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La Maraîchine Normande
27 mai 2016

BOULOGNE-SUR-MER (62) - 31 AOÛT 1833 - NAUFRAGE DE "L'AMPHITRITE" - 133 VICTIMES

Le 31 août 1833, le trois-mâts anglais l'Amphitrite fit naufrage en vue de Boulogne ; cent trente trois personnes périrent.

Faits relatifs au traitement des femmes convicts à bord des transports qui les conduisaient à Botany-Bay (Nouvelle-Galles du Sud - Australie), tels qu'ils ont été donnés par John Owen, maître à bord de l'Amphitrite lors du naufrage de ce navire sur la côte de Boulogne, le 31 août 1833, et confirmés par John Richard, matelot du même navire.


Il y avait 108 femmes convicts à bord, dont douze avaient des enfants ; leur âge variait de douze à cinquante ans, et celui des enfants, à l'exception d'une jeune fille de 14 ans, de 5 semaines à 9 ans.


Les femmes et les enfants étaient toujours ensemble ; les lits placés dans toute la longueur du navire, depuis la proue jusqu'à la poupe, étaient séparés de trois en trois par des planches, et chaque lit servait pour trois personnes. Les femmes qui avaient un enfant avaient également deux compagnes de lit. Toutes, à l'exception d'une vieille écossaise qui battait son fils à peine âgé de trois ans, paraissaient bonnes mères, une surtout qui apprenait chaque jour à lire à son enfant, encore était-ce un enfant naturel ; la mère elle-même avait été fille publique. Jamais, affirme John Owen, langage plus obscène n'avait frappé son oreille ; la présence des enfants n'arrêtait point ce débordement de paroles dégoûtantes ; souvent même l'on était obligé de recourir à l'eau, que l'on jetait à pleins seaux sur ces femmes, pour les empêcher de se mêler aux matelots de l'équipage.

D'après l'opinion de John Owen, à bord des navires destinés au transport des convicts, les femmes n'ont aucune communication avec l'équipage ; à bord de l'Amphitrite, elles avaient un côté du pont pour elles ; mais le docteur qui était chargé de les surveiller les laissait aller où bon leur semblait, jamais il n'intervenait dans leurs querelles ; la seule punition du bord consistait dans une guérite très-solide et percée de petits trous par le haut, dans laquelle on mettait les femmes les plus indisciplinées, et où on les laissait plusieurs heures. Du reste point d'encouragement, point d'exhortation à se bien conduire ; quand on s'adressait au capitaine pour la répression de ces abus, il disait que ce n'était point son affaire, et se bornait à leur ordonner de porter leurs lits sur le pont chaque matin. La femme du docteur ne donnait pas plus d'attention à ces malheureuses que son mari ; jamais on ne disait les prières, leur temps se passait dans une inaction complète.

Interrogé sur la vie antérieure et les habitudes de ces femmes, John Owen a répondu : que quarante d'entre elles, la plupart de quinze à seize ans, étaient sorties de la prison de Newgate, et les autres de Ratcliffe Highway, Westminster et Chelsea ; que le plus grand nombre se composait de filles publiques ; que celles qui avaient été prises à Newgate se montraient les plus méchantes et les plus endurcies, quoique toutes sussent lire, écrire et coudre, instruction qu'elles avaient reçue dans l'école de la prison ; que toutes avaient une malle remplie de bons effets ; que chacune d'elles avait reçu à son départ de Woolwich, une bible de mistriss Fry et de deux autres dames ; enfin que lui, John Owen, aidant mistriss Fry à monter à bord, avait entendu souvent plusieurs de ces femmes dire qu'elles voudraient de grand coeur que le pied de cette dame glissât et qu'elle tombât dans l'eau ; néanmoins que quelques-unes avaient d'assez bonnes dispositions, et qu'il regarde comme certain que si on eût fait attention à ces femmes, et qu'on les eût éloignées des autres, elles n'eussent pas manqué de se bien conduire.

Dans le nombre se trouvaient quarante écossaises, qui toutes, à l'exception d'une jeune femme, avaient plus de quarante ans. Ces femmes étaient les plus intraitables de toutes celles qui étaient à bord ; elles se querellaient, se prenaient aux cheveux du matin au soir, volaient les autres femmes ; leur langage et leurs gestes étaient de la plus grande obscénité. Owen ne peut dire quelle était la nature de leur crime ; plusieurs avaient des enfants, une entre autres avait une jeune fille de quatorze ans ; mais depuis le départ, cette jeune fille était au lit, et on craignait à chaque instant qu'elle ne mourût.

Il y avait un petit nombre d'Irlandaises qui toutes se conduisaient bien, aucune d'elles n'avait d'enfants.

Mais celles dont la conduite eût dû servir d'exemple, étaient trois jeunes filles du Worcestershire. Ces femmes, dont l'aînée qui était d'une beauté remarquable, n'avait pas plus de vingt-trois ans, avaient été filles publiques à Worcester ; elles restaient toujours ensemble, s'asseyaient sur le pont, lisaient la bible et d'autres livres, causaient, chantaient des hymnes. Au départ du navire, deux d'entre elles avaient été mises dans un lit avec une des femmes de Newgate, mais le lendemain elles avaient déclaré au docteur qu'elles avaient à se plaindre de leur compagne de lit, qui, disaient-elles, n'avait pas cessé de proférer des injures contre elles pendant la nuit ; et celui-ci leur donna pour compagne la troisième femme de Worcester. Deux étaient enceintes quand le navire toucha ; l'une d'elles, au lieu d'imiter ses compagnes qui étaient descendues chercher leurs effets, resta sur le pont.

- Pourquoi n'allez-vous pas chercher vos effets, lui dit Owen ?
- Si je puis sauver ma vie, c'est tout ce que je demande à Dieu, répondit-elle.

Il y avait en outre une femme de vingt-huit ans, de Nottingham, nommée Poole, fort douce et fort tranquille ; elle servait de femme de chambre à la femme du docteur ; une autre femme de Hull de vingt-deux ans, également tranquille ; plusieurs de Manchester et de Woolrwich, dont il n'a pu apprécier le caractère ; deux de Liverpool, l'une de dix-sept ans, mais toutes deux grossières, méchantes et intraitables ; enfin une jeune fille de dix-neuf ans, du pays de Galles, qui ne parlait pas un mot d'anglais, et à laquelle ses compagnes volèrent ses effets le premier jour de son arrivée à bord. Celle-ci se tenait du matin au soir, les deux coudes appuyés sur le plat-bord, regardant l'eau, pleurant souvent à chaudes larmes ; pendant près de quinze jours, elle ne mangea que quelques poires et pommes qu'elle avait dans son petit bagage ; elle était le souffre-douleur, on l'accablait de coups ; elle était jolie, douce et tranquille.

La plupart paraissaient contentes de leur sort, et quoiqu'il n'y en eût que trois de condamnées à vie, toutes disaient qu'elles ne reviendraient jamais en Angleterre, et qu'elles ne regardaient point la déportation comme une punition.

 

L'Amphitrite 1833 3

Voici la relation, heure par heure, de cet horrible évènement, écrite par un témoin oculaire :

TROIS HEURES DU SOIR.

La mer est toujours furieuse, tout annonce une nuit terrible ; les bateaux-pêcheurs sont tous rentrés au port, sauf un, le n° 71, que l'on croit perdu. Le bruit se répand que le paquebot de Londres qui nous a quittés hier dans la nuit est également perdu. Je ne puis croire à cette nouvelle qui n'est peut-être que prématurée, car tout est à craindre : je connais malheureusement deux des passagers, entre autres une jeune femme, et je tremble pour leurs jours. Si le paquebot The queen of Netherland a pu toucher Ramsgate, il est sauvé. Je sors àl'instant pour me rendre sur la plage ; on signale un bâtiment en détresse : c'est un trois-mâts, il ne porte point de pavillon. Avec la longue-vue, il est facile de voir qu'il cherche à gagner le large ; les vents le repoussent sur la côte ; s'il échoue, c'est fait de lui.

QUATRE HEURES ET DEMIE DU SOIR.

L'évènement prévu est arrivé : le vaisseau vient d'échouer presque en face de l'établissement des bains ; la mer est plus horrible que jamais ; elle se retire. Avec la lorgnette, il est facile de distinguer l'équipage. Des marins se précipitent de tous côtés sur la plage ; on traîne à bras un canot ; on espère au moins sauver les hommes ; quand au vaisseau, il ne faut plus y penser : la mer, en montant, doit le mettre en pièces.

L'Amphitrite 1833 4

SIX HEURES.

Le canot est à la mer ; il ne peut approcher. Un patron de bateau-pêcheur, Hénin (n'oubliez pas ce nom), déclare qu'il va se jeter à la mer ; il se débarrasse de ses vêtements, et prend d'une main une corde ; personne n'ose le suivre : on le voit lutter contre les flots : ce qui frappe, c'est l'immobilité de l'équipage, qui ne fait aucun signal. On s'en demande le motif : les malheureux n'en ont-ils plus la force ? Le capitaine espère-t-il sauver le bâtiment ? ... Je cours moi-même sur la plage.

ONZE HEURES DU SOIR.

Quel horrible spectacle ! Je ne l'oublierai de ma vie ! Trente cadavres sont entassés pèle-mêle, dans la remise du bâtiment appartenant à la Société Humaine. Tout a péri, cent huit femmes, douze enfants, treize hommes d'équipage.

Trois malheureux sont hors de danger. Quelle épouvantable nuit ! Je veux cependant vous en donner le détail.

Vers sept heures du soir, on voit le brave Hénin toucher le vaisseau. On voit un matelot lui jeter une corde, puis la corde est retirée ; Hénin, sur le point de périr lui-même, est obligé de lâcher prise et de regagner la plage. Il veut se jeter de nouveau à la mer, mais il est épuisé ... Il faut renoncer à tout espoir de sauver ces infortunés ; la nuit tombe, la mer commence à monter, le bruit des vents, des vagues, ne permet point d'entendre les cris de ces malheureux. Comment vous dépeindre l'anxiété de la foule qui couvre la plage découverte par la marée ? Un grand nombre de hardis marins se sont mis à la mer pour tâcher de recueillir les naufragés. L'obscurité redouble ; les vents mugissent avec plus de violence que jamais ; les vagues se succèdent avec force et rapidité ; on distingue à peine le bâtiment. La mer oblige les plus intrépides à reculer. Tout-à-coup, un mât est amené aux pieds des spectateurs, puis des tonneaux, puis des débris, puis des cadavres.

On court de tous côtés avec des fanaux, on se précipite sur la falaise ; à chaque instant, on ramasse des femmes, des enfants, des hommes ... Tous morts ! ... Un marin court vers un rocher ; il croit apercevoir quelque chose qui se meut dans l'ombre ; c'est un malheureux matelot ; on le prend, on le porte dans la salle des secours de la Société Humaine ; deux autres sont recueillis ; l'un est trouvé sans connaissance attaché par le spasme sur une planche que la vague a poussée sur le rivage ; l'autre est ramené sur le sable, presque insensible ; on les transporte à l'Hôtel de la Marine où les soins les plus touchans leur sont prodigués par le maître d'hôtel, et surtout par une courageuse Anglaise, Mme Austin, dont le zèle et le courage ont été admirables. Une autre jeune Anglaise, Mme Curtis, fille de M. Awet, dont le grand-père a fondé la Société Humaine, et qui se trouve logée à l'hôtel, s'empare d'une jeune femme amenée toute nue et déposée sur la table de la salle à manger ; à force de frictions, on rappelle un peu de chaleur, mais hélas ! point d'espoir ; la malheureuse ouvre les yeux, puis expire ; on l'emporte, et Mme Curtis court prodiguer ses soins à d'autres. La malheureuse était d'une beauté remarquable.

Dans cet horrible moment, les marins de la douane et de la Société Humaine font preuve d'une activité qu'il est impossible de dépeindre. A mesure que les corps sont apportés, les chirurgiens s'en emparent ; on les roule dans des couvertures ; on les saigne. Une femme fait un léger mouvement ; un sang noir s'échappe de son bras, elle soulève ses paupières, on espère, elle meurt ! Au fur et à mesure de cette terrible inspection, on dépose les cadavres dans un coin de la salle.

Les deux naufragés auxquels Mme Austin a prodigué ses soins, sont sauvés, ils ont repris leurs sens ; nous apprenons par eux que le bâtiment est anglais, qu'il se nomme l'Amphitrite, que c'est un bâtiment de transport pour les condamnés à la déportation ; il y avait à bord cent huit femmes, douze enfants, seize hommes d'équipage ; les matelots sauvés sont John Richard Rice, John Owen et James Towsey ; Owen, qui était maître d'équipage, est un homme dans la force de l'âge ; Rice et Towsey sont deux jeunes gens.

William Turner Disaster at Sea 1835


[William Turner, Disaster at Sea, inspiré du naufrage de l'Amphitrite, 1835, Tate Gallery, London]

 

1ER SEPTEMBRE, NEUF HEURES DU MATIN.

J'étais à six heures à la douane. Dans la nuit, on avait recueilli quarante-trois cadavres du sexe féminin. J'ai vu, de mes yeux, ramasser dans le port, une femme serrant dans ses bras un enfant de deux ans. Presque tous les corps sont dépouillés de leurs vêtements. La plage est couverte de débris ; la carcasse du vaisseau est, en quelque sorte, pulvérisée ; je ne crois pas l'expression trop forte. Nos malheureux naufragés vont parfaitement bien. Par suite d'une bizarrerie du destin, la femme de chambre de Mme Curtis vient de reconnaître, dans Owen, son voisin et son ami d'enfance.

Nous avons profité d'un peu de repos pour interroger Owen et Rice, et nous avons reçu les dépositions ci-dessous. J'ai reçu également celle du brave Hénin ; ce sont deux documents importants pour l'histoire de cet épouvantable évènement.

Nous avons ouvert une souscription pour les naufragés et pour récompenser les braves marins qui ont exposé leur vie ; quand à Henin, c'est au gouvernement à récompenser son intrépidité ; ce n'est pas la première fois qu'il s'honore par de pareils traits.

ONZE HEURES

On vient de transporter à l'hôpital les naufragés et les cadavres recueillis ; on a commandé cent cercueils, et demain la terre recueillera ces dépouilles. Il est à croire que la mer, à la marée montante, rejettera d'autres corps.

DÉPOSITION D'HÉNIN (François), patron de bateau-pêcheur, du port de Boulogne.

Hénin déclare que, vers six heures moins un quart, il dit au capitaine du pont qu'il voulait se rendre à bord du bâtiment échoué, et que les marins n'avaient qu'à le suivre ; que, quant à lui, il était résolu à s'y rendre seul ; qu'il courut sur la plage avec une corde, qu'il se dépouilla de ses vêtements ; qu'il se jeta dans la mer. Il pense avoir nagé pendant près d'une heure, et avoir approché le vaisseau vers sept heures ; il héla alors le bâtiment, et cria en anglais : "Jetez-moi une corde pour vous conduire à terre, ou vous êtes perdus, car la mer monte." Des hommes de l'équipage l'entendirent ; il était alors du côté du tribord du vaisseau qu'il toucha même ; il vit un matelot, et lui cria de dire au capitaine de jeter des cordes. Les matelots lui en jetèrent deux, une de la proue, une autre de la poupe ; il put se saisir de celle de la proue seulement ; il se dirigea alors vers la plage ; mais la corde qu'il tenait était trop courte et lui manqua. Il revint sur le bâtiment, s'y accrocha, cria à l'équipage de le hisser à bord. Il se sentit épuisé, et ce ne fut qu'avec peine qu'il put rejoindre la terre.

DÉPOSITION DE JOHN OWEN, NAUFRAGÉ DE L'AMPHITRITE.

John Owen déclare être né à Craffort, dans le comté de Kent (Angleterre), et être le maître d'équipage à bord de l'Amphitrite, bâtiment de transport, capitaine Hunter, M. Forster, chirurgien, en charge pour Sidney-New-South-Wales, ayant à bord cent huit femmes et douze enfants condamnés à la déportation, et seize hommes d'équipage.

L'Amphitrite quitta Woolwich dimanche 26 août ; la tempête commença dans la nuit du 29, quand le bâtiment était en vue de Dungeness ; il calcule qu'il était à trois milles Est du port de Boulogne. Le capitaine fit ses efforts pour s'éloigner de la terre, mais en vain. Sur les quatre heures de l'après-midi, le samedi, le bâtiment fut entraîné par la violence du vent vers le port, et prit terre. Le capitaine ordonna de jeter l'ancre, dans l'espérance qu'à la marée montante le bâtiment pourrait se remettre à flot. Vers cinq heures, un bateau français vint à leur secours ; Owen et Rice, ni aucun des hommes de l'équipage n'en eurent connaissance. Ils étaient en ce moment à travailler sous le pont et à faire leurs paquets, espérant pouvoir débarquer. Il pense qu'alors il eût été possible de sauver tout le monde. Avant l'arrivée du bateau, Owen vit un homme qui, du rivage, et avec son chapeau, faisait signe de débarquer. Il vit ensuite un homme arriver à la nage du côté de la poupe, qui lui cria en anglais de lui jeter une corde, ce que lui, Owen, allait faire quand il en fut empêché par le capitaine.

Après le départ du bateau, le chirurgien demanda Owen, et lui dit de mettre à la mer le grand canot, et ce, par suite de discussion avec sa femme, qui voulait débarquer dans le grand canot, et il empêcha aucun des condamnés d'y entrer. Le docteur changea d'avis et déclara qu'aucun canot n'irait à terre, ce qui empêcha aucun condamnés de débarquer ; au même instant, les condamnés, qui étaient sur le pont, descendirent pour faire leurs paquets, et demandèrent à grands cris le canot ; trois femmes dirent à Owen qu'elles avaient entendu le chirurgien dire au capitaine de ne point accepter l'assistance du bateau français.

L'Amphitrite 1833

Sur les sept heures, la mer commença à monter, et l'équipage, voyant qu'il n'y avait plus d'espérance de salut, monta sur les vergues, les femmes restant sur le pont. Owen pense que les femmes restèrent dans cette situation plus d'une heure et demie. Tout-à-coup, le vaisseau se sépara en deux, et toutes les femmes, moins une, furent enlevées par les flots.

Owen, le capitaine, quatre matelots et une femme étaient sur les vergues ; Owen estime qu'il resta dans cette position près de trois quarts-d'heure. S'apercevant que les mâts, les vergues, les voiles étaient sur le point de céder à la violence du vent et de la mer, il dit à ses camarades qu'il était inutile de rester plus longtemps, qu'ils allaient périr, et qu'il fallait tâcher de nager jusqu'à terre. Il s'élança alors dans la mer, et pense avoir nagé près d'une heure avant d'atteindre le rivage, où il fut ramassé par un Français, et conduit sans connaissance à l'Hôtel de la Marine. Owen ajoute qu'il était parfaitement instruit du danger que courait le navire dès l'instant de l'échouement, et demanda à ses camarades s'ils ne pensaient pas comme lui, qu'ils auraient pu se sauver alors. Ils répondirent oui ; mais qu'ils n'avaient pas voulu paraître effrayés.

DÉPOSITION DE JOHN RICE

Il déclare être né à Londres, etc., confirme la déposition d'Owen, et ajoute qu'il fit remarquer au capitaine la personne qui, du rivage, lui faisait signe de débarquer ; le capitaine lui tourna le dos.

En réponse à une question à ce sujet, il déclare que le capitaine n'était pas gris, et qu'il était copropriétaire du bâtiment. Owen et Rice disent que toutes les femmes étaient enfermées, mais que lors du danger, elles forcèrent les portes et se précipitèrent sur le pont. Il y avait déjà six pieds d'eau à fond de cale.

On sait que le brave Hénin, qui a joué un si beau rôle dans ce désastreux naufrage, a reçu des marques de l'intérêt des deux gouvernements anglais et français. Entre autres récompenses, le ministre de la marine lui a accordé la décoration de la Légion-d'Honneur.

L'Amphitrite 1833 cimetière

(La France maritime, Volume 3 - Amédée Gréhan - 1837)

Voir également ICI l'article du blog "Ouvrages de Dames" consacré à l'une des infortunées du 31 août 1833, Élisabeth Cobley.

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Commentaires
M
De ce naufrage de l'Amphitrite est née l'idée de créer la Société Nationale des Sauveteurs en Mer.
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La Maraîchine Normande
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