NIORT (79) - PIERRE-MARIE-ANNE-LOUIS CHEBROU DE LESPINATZ
Fils de Jean-Magdelaine Chebrou, conseiller du roi, lieutenant-général de police à Niort, naquit dans cette ville le 3 janvier 1726.
Il fit ses études au collège de l'Oratoire. C'est là et dans la maison de son oncle, Chebrou du Petit-Château, alors maire de la ville et profondément savant, qu'il acquit les connaissances les plus distinguées.
Peu d'hommes du monde savaient l'histoire avec plus de précision ; nul artiste ne pouvait parler des arts avec plus de justesse et d'agrément, et peu de littérateurs connaissaient, comme lui, les meilleurs auteurs anciens et modernes : car sa mémoire, extrêmement heureuse les lui avait rendus si familiers, qu'elle lui en rappelait les plus beaux morceaux, même dans les derniers momens de sa vie.
En 1742, il avait joint l'armée française en Allemagne ; il se trouva aux batailles d'Etingen, Fontenoi, Raucoux et Laufeld, aux sièges de Tournai, Ath et Bruxelles : enfin à l'escalade de Gand. C'est là que, chargé d'attaquer une porte de cette ville immense, il emporta ce poste périlleux. Cependant, malgré ses succès, il quitta l'état militaire à la paix, afin de ne plus s'éloigner d'un père qui, fatigué par quarante-neuf ans de services éminens dans les armées, était venu finir ses jours au sein de sa famille.
Depuis cette époque, la vie de Lespinatz n'offre qu'une suite de vertus sociales et domestiques. Administrateur de l'hôpital, il en fut pendant trente ans le bienfaiteur. Appelé aux affaires publiques, et nommé procureur-syndic des ordres supprimés, il abandonna ses affections les plus chères et ses plus douces habitudes, pour répondre à la confiance dont il se voyait honoré. De militaire il devint homme de cabinet, et se livra au travail le plus assidu. Aucune partie de l'administration ne lui fut étrangère : ateliers de charité, extinction de la mendicité, grandes routes, eaux et forêts, rien ne fut négligé par son zèle infatigable ; et toujours ses appointemens furent portés à l'hôpital-général.
Pendant la révolution, il fut persécuté ; mais la gaîté, l'amabilité de son caractère le suivirent jusque dans les prisons, et ne l'abandonnèrent pas même durant la longue maladie qui a mis fin à ses jours, le 14 vendémiaire an XIII (6 octobre 1804).
Toujours patient dans ses maux, il est mort comme il avait vécu, emportant les regrets de sa famille, des pauvres dont il était le bienfaiteur, et de ses nombreux amis.
Extrait : Histoire de la ville de Niort ... par Hilaire-Alexandre Briquet - Volume 2 - 1832