Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
21 mars 2016

LA GARNACHE (85) BALLAN (37) - LOUIS-MARIE-FRANÇOIS GAUTREAU (1770-1824)


Ancien inspecteur aux Revues de la Garde, intendant militaire, chevalier d'Empire, membre de l'Ordre national de la Légion d'honneur et chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, maire de Ballans près Tours

GAUTREAU acte naissance



Monsieur Louis-Marie-François Gautreau, naquit à la Garnache, le 13 mars 1770. Il y fut baptisé en l'église de Notre-Dame par vénérable et discrète personne, Missire N. Gourraud, curé, ainsi qu'il est prouvé par son extrait baptismal, contresigné par Messire Pierre-Marie-Irlaud de Bazoges, chevalier, lieutenant-général de la sénéchaussée et comté de Poitou.

Quand la Révolution sonna, à peine âgé de dix-neuf ans, le jeune Louis Gautreau s'enthousiasma, dès le début, pour les aspirations généreuses d'une Liberté et d'une Égalité fraternelles. Mais bientôt, désillusionné par les excès et les horreurs de cette Révolution qui devait finir dans une orgie sanglante, il sut toujours éviter de se mêler aux excès des passions et rester, comme son père, un type véritablement chevaleresque d'honneur et de loyauté.

 

Sables-d'Olonne

 

Après son exil de deux années à Carrière, ci-devant Saint-Savinien du Port, dans les Charentes, Louis vint avec son père habiter les Sables-d'Olonne. Il s'engagea parmi les volontaires. Bientôt toutefois il fut regardé comme suspect. On le dénonça au président de l'assemblée des amis de la Liberté et de l'Égalité, sous prétexte qu'il avait protesté injustement contre les abus frauduleux de la compagnie où il était incorporé. En ce temps-là il n'en fallait pas autant pour être compromis. D'ailleurs les termes mêmes de la dénonciation étaient assez significatifs.

"Aux Sables, le 8 juillet 1793, l'an 2e de la République Française, une et indivisible.

Citoyen Président, les officiers de la huitième compagnie ont été informés qu'ils avaient été dénoncés hier à l'assemblée des amis de la Liberté et de l'Égalité, de laquelle ils sont membres, au sujet d'une retenue journalière que l'on a dit estre faite aux soldats de leur compagnie. Leur dénonciateur en a tout le mérite ; il est fils de l'agent des Foucher, Morisson-Bassetière, Baudry, Barreau, Masson-Fumoire et Bodinière, surtout depuis l'émigration de plusieurs de ces individus. Il vit avec son père ; c'en est assez pour faire connaître l'auteur de cette dénonciation.
Cette dénonciation ne tient à rien moins qu'à désorganiser la force armée et ne peut avoir d'autre but que de servir la cause des rebelles

Si le dénonciateur eût bien réfléchi ou eût été mieux instruit, il l'eût rendu meilleur compte à l'assemblée et se serait servi du langage de la vérité qui doit estre celui de tout républicain.

Les officiers de la 8e compagnie, vrais dans leurs principes, vont vous dire la vérité et rien que la vérité.
Le 10 juin dernier, la plus grande partie de la compagnie s'assembla pour le prêt et là les officiers leur observèrent qu'il serait bon d'estre instruits à toutes les évolutions militaires, pour estre dans le cas de faire face à vos ennemis et les confondre en cas d'attaque, qu'ils désireraient d'estre à même de leur procurer cette instruction à leurs frais ; mais qu'ayant divers sacrifices depuis le commencement de la Révolution, que quelques-uns d'eux ayant été pillés presque tout leur avoir par les rebelles, ils ne pouvaient aujourd'hui faire tout ce que leur âme sensible et fraternelle leur dictait, ils leurs demandèrent que s'ils voulaient faire le sacrifice de six deniers chacun par jour, pendant un mois seulement, qu'ils se chargeraient de choisir des instructeurs et de les salarier jusqu'à ce que les soldats fussent instruits. La majeure partie de la compagnie assemblée adhéra à cette proposition et quelques-uns offrirent même un sol par jour ; mais on leur observa que c'était assez de six deniers et qu'on payerait le reste pendant tout le temps nécessaire : sans doute que ceux qui se sont plaints ou qu'on veut faire plaindre n'étaient pas à cette assemblée, tels que plusieurs ouvriers qui ne parraissent jamais aux exercices, ni aucuns services qui font seulement monter à Paris leurs grades et qui sont cependant très exacts au prêt.

Tous ces prêts ont été exactement payés jusqu'à ce jour. Celui du 25 juin fut payé à raison de 14 sols 2 deniers par jour à chaque soldat. Les officiers ajoutèrent le surplus et payèrent les soldats à 15 sols.

Les officiers soussignés n'ont pas été instruits aux évolutions militaires aux dépens de la nation, comme beaucoup de leurs frères l'ont été. Les instructeurs qu'ils se sont procurés l'ont été à leurs propres dépens. La loi du 13 mars a bien prévu que les volontaires n'auraient pas reçus toutes les sciences de l'art militaire puisque elle a ordonné des instructeurs dans chaque bataillon et cette loi est plus applicable aux républicains de campagne qu'à tous autres qui ne sont pas à même journellement de prendre des leçons, faute d'instructeurs.

Voilà, citoyen, notre réponse aux calomnies de notre dénonciateur, nous vous prions, citoyen président de la transmettre à l'assemblée dont vous êtes l'organe et nous espérons que ce calomniateur sera rappelé à l'ordre et qu'il lui sera fait défense de ne plus parsemer le trouble et les discussions.

Nous sommes, citoyen président, vos concitoyens.

Signé : Bouaud, capitaine ; Renaud, lieutenant ; Rapiteau, sous-lieutenant ; Fronteau, second sous-lieutenant ; Roy, Belliard, sergent, Roy, Marchais, Louis Mercier, caporaux

Certifié conforme à l'original, déposé aux archives de la Société des Amis de la Liberté et de l'Égalité, séante aux Sables le 10 juillet 1793, l'an 2e de la République Française une et indivisible.
Signé : REGAIN, secrétaire général archiviste.

Cette dénonciation resta sans résultat immédiat. Les officiers de la 8e compagnie bien qu'ils se fussent donné le beau rôle dans leur supplique au président de la Société des Amis de la Liberté et de l'Égalité, étaient dans leur tort. Ils ne leur appartenait pas de faire en aucune façon une retenue quelconque sur la solde des volontaires. Toutefois l'attention était éveillée, et, plus que jamais, les chauds patriotes surveillèrent le jeune Louis. Celui-ci ne s'en émut pas, et, à cause de la droiture de son caractère et de la justesse de ses vues, il continua à se hasarder entre les extrêmes partis des blancs et des bleus pour leur éviter, comme son père l'avait fait déjà, de funestes rencontres et pour rendre à chacun d'eux de signalés services.

Voici entre bien d'autres un trait de sa vie. Je le tiens de la bouche même de sa nièce ... qui me l'a conté.

C'était pendant la Guerre de la Vendée. Chacun était las des désolations de la guerre civile. Les chefs chouans étaient sans soldats, les bleus tombaient de lassitude et de fatigue, le désir de la paix se faisait sentir partout et des négociations étaient dans l'air. Aux Sables-d'Olonne, où une trêve tacite était pour ainsi dire conclue, on cherchait un négociateur. La situation était difficile et la mission délicate à remplir. Louis GAUTREAU s'offrit. Il savait, par son père et les relations qu'il avait avec eux-mêmes, la retraite des chouans. Les jeunes gens qui formaient le corps des volontaires vendéens étaient pareillement cachés aux environs des Sables, acculés, sur le point d'être pris. GAUTREAU s'engagea auprès du chef républicain à obtenir la soumission des insurgés sous l'expresse condition qu'aucun d'entre eux ne passerait en conseil de guerre. Cela fut accepté de part et d'autre. Tout était convenu quand, à la veille de la soumission des blancs, GAUTREAU apprit que le chef républicain conservait l'intention de les juger tous en conseil de guerre. Aussitôt il les fit avertir de ne point quitter leur retraite et de fuir à la première occasion puisque les bleus avaient rompu leurs engagements.

Le lendemain le général républicain demanda à GAUTREAU où étaient les chouans qui, sur sa parole, avaient promis de mettre bas les armes et de se rendre.

"Général, répondit GAUTREAU, vous m'aviez assuré que les chouans ne passeraient pas en conseil de guerre. J'ai appris que vous vous apprêtiez à manquer à votre parole et que vous vouliez les faire juger. Je les ai fait avertir à mon tour qu'ils n'eussent point à venir vous trouver, mais bien à fuir au plus vite."

Ceci fut dit d'un ton respectueux, mais crâne. Le chef républicain s'emporta et fit jeter GAUTREAU en prison. Le généreux médiateur faillit payer de sa tête sa franchise et sa loyauté. Il resta plusieurs mois aux Sables ; puis un jour on le conduisit à Poitiers. Il y fut à nouveau emprisonné. Heureusement son jugement était remis à huitaine. Sur les entrefaites un représentant du peuple vint visiter les détenus. C'était un ancien condisciple de GAUTREAU. Dès qu'il le vit, il s'émut, s'informa de la cause de son arrestation, et, grâce à son omnipotent pouvoir, le rendit à la liberté.

La Vendée traversait alors des périodes diverses. Louis, qui voyait un certain avenir s'ouvrir devant lui dans la carrière des armes, résolut d'y persévérer. Mais il lui répugnait trop de se battre dans son pays, dans sa Vendée qu'il affectionnait tant, où chaque pas le mettait en face d'un parent ou d'un ami. Aussi accepta-t-il avec joie l'ordre qui lui fut donné de passer en Bretagne.

 

Hennebont

 

 

C'est pourquoi, au début de l'an IVe de la République, nous retrouvons Louis GAUTREAU, commandant comme officier la place militaire d'Hennebont, au département du Morbihan.

 

A cette époque le général Hoche commandait en chef les armées de l'Ouest. De son quartier général de Rennes il adressait des ordres à toutes les troupes. Ainsi arriva à Lorient le 4 prairial an VI (24 mai 1796) l'ordre général suivant :

"Rennes, le 4 prairial an IV de l'année Républicaine.
Res, non verba.
Le général en chef désire trouver quarante officiers qui puissent être employés à une mission particulière. Il faut une bravoure à toute épreuve et une bonne santé.
On s'adressera au général en chef lui-même.
Le général en chef, signé : L. HOCHE."

Aussitôt cet ordre transmis, quatre officiers du 1er bataillon de la 143e demi-brigade, demandèrent à être acceptés par le général en chef. C'étaient les nommés Josse, Kaïl, Sacré et GAUTREAU.

Voici en quels termes l'adjudant-général Lavalette, commandant l'arrondissement de Lorient, appréciait la valeur de ces officiers d'élite :

"Ces quatre officiers sont susceptibles d'occuper toutes les places de confiance que pourrait leur confier le général en chef, et je pense qu'il serait difficile d'en trouver de meilleurs dans l'armée des côtes de l'Océan.
Si le général en chef a besoin d'un garant pour eux je le prie de m'accepter.
Lorient, le 21 prairial, 4e année (8 juin 1796)
Signé : l'Adj-général commandant l'arrondissement de Lorient :
LAVALETTE".

HOCHE

Peu après sa demande, GAUTREAU fut admis au nombre des quarante officiers choisis par le général en chef. Son camarade Josse était nommé au commandement de la place d'Hennebont. Les autres n'avaient point de désignation particulière.

Voici la lettre d'admission adressée au nouveau promu par le général Hoche :

"Armée des côtes de l'Océan.
Au quartier général de Rennes, le 27 messidor an IV.
Res, non verba.
Le général en chef,
Au citoyen Gautreau, officier au 1er bataillon de la 143e 1/2 brigade.
J'ai reçu la lettre par laquelle vous me demandez à faire partie des quarante officiers demandés à l'ordre du 4 du mois dernier. Je vous préviens que vous êtes admis.
A la réception de la présente, vous voudrez bien choisir dans toutes les compagnies du corps auquel vous êtes attaché, un sergent, deux caporaux et dix-sept grenadiers, fusiliers ou chasseurs de bonne volonté, braves, robustes et déterminés à vous accompagner là où le bien du service l'exigera. Aussitôt la formation de votre détachement et le plus promptement possible, vous le conduirez à Lorient avec armes et bagages. Le chef du corps est tenu de n'apporter aucune opposition au contenu de la présente.
Vous aurez soin de prévenir chaque individu qu'il ne doit plus rentrer au corps auquel vous êtes attaché, et qu'il recevra, au moment d'entrer en activité de service, un habillement complet et sa solde en numéraire.
Je compte sur le zèle que vous avez manifesté ; comptez sur la protection et la reconnaissance du gouvernement.
Signé : L. HOCHE.
Pour copie conforme, le général de division, chef de l'État major de l'Armée :
Signé : HÉDOUVILLE
Pour copie conforme, le commandant de la place d'Hennebont : Signé : JOSSE."

La voie de GAUTREAU était donc désormais tracée : on jugera par la lettre qu'il écrivit à son père, en cette circonstance, des sentiments de respect et de dévoûment qu'il gardait envers sa famille.

"Hennebont, le 7 thermidor, an IV de la République.
MON CHER PÈRE,
J'étais retenu ici depuis environ un mois par les ordres du général Lavalette pour commander une place dans cette contrée. J'avais souscrit avec trois camarades pour faire partie de 40 officiers demandés par le général en chef. Aujourd'hui je reçois mon admission et demain je me rends à Lorient où probablement, je recevrai de nouveaux ordres. J'ignore absolument quelle sera ma destination. Je laisse au sort à la décider ... Je vous prie de me continuer dans toutes les occasions l'amitié d'un père qui, comme vous, chérit ses enfants, et de croire que je conserverai le respect que vous leur inspirez. Croyez aussi que tout glorieux de vos affections je mériterai votre estime et que ma conduite n'excitera point vos regrets.
Je vous envoie copie de l'ordre qui me fait partir. Je n'ai point encore reçu mes effets, ce qui fait que je suis très mal nippé. On les dit pris par les Anglais dans la traversée des Sables à Belle-Isle. Je crois rester à Lorient assez de temps pour recevoir une lettre de vous, elle me ferait bien du plaisir.
Dites à mes soeurs bien des choses pour moi. Il y a tout lieu de croire que nous irons en Angleterre. Partout je me battrai comme un Français pour la République et la Liberté contre tous leurs ennemis.
Recevez mes adieux et ma soumission respectueuse.
Signé GAUTREAU".

Le 4 vendémiaire an V, (26 septembre 1796) le nouvel officier était encore à Lorient. On peut juger qu'au début le soldat de la République n'était pas plus riche que le soldat de l'Autriche, et que les officiers eux-mêmes n'étaient pas toujours à l'abri du besoin, par la lettre suivante que Louis écrivait à son père :

"MON CHER PÈRE,
Le citoyen Trouillot se trouvant à Lorient pour des affaires de commerce a eu l'honnêteté de me proposer de venir à mon secours, si j'avais des besoins pécuniaires. J'ai accepté ses offres et vingt-quatre francs en numéraire : je vous prie de les lui rendre.
Je ne sais où me conduira mon nouveau service. Je suis quartier-maître en chef de la Légion, composée provisoirement de six bataillons. Mes occupations absorbent tous mes moments, mais, comme je les remplis des devoirs de mon état, je supporte cette activité avec plaisir. Elle me met d'ailleurs dans la situation d'employer mes faibles connaissances, et je vous avoue que la stérilité des armes pour cette partie ne pourrait nuire à mon instruction puisque chaque jour je suis exposé à les cultiver.
On nous fait espérer d'aller à Brest et de là à ....... ma foi où l'on voudra.
Je me suis soumis bien volontairement à tous les évènements, votre approbation, celle de mes camarades m'ont encouragé à suivre ma destinée. Je leur donnerai quelquefois de mes nouvelles ; faites-leur, s'il vous plaît, une sommation d'en faire de même.
Salut et respect :
Signé : GAUTREAU".

Il ne m'a pas été possible de me procurer les états de service de Louis GAUTREAU. Mais, d'après sa correspondance et les titres qu'il a laissés après lui, il est facile de fixer quelques traits de sa belle carrière militaire. Bien des faits d'armes, bien des campagnes échapperont peut-être à ces recherches : toutefois elles marqueront succinctement les principaux actes de sa vie.

Napoléon, vainqueur des révolutions, avait redonné à la France un gouvernement stable. Quelques années plus tard, il le consolidait en jetant les fondements de son vaste Empire. L'empereur, comme autrefois Louis le Grand, savait apprécier les hommes et s'en servir.

Le 1er janvier 1803, (11 nivôse an XI), nous retrouvons GAUTREAU comme officier à Dunkerque. C'est de là qu'il écrivait à sa soeur Louise cette lettre charmante où il la remerciait d'avoir pensé à lui demander son consentement, au moment de son mariage. "J'ai reçu votre lettre, ma soeur, par laquelle vous me prévenez de votre mariage et du consentement qu'y a donné notre famille. Le mien que vous avez l'honnêteté de solliciter me dispenserait de vous faire des remerciements. Je me persuade que vous avez été dirigée dans votre choix par celui qui est le plus intéressé à voir ses enfants heureux, et sous ce rapport votre préféré commandait mon approbation et satisfait à l'usage. Mes voeux sont pour votre bonheur. Je ne connais point M. de Migné, mais j'aime à croire qu'aussi intéressé que moi à votre félicité, il ne dépendra point de lui qu'elle ne marque les premiers jours de votre hymen et n'existe aussi longtemps que votre union."

Boulogne camp - Napoléon

Le 10 juin 1807, GAUTREAU était avec l'empereur au camp de Boulogne, pendant que se préparait la fameuse expédition d'Angleterre. Membre de l'Ordre national de la Légion d'honneur il commandait comme quartier-maître au 46e régiment d'infanterie de ligne. Il passa ensuite à Arras où il conserva les mêmes fonctions jusqu'à la fin de l'année 1810.

En 1811, il fut nommé capitaine trésorier et fait chevalier d'Empire.

L'année suivante il fut créé sous-inspecteur adjoint aux revues ; d'Arras où il remplissait ces fonctions on l'envoya à Bordeaux comme sous-inspecteur. Il n'y resta que peu de temps, de mars à mai 1812. Il habitait la rue des Religieuses, au numéro 5.

Louis GAUTREAU fut alors appelé à la garde impériale. Il prit du service auprès de l'empereur, et resta à Paris. De grande stature, bien de sa personne, il avait plu à Napoléon. Sa situation était devenue brillante et, comme il l'avouait ingénument à l'une de ses soeurs, "il touchait de beaux apointements." Son service était agréable et il approchait fréquemment, de très près, l'empereur.

C'est à cette époque, au début de l'année 1813, qu'il faut placer son mariage avec Mademoiselle Marie-Isabelle-Jeanne Lecigne qu'il avait rencontrée souvent pendant le cours de ses campagnes, dont sont issues deux filles :

 

- Marie-Françoise Gautreau, épouse de Maurice Belliard, capitaine de navire ; domiciliée aux Sables-d'Olonne
- Louise-Marie Gautreau, épouse de Jacques-Robert Demigné, capitaine de navire ; domiciliée aux Sables-d'Olonne

 

 

 

Au mois de mars de cette même année, il fut atteint d'une grave maladie. Pour tranquilliser sa famille et lui donner de ses nouvelles il dut avoir recours à son secrétaire particulier, le lieutenant Delfosse ; ce dernier écrivait de Paris, le premier mars à Mme Belliard.

"Madame, les lettres que vous avez écrites à M. votre frère n'ont pu lui parvenir parce que il est rentré à Paris où il vient de faire une maladie très grave. Il s'est mis au lit le 11 du mois dernier et n'en a pas bougé. Il est hors de danger, disent les médecins, mais éloigné d'être totalement guéri. Sa maladie est une mauvaise fièvre qu'il a rapportée de l'armée, et sûrement aggravée par les ennuis qu'il vient d'essuyer (la mort de son frère, receveur de l'Enregistrement et des Domaines, à Challans, survenue peu auparavant). Comme il lui est impossible de vous écrire et que Mme son épouse, la seule personne qui puisse lui porter les soins est extrêmement occupée. Il m'a chargé de le faire."

En 1813, il partit à l'armée d'Allemagne. Pendant cette campagne ses équipages furent entièrement détruits. L'empereur les lui renouvela sur sa cassette particulière. Après l'évacuation de l'Allemagne, GAUTREAU retourna à Bordeaux. Puis, à la veille de la campagne de France, en 1814, il fut envoyé comme chef de la 4e Division de la garde impériale au camp de Châlons-sur-Marne.

La chute de l'Empire devait le faire changer d'arme et entraver sa carrière. Toutefois les Bourbons qui surent quelquefois mettre en relief les hommes de valeur du premier empire, ne devaient pas laisser GAUTREAU entièrement dans l'oubli. La Restauration le nomma Intendant militaire de seconde classe au corps de l'Intendance.

 

La Pasqueraie

 

Le nouveau promu partagea alors son temps entre les obligations de sa charge et les loisirs de la campagne, à son château de la Pâqueraye (Pasqueraie), en la commune de Ballans, près Tours.

En 1817, il fut élu maire de Ballans, et conserva cette charge jusqu'au commencement de l'année 1823, où il écrit à sa soeur Mme Belliard : "Je ne suis plus maire de Ballans, Dieu merci ! par le temps présent."

Le 7 octobre 1820, il reçut sa nomination d'intendant militaire. Le ministre, secrétaire d'État de la guerre, lui écrivait à cette occasion :

"Monsieur, j'ai la satisfaction de vous annoncer que Sa Majesté a daigné, par une ordonnance du 4 octobre courant, vous nommer intendant militaire dans le corps de l'Intendance.
Aux termes de la même ordonnance et de celle du 27 septembre dernier dont elle est la suite, vous devez jouir dès à présent des droits honorifiques attachés à ce grade ; mais vous n'en pourriez toucher le traitement d'activité qu'autant que je vous aurais expédié des lettres de service, pour en exercer les fonctions et à défaut de ces lettres vous en recevrez le traitement de disponibilité à partir du 1er janvier prochain, époque jusqu'à laquelle vous conserverez, quant au traitement, votre position actuelle.
Le brevet de votre nouveau grade vous sera ultérieurement expédié.
J'ai l'honneur d'être avec considération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le ministre secrétaire d'État de la guerre
Signé : MARQUIS DE LATOUR-MAUBOURG."

Comme on le voit par cette lettre, le nouvel intendant militaire restait en disponibilité et par suite à demi-solde.

Au mois de juin 1821, il obtint la croix de chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Enfin, le 18 septembre 1822, il fut mis à la retraite par ordonnance royale, contre-signée du maréchal duc de Bellune, ministre de la guerre.

Il ne survécut que peu d'années à sa retraite. Lui qui avait connu le bruit et le fracas des armes, pris part à d'illustres batailles, vivait, paisible châtelain, dans l'intimité de quelques amis. Il avait consacré à sa famille un culte profond et il n'estimait rien au-dessus de l'honneur de son nom. Il recevait fréquemment chez lui ses parents, et il entretenait avec sa soeur aînée, Mme Belliard, qu'il affectionnait particulièrement, une active correspondance.

La mort le surprit en sa terre de la Pâqueraye, le 11 mai 1824. Il était affaibli et déjà malade, ainsi que le prouve cette lettre qu'il écrivait à son oncle, l'ancien notaire royal de Challans : "Je suis bien en retard avec vous ; je vous dirai que je suis tourmenté d'un rhumatisme dans les reins qui me fait souffrir le jour et la nuit. Cette situation m'a rendu paresseux pour tout ce qui exige de mettre la main à la plume ... Je vous embrasse et vous souhaite une bonne santé, premier trésor de la vie."

 

GAUTREAU acte décès

 

Sa mort jeta un deuil cruel dans toute la famille, et ses nombreux amis lui accordèrent de vifs témoignages de regrets.

Voici dans quels termes le général baron Gauthier annonçait à Mme Belliard la douloureuse nouvelle.

"A la Goupillère, le 11 mai 1824.
Madame,
Le coeur navré de douleur, je supplée Madame votre belle-soeur pour vous apprendre la triste nouvelle que M. Marie-Louis-François GAUTREAU, votre frère, mon ancien ami, est décédé ce matin à huit heures d'une rétention d'urine, après avoir souffert quatre mois. Veuillez, Madame, arriver en toute diligence, communiquez la présente à la famille à qui je dis les choses les plus honnêtes ainsi qu'à vous, Madame.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Signé : le Baron GAUTHIER, maréchal de camp.
M. GAUTREAU a été enterré à Ballans, près Tours."

Extrait : Revue historique de l'Ouest - 12e année - 1re livraison - 1896

GAUTREAU_DECES

_tats_de_Services

(Archives nationales - Base de données Léonore)

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité