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La Maraîchine Normande
28 février 2015

LES LUCS-SUR-BOULOGNE (85) - HISTOIRE DES CLOCHES

LES LUCS-SUR-BOULOGNE (85) - HISTOIRE DES CLOCHES

C'était en 1856, après avoir été professeur à Chavagne pendant quatre ans, vicaire au Sables pendant six semaines et deux ans à Luçon, Monsieur l'abbé Jean Bart venait d'être nommé curé des Lucs. Il remplaçait Monsieur Guitton.

 

Abbé Jean Bart


Ce prêtre aussi remarquable par son intelligence que par son grand coeur était l'homme aux grandes idées. Il a laissé un souvenir impérissable dans la paroisse des Lucs où il est mort le 2 juillet 1876.


A peine arrivé dans cette paroisse qu'il aima de tout son coeur, il conçut l'idée grandiose de doter ses chers paroissiens d'une magnifique sonnerie.


Au commencement de l'année 1861, accompagné de Monsieur Pierre Blays, il fit une souscription dans la paroisse.


"Le 16 juin de la même année, le conseil de fabrique se réunit extraordinairement au presbytère entre messe et Vêpres en vertu d'une autorisation de Monsieur l'abbé Menuet, vicaire capitulaire du diocèse, le siège vacant, pour délibérer sur l'acquisition de nouvelles cloches, autorisation donnée par Monsieur le vicaire capitulaire à la date du 14 juin 1861. Étaient présents : MM. Jean Bart, Isidore Martineau, président, Pierre Blays, trésorier, Louis Airiau, Pierre Moinet.
Monsieur le président ayant déclaré la séance ouverte, Monsieur le Curé expose premièrement que la quête faite par lui et par Monsieur le trésorier dans la paroisse à l'effet de procurer de nouvelles cloches à l'église des Lucs s'élevait à trois mille francs.
Deuxièmement que les vieilles cloches pouvaient produire 4.500 francs.
Le tout formant un total de 7.500 francs.
Cette somme étant insuffisante à payer les trois nouvelles cloches qui devaient coûter 14.514 francs sans compter le beffroi, il fut décidé que la fabrique paierait par annuité SANS AUCUN RECOURS A LA COMMUNE QU'ELLE NE VOULAIT VOIR EN RIEN FIGURER DANS CETTE OEUVRE." (extrait de la délibération)


Monsieur le Curé fit immédiatement la commande des nouvelles cloches à Monsieur Bollé, fondeur au Mans.
Il y avait alors trois cloches. La moyenne était fêlée.

Voici quel était leur poids exact : LA GROSSE pesait : 532 kilog. ; LA MOYENNE : 454 kilog. et LA PETITE 138 kilog.
La grosse et la moyenne furent envoyées à Monsieur Bollé qui devait s'en servir pour la fonderie des nouvelles. En attendant, la petite fut placée au Calvaire de la place. Et les enfants d'alors, hommes d'aujourd'hui, nous disent que la pauvre petite ne sonnait point seulement l'Angelus ! On l'entendait à toute heure. Les enfants ne sont-ils pas toujours les mêmes !

Les trois cloches furent descendues par l'ouverture qui existe encore dans la vieille église, au-dessus du choeur et regardant la nef aujourd'hui disparue.


LE 18 AOÛT 1861


Le dimanche 18 août 1861 avait été fixé pour la bénédiction des nouvelles cloches.

Ce fut Monsieur l'abbé Menuet, vicaire général du diocèse de Luçon, qui vint présider cette magnifique cérémonie.

Dès le matin une grande animation régnait dans tout le bourg. Le temps était superbe. Un beau soleil faisait prévoir une magnifique journée. Une légère brise faisait flotter les oriflammes et les drapeaux qui décoraient les arbres de la place. En face le Calvaire étaient placées les trois belles cloches. Elles étaient suspendues à d'énormes madriers. C'est là que chacun pût les admirer.

On sut alors leur poids exact :
GROSSE CLOCHE : 1.575 kilog. - diamètre : 1m10
MOYENNE CLOCHE : 1.107 kilog. - diamètre 1m24
PETITE CLOCHE : 764 kilog. - diamètre 1m10.

Pour connaître les noms des cloches, des parrains et marraines, il suffit de lire les inscriptions qui s'y trouvent toujours aujourd'hui comme autrefois :

SUR LA GROSSE CLOCHE : "L'an 1861, Monsieur Jean Bart étant curé de la paroisse des Lucs : Monsieur Laurent Victor Alexandre Renaudin et dame Éléonore Adèle Martin veuve Charrier m'ont nommée Saint-Pierre et Saint-Paul en présence de MM. Isidore Martineau président et Pierre Blays trésorier de la fabrique.

SUR LA MOYENNE : "L'an 1861, Monsieur Jean Bart étant curé de la paroisse des Lucs Monsieur Charles Aimé Louis de Baudry d'Asson et demoiselle Émelie Texier m'ont nommée Marie en présence de MM. Isidore Martineau président et Pierre Blays trésorier de la fabrique."

SUR LA PETITE : "L'an 1861, Monsieur Jean Bart étant curé de la paroisse des Lucs Monsieur Éliacin Perroteau et demoiselle Alphonsine Moreau m'oqnt nommée les Saints Anges Gardiens en présence de MM. Isidore Martineau président et Pierre Blays trésorier de la fabrique."

En bas de chaque cloche on peut lire aussi "Bollée père et fils, fondeur au Mans" et au-dessous : PROPRIÉTÉ DE LA FABRIQUE.


Dans la soirée, vers deux heures, toute la paroisse et de nombreux étrangers, se trouvaient réunis sur la place. En présence de cette foule et de 25 à 30 prêtres, Monsieur l'abbé Menuet procède à la bénédiction solennelle des nouvelles cloches.

La cérémonie terminée, des charrettes à boeufs sont glissées sous les cloches et traînées par les hommes jusqu'au vieux clocher.

La petite fut monte le jour même et on la fit sonner immédiatement. La moyenne et la grosse ne furent installées dans le beffroi que le lendemain. Elles firent leur entrée dans le clocher par la même ouverture qu'on les en a vus sortir ces jours derniers.

On se servit d'un palan, mais les hommes remplaçaient le treuil tirant sur un immense câble qui se prolongeait jusqu'à la maison actuelle de Monsieur Chalet.
Trois sonneurs furent alors choisis :
Pour la petite : HONORÉ BULTEAU
Pour la moyenne : LOUIS BLAYS
Pour la grosse : MARIE FAUCHEREAU

Et depuis, combien de fois n'ont-elles pas redis à tous les échos vos joies et vos deuils jusqu'au lundi midi, 7 novembre 1910, où elles ont sonné pour la dernière fois dans ce vieux clocher qu'elles ont quitté pour toujours !

TRANSFERT DES CLOCHES

Après entente entre le conseil paroissial et le conseil municipal, l'achèvement du clocher avait été décidé d'un commun accord.

L'année 1910 allait donc voir le transfert des cloches du vieux clocher dans le nouveau. Depuis de longs mois nous attendions avec une légitime impatience la fin des travaux ou du moins le moment où il serait possible de loger nos belles cloches dans leur nouvelle habitation.

La fête fut définitivement fixée au dimanche, 13 novembre. La semaine qui précéda ce grand jour, on vit les ouvriers de Monsieur Ouvrard, entrepreneur du beffroi, travailler avec ardeur.

Tout à coup, le mardi 8 novembre 1910, à deux heures du soir, la petite cloche fit son apparition dans l'ouverture pratiquée dans la flèche, donnant sur la grand'route. Elle sortit lentement, comme à regret, de cette vieille demeure qu'elle habitait depuis 49 ans et descendit majestueusement en présence de trois cents spectateurs.

Elle fut immédiatement placée sur le brancard qui lui était destiné.

Comme on l'appelait toujours la petite, elle voulut sans doute se venger en pesant lourdement sur les épaules des quarante hommes qui la portèrent avec peine.

Une aimable hospitalité lui fut donnée dans la demeure Lesaffre-Perotteau, neveu de M. Éliacin Perotteau, parrain des "Saints Anges Gardiens".

La pauvre petite vit bien, en entrant, que les habitants n'étaient plus ceux d'autrefois. Tout était changé ... excepté LE COEUR QUI ÉTAIT TOUJOURS LE MÊME.

Le lendemain, mercredi 9 novembre 1910, à neuf heures du matin, la moyenne cloche descendit plus majestueuse encore que sa petite soeur, en présence de 400 spectateurs environ.

Comme elle était orpheline, sans parent, mais non sans ami, elle fut recueillie par Monsieur le Curé qui lui donna de grand coeur l'hospitalité. Aussitôt placée sur son brancard, trente vigoureux gaillards la prennent sur leurs épaules et la portent à la cure plus facilement que les quarante de la veille.

Restait la grosse cloche, contente sans doute de sortir la dernière. Elle dut cependant s'exécuter et prendre le même chemin que "Marie" et "les Saints Anges Gardiens". Malgré une pluie torrentielle, le bourg presque tout entier est là, vers 3 heures du soir, le mercredi 9 novembre 1910. Plus heureuse que "Marie" elle reconnut facilement les dignes enfants de son parrain, et portée par une cinquantaine d'hommes elle se dirige vers la demeure hospitalière de Mlle Laurence Renaudin, propriétaire de la maison paternelle.

"La messagère du Roi des Rois" se rappela alors avec tristesse que quelques mois auparavant elle avait sonné le glas funèbre de son regretté et estimé parrain qui aurait été si heureux de revoir sa filleule bien-aimée.

C'est alors, du mercredi au dimanche, que l'on prépara la toilette des cloches et des brancards. Les bras vigoureux des hommes rendirent au bronze son premier brillant : les doigts délicats des travailleuses dévouées réparèrent des décorations superbes.

Il fut décidé que la petite cloche "les Saints Anges Gardiens" serait décorée de "rose et de blanc", la moyenne "Marie" de "bleu et de blanc", la grosse "Saint-Pierre et Saint-Paul" de "rouge et de blanc".
L'effet produit était magnifique. On n'a point paraît-il décerné de prix, parce que les trois méritaient le premier.

 

DERNIERS PRÉPARATIFS


Les cloches et les brancards se trouvaient superbes dans leur toilette neuve, mais qui donc allait se charger de les transporter ?

On avait bien pensé d'abord aux chariots ou aux charrettes à boeufs qui auraient été traînées par des hommes, mais, après avoir réfléchi, on crut qu'il serait bien plus beau et surtout bien plus noble que les cloches soient portées sur les épaules solides des hommes des Lucs. Le dimanche précédent, 6 novembre, Monsieur le Curé demanda donc le concours de 200 à 250 hommes. Trois jours après, 600 s'étaient fait inscrire. Ce nombre n'étonne personne quand on connaît l'enthousiasme et la bonne volonté des hommes des Lucs pour les fêtes religieuses.

Les noms furent imprimés et distribués à tous. Ils étaient partagés en huit escouade : trois pour la grosse cloche de 80 hommes chacune ; trois pour la moyenne de 70 hommes ; deux pour la petite de 60 hommes, sans compter ceux qui sont venus s'offrir le jour même de la fête.

Un beau cantique, composé par Monsieur l'abbé Duret, professeur au petit-séminaire de la Roche-sur-Yon, s'imprimait en même temps.

Et pendant ces jours d'attente, le matin à cinq heures, à midi et le soir à six heures, du haut du nouveau clocher, le clairon faisait entendre ses plus belles sonneries pour nous rappeler le mystère du Verbe Incarné et nous inviter à la prière.

Une fête si bien préparée devait être nécessairement très belle.

 

Les Lucs-sur-Boulogne 8 septembre 1909

 

Nous sommes arrivés au 13 novembre 1910. Ce jour, comme celui du 8 septembre 1909, fête de Jeanne d'Arc, laissera un souvenir inoubliable dans la paroisse des Lucs.

Notre charmante bourgade va de nouveau être le théâtre d'une superbe manifestation. Peut-il en être autrement dans cette population si enthousiaste et si chrétienne ?

Dès la veille, et le matin de bonne heure, pendant que les clairons font entendre leurs plus belles sonneries, le canon, de sa voix puissante, annonce la magnifique fête en l'honneur de nos cloches aimées.

Une seule chose préoccupe tous les esprits avec raison. Après une semaine de pluie et un ciel toujours menaçant, chacun se pose la question : Allons-nous avoir un temps favorable ? Mais déjà des prières ardentes sont montes vers le ciel, et pendant la grand'messe, à l'offertoire, l'Ave Maria Stella, est chantée de tout coeur par des milliers de voix.

A dix heures, en effet, notre grande et belle église est comble. C'est plus que l'assistance des grandes fêtes. La masse est chantée solennellement par un prêtre que tous sont heureux de revoir et qui a laissé un si bon souvenir au milieu de nous : M. l'abbé Merlet, curé de Jard, et vicaire des Lucs pendant neuf ans. Il est accompagné de M. l'abbé Louis Grelet, vicaire à Chavagnes-en-Paillers, faisant fonctions de diacre, et de M. l'abbé Praud, professeur à l'Institut Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte, faisant fonctions de sous-diacre : tous deux enfants de la paroisse. - Et la messe se termine au milieu des chants liturgiques de la grande fête de la DÉDICACE DES ÉGLISES DE FRANCE.

 

Les Lucs-sur-Boulogne foule et cloche

 

La foule qui grandit à chaque instant, et qui, tout à l'heure, pourra compter trois à quatre mille personnes, des Lucs et des environs, se répand sur la place où chacun peut admirer les trois belles cloches magnifiquement décorées.

A une heure, plus de 600 hommes envahissent les habitations de Mlle Renaudin, de M. Lesaffre et de la cure. Ils viennent recevoir les décorations qui doivent leur indiquer l'escouade à laquelle ils appartiennent.

Mais les faveurs rouges, roses, bleues et blanches sont insuffisantes. S'il y a quelques abstentions parmi les inscrits, bien plus nombreux sont ceux qui viennent sans avoir donné leurs noms.

Les tambours battent aux champs : les clairons sonnent ! et de chez Mlle Renaudin, de chez M. Lesaffre, de la cure, viennent en bon ordre, escouade par escouade nos six cents braves. Ils marchent fièrement quatre par quatre. On dirait une armée bien disciplinée : Aussi font-ils l'admiration de tous.

La musique de Legé fait en même temps son entrée solennelle en jouant ses plus beaux morceaux. Elle est habilement et fièrement dirigée par Monsieur le Curé de Legé, le chef de musique "improvisé, mais impeccables".

Tout est prêt.

LE DÉFILÉ


Il est exactement une heure et demie. Le suisse, toujours fier dans ses beaux habits, s'avance majestueusement. Il est suivi des clairons des Lucs et de la musique de Legé. Pendant une heure on va les entendre à tour de rôle.

Cinquante trois petites filles aux habits blanc et aux ailes dorées s'avancent doucement. On dirait de petits anges descendus du ciel, tant elles sont candides ! Oh ! jamais elles n'oublieront ce grand jour ! Comme elles sont contentes ! Et les mamans ... La foule, oubliant un moment l'objet de la fête, les admire avec bonheur.

Voici leurs noms :

Marie Michaud ; Marie Bonneau ; Eugénie Laurenceau ; Clémentine Galimard ; Germaine Minguet ; Marie Morandeau ; Marie Guilbaud ; Marie Gralpoids ; Radegonde Garnier ; Alice Raveleau ; Jeanne Parois ; Juliette Rezeau ; Léonce Bousseau ; Henriette Bousseau ; Cécile Vrignaud ; Alice Baty ; Marie Albert ; Maria Malidin ; Augustine Vrignaud ; Berthe Morandeau ; Julienne Caffin ; Marie Gralpoids ; Rose Dahéron ; Juliette Dahéron ; Marie Marboeuf ; Marie Ferré ; Alida Fétiveau ; Marie Laurenceau ; Georgette Fèvre ; Madeleine Guérin ; Armande Orceau ; Georgette Lhériteau ; Florine Fèvre ; Louise Rousseau ; Marie Moreau ; Élisabeth Bouet ; Marie Lorieau ; Lucienne Blays ; Élisabeth Dugast ; Marie Rabaud ; Laurentine Savarieau ; Lucie Rousseau ; M. Thérèse Martineau ; Victorine Berrieau ; Angéline Brochard ; Marie Berrieau ; Marie Fèvre ; Cécile Fèvre ; Marie Renaud ; Armande Berrieau ; Augustine Pogu ; E. Pogu ; Amandine Pogu ; M. Gralpois.

Et tout ce petit monde se tient admirablement.

Mais on vient d'entendre un commandement : ATTENTION, puis un second ; LEVEZ et un troisième : EN AVANT. - Et voilà la petite cloche qui pèse avec son brancard et son mouton, 1.228 kilog. emportée comme une plume par 60 hommes, petits, mais vigoureux, suivis de 60 autres, jaloux de ne pas commencer les premiers mais bien décidés à prendre leur revanche tout à l'heure.

La petite Cloche "les Saints Anges Gardiens" est conduite et commandée par Monsieur l'abbé Merlet, ancien vicaire de la paroisse, aidé de Monsieur Henri Perrocheau, fils. Avec un tel guide et un tel chef, tout est pour le mieux.

Les cordons d'honneur sont portés par Messieurs : Victor Perotteau fils du "parrain" de la petite cloche ; Alfred Lesaffre, neveu du "parrain" ; Henri Praud, enfant de la paroisse et Gaston Delaroze, conseiller d'arrondissement de notre beau canton.

Mais déjà la place a changé d'aspect. Un spectacle s'offre aux yeux de tous. Vingt et une petites filles, en habits blancs de communiantes, la chevelure flottante et une belle couronne sur la tête s'avancent candidement, suivies d'une grande jeune fille représentant la Vierge Immaculée. On se croirait dans le ciel où des millions d'anges et des vierges sans nombre accompagnent la Vierge bénie.

 

Les Lucs-sur-Boulogne communiantes

 

Marie Vrignaud, la fille aînée du cher blessé de l'explosion, s'avance lentement, les mains jointes et les yeux modestement baissés. Elle comprend admirablement le beau rôle qui lui est confié en ce grand jour de fête et tous s'accordent à dire qu'elle le remplit à la perfection.

Voici les noms des 21 petites vierges si candides et si heureuses !

Eugénie Douillard - Alice Moreau - Clémence Remaud - Henriette Hervouet - Marthe Bourrieau - Louise Caillé - Marie Airieau - Émilie Jarny - Thérèse Albert - Armande Vrignaud - Cécile Fèvre - Gabrielle Fétiveau - Julienne Fétiveau - Clémence Mornet - Marie Berrieau - Henriette Guichard - Élise Remaud - Victorine Hervouet - Marie Charrier - Laurentine Rousseau - Armantine Brochard.

Et au milieu de la foule remuante, toutes ces petites se tiennent admirablement !

Mais on vient d'entendre le même commandement que tout à l'heure : ATTENTION ; - LEVEZ ; - EN AVANT, - Et voilà la moyenne cloche "Marie" qui pèse avec son brancard et son mouton 1.732 kilog, enlevée et emportée facilement par 70 hommes, plus grands et aussi vigoureux que les premiers.

Ils sont suivis de deux autres escouades de plus de 70 hommes chacune. Leurs épaules solides attendent avec impatience le moment où le chef va dire : halte ! Avec quelle joie et quelle ardeur ils prendront les places vacantes !

"Marie" est commandée par Monsieur l'abbé Poirier, vicaire aux Lucs, aidé de Monsieur Gustave Chalet, du Chef du Pont. Sous l'habile direction de ces deux Messieurs, tout marche à merveille.

Les cordons d'honneur sont portés par Messieurs : Louis Grelet, vicaire à Chavagnes-en-Paillers, et enfant de la paroisse, Gustave Caillé de la Chasselandière, Arthur Blays, du Bourg, et Jacobsen, maire de Beaufou.

La moyenne cloche n'a pas encore quitté la place, que déjà tous les yeux sont tournés vers un nouveau spectacle : Onze petits garçons en habits de communiants, sont là tout joyeux et prêts à partir !

Voici leurs noms : - Jean Bonneau - Auguste Albert - Joseph Malidin - Germain Albert - Henri Jaunet - Louis-Marie Ferré - Eugène Lhériteau - Alexandre Charrier - Louis Douillard - Jean Laurenceau - Maurice Fradin.
Ils sont suivis par deux jeunes gens de l'Association de la Jeunesse Catholique, remarquables par leurs habits, leur grande taille (1m80) et surtout par leur maintien irréprochable. Ce sont Pierre Grelet et Jean Michaud, ils représentent les deux grands apôtres, Saint Pierre et Saint Paul.

Regardez maintenant : on a, comme toujours, réservé le "bouquet" pour la fin. Mais le "bouquet" semble lourd. La grosse cloche est là, en effet, attendant elle aussi, son heure de triomphe. Elle a vu partir ses deux jeunes soeurs et elle n'est pas sans inquiétude avec ses 2.265 kilog ! Que va-t-elle devenir ?
ATTENTION : crie une voix : LEVEZ : - EN AVANT.

Au commandement, 80 hommes, les plus grands et peut-être ... les plus vigoureux de la paroisse, s'avancent. Ils ont enlevé la grosse cloche comme une "petite poupée". A les voir marcher si allègrement, on se demande vraiment si la bascule ne s'est pas trompée ! Et pourtant ... non ! - Mais alors ? C'est bien simple : ce sont les hommes des Lucs qui sont capables des plus grandes choses.

Deux autres escouades, de plus de 80 hommes suivent immédiatement, attendant avec impatience l'honneur de porter sur leurs solides épaules "celle" qui s'avance majestueusement sur la grande place des Lucs.

Monsieur le Curé des Lucs s'était réservé l'honneur de commander "Saint Pierre et Saint Paul" aidé habilement et aimablement de Monsieur Alcime Parois.

Les cordons d'honneur étaient portés par Messieurs Alexandre Renaudin, fils du regretté "parrain", Gaston Parois, petit neveu de la "marraine" ; Miguel Allard, neveu de Madame Mercier, bienfaitrice de l'église des Lucs et ; de Lavrignais, député de la Vendée.

Trois objections avaient été faites, avec un semblant de sérieux, par des hommes prudents, contre ce mode inaccoutumé de transfert de cloches. - Les brancards ne seront pas assez solides. - Nos belles cloches vont tomber et se briser. - Des hommes ne sont pas assez forts pour transporter des poids semblables.

Eh ! bien ! regardez ! Ceux qui commandent sont préoccupés, non pas d'exciter l'ardeur de chacun, mais bien plutôt de ralentir le zèle de tous. Pendant le long défilé qui dure près d'une heure, impossible de remarquer la trace de la moindre fatigue. Loin de paraître lourd, le fardeau semble trop léger pour ces robustes épaules. Gloire et honneur à tous ces braves ! Ils font d'ailleurs l'admiration de la foule. C'est un spectacle ravissant et inoubliable ! Une véritable marche triomphale au milieu des rues magnifiquement décorées.

Mais nous voilà déjà revenus sur la grande place des Lucs !

Là, devant une foule de trois à quatre mille personnes, M. Alexandre Renaudin, maire des Lucs, donne lecture d'une très-intéressante étude sur les cloches et les clochers de la paroisse. Le plus bel éloge que l'on puisse faire de ce beau travail, c'est l'attention toujours soutenue de cet auditoire immense. Malgré le vent, la voix claire de l'orateur se fait entendre jusqu'aux extrémités de la place.

Il y a cependant une note triste ! la seule ! c'est l'adieu au vieux clocher qui doit disparaître bientôt !

Le discours de M. Renaudin est à peine terminé que la foule envahit notre belle église. Bientôt il n'y a plus place pour personne. Dans les cérémonies publiques, comme dans les cérémonies religieuses, les femmes forment ordinairement le plus grand nombre. Il y a exception pour le 13 novembre 1910. Douze cents hommes au moins occupent toute la grande nef et les bas côtés. C'est imposant ! C'est superbe !

Monsieur le Doyen du Poiré monte en chaire. En termes choisis et délicats, il nous parle de nos cloches bien aimées qui sont véritablement la voix de Dieu et la voix du chrétien. Sa parole ardente intéresse vivement son bel auditoire qui l'écoute avec la plus religieuse attention.

Et là-bas, dans le sanctuaire, Monsieur le Doyen de Legé, toujours infatigable quand il s'agit du devoir, toujours le premier, quand il est question de faire plaisir, commande habilement à sa jeune fanfare, qui exécute brillamment un nouveau morceau, pendant la bénédiction du St Sacrement donnée par Monsieur le Doyen de Rocheservière.

Monsieur le Curé, en quelques mots, remercie tous ceux qui ont contribué à la beauté de cette fête : ses prédécesseurs qui lui ont laissé de si belles cloches et une si belle église : ses chers paroissiens qui ont si bien répondu à son appel : les prêtres présents et les nombreux étrangers : les personnes généreuses et dévouées qui lui ont prêté leurs concours pour le succès de ce grand jour. Il se félicite surtout de l'accord parfait qui existe aux Lucs entre les deux autorités civile et religieuse.

QUE LE NOM DU SEIGNEUR SOIT BÉNI !

Et les voix puissantes des hommes des Lucs mêlées aux voix plus douces des chanteuses font retentir les voûtes de notre église des échos du magnifique cantine des cloches.
Voix du ciel sur la terre
A toute heure, en tout lieu,
Cloches, sonnez pour la prière,
Chantez, chantez la France et Dieu.

Voici pour éternelle mémoire le nom des prêtres qui ont assisté à cette magnifique cérémonie :
M. l'abbé Couteleau, doyen du Poiré-sur-Vie,
M. l'abbé Bossard, doyen de Rocheservière, ancien vicaire de la paroisse,
M. l'abbé Legal, doyen de Legé (Loire-Inférieure),
M. l'abbé Morain, curé de Belleville,
M. l'abbé Merlet, curé de Jard, ancien vicaire des Lucs,
M. l'abbé Louis Grelet, vicaire à Chavagnes-en-Paillers,
M. l'abbé Praud, professeur à l'Institution St Joseph de Fontenay-le-Comte,
M. l'abbé Alexandre Grelet, vicaire à St-Martin-des-Noyers,
M. l'abbé Maire, prêtre habitué à Saligny,
M. l'abbé Gendreau, prêtre habitué au Poiré-sur-Vie,
M. l'abbé David, vicaire à Legé,
M. l'abbé Chiron, vicaire au Poiré-sur-Vie,
M. l'abbé Carré, vicaire à Beaufou,
M. l'abbé Denis, prêtre habitué aux Lucs,
M. l'abbé Poirier, vicaire aux Lucs.

Le dimanche soir, 13 novembre, après avoir connu les joies et les honneurs du triomphe, nos belles cloches retournèrent avec plaisir dans les demeures qui leur avaient donné déjà une si aimable hospitalité.

 

Les lucs-sur-Boulogne 2 églises

 

Mais les jours qui suivent, presque tout travail est suspendu. Le vent, soufflant presque continuellement en tempête, empêche de terminer le beffroi.

Aussi, c'est le vendredi seulement, 18 novembre, vers deux heures, que la petite cloche est portée à sa nouvelle demeure. Elle était descendue la première du vieux clocher, elle a de nouveau l'honneur de montrer le chemin à ses deux grandes soeurs.

A cinq heures du soir, "Marie" prend la même direction que les "Saints Anges Gardiens".

La grosse cloche fut montée le samedi à deux heures et le soir, à cinq heures, les trois soeurs firent entendre pour la première fois leur joyeux carillon dans le clocher tout à neuf.

L'inauguration officielle ne devait avoir lieu que le dimanche, aux Vêpres. C'était le troisième dimanche du mois. La procession du Saint Sacrement toujours très belle, se déroule, plus magnifique encore, dans notre belle église. Les cloches sonnent à toutes volées, joyeuses de se faire entendre à tous. Et pendant, les voix puissantes des hommes des Lucs chantent un Te Deum d'actions de grâces. Ce n'était que juste de remercier le Tout-Puissant ! Grâce à la Divine Providence qui veille sur les personnes et sur les choses, tout s'était fait et terminé à la satisfaction générale.

Bulletins paroissiaux - Les Lucs-sur-Boulogne - 1910 - 1911 - AD85

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