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La Maraîchine Normande
25 juillet 2015

12 AOÛT 1824 - LA DUCHESSE DE BERRY A SAINT-VALÉRY-EN-CAUX (76)

 

Duchesse de Berry

 

Le 12 août 1824, Madame la duchesse de Berry partit de Dieppe dès huit heures du matin pour se rendre à Saint-Valéry-en-Caux, suivant la promesse qu'Elle en avait faite en passant aux habitants de cette ville.


S.A.R. arriva à 10 heures et demie. Le son des cloches et des salves d'artillerie annoncèrent son entrée. La Princesse s'avança, escortée par la garde à cheval qui s'était portée à sa rencontre. La garde nationale, les canonniers vétérans et le corps des douanes formaient une double haie sur le passage de S.A.R. Pas une croisée qui n'eût son drapeau blanc ; pas un habitant qui ne mêlât sa voix aux acclamations de tous les autres, et partout était le nom de Caroline tracé de guirlandes de fleurs. L'auguste voyageuse se rendit sans délai à l'Hôtel-de-Ville où l'attendaient M. le sous-préfet de l'arrondissement, le corps municipal, le tribunal de commerce, le juge de paix et divers autres fonctionnaires publics, soit de la ville, soit du canton de Saint-Valéry. La Princesse fut particulièrement complimentée par M. Gautier, maire, M. V. Dupuis, président du tribunal de commerce et M. Petit-Seigneur, curé.


Après quelques momens de repos, S.A.R. reçut, avec cette affabilité qui lui gagne tous les coeurs, d'abord les dames et les demoiselles de la ville qui avaient eu précédemment l'honneur de lui offrir un bouquet, et ensuite tous les fonctionnaires publics présentés par M. le sous-préfet.


Madame la Duchesse ayant bien voulu accepter le déjeuner qui avait été préparé pour Elle, daigna admettre à sa table, M. le sous-préfet, M. le président du tribunal de commerce et son épouse, M. le maire de Saint-Valéry et son épouse, MM. Juquin et Duteurtre, adjoints de la mairie, M. le curé, MM. les commandans de la garde nationale et de la garde d'honneur, M. Boilay, commissaire de la marine à Fécamp, et M. Pessey, maire de Cany.
Le public fut admis à circuler autour de la table pendant le déjeuner.


Le repas terminé, S.A.R. se rendit à pied sur le port, et s'embarqua dans un canot, accompagnée, avec son agrément, de MM. les commissaire-ordonnateur et commissaire de marine, de M. le sous-préfet, de M. le maire, de MM. les adjoints et de plusieurs autres fonctionnaires publics. Le port de Saint-Valéry décrit une enceinte semi-circulaire, bornée dans son pourtour par des maisons généralement bien bâties. Les festons élégans dont elles étaient parées, les innombrables drapeaux qui flottaient dans les airs ; la foule qui assiégeait chaque fenêtre, la population immense réunie sur les quais, les vivat prolongés de cette multitude enchantée, formaient un ensemble des plus ravissans.


Un grand nombre de canots escortaient celui de la Princesse. Dans l'une de ces embarcations se trouvait la musique de la garde nationale qui charmait la promenade par des accords mélodieux, auxquels plusieurs bâtimens de la marine royale unissaient de temps en temps l'imposante harmonie de leurs canons.


De retour à Saint-Valéry, S.A.R. daigna témoigner, dans les expressions les plus flatteuses, combien Elle était sensible aux marques de dévouement qu'Elle venait de recevoir.

 

Saint-Valéry-en-Caux

 


Avant de remonter en voiture, Madame la Duchesse parcourut à pied une partie de la ville. Il n'est pas nécessaire de dire que la population toute entière formait le cortège de la Princesse. S.A.R. ne voulut pas quitter Saint-Valéry, sans avoir visité la principale église, placée sur le bord de la route, et à une assez grande distance de la ville. La Princesse y fut reçue à l'entrée et sous le dais par M. Petit-Seigneur, curé, qui lui présenta l'eau bénite et l'encens. MM. les curés des environs s'étaient également empressés d'accourir pour saluer l'héroïque petite-fille de saint Louis.


Après avoir fait sa prière, S.A.R. fut reconduite avec le même cérémonial et repartit pour Dieppe, laissant tous les coeurs pénétrés de respect et d'attendrissement.


Les pauvres de Saint-Valéry bénirent le passage de S.A.R. qui s'empresse de soulager l'infortune dans tous les lieux qu'Elle parcourt. ...

Extrait : Premier voyage de S.A.R. Mme la duchesse de Berry en Normandie, 1824 - par A. Pihan Delaforest

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