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La Maraîchine Normande
1 mai 2016

CLERMONT-EN-BEAUVAISIS - CHINON (37) - PIERRE-FRANÇOIS PICHEREAU DE GEFFRUT, MAIRE DE CHINON (1732-1794)

 

CHINON


Originaire de Clermont en Beauvaisis, Pichereau de Geffrut est né en cette ville en 1732, comme l'atteste l'acte suivant :

"Le septième jour d'avril mil sept cent trente deux a été baptisé Pierre-François, fils né en légitime mariage ce jourd'hui de François Pichereau, licencié ès lois et de dame Louise Élisabeth Coste de Briançon sa femme. Le parrain a été Me Pierre Chéron, docteur en médecine et la marraine dame Angélique Allou, femme de Me Jean-Baptiste Pichereau, contrôleur au magasin et grenier à sel de cette ville, tous deux de cette paroisse qui ont signé la minute. - Le registre est signé : Chéron Anne Angélique Allou Pichereau ; Fontaine ; Samfreville."

Pichereau de Geffrut acte de naissance

Le mariage de Pichereau de Geffrut avec Françoise-Marguerite Duchastel fut célébré à Saumur en 1768.

D'après l'Armorial de Touraine, la famille Pichereau de Geffrut portait les armoiries suivantes : D'or au lion rampant de ...... au chef d'azur chargé de 3 roses de ...... rangées en fasce. - Supports : 2 lions.

De 1765 à 1789, il exerça à Chinon les fonctions de lieutenant particulier du bailliage et de subdélégué de l'Intendant de Tours.

Le 20 février 1790, il fut élu maire de Chinon par 369 voix sur 431 votants. Installé le jour même de l'élection, Pichereau de Geffrut prononça à cette occasion une allocution, dont le style ampoulé, porte bien la manière de l'époque : "Je verse des larmes de sensibilité pour les marques d'attachement et de considération que la commune vient de me donner en m'accordant la place de maire."

Les élections, qui suivirent celles du maire, furent particulièrement mouvementées pendant les mois de février et de mars 1790 ; il s'agissait de nommer les "officiers municipaux" pour constituer "le conseil". Dans cette circonstance difficile, le nouveau maire déploya la plus grande énergie pour assurer le maintien de l'ordre et le respect des lois.

Les élection terminées, le maire et officiers municipaux prêtèrent "le serment civique" le 14 mars ; la cérémonie, qui eut lieu à cette occasion, se termina par un feu de joie et par des salves d'artillerie.

Pendant sa gestion administrative, Pichereau de Geffrut se trouva en présence de graves difficultés ; la cherté des vivres obligea la municipalité à rétablir la taxe sur la viande et à prendre de nombreuses mesures pour assurer le ravitaillement de la population chinonaise.

Le 7 décembre 1790, les communes du district de Chinon procédèrent à l'élection d'un juge de paix ; fonction qu'une récente loi venait de rendre élective ; Pichereau fut élu à ce poste. Comme cette fonction judiciaire était incompatible avec les fonctions municipales, Pichereau de Geffrut donna sa démission de maire le 31 janvier 1791.

Après cette démission, Pichereau de Geffrut quitta sa maison de Chinon, sise au Vieux Marché, pour aller résider à Ligré dans sa propriété de la Martinière. Malgré cet éloignement volontaire des affaires publiques, il devint une victime de la politique jacobine.

Surviennent les affaires de Vendée, la prise de Saumur, l'occupation de Chinon. Six mois après, jour pour jour, il est arrêté sur la dénonciation du Comité de Surveillance qui porte la date du 13 novembre.

Il lui est beaucoup reproché. Il aurait reçu, chez lui, des prêtres réfractaires "desquels il se vantoit d'être admiré comme un bon théologien". Il n'aurait "fait sa société que des aristocrates", et aurait été "reconnu pour un aristocrate par le peuple de Chinon". En présence "de beaucoup de citoyens", il aurait lu "la proclamation affichée par les rebelles", et l'aurait fait lire à une femme "qu'il reprenait lorsqu'elle se trompait en la lisant". Il aurait arboré une cocarde blanche à l'arrivée des Vendéens à Chinon, une cocarde blanche et noire à leur départ. Une vague histoire de désertion, compliquée d'émigration, montée contre son fils qui aurait été vu avec les chefs chouans qu'il aurait suivi à Saumur, l'enfonce un peu plus, encore qu'il assure que ce dernier a été emmené contraint et forcé, puis relâché. Mais là n'est pas le fond du procès. Certains attendus du jugement le situent ailleurs.

"Considérant qu'il résulte des aveux du prévenu dans ses différents interrogatoires, que depuis le commencement de la Révolution, il a vécu dans la plus grande insouciance, ne prenant aucune part active à son succès, dédaignant toute espèce d'instruction publique, ne s'occupant que de ses affaires, ignorant toute espèce de nouvelles ..."

Pichereau n'a jamais eu d'illusions sur le sort qui lui était réservé. Se sachant perdu, il ne lutte pas ou s'il le fait c'est sur un autre plan. A quoi bon tenir tête à ces gens qu'il considère comme de viles canailles ? A quoi bon leur disputer une vie finissante ? S'ils la veulent, qu'ils la prennent donc ces sectateurs ! Mais avant de disparaître à jamais pourquoi dissimulerait-il son mépris hautain et ce qu'il pense, lui, de cette sanie. Et que cela soit dit de telle sorte qu'ils arrivent à douter d'eux-mêmes, de leurs chefs, et de cette mystique nouvelle. Le 31 mai, les 2 et 3 juin ? Connais pas ! Le 10 août ? Les massacres parisiens, peut-être ? La République ? J'ignorais qu'elle eût été proclamée. Le serment d'exécration aux rois et à la Royauté ? Tiens, qu'est-ce cette chose ?

Affecter insolemment une pareille ignorance alors que, dans votre dos, le Samson tourangeau prend des mesures, ne manque pas de grandeur.

Accusé d'intelligence avec les Vendéens, il fut condamné à mort comme contre révolutionnaire, par une commission militaire séant à Tours et exécuté le 11 janvier 1794 (22 nivôse an II) dans cette ville.

 

PICHEREAU DE GEFFRUT acte décès

 

Ce tragique évènement causa une profonde consternation à Chinon, où l'infortunée victime jouissait de l'estime de tous, nous disent des contemporains.

H.G.


Extraits :

Bulletin des Amis du vieux Chinon - 1923 (T2, N5)

Bulletin de la Société archéologique de Touraine - 1966 (T34)

 

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