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La Maraîchine Normande
8 octobre 2015

ANTIGNY (85) - L'ÉGLISE

Que veut dire ce mot : Antigny ? Les auteurs ne s'entendent pas là-dessus, comme sur beaucoup d'autres choses. Les uns, à l'exemple de M. Benjamin Fillon, de Fontenay-le-Comte, croient qu'il vient de pagus Antonii : ce qui signifierait qu'un gallo-romain aurait dans les temps anciens, possédé notre pays et lui aurait donné son nom.

D'autres savants proposent : ante ignem, ce qui veut dire : devant le feu. On pense, non sans raison, qu'à la place de l'église actuelle, il y avait jadis un temple païen. Dans ce temple, brûlait le feu sacré, entretenu la nuit et le jour, par les vestales, en l'honneur des idoles. C'était comme un lieu de prières continuelles et voilà pourquoi les habitants du pays demandaient à être enterrés devant le feu "ante ignem", d'où l'on a tiré d'abord Antigné et puis Antigny.

Les tombeaux très anciens que j'ai découverts autour de l'église semblent favoriser cette deuxième étymologie et m'autorisent à la préférer à la première. (AD85 - Bulletin paroissial d'Antigny - 1900)

 

L'ancienne Église d'Antigny

 

ANTIGNY ANCIENNE EGLISE

 

Ainsi que la façade le fait deviner, cette vieille église avait deux nefs, comme celles de Foussais, Cheffoi, Montournais et les autres qui furent construites dans le cours des XIVe et XVe siècles. Son clocher est ce qu'on appelle un clocher bénédictin, parce qu'il est dans le genre des nombreux beffrois que les religieux bénédictins de Maillezais, avec moins d'élégance que de solidité, élevèrent dans les paroisses de leur dépendance. Dans la reconstruction, le grand autel n'a pas changé de place, tandis que l'ancienne chapelle de la sainte Vierge, qui se trouvait à l'extrémité de la nef, est occupée aujourd'hui par la sacristie, où l'on voit encore une arcade de l'époque, avec un écusson reproduit ci-dessous. Cet écusson, se rapporte évidemment à Notre-Dame des Sept-Douleurs, puisqu'il représente un coeur transpercé d'une flèche et surmonté de deux étoiles.

 

Antigny écusson N

 

De l'ancienne église, reste aussi la croisée à meneaux à demi-fermée, qui se trouve près de l'autel de Sainte Vierge. D'autres souvenirs nous rappellent ces temps lointains ; nous voulons parler de deux écussons sculptés en pierre, dont l'un est au sommet de l'avant dernière arcade, près des fonts-baptismaux, et l'autre au-dessus de la porte qui donne accès dans le jardin de la défunte demoiselle Bodin. Nous avons lieu de croire, qu'ils appartinrent probablement à des confréries d'ouvriers, existant, au moyen-âge dans la paroisse. Ces pieuses associations, qui devaient être approuvées par l'évêque et autorisées par lettres-patentes du roi, avaient un saint pour patron et une chapelle comme lieu de réunion particulière. Dans les chapelles où s'assemblaient les confrères, à certains jours fixés par le règlement, on avait coutume de placer les armes de la confrérie, c'est-à-dire un écusson avec les attributs du métier exercé par les ouvriers, qui faisaient partie de la corporation.

 

ANTIGNY écusson serrurier

 

Il semble que ce premier écusson ait appartenu à une confrérie de forgerons et de serruriers, puisqu'il représente assez exactement un fer à cheval, un marteau et une paire de tenailles.

 

ANTIGNY__cusson_toile

 

Cet autre écusson rappelle évidemment, avec les forces qui l'accompagnent et qui servaient autrefois à couper le drap, une association de tailleurs et de tisserands. On sait, par ailleurs, que jusqu'à la Révolution les ouvriers en toile étaient très nombreux dans la contrée et formaient, à Antigny surtout, la majeure partie de la population.

Ces divers métiers étaient encouragés, d'une façon très efficace, par les religieux, qui mirent ainsi, dans le pays, l'aisance et la prospérité.

Le XVIe siècle eut un triste début. L'agitation religieuse provoqua de sanglantes répressions et, dans nos contrées surtout, le fanatisme des protestants se porta aux excès les plus déplorables. D'autre part, le travail des campagnes étant presque nul, les récoltes furent insuffisantes et bientôt la famine se fit cruellement sentir. Les Chroniques du Langon nous apprennent qu'en l'année 1528 et les deux suivantes, les pauvres gens furent obligés de se nourrir "avec de la porée et des rouches". Ils en furent réduits à broyer de la fougère pour en faire du pain !

(AD85 – Bulletin paroissial d’Antigny - 1902)

 

P1310921

 

L'église paroissiale d'Antigny fut vendue comme bien national, probablement en même temps que le presbytère, le 23 août 1796. L'acquéreur fut M. Jacques-Gabriel David, aïeul sans doute de M. le maire actuel de Saint-Maurice-des-Noues. Il ne nous a pas été possible de retrouver l'acte de vente mais grâce à l'obligeance de M. Arnaud, notaire à la Châtaigneraie, nous avons la bonne fortune de pouvoir offrir à nos lecteurs, une copie de l'acte authentique, par lequel ledit M. David a rétrocédé, en 1802, l'immeuble religieux dont il était propriétaire depuis six ans seulement.

Du 25 messidor an X (14 juillet 1802).

Par devant les notaires publics du département de la Vendée, soussignés, furent présents :

Le citoyen David (Jacques-Gabriel), propriétaire demeurant au chef-lieu de la commune de Mouilleron, d'une part ;

Et les citoyens Pierre-Ozée Gallot, aussi propriétaire, et Jacques Rousseau, aussi propriétaire, demeurant commune d'Antigny, d'autre part ;

Lequel dit citoyen David a, par ces présentes, vendu, cédé et transporté, avec les mêmes garanties qui lui ont été promises par la République et non d'autres, auxdits Gallot et Rousseau, stipulant et acceptant ; savoir est, l'édifice ou église d'Antigny, sise et située au chef-lieu dudit lieu de la commune d'Antigny, toute ainsi qu'elle se poursuit et comporte, sans réserve, hors celles-ci après, la consistance de laquelle lesdits acquéreurs ont déclaré bien connaître.

La dite vente est faite pour et moyennant la somme de trois cent soixante livres tournois ; laquelle les dits acquéreurs ont payée comptant, à la vue de nous dits notaires, au dit vendeur qui l'a prise, reçue, serrée et emportée et a tenu et tient quitte les dits acquéreurs, promettant ne leur en faire à l'avenir aucune question ni demande.

Au moyen de quoi, s'est le dit vendeur démi, dévestu et dessaisi du fond, propriété, possession et jouissance du dit édifice ou église du dit lieu et commune d'Antigny, et en a vestu, saisi, nanti et fait vrais propriétaires immutables, les dits acquéreurs, pour, par eux, les leurs et ayant cause, en jouir et disposer comme de leur propre bien et loyal acquêts, lesquels entreront en possession et jouissance de ce jourd'hui, les subrogeant dans tous ses droits tant rescindants que rescisoires.

Se réserve le dit vendeur le droit et faculté de faire bâtir un appentis contre le mur de la dite église, du côté du Nord et de faire dans ledit mur des trous pour poser telles charpentes qu'il avisera.

Se réserve aussi le droit de faire mettre dans la dite église et dans l'endroit qu'il choisira un banc pour son utilité ou gens de sa part, sans rien payer ; lequel il pourra faire de telle grandeur qu'il jugera à propos, lequel ne pourra cependant excéder neuf pieds de long.

Ce que dessus, dont acte, jugé et condamné.

Fait et passé en la commune de La Châtaigneraie, en l'étude de Me Pouzin, avant midi, le 25 messidor, l'an X de la République, une et indivisible.

Lu aux parties, elles y ont persisté et ont signé.

Signé : J. David, P.-Ozée Gallot, Rousseau et des notaires Brunetière et Pouzin.

Enregistré à La Châtaigneraie, le 2 thermidor an X (21 juillet 1802).

(AD85 - Bulletin paroissial d'Antigny - 1906)

 

P1310944

 

Elle redevient donc propriété de la Fabrique le 14 juillet 1802 et continue de subir la dégradation du temps.

Comme d'autre part, elle s'avère trop petite pour une population qui augmente, cette église est restaurée et agrandie d'une troisième nef en 1863-1864, sur les plans de l'architecte Victor Clair et sous le ministère du curé Charles Tougeron.

L'ameublement, la décoration du choeur et des chapelles de la Sainte Vierge et de Saint Joseph sont exécutés une première fois en 1874. Mais après la création d'une sacristie au chevet de l'église en 1946 et la réalisation d'une tribune en 1948, d'importants travaux de restauration intérieure sont entrepris en 1953-1954 par l'entreprise Louis Delaunay sous la direction du Curé Gabriel Deboute et du Maire Auguste Thomas. Ils permettent entre autres de ravaler murs et plafonds, d'agrandir le choeur et de placer le baptistère au fond de l'église.

 

P1310924

 

Dans le choeur, côté sud, on remarque un tableau restauré en 1996 et représentant saint Côme et saint Damien (anciens patrons de la paroisse) ; côté nord, une huile sur toile évoque saint Hilaire (patron de la paroisse) terrassant le dragon. (Informations trouvées sur place)

 

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Les guerres de religion - Un souterrain

Le curé d'Antigny eut sans doute à souffrir, ainsi que ses confrères, tous les ennuis de cette malheureuse époque. Sa vie, comme celle de ses paroissiens, dut se trouver en danger à maintes reprises et nous avons lieu de croire que si la paroisse ne fut pas ensanglantée par les armées protestantes, elle dut cette préservation extraordinaire à l'existence d'un immense souterrain, découvert il y a quelques années, au milieu même du bourg.

Sans doute, ce précieux refuge date d'une époque plus lointaine, puisque les auteurs s'accordent généralement à faire remonter ces souterrains jusqu'aux temps reculés des invasions normandes, c'est-à-dire jusqu'au IXe siècle, mais il n'en est pas moins incontestable que le pasteur et les brebis durent s'estimer très heureux d'avoir ainsi à leur portée un moyen facile de se soustraire à la fureur de leurs fanatiques ennemis.

Quand M. François Clochard fit construire, sur le bord de la rue, la maison qui lui sert d'hôtel, les ouvriers découvrirent une excavation, qui les contraignit à creuser des fondations plus profondes. L'angle du côté du levant repose juste au milieu du souterrain, qui, dans cet endroit précis, se dirige de trois côtés différents : 1° vers la cure ; 2° vers l'Andourie, où l'on a constaté son existence, lorsque la famille Baudry fit bâtir son habitation sur les ruines du vieux château jadis possédé par le marquis de Culant ; 3° vers le village de la Girardière, en traversant la Boulaye. ... Nous croyons que ce souterrain pouvait avoir près de près de deux mètres de haut et autant de large, c'est-à-dire que plusieurs hommes pouvaient s'y avancer de front et sans baisser la tête. (AD85 - Bulletin paroissial d'Antigny - 1902)

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