

Chalopin acte décès père et fils


Le 30 septembre 1832, la Cour d'Assises de Loir-et-Cher ouvre une session extraordinaire sur des affaires relatives aux troubles de l'Ouest, 38 prévenus de crimes contre la sûreté intérieure de l'état, et de crimes contre les personnes et contre les propriétés sont sur les bancs des accusés ; parmi eux :

Louis-Stanislas SORTANT, âgé de 55 ans, maçon, demeurant à la Tour-Landry, né à Saint-Georges-sur-Loire. 

SORTANT est le principal chef après Delaunay père : son activité et son caractère résolu lui ont attiré une grande confiance. C'est un homme qui, pour le parti qu'il a embrassé, a une ardeur qu'il porte jusqu'à la cruauté ; il n'est aucun moyen devant lequel il reculât pour en assurer le triomphe.

C'est lui, les 19 et 25 mars, brûla publiquement les drapeaux tricolores placés sur les clochers des communes de Saint-Georges et de la Jubaudière, s'introduisit chez plusieurs particuliers, les désarma, en leur adressant des injures et des menaces à cause de leur libéralisme. C'est lui également qui, le 23 mars, se présenta avec sa bande chez M. Junin, adjoint de la commune de Saint-Quentin, le désarma, lui mit la main au collet et le prévint que s'il ne changeait d'opinion, il viendrait le fusiller. Enfin c'est lui qui, le 24 août, arrêta le gendarme Ricossais dans le bourg de La Salle près de Vihiers, lui enleva ses dépêches et ses pistolets.

Sortant a commis, pendant son séjour dans les bandes, une foule de faits de cette nature. S'il s'agissait d'une expédition qui exigeât de la hardiesse et de la témérité, c'était ordinairement lui qui en était chargé. Ses subordonnés admiraient son esprit entreprenant, aussi se vantait-il d'avoir assisté à certaines attaques et d'y avoir joué un premier rôle. Quand il fut chez M. Manceau, maire de la Chapelle-Aubry, il dit qu'il était du nombre de ceux qui avaient tué les gendarmes à Maulévrier, mais, comme pour répudier l'odieux d'un lâche guet-à-pens, il ajouta qu'ils avaient été tués en se défendant. Cependant il est constaté que ces gendarmes ne se sont point défendu, qu'ils n'ont pas même eu le temps de se défendre. Il a été soupçonné d'avoir tué le gendarme Plancheneau, à l'engagement qui eut lieu le 20 juin à la ferme de l'Arnou, commune de Saint-Hilaire.

Des soupçons, d'une nature plus grave et plus flétrissante, ont plané sur lui : il a été accusé d'avoir pris part à l'assassinat de Chalopin. Le 29 août il entra chez le nommé Morille, fermier à la métairie du Pontreau ; il se plaignit que plusieurs l'avaient dénoncé, et ajouta : C'est comme Chalopin que je n'ai pas encore pu rencontrer, mais que je trouverai, parce que j'ai deux balles dans mon fusil pour lui laver la tête. Le 9 octobre le père et le fils n'existaient plus. Dans la matinée de l'assassinat il s'absenta dès la pointe du jour. Il ne revint que le soir, où il fut chez la veuve Brault, cabaretière à la Tour Landry, mais personne ne le vît rentrer chez lui ni en sortir. Le lendemain, ceux qui les premiers l'aperçurent dans le bourg, ignorent d'où il venait. Chez Morille, il dit encore que la troupe le poursuivait de si près qu'il en était fatigué, et que, s'il avait aussi bien connu leur marche qu'il la connaissait, plusieurs ne vivraient plus à l'instant où il parlait. Parmi les munitions saisies sur les chouans qui furent arrêtés se trouvèrent plusieurs balles mâchées : les chouans qui en étaient porteurs, déclarèrent que ces balles leur avait été données par Sortant.

Si les soupçons, concernant l'assassinat de Chalopin, n'ont pas paru suffisants pour qu'il fût mis en accusation sur ce chef, il est un autre fait non contesté, duquel il résulte qu'il est accusé de vol à main armée à l'aide de violence. Quand il fut entré chez M. Manceau, son premier acte, après avoir violé le domicile dudit Manceau, fut de le saisir au collet, de lui demander, en le menaçant la baïonnette sur la poitrine, les armes qu'il avait chez lui, sinon qu'il allait le fusiller. Manceau lui répondit qu'il ne possédait aucune arme, alors il le força à lui donner 48 fr. Cet argent l'apaisa ; il se fit servir à boire et à manger ainsi qu'à ses complices, et se retira, emportant avec lui les 48 francs extorqués par ses menaces et violences. SORTANT, du reste, a la réputation d'un homme sans conduite et sans probité. Il inspire les craintes les plus vives, et c'est à ce sentiment qu'il doit l'apparente protection qu'il a trouvée dans le mutisme des habitants du pays. S'ils ne l'ont pas livré aux autorités, c'est que la frayeur les en a empêchés, ils redoutaient les effets de sa vengeance. L'opinion générale sur son compte, c'est qu'il est capable de tout.

SORTANT est accusé d'avoir, dans le courant de l'année 1831, engagé ou enrôlé, fait engager ou enrôler des soldats, ou de leur avoir fourni ou procuré des armes ou munitions sans ordre ou autorisation du pouvoir légitime. La Cour, après une courte délibération, déclare SORTANT coupable d'un vol de 48 fr. commis chez M. Manceaux, maire de la Chapelle-Aubry et coupable d'avoir été un des auteurs ou co-auteurs d'un complot formé depuis la révolution de 1830, par la résolution d'agir, concertée entre plusieurs personnes, et avec ce seul caractère qu'il aurait eu pour but d'exciter à la guerre civile, en portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres. Il est en outre déclaré coupable d'actes commis pour en préparer et faciliter l'exécution, et d'avoir aidé et assisté avec connaissance de cause les coupables de ces mêmes actes. Il est condamné à dix ans de détention.


DIX-NEUF : suspecté d'avoir été présent lors de l'assassinat de Chalopin. Dix-Neuf porte un nom de guerre qui est le signe de sa cruauté ; il est surnommé le bourreau.

JOSEPH YVON, âgé de 26 ans, déserteur du 6e régiment de ligne, né et domicilié à la Tour-Landry ; il menaça la femme Chalopin. Il est reconnu non coupable et acquitté.

GOURICHON (?)

PINEAU : accusé d'avoir assassiné Chalopin ; déclaré non coupable du meurtre de Chalopin père et fils, mais condamné à huit ans de détention pour d'autres faits ...

Sources :

Le dernier effort de la Vendée (1832) - Vicomte A. de Courson - 1909

Cour d'assises de Loir-et-Cher, session extraordinaire, ouverte le 30 septembre 1832

AD49 - Registres d'état-civil de La Tourlandry

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