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La Maraîchine Normande
21 décembre 2015

LA RÉORTHE (85) - LA BAUDIÈRE EN 93 - VENTE DU MOBILIER

 

La Baudière carte

 

LA BAUDIÈRE EN 93
VENTE DU MOBILIER


"Avant la Révolution de 89, les Français n'avaient aucun droit" ... Ne riez pas ! J'ai lu ceci hier, tel que je l'écris, dans un manuel laïque, page 90.

Et l'auteur, probablement frère de ces docteurs ingénieux qui trouvent toujours au mal le remède infaillible, convient magistralement, trois lignes après, que, depuis la Déclaration des Droits de l'homme, en 1789, les Français ont tous les droits, - y compris, je suppose, le droit de vendre le mobilier du voisin ; avec une morale sans Dieu, pourquoi ? ...

Il me tombe, en effet, sous les yeux, certaines liasses d'écritures qui ne s'explique pas autrement. Et l'évènement se passait (quel surcroît de chance), à deux pas de 89. Voyons ...


"Aujourd'hui, 29 fructidor l'an II (15 septembre 1794) de la République française une et indivisible et impérissable, sur les 9 heures du matin, par vertu du Décret du 17 septembre 1793, qui permet aux huissiers de faire les criées et ventes et fixe le prix des vacations, pourquoi les citoyens administrateurs du District de la Châtaigneraie, département de la Vendée, ont affiché les effets délaissés par Villedieu émigré, à sa maison de la Baudière, commune de la Réorthe, canton de la Jaudonnière, lesdits administrateurs ayant ajourné la vente à ce jourd'hui et nommé, à cet effet, les citoyens Paul-Charles Marchegay-Auday et Rivalland, agriculteur demeurant, savoir ledit Marchegay à Hermine et ledit Rivalland à Semagne, ci-devant Saint-Juire, commissaire à recevoir les enchères et toucher les deniers en provenant, lesquels ont fait l'inventaire en date du 24 de ce mois ; et nommé pour la vente d'icelle moi, André-Joseph-Alexandre Bouquin, huissier public, reçu et immatriculé au ci-devant Châtelet de Paris, demeurant commune de Hermine-sur-Semagne, soussigné. Transporté expert dicelui à la maison de la Baudière ces jours, lieu et heures avec les citoyens commissaires, avons ouvert les portes ; et entré dans la salle de ladite maison ; et avons commencé, comme l'inventaire, par l'article premier dicelui ; et, en vertu des lois, à cet effet, avons mis la vente, moi dit huissier, comme de fait."


A la suite de ce charabia bon teint, qui ne nous ramène, on le voit, ni à la clarté, ni à l'élégance, ni à la pureté des lettres françaises, au temps de Louis XIV, 30 et quelques pages manuscrites nous mentionnent ce que fut, pas à pas, l'excursion de nos héros officiels dans toutes les chambres et dans tous les cabinets de la maison.

Greniers, cave, écurie, grange à foin, boulangerie, allée : rien qui ne fût soumis à leur inspection trop zélée.

C'était la consigne, au surplus, que rien n'échappât à la raffle des rapineurs légaux. Aussi, les casseroles et les poëlons s'unirent-ils, dans les clameurs endiablées du crieur Désamy, aux bouteilles vides et aux rideaux de lit.


Fils d'une époque où les sans-patrie courent les rues, bénissons l'époque heureuse où le patriotisme des grands ancêtres se haussait à de pareils sacrifices. La probité ne les inspira point, c'est entendu. Mais, puisque, avec 89, tous les droits du citoyen nous sont acquis, est-ce que la consolation ne devrait pas en rejaillir sur les volés eux-mêmes ? ...


G. FOUILLÉ
AD85 - Bulletin paroissial - La Réorthe - 1910

LA BAUDIÈRE : Voir également : http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/07/11/27622921.html

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