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La Maraîchine Normande
21 décembre 2015

DIEPPE (76) - THOMAS-JUSTE POULARD, ÉVÊQUE CONSTITUTIONNEL DE SAÔNE-ET-LOIRE (1754-1833)

JEUDI 28 MARS 1833
SUR LA MORT DE M. POULARD - Une vie qui fut un scandale continuel pour les vrais chrétiens.


Le dernier évêque constitutionnel, de ceux du moins qui étoient à Paris, est mort le 9 mars [1833] dans un âge avancé (78 ans), sans que le public s'en soit douté, sans qu'aucun journal en ait fait mention.

 

acte naissance Poulard Thomas-Juste


Cet évêque est THOMAS-JUSTE POULARD, ancien évêque de Saône-et-Loire. Il étoit né à Dieppe [paroisse Saint-Jacques] le 1er 2 septembre 1754 [Fils de Jean Poulard, aubergiste, et de Cécile Rolland], vint à Paris en 1772, et entra au séminaire des XXXIII.


La Biographie des vivans dit qu'il étoit curé au diocèse de Lisieux, et que néanmoins il suivit à Paris la carrière de la chaire jusqu'à l'époque de la révolution. On n'a jamais entendu parler de ses sermons, mais on trouve en effet un abbé Poulard parmi les membres du clergé de Saint-Roch qui firent le serment en 1791 ; il est marqué dans la liste qu'il étoit "absolument sans fonctions".

La Biographie citée ci-dessus dit qu'il devint vicaire-épiscopal de l'Orne. Seroit-ce par hasard lui que l'on trouve dans les Procès-Verbaux de la Convention, comme ayant abjuré, à la date du 27 brumaire an II, sous le nom de Soullard, vicaire épiscopal de l'Orne ? Seroit-ce une erreur de la liste, où les noms sont souvent mal écrits, et Poullard seroit-il le même que Soulard ? Ce n'est qu'un soupçon, mais la fin du constitutionnel y donneroit quelque vraisemblance.


Poulard étant revenu à Paris, continua, après la terreur, à rester attaché à l'église constitutionnelle. Il devint curé d'Aubervilliers, près Paris, et il assista au concile de 1797, comme député de la Haute-Marne, où probablement on ne le connoissoit guère. On croit qu'il prit part aux opérations de ce que l'on appeloit le presbytère de Paris.

[Affaire du Presbytère de Paris

Malgré leur peu de sympathie pour les apostats, les membres du Presbytère de Paris l'accueillirent, le 2 juin 1795, sur la recommandation de Primat, alors évêque du Nord, en résidence à Aubervilliers, près Paris, et quant Primat quitta Aubervilliers pour retourner dans son diocèse, Poulard lui succéda ; mais esprit brouillon et inquiet, il fomenta des divisions dans le clergé et créa de nombreuses difficultés au Presbytère. Les ennemis qu'il s'était faits finirent par tirer de l'oubli certains incidents de sa vie passée et même quelques actes de son administration comme curé d'Aubervilliers ; on parlait de le destituer, quand il préféra quitter Paris pour chercher fortune ailleurs. C'est alors que le crédit de son ami Primat le fit désigner pour le siège d'Autun.

Le citoyen Thomas-Juste Poulard avait assisté, en 1797, au Concile national comme député de la Haute-Marne, et sur la recommandation de l'Assemblée synodale tenue à Paris, dans les premiers jours de janvier 1801, Primat, évêque métropolitain de Lyon, l'avait nommé aux fonctions d'évêque de Saône-et-Loire, en vertu de l'art. 34, sect. I du décret sur les Élections du Concile national de 1797, qui défère une semblable élection à l'évêque métropolitain, s'il y a empêchement à la réunion des assemblées électorales.

Mais avant d'être sacré, Poulard voulut donner à son élection la sanction populaire, ne voulant recevoir la consécration épiscopale qu'après avoir vu sa nomination approuvée et ratifiée par le clergé et les fidèles de sa commission religieuse. En conséquence, il convoqua un synode dans l'église de Saint-Marcel-de-Châlons, qui se tint le 22 avril. Les membres du synode approuvèrent la nomination de Poulard à l'évêché d'Autun et élurent le citoyen Regnard, curé de Saisy, près Autun, pour accompagner le citoyen Poulard au Concile métropolitain de Lyon.

C'est seulement après cette approbation que Poulard se décida à se rendre au Concile provincial tenu à Lyon, où il fut sacré par Primat, le 14 juin 1801, pendant la tenue du Concile ; on ne sait quels furent les évêques assistants. Ce fut le dernier évêque constitutionnel sacré. (Bulletin de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon - Avril - Septembre 1909)]


En 1800, il fit paroître une Adresse de plusieurs curés constitutionnels du diocèse de Paris aux autres curés, vicaires et prêtres constitutionnels de France. Cet écrit, daté du 24 janvier 1800, est signé Poulard, Moulin et Mauviel. On ne sait si Poulard en fut l'auteur ou seulement le signataire, mais ce n'est au fond qu'une misérable déclamation contre ce que dans ce parti on appeloit les dissidens, c'est-à-dire contre la grande majorité du clergé, qui ne prenoit point part au schisme.


Le nouvel évêque assista au concile dit national de 1801, donna sa démission quand elle fut demandée à tous les évêques de ce parti, et obtint, en conséquence, la pension qu'on leur accordoit à tous.


Depuis ce temps, Poulard vécut à Paris dans la retraite ; on n'entendit point parler de lui sous l'empire, ni pendant la restauration.


La Biographie des vivans lui attribue des Éphémérides religieuses, pour servir à l'histoire ecclésiastique de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe ; elle le dit aussi auteur d'un ouvrage sur l' "état actuel de la religion en France". Peut-être ces ouvrages ne sont-ils que manuscrits, nous n'en avons aucune connoissance.


Peu après la révolution de 1830, Poulard fit imprimer un écrit fort court sous ce titre : Moyen de nationaliser le clergé de France. Il le présenta au ministre des cultes de ce temps-là, et l'adressa aux évêques. Cet écrit est misérable pour le fond comme pour la forme.


Vers ce même temps, Poulard prêta son ministère pour les actes les plus irréguliers et les plus condamnables. Il conféra tous les ordres au nommé Brunet en trois fois, dont deux avant la révolution de 1830. Le domestique de l'évêque reçut pour cela une somme. Pointel fut ordonné le même jour que Brunet, et aussi, à ce qu'il paroît, moyennant finance.


En 1831, Poulard ordonna encore dans la chapelle de Châtel deux jeunes gens, les sieurs Auzou et Blachère ; il a aussi ordonné un nommé Touraine. Toutes ces ordinations ont été faites sans études, sans examen, sans préparation, sans dispense.


A la fin, l'autorité s'occupa de ces scandales ; on écrivit officiellement à Poulard pour lui demander si la chose étoit vraie. Il l'avoua, en disant qu'il savoit bien qu'il avoit fait une cérémonie illicite, mais qu'il n'avoit pu résister aux instances des sujets ordonnés par lui. Il conjuroit qu'on ne lui retirât pas sa pension.


On fut étonné de ne pas le voir figurer lors de la maladie et de l'enterrement de Grégoire ; mais il paroît que celui-ci, qui au milieu de ses travers se piquoit d'une grande rigidité de principes, méprisoit Poulard, qu'il regardoit comme aussi dépourvu de foi que de talens. On assure que les deux anciens constitutionnels ne se voyoient point.


Dès l'année dernière, la santé de Poulard avoit commencé à décliner ; le curé de sa paroisse, M. Jacolet, curé de Saint-Ambroise de Popincourt, se présenta deux fois chez lui, et ne fut point reçu.


Depuis, un de MM. les grands-vicaires fit la même démarche, et ne put pénétrer auprès du malade.


Celui-ci voulut se débarrasser de ces visites importunes, et écrivit le 14 janvier dernier à M. le curé de sa paroisse. Il y déclaroit qu'il vouloit mourir "en vrai constitutionnel" ; qu'on n'obtiendroit rien de lui, comme on n'avoit rien pu obtenir de ses confrères Grégoire et Debertier ; qu'il avoit pris ses mesures pour "mourir épiscopalement", et qu'il en avoit pris également pour qu'il n'arrivât point à ses obsèques ce qui étoit arrivé à celles de ses deux confrères. Les intentions du défunt ont été strictement suivies ; on n'avertit pas plus M. le curé après qu'avant la mort. Le corps fut porté directement au cimetière ; il n'y eut ni prières, ni semblant de prières : rien sur le cercueil n'annonçoit ni un évêque, ni même un prêtre. Très-peu de personnes suivoient le convoi. Tout se passa comme si le défunt avoit été étranger à toute religion.

 

Saint-Ambroise de Popincourt


Si c'est là ce que Poulard appeloit "mourir épiscopalement", quelle idée avoit-il donc des devoirs d'un évêque ? Regardoit-il comme inutiles et indifférentes, ces prières de l'Église que tous les chrétiens réclament avec instance, et dont la privation est regardée par tous ceux qui ont de la foi comme un châtiment et un malheur ? Quelle fin pour un évêque ! Quelle fin pour cette pauvre église constitutionnelle que voilà enterrée avec le dernier de ses chefs ! Ce dernier scandale n'est-il pas digne de tous ceux qu'elle avoit précédemment donnés, et ne méritoit-elle pas bien de terminer son histoire par cette espèce d'apostasie, qui rappelle celles des évêques jacobins, conventionnels, régicides, mariés, etc., dont les hauts faits ont jeté un opprobre ineffaçable sur cette église éphémère ?

Extrait : L'Ami de la religion et du roi - 1833 - n° 2081

 

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